Même pour un réalisateur aussi talentueux que Kevin MacDonald (Le Dernier roi d’Ecosse et beaucoup de documentaires réussis), la tâche est ardue. Surtout qu’il lui faut composer avec des stars plus ou moins capricieuses mais toutes dotées d’une forte personnalité. Faire tenir Ben Affleck et Russell Crowe dans la même scène et sur le même ton n’est pas chose facile. Malgré tous les pièges semés sur sa route, MacDonald s’en sort avec les honneurs et son Jeux de pouvoir s’avère un bon petit suspens à l’ancienne.
En creusant les rapports entre les journalistes et les hommes politiques et surtout en questionnant le droit au mensonge et à la subjectivité dans l’un et l’autre domaine, Jeux de pouvoir parvient à capter notre attention. A tel point que les quelques scènes d’action disséminées au fil du métrage donnent l’impression d’avoir été un peu artificiellement ajoutées. L’histoire traîne ainsi un peu en longueur, surtout lorsque les révélations s’accumulent au point de s’annuler les unes après les autres. Les explications s’attardent, le message persiste, les acteurs poussent un peu trop leurs notes…
Cependant on s’accroche, on apprécie la douce naïveté de l’ensemble. Le casting fait son numéro habituel avec classe, on ne découvrira ici rien de nouveau dans les partitions de Crowe, Affleck, McAdams et Mirren. Mais après avoir poliment suivi l’enquête jusqu’au bout, après avoir découvert l’envers du décor (un peu fantasmé) d’un grand quotidien américain, le spectateur quitte la salle avec une gentille indifférence. L’oublie guette-t-il Jeux de pouvoir dès la fin de la projection ? C’est bien possible. Même s’il est indéniable que l’on a passé un plaisant moment.