MOITE, MOCHE ET CHIANT
Angélique, remake improbable de l’indéboulonnable Angélique, marquise des anges, revient éclabousser actuellement les petits écrans hexagonaux. Précédé d’une rumeur de catastrophe industrielle, le film fait pour une fois tout à fait honneur à sa réputation, la dépasse même pour entrer instantanément au panthéon des nanars cosmiques, auquel les spectateurs ont accordé un oubli indulgent.
On se réjouissait pourtant de découvrir un film de cape et d’épées au budget honorable, un récit d’aventure volontiers érotique, dont on serait curieux de voir comment il dialoguerait avec l’oeuvre originale, et s’il saurait offrir à Nora Arnezeder un rôle moins enduit de culture du viol que celui tenu jadis par Michèle Mercier. Hélas, s’il y a beaucoup de capes, les épées sont le plus souvent au fourreau (exception faite d’un duel pathétique), quant à la malheureuse Angélique, elle doit composer avec proximité envahissante du postérieur de Gérard Lanvin. On s’étonnait de la faible durée d’un film au scénario particulièrement dense, mais le traitement expéditif de chaque rebondissement, s’il dynamise artificiellement le rythme, condamne effectivement la chose à la brièveté d’un dépucelage au Malibu.
PAIE TON SCHREK
Expéditif et creux, le métrage est également d’une douloureuse laideur. Photographié par le prestigieux Peter Zeitlinger, le résultat tient de la pure abomination et l’on fait confiance à Ariel Zeitoun lorsqu’il parle dans le dossier de presse des « choix insensés » de son directeur de la photographie, collaborateur historique de Werner Herzog. Un saccage visuel encore aggravé par la présence envahissante d’images floues et granuleuses, qui poussent sérieusement l’ensemble dans la direction de l’amateurisme. Toujours le dossier de presse, le réalisateur explique ne pas avoir voulu « montrer de la mise en scène », on le croit volontiers tant l’ensemble ressemble à un docu-fiction tourné par des otaries bourrées à la bière.
Les dites otaries souffrent d’ailleurs d’un doublage calamiteux (co-production oblige, le casting n’est pas exclusivement francophone), qui assèche le peu de panache de dialogues capables de percer jusqu’aux tympans les plus aguerris. Malheureusement, ce ne sont pas leurs collègues français qui pourront quoi que ce soit pour eux, récitant un texte mollasson comme autant de ravis de la crèche, aucun ne parvient à endiguer la navrante bêtise d’une mise en scène navrante (l’ellipse dite de la balançoire est appelée à faire école). On l’aura compris, Angélique n’est pas un film d’aventure, pas plus qu’une romance ou une œuvre historique. C’est un film d’Ariel Zeitoun, le réalisateur de XXL, Bimboland ou encore Yamakasi. À savoir un produit non fini, traité par dessus la jambe, peut-être respectueux de l’œuvre originale mais qui n’hésite pas à cracher copieusement à la figure du spectateur.
Dommage, je l’aurais bien regardé avec un plaisir coupable certain… On n’aura donc jamais le remake de « Angélique et le sultan » avec Tahar Rahim dans le rôle de Samy Frey.
Snif, snif!
Ah ben ça je savais même pas qu’ils en avaient fait un remake