Transposition cinématographique de la pièce de théâtre homonyme de George Bernard Shaw, Le Pygmalion d'Anthony Asquith revisite à la mode des années 1930 le mythe de Pygmalion, personnage de la mythologie qui, ayant créé une statue de la femme parfaite, souhaite qu'elle prenne vie. Ici la femme n'est point gravée dans du marbre mais, vit dans des conditions sociales précaires. Son langage laissant à désirer, un phonéticien membre de la haute société britannique va parier qu'il saura faire d'elle quelqu'un d'une élégance folle.
On retrouve ici la sempiternelle confrontation entre classe populaire et la bourgeoisie, voire l'aristocratie, fréquemment abordée dans le cinéma anglo-saxon d'alors. Mais cette fois tout passe par la question du langage, si intéressante et novatrice alors dans un cinéma qui n'était devenu parlant que quelques années auparavant. Il est également possible de voir également, dans ce geste symbolique de l'apprentissage de la parole, une continuation comique d'un autre style littéraire qui faisait fureur à l'époque victorienne et dont les adaptations cinématographiques ne se comptent plus : le désir de création et de contrôle d'un être humain. Moins noir que Frankenstein ou que le Docteur Jekyll, les questions de l'humanité et de l'inhumanité des protagonistes, de la fabrique d'une nouvelle personne, de sa métamorphose et de son âme sont évoquées et amenées de manière originale.
La mise en scène, par moment un peu pesante, reste assez inventive et l'humour ne manque pas. En outre Leslie Howard excelle dans le rôle du créateur de la femme parfaite.