Alors que sort le même jour une belle histoire d’amour entre deux cow-boys (Le secret de Brokeback mountain), Bandidas et son duo de bombes latina (Hayek et Cruz) nous rappelle douloureusement que le « western-baguette » n’est pas un genre qu’affectionne notre cinématographie nationale. Car bien que pourvu d’un casting international et réalisé par deux jeunes nordiques sortis du vidéo-clip (qu’ils y retournent !), Bandidas est bien une belle « bessonnerie ».
Ecrit (mais le mot n’est-il pas usurpé ici) et produit par le mogul français qui fait rimer divertissement avec décérébration, ce Pétroleuses des années 2000 est tout simplement une insulte vivante au western, genre sinistré depuis des décennies qui renaît de ses cendres que par la grâce de quelques artistes de talent (Eastwood, Costner, ). Ici, point de talent à l’horizon (même la photo d’Arbogast s’avère quelconque). À partir d’un scénario affligeant de nullité qui fait passer celui de Michel Vaillant pour le Citizen Kane du film de courses, Bandidas s’offre tout de même le luxe de ridiculiser deux des plus belles plantes (elles n’ont jamais justifié aussi bien ce terme qu’ici) du cinéma mondial, il permet à Sam Shepard de payer ses impôts (et il ne s’en cache pas le bougre), il confirme qu’Eric Serra ne sera jamais Morricone (le risible pompage-hommage musical lors du duel final ) et rappelle enfin que Matrix a bien fait du mal au cinéma (on en veut pour preuve une séquence de bullet-time avec balles vs couteaux consternante de laideur et de bêtise).
Avec son concept bien foireux (deux bombasses avec chapeau et flingues, ça fait pas un film sauf si c’est Tarantino qui est derrière la caméra et à l’écriture), Bandidas vient alourdir de manière spectaculaire le passif de Besson producteur-scénariste. Reste à savoir maintenant quel genre glorieux va passer dans ses sombres mains, les amateurs de western partageant d’avance la douleur des futures victimes. 2006 : RIP – Rest In Peace – le western.