FILM DE POTES SUR LA ROUTE
Grâce à un casting de rêve, ce cross-over sous forme de road/buddy-movie tient sa promesse de départ pratiquement sur toute la « route ». Trois jeunes hommes de 20, 30 et 40 ans ont pour point commun la belle, intelligente et très attirante Charlie (Mélanie Thierry) qui est atteinte d’une maladie incurable. Sa mort, puis ses funérailles vont précipiter leur vraie rencontre tout en créant un groupe des plus improbables : Elie, le jeune vanneur pour la télé (Nicolas Duvauchelle), Maxime le post-ado un peu largué dans tous les sens du terme (Pierre Niney) et Boris le quadra. célibataire en costard « money maker/golden boy » (François-Xavier Demaison).
Sur la route toute la sainte journée
Un voyage non accompli et resté sous forme de projet d’amitié rêvée, comme une dernière volonté de Charlie, va emmener précipitamment les trois acolytes, qu’à priori tout oppose, sur le chemin de la Corse, via des pauses initiatiques pour chacun d’entre eux. Citons entre autres : la halte à Aix, ville de l’ex, pour Boris, puis l’arrêt chez les grands parents d’Elie qui nous offre la très belle apparition de la trop rare et divine Micheline Presle. Dans cette maison de campagne, la couche rustique et sommaire d’un grenier enfantin et infantilisant libérera de manière quasi psychanalytique certaines angoisses des trois potes d'(in)fortune.
KEROUAC, DEAN ET SAL ?
Toutes ces étapes seront prétextes à des prises de champ poétiques et nostalgiques, voire mélancoliques. Aussi dramatique que soit l’argument de Comme des frères, bien loin du pathos de certaines comédies dramatiques françaises vues récemment, les arrêts sur pause du destin de ce road-movie n’oublieront jamais d’apporter leur dose d’humour, de décalage et de répliques qui claquent grâce notamment à une caractérisation des héros très travaillée, visiblement dès le scénario (comme quoi Hervé Mimran, moins seul que sur le récent Nous York, sait soigner ses scripts quand il le veut). Hugo Gélin a su indubitablement créer une alchimie entre ces trois là qui se ressent à l’écran.
Une réalisation et une photo parfois clinquantes surexposent un visuel un peu tape-à-l’oeil par moments mais ceci est largement compensé par la totale cinégénie de Mélanie Thierry et l’excellent jeu de Pierre Niney (plus jeune pensionnaire du Français). Pour finir, mention spéciale à François Xavier Demaison dans le rôle du roi de la vanne à froid. Ne boudons pas notre plaisir, ce serait stupide quand la comédie hexagonale réussit à se hisser à un si concret niveau de qualité.