La surprise n’en est que plus agréable de retrouver un cinéaste nettement plus appliqué que par le passé et parfaitement conscient du devoir de mémoire dont il est le garant artistique à défaut d’en être l’instigateur (c’est Michelle Yeoh qui a amené le projet au réalisateur). Conscient de la tâche à accomplir, Luc Besson s’efface devant l’incroyable histoire d’amour entre Suu Kyi et son mari, une tragédie dans la droite lignée des plus belles du répertoire classique. Alors qu’on s’attendait avant tout à un récit axé sur l’incroyable destin de Suu Kyi et notamment sa lutte face à la dictature de son pays, Besson prend le parti émotionnel de mettre l’accent sur l’intime et la relation qui unit le couple. En résulte un récit plus d’une fois poignant notamment grâce à la performance habitée de Michelle Yeoh et peut être plus encore de David Thewlis, bouleversant en mari dévoué à sa femme, leader d’un pays qui a tant besoin d’elle.
Avec un tel parti-pris, The Lady n’arrive pas à être totalement convaincant sur tous les tableaux. Mais s’il échoue à échapper dans sa partie plus historique à son côté joli livre d’images appliqué, il n’en demeure pas moins que Besson a réussi son pari de cinéaste, celui d’émouvoir son auditoire au point de lui donner envie de prolonger l’expérience à la sortie de la salle. Besson en réalisateur pédagogue incitant à surfer sur wikipédia. Sacré Lady !