Critique : La Faute à Fidel

Par Jean-Noël Nicolau
27 novembre 2006
MAJ : 25 février 2020
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Il serait très facile de dresser un procès d'intentions à Julie Gravas (fille de Costa-Gavras) qui réalise avec son premier film, la Faute à Fidel, une oeœuvre aux thèmes hautement politiques. Mais en adaptant le roman de Domitilla Calamai, la cinéaste signe une histoire dont l'approche s'avère suffisamment originale et autobiographique pour sortir de l'ordinaire des innombrables récits faisant l'inventaire de l'après mai 68. Anna est une petite fille issue d'un milieu très bourgeois, avec grande maison et bonne nounou, mais les engagements soudain de ses parents vont bouleverser son quotidien. Très mécontente de la perte de ses habitudes et de ses privilèges, Anna va devenir une « réactionnaire innocente » qui permet à Julie Gavras de porter un regard aussi gentiment critique que paradoxalement assez objectif sur les grands combats plus ou moins utopistes du début des années 70.

Même si elle n'évite pas toujours le piège des mots d'auteur, peu naturels dans la bouche d'une gamine de 10 ans, la réalisatrice dirige correctement la petite Nina Kervel, franchement crédible et même par moments touchante. A ses côté, Julie Depardieu se révèle très sobre et très juste dans le rôle de la mère féministe mais fragile. Parfois très drôle (« Je ne veux plus que vous lisiez ce facho de Mickey ! », « Ce ne sont pas les communistes qui sont rouges et barbus, c'est le Père-Noël »), bien mené et agréablement mis en scène, la Faute à Fidel souffre peut-être de passages un peu trop didactiques (même si le sujet s'y prête). Heureusement, la fin, toute en non-dits, conclut le film sur une note à la fois désenchantée et pleine d'espoir.

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