Critique : Et si c’était vrai…

Par Magali Cirillo
22 novembre 2005
MAJ : 20 octobre 2018
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Et si c’était vrai ? Hélas, oui, pince-moi je rêve, c’est bien vrai. Si Marc Levy était mort, il se retournerait dans sa tombe. Certes, l’écrivain français n’est pas Victor Hugo, loin s’en faut, mais on lui pardonne volontiers, puisque son roman est empreint d’une fraîcheur et d’une légèreté qui ne se démentent pas au fil des pages. Son adaptation sur grand écran, elle, possède la légèreté d’un éléphant rhumatismal et la fraîcheur d’un camembert abandonné sur une plage corse en plein mois d’août. Et si Marc Levy avait inventé cette histoire pour son fils, Mark Waters doit avoir réalisé ce film pour son poisson rouge tant il semble prendre le spectateur pour un imbécile.

Ceux qui ont lu le roman seront tout d’abord surpris par les (trop ?) nombreux changements dans le scénario. Certains sont complètement insignifiants et presque inoffensifs : les héros, Lauren et Arthur, deux prénoms pourtant anglo-saxons à souhait, deviennent Elizabeth et David. Lui, passe d’architecte à paysagiste, son associé devient psychiatre, sa femme est morte…mais d’autres petites libertés nuisent à l’histoire : les savoureux personnages secondaires présents dans le roman sont quasi-inexistants alors que d’autres sont rajoutés, comme l’indispensable voisine nymphomane, string apparent et bouche évocatrice (à Écran Large, Julio Lopez ne s’en est toujours pas remis) et l’inévitable médium totalement à l’ouest. La seule modification dont on saisisse l’intérêt est la disparition du personnage de la mère de Lauren / Elizabeth, au profit d’une grande sœur : il fallait bien que Mark Waters trouve un rôle pour son épouse, Dina.

Mais le cinéaste s’en est aussi pris à l’esprit même du roman. En voulant mettre en avant le côté comique de l’histoire, il en néglige l’aspect poétique et fantastique. Emporté par sa réalisation au tractopelle, il enchaîne des gags tous plus lourds les uns que les autres, avec des scènes frisant parfois le ridicule (celle où David est « poursuivi » par une petite annonce volante en est un exemple pitoyable). Le tout surfant sur des airs de déjà vu, Mark Waters piochant allègrement dans Ghost, l’émotion en moins. Dans le rôle du Casper de service, on retrouve la toujours aussi blonde Reese Whitherspoon, craquante malgré l’absence totale de profondeur de son personnage. À ses côtés, Marc Ruffalo (bouffi) nous fait le numéro du prince charmant qui s’ignore (et boit de la bière). Et là encore, le charme n’opère pas. On ne croit pas un seul instant à leur histoire d’amour, malgré l’introduction de la notion de « Destin », ce fameux coup de « l’âme sœur » culcul la praline. En fait, rien ne se passe entre les deux personnages qui passent sans conviction de la chamaillerie puérile (« C’est mon appartement, pas le tien. ») aux déclarations mielleuses (« Je ne peux pas vivre sans toi. »).

En cherchant à être quelque peu «positif » sur ce massacre filmique d’un roman ayant su toucher son public, on notera deux points positifs : le premier concerne la coiffure fashion de Reese Whitherspoon, qu’un célèbre magazine ricain a élu « plus jolie coupe de cheveux vue dans un film cette année » (sic). Une information capillaire capitale qui ravira les obsédés du balayage californien. Les autres se contenteront de la bonne nouvelle numéro 2 : la fin du film, là aussi différente de celle du roman, propose un dénouement hollywoodien grotesque qui exclut la possibilité d’une suite. Le tome 2 des aventures de ce couple étrange, « Vous Revoir » ne sera donc jamais vu sur les écrans…Enfin, on l’espère !

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