Films

Transformers : critique massive

Par Jean-Noël Nicolau
20 février 2008
MAJ : 29 mai 2023

Rien n’est plus simple que d’apprécier Transformers : c’est un énorme blockbuster délivré par le maître de l’exagération cinématographique et produit par le plus génial entertainer du Hollywood contemporain. Des robots géants transformables se mettent sur la gueule entre deux scènes de comédie potache, mais que demander de plus ? Pour ces mêmes raisons, Transformers peut être tout aussi difficile à aimer et à défendre. Chaque argument en faveur du film pourra être retenu contre lui. Plus encore que d’autres œuvres « polémiques », les qualités du dernier monstre de Michael Bay sont si proches du spectacle primitif qu’elles en rebuteront plus d’un.

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Depuis des mois on nous promet une déferlante visuelle et sonore sans précédent, du bourrinage pur jus entre robots énervés. Le scénario ne va pas beaucoup plus loin que cela, tout le reste étant totalement accessoire, en particulier les maigres efforts de caractérisation : Shia LaBeouf est drôle, Megan Fox est bonne et pour les autres les archétypes sont encore plus grossiers (le militaire, le militaire black, le militaire latino, le geek, la scientifique blonde, etc…). Il ne faut pas croire que les robots soient beaucoup plus développés, à part Bumblebee, Optimus Prime et Frenzy, ils ne sont réduits qu’à une simple présence visuelle pas toujours bien définie (les Autobots et les Decepticons sont interchangeables, au point qu’on ne sait plus qui est qui dans le combat final). Mais on vous le répète, l’histoire importe peu, du moment qu’elle permet aux scènes de s’enchaîner.

 

 

A ce niveau, l’association Bay/Spielberg est bénéfique aux deux tendances, l’un appuyant sur l’accélérateur là où l’autre aura freiné et réciproquement. On échappe donc à la fois à la beaufitude du papa de Bad boys comme aux élans familiaux de celui d’E.T., en ce sens, Transformers réussit l’exploit d’être tout public sans jamais être frustrant. Pour sûr, il y a de la grosse comédie à foison, et contre toute attente elle s’avère fréquemment amusante et sauve de l’ennui beaucoup de passages obligés. Quand Frenzy s’offre son remake de Gremlins à bord de l’Air Force One ou quand Bumblebee parodie à lui seul la filmographie de Bay, on ne peut se retenir de sourire.

 

 

Un plaisir enfantin décuplé lorsque surgissent les scènes d’action, ou plutôt de destructions massives. Transformers tient ses promesses, si basiques et pourtant loin d’être évidentes, il suffit de se souvenir de la déception provoquée par de nombreuses suites loin d’être à la hauteur de leurs prétentions. Ici il s’agit de décoller la rétine, de bousculer les tympans et de reproduire gaillardement les séquelles des montagnes russes. Les spectateurs ayant souffert devant Bad boys 2 seront heureux d’apprendre que Michael Bay a visiblement pris des cours de montage et parvient à rendre globalement lisibles ses raz-de-marée d’effets spéciaux.

Une fois tous ces points éclaircis, on en vient à ce qui fait de Transformers un bonheur cinématographique rare. Car ce n’est pas dans la somme de ses qualités ci-dessus, ni même de ses défauts coupables (musique épique hideuse, acteurs jouant comme à Guignol, final légèrement décevant) que le film déploie son charme immature et irrésistible. Mais c’est bien dans sa fascination originelle, qui touche autant au souvenir d’enfance (du moins pour une génération biberonnée aux figurines Hasbro) qu’à quelque chose de plus universel. 

 

 

Rédacteurs :
Résumé

L’émotion est la même que devant Jurassic Park ou Star wars : une sorte de rêve de gamin qui prendrait forme en annihilant le recul critique de l’adulte. Trop content de s’abandonner deux heures et demie durant à des émerveillements que l’âge lui interdit, le spectateur sourit, sans honte ni remords, complice consentant de la farce fracassante qu’est Transformers.

 

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Flo1

Commençant une longue collaboration avec la Paramount, ce projet avait l’air d’une blague offensante au début – adapter des jouets ? Même avec une base mythologique créée dans des séries animées et des comics… Et c’est pas la première fois que Spielberg produit des adaptations improbables – « Les Pierrafeu » ? « Casper » ? 
Bon là, vu l’amour de Michael bay pour les grosses carrosseries – celle des filles itou – ainsi que pour les gros bras et les explosions, ça pouvait faire sens… à condition de réussir à représenter cet univers, et ces personnages.
La porte d’entrée pour ça est double, voir triple, et c’est un peu le problème (hollywoodien) : avec les Autobots, on a un aspect martial évident, qu’on met en parallèle dès le départ avec une troupe de militaires dans le désert. 
Bien, là c’est son registre, et ça fonctionne du tonnerre…

Sauf que voilà, on a aussi l’archétype du « jeune élu » qui déboule, vrai protagoniste principal et insupportable neuneu gaffeur. Il a beau être débrouillard et avec un peu de répartie, Sam Witwicky/Shia LaBeouf est un nerd censé apporter une touche d’identification pour les spectateurs… qui ne sont pas tous nerds, loin de là. 
Il est assez bien équilibré avec d’un côté ses parents qui lui mettent joyeusement la honte, et de l’autre le personnage de Megan Fox qui semble l’équivalent ado de l’héroïne du premier « Bad Boys » : yeux d’acier, répliques piquantes, joli duo avec Bumblebee à la fin.
Mais pour ce qui est de l’identité Spielbergienne, passez votre chemin : à part une brève scène avec une petite fille, on n’a pas du tout un héros mélancolique, dont la rencontre avec un être étrange à cacher servira à combler un vide affectif (c’est le film « Bumblebee » qui s’en chargera, très bien). Non là on serait plus proche d’un Zemeckis ou Joe Dante, avec un gamin dont la famille est unie (et très couillonne), au point de lui offrir le genre de cadeau que tout bon américain doit avoir : la première voiture donc.

Et ensuite ? Et bien Bay oublie toujours de faire le tri dans ses idées, et de mieux lier entre elles toutes celles qui restent. L’arc narratif de Sam prenant beaucoup de place, celui avec le major Lennox et ses hommes est réduit à pas grand chose (tout sera résolu ici, rendant dispensable leurs retours dans les suites), tandis qu’une bande de geeks informatiques sous les ordres d’un secrétaire à la Défense pointent le bout de leur nez… et rajoutent un tas de comiques de service supplémentaire au film, attendant de tous les réunir dans le dernier tiers de l’histoire.
Dommage, il y avait l’occasion pour Bay d’utiliser comme base structurelle la Communauté de l’anneau, avec le jeune héros, ses braves compagnons un peu bouffons, et les nobles guerriers qui les protègent.
Toutefois on y retrouve encore ses marottes, avec des secrets gouvernementaux, de la BO galvanisante (Steve Jablonsky et Soundgarden ?) et un amour du money shot dingue (il y a des plans et des combats ahurissants), sans compter que la représentation des Transformers reste bien fichue, comportant un poids, une masse, même s’ils sont aussi capables de s’en affranchir… et même si leur existence et fonctionnement restent absurdes.
En tout cas, avec leurs caractérisations caricaturales (Jazz), sentencieuses (Optimus Prime) et inventives (le mime et la radio de ‘Bee), Michael Bay donne une nouvelle façon de représenter des êtres mécaniques. Par contre pour les visages, on repassera.

Bofinger

Un nanar beauf. Bof.

yellow submarine

juste pour la première attaque des decepticons dans la base militaire un vrai plaisir coupable