Le Chat Potté est beau, très beau. Bien plus coloré que Shrek, il nous plonge dans un univers chamarré et chatoyant (si si), à mi-chemin entre Espagne et Mexique. Le film bénéficie du savoir-faire de ses créateurs, et d’une troisième dimension plutôt bien utilisée, qui n’assombrit pas trop les teintes chaleureuses, et confère aux multiples scènes d’action une belle ampleur. Pour autant, ce qui nous emporte dans les aventures de ce matou mateur n’est pas la brillante technique, mais le doublage. Si Antonio Banderas était agaçant de roublardise dans Or Noir, il compose ici une prestation quasiment similaire, à la différence que le contexte la rend hilarante. Ce mélange de James Bond en botte, d’hidalgo rapière à la main, et de latino lourdingue est absolument délicieux, et permet au film de s’éloigner de son modèle original.
On appréciera aussi que le film soit sorti du giron de Shrek et ait abandonné la parodie de conte. En effet, ici, l’histoire originale du Chat Botté n’est ni détournée ni singée, elle est tout simplement ignorée au profit d’une autre, tandis que les seconds couteaux, si leurs liens avec la littérature et la jeunesse en général sont évidents, ne relèvent plus d’un cahier des charges industriel, mais élargissent pertinemment le monde du désormais célèbre Puss In Boots. Et contre toute attente, l’ensemble est d’une belle cohérence, à tel point qu’on se demande encore comment un pastiche de cape et d’épée, des haricots magiques, un transfuge de Lewis Carroll et quelques chattes bien roulées peuvent à ce point cohabiter. Ajoutez à cela un humour qui fait souvent mouche, un rythme trépident malgré une petite baisse de régime au milieu du film, et vous obtiendrez un divertissement sans doute pas inoubliable, mais d’une grande fraîcheur.