Films

Identité secrète Critique : Identité secrète

Par Simon Riaux
26 septembre 2011
MAJ : 27 octobre 2018
0 commentaire
default_large

L’affiche d’un film est sensée avoir été pensée, conçue puis validée par une équipe dédiée à la réussite d’un projet, pourtant il arrive qu’elle nous en dise bien plus qu’elle n’est supposée le faire. C’est le cas avec Identité secrète de John Singleton. On y découvre Taylor Lautner, jeune comédien révélé par la franchise Twilight, dont le corps est littéralement martyrisé. Chaque membre de son anatomie se raccorde à un buste aux proportions alternatives, selon un angle impossible, et confère à l’ensemble une maladresse embarrassante, qui évoque un Frankenstein photoshopé, dont le lissage n’a pas effacé la condition primaire et absurde. Un chaos structurel que l’on retrouve dans chaque aspect du long-métrage.

 

 

Identité Secrète tente donc de réconcilier des concepts qui n’ont rien à faire ensemble : l’espionnage Bourné, la bluette adolescente aseptisée, et la starification forcenée d’un comédien proclamé idole de la jeunesse pré-pubère. Le problème c’est que John Singleton tente de faire rentrer ces cubes dans les trous de son scénario avec la délicatesse d’un bûcheron serbe. Difficile de supporter la fausse nonchalance avec laquelle le réalisateur nous présente la famille d’adoption de son héros, que son père entraîne au close combat les lendemains de beuverie, et dont les copains fabriquent des faux papiers d’identité à même de borner les identités fédérales. À ce titre, la palme revient incontestablement à Sigourney Weaver, impayable en agent infiltré, dont la couverture de psychiatre est aussi peu crédible que le brushing. Et notre héros de ne se douter de rien, jusqu’au jour où une bonne copine (enfin bonne…) lui révèle sa singulière ressemblance avec un bambin disparu quinze ans plus tôt.

 

 

On ne croit donc pas un instant au point de départ de cette histoire, et cela ne va pas s’arranger. La faute revient évidemment au scénario, qui restera bas du front jusqu’au bout, mais surtout à Taylor Lautner. Si Twilight n’est pas l’écrin idéal pour le talent naissant d’un acteur, on craignait à raison que le lycanthrope imberbe n’ait rien de plus à nous offrir. C’est indubitablement le cas, et le jeune comédien demeure incapable de nous offrir autre chose qu’un festival de mâchoires serrées et de sourcils froncés, qui lui permettent de traverser le film avec la force émotionnelle d’un poney lancé à pleine vitesse.

 

 

Les exécutifs hollywoodiens ne se souciant pas outre-mesure de la vraisemblance, on pouvait au moins espérer trouver ici quelques séquences spectaculaires. Las ! Il vous faudra vous contenter de piteux gunfights emballés en quelques secondes, quand les rares affrontements ne sont pas court-circuités par une solution anti-spectaculaire. C’est le cas du climax, où notre héros triomphe du grand méchant… grâce à un sniper Ex Machina.

 

Identité Secrète est donc un ratage à peu près complet, d’autant plus désagréable qu’il vient confirmer que les débuts prometteurs de John Singleton tenaient plus de l’accident de parcours que d’autre chose. Nous tenons là une énième preuve que considérer comédiens et scénarios comme autant de produits interchangeables et malléables, uniquement destinés à générer un profit quantifiable à l’avance tient de la fuite en avant, et n’aboutit qu’à la ponte régulière de bouses sans saveur.

 

Rédacteurs :
Résumé
Vous aimerez aussi
Commentaires
0 Commentaires
Le plus récent
Le plus ancien Le plus populaire
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires