Un bon film, ça tient parfois à pas grand chose. Prenez Les accusés de Jonathan Kaplan et imaginez que le viol de Sarah Topias (formidable Jodie Foster qui n'a pas volé son Oscar de la meilleure actrice) ait été montré dès les premiers instants du récit. On aurait eu le droit à un film de procès conventionnel, certes distrayant mais bien loin de l'impact et de la force que le film possède en sa forme actuelle.
Car, en choisissant de reculer jusque dans les ultimes minutes du récit la séquence du viol, Jonathan Kaplan est parvenu à nous placer exactement dans la situation de Kathryn Murphy (Kelly McGillis) qui se demande à l'instar d'autres protagonistes du drame s'il y a eu véritablement viol ou si au contraire Sarah ne l'avait pas un peu provoqué (avec son comportement provocateur, ses tenues légères, son background social peu flatteur,…). Les accusés devient alors une implacable démonstration de l'horreur dans lequel une femme violée peut se retrouver, meurtrie à jamais dans sa chair et pourtant obligée de (faire) démontrer qu'elle a été victime de telles atrocités.
C'est en explorant toutes les facettes d'un tel drame que le réalisateur signe une œuvre lucide, sobre, intelligente et forte sur un sujet qui comme le rappelle de façon éloquente l'écriteau final est monnaie courante aux USA et dans le monde entier.