Films

Taken 2 : critique

Par Simon Riaux
7 septembre 2012
MAJ : 5 juin 2023
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Taken premier du nom avait surpris les amateurs d’action burnée et rapporté un sacré paquet de brousoufs en appliquant une recette aussi simple que rigoureuse, soit le parachutage expéditif d’un individu taciturne, en quête de vengeance et porté sur l’ultra-violence dans un environnement hostile dont il ne possédait pas les codes. Cette figure classique de la série B qui dépote se voyait alors traitée avec un premier degré et un jusqu’au boutisme réjouissants, qui conféraient à ce jeu de massacre des airs de virée paranoïde et désamorçait partiellement ses relents xénophobes. On n’attendait certes pas d’Olivier Mégaton qu’il transcende son modèle, mais qu’il soit au moins capable de le reproduire. Peine perdue, l’homme coupable de l’indigent Transporteur 3 se livre ici à un jeu de massacre total, dans le mauvais sens du terme.

photo, Liam Neeson

De toute évidence, le personnage de Liam Neeson a subit une cure d’œstrogène depuis sa précédente tuerie, adieu rage du paternel aux abois, hargne du guerrier solitaire, Bryan Mills passe désormais son temps à câliner bobonne et papouiller fifille, un non-sens révoltant au vu de la noirceur initiale de son caractère. La pauvre Maggie Grace en est réduite à couiner et demander pitié dès qu’elle croise un autochtone agressif (ce qui tient ici lieu de pléonasme), quand elle ne suit pas les conseils avisés de papounet pour le localiser… à coups de grenades.

 

 

photo

 

Vous avez bien lu, Taken 2 ferait passer McGiver pour un hippie neurasthénique. Si le premier épisode représentait toute une clique de vilains proto-musulmans ou simili-arabes, mais n’oubliait jamais de les traiter comme des antagonistes de série B, et restait toujours chevillé au point de vue paroxystique de son héros, le présent long-métrage souligne avec une insistance plus que douteuse les origines culturelles et spirituelles de ses bad guy, au point de créer un malaise certain même chez le plus inconséquent des spectateurs avide de violence pelliculée.

 

 

photo, Famke Janssen, Maggie Grace, Liam Neeson

 

On pardonnerait presque les interprètes devant l’aberration filmique dont accouche Mégaton, qui se moque éperdument de ce qui se passe à l’écran, à moins que comme le spectateur, il n’y comprenne goutte. Accélérés, multiplication stérile de plans (faut bien se couvrir hein…) et sound design artificiellement tonitruant sont les mamelles cinématographiques du réalisateur, et les ingrédients d’un kaléidoscope d’une laideur sans pareil. Le montage n’est là que pour hystériser un script avare en action (un comble) ou en séquences spectaculaires.

 

En effet, les éclats meurtriers de Mills étant interrompus au bout d’une poignée d’images, quand ils ne sont pas purement relégués hors-champ, voire annihilés par la multiplication des plans, perdent tout impact. Ajoutez à cela des affrontements au corps à corps qui rappellent tristement les productions actuelles d’un Steven Seagal, et vous comprendrez l’étendue du désastre. À moins que voir Neeson échanger avec un cascadeur teigneux un enchaînement absurde de petites tapettes sur le menton (néanmoins susceptibles de briser un coup de taureau, on déconne pas avec Liam) ne vous fasse un effet bœuf, l’expérience risque fort d’être déceptive.

 

 

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Rédacteurs :
Résumé

Au final, ce qui sidère le plus dans cette pathétique entreprise, ce n'est pas tant son endémique nullité, que la profonde incompréhension que manifestent ses propres créatures. Car c'est un subtil mélange de maîtrise technique, de montage virtuose ainsi que de violence primaire qui permit à Taken de rafler le pactole à l'international, et de broyer bruyamment le plexus de ses concurrents trop propres sur eux. Avec cette suite destinée à cartonner tout autant, l'écurie Europa a hélas choisi de diluer tous les ingrédients qui firent la réussite du premier carnage de Liam Neeson, dans le but d'élargir le public potentiel. Pas sûr que les spectateurs en quête de viande rouge se satisfassent de cette salade rance au goût prononcé de vinaigre.

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