Peu attendent encore quelque chose de John Dahl, réalisateur du mémorable Kill me again (1989), du très noir Red Rock West (1992) ou du vénéneux Last Seduction (1994) . Difficile en effet de trouver un regard artistique ou un talent indéniable dans Mémoires suspectes (1997) ou Une virée en enfer (2002). Ou alors peut-être un penchant pour le thriller et les personnages cassés ou sur le point de l'être. Il a de quoi être servi avec You kill me et son tueur alcoolique, et il peut aussi remercier Ben Kingsley, qui s'il a parfois la fâcheuse tendance à s'éparpiller dans ses choix de carrière, trouve ici un rôle dans lequel il s'épanouit et fait des merveilles.
Bougon, malicieux, festif, froid, touchant… il casse joyeusement l'imagerie habituel du tueur à gages et se révèle aussi subtil qu'étonnant. Sa recherche de la rédemption est à l'image du film, plus comique que tragique. Les présences réjouissantes du cabotin Bill Pullman, de la trop rare Téa Léoni et du plus calme que d'habitude Luke Wilson apporte une certaine désinvolture à un récit classique mais non moins maîtrisé. Même la gestion du problème de l'alcoolisme ne tombe pas dans les clichés.
Au final, You kill me dégage une mélancolie modeste et sincère, qui le rend anachronique, et donc précieux, autant à cette période estivale qu'au cinéma de genre actuel.