Films

La Traque : critique dans la forêt

Par Laurent Pécha
10 juillet 2011
MAJ : 2 mars 2020
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Sortant au cœur de l’été, au moment où la France s’apprête à partir en vacances ou à aller voir Harry Potter, avec un circuit d’écrans plus que limité, La Traque (anciennement Proie) est en mode mission : impossible : parvenir à attirer du monde en salles pour pouvoir se rendre compte que le cinéma de genre (horrifique) français a encore de l’avenir.

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Car le premier film d’Antoine Blossier n’est rien moins que la plus belle promesse au genre faite depuis un bail. Si certains prédécesseurs avaient su marquer leur territoire (Haute tension, Maléfique, Vertige, A l’intérieur, La Horde,…), il leur manquait tous quelque chose que La Traque parvient à insuffler durant 80 minutes rondement menées : ce sentiment d’être face à un film de genre 100%  franchouillard !

 

 

Si les influences de Blossier et son co-scénariste, Erich Vogel envers le cinéma américain (et mondial) sont bien visibles et assumées (Spielberg et son Jaws en tête), le récit respire cette France du terroir que l’on voit si peu d’ordinaire. En choisissant comme monstre, un sanglier, et la chasse comme élément moteur de l’histoire, les auteurs du film annoncent ainsi parfaitement la couleur non sans avoir amené déjà le spectateur dans une atmosphère très chabrolienne avec des opaques histoires de famille, que l’auteur de Que la bête meure n’aurait pas renié. Et c’est ainsi que l’ouverture de La Traque ne joue jamais les mauvais bouche-trous pour nous faire patienter jusqu’à ce que le film de monstre démarre véritablement. Au contraire, il y a un vrai plaisir de cinéma à suivre les tensions existantes au sein de cette famille de riches industriels pas très nets et dont on devine que la dite traque va servir de deus ex machina particulièrement efficace.

 

 

Mais bien sûr, ceci n’aurait que peu d’intérêt si Blossier et son équipe n’avaient pas réussi à maîtriser ce qui donne son nom au film. Une fois les ténèbres tombées sur cette forêt magnifiquement mise en valeur malgré un budget riquiqui, l’affrontement entre les chasseurs et les bêtes (et surtout une) peut débuter et le cinéaste de revisiter avec talent tout ce que le (bon) cinéma d’effroi a su lui apprendre. Adepte de la suggestion (ça sert à cela aussi d’avoir peu de moyens), Blossier joue à fond la carte du suspense grâce à la force du hors-champ. A l’instar de Bruce dans Les Dents de la mer, on ne voit quasiment pas son sanglier mais sa présence est indéniable et la tension ne faiblit presque jamais.

 

Rédacteurs :
Résumé

En résulte une traque de haute volée qui effacerait presque les multiples déconvenues des ces derniers mois/années. Oui, le cinéma de genre français peut rivaliser en qualité avec ses concurrents européens et mondiaux. Reste à espérer que les spectateurs aient encore le courage et la possibilité de le découvrir !

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