LORSQUE TARANTINO SE RÉPÈTE…
Le visionnage d’un film de Tarantino représente en soi une expérience atypique. D’abord parce que, dès le début de sa carrière, le cinéaste a su imposer une patte narrative singulière, empruntant à la littérature et son chapitrage pour mieux contrôler ses récits. Ensuite, parce que depuis son expérience Grindhouse en 2007, il aime raviver les rituels d’un cinéma oublié, sortant de leur retraite entractes et cérémonie de pré-séance autant que possible.
Lorsque s’actionnent les premiers rouleaux de pellicules des Huit Salopards, résonnent les premières notes de la musique d’Ennio Morricone, (Oscar mérité pour ce film) acompagnes d’un travelling menant d’un symbole christique à une calèche s’agitant à l’horizon et, pour nous, la sensation d’être face à un grand film. Dès lors, elle ne nous quittera plus. Réel sursaut qualitatif au sein des récentes productions de Tarantino, Les Huit Salopards pourrait bien être l’un de ses tous meilleurs films.
La porte du paradis des enfers
À bien des égards, l’on pourrait même parler de quintessence de son cinéma. On y retrouve son obsession pour les scènes iconiques multi-référencées, ses lignes de dialogues empreintes de sarcasme souvent lourd de sens, et sa parfaite gestion de l’espace, héritage d’une cinéphagie homérique et reconnaissable entre mille. Mais la réussite du film réside probablement en sa gestion du huis clos, dont le piège glacial s’inspire ici nettement du The Thing de Carpenter et qui sera essentiel à l’intrigue. Dans une mercerie du Wyoming où huit « salopards » s’abritent d’une tempête infernale, va ainsi se jouer le destin de Daisy Domergue (Jennifer Jason Leigh), prisonnière du chasseur de prime John Ruth (Kurt Russell) destinée à être pendue, et que d’aucuns des protagonistes présents pourraient chercher à aider à s’évader.
Un petit shot de Tarantino pur ?
Sans surprise, on y retrouve des habitués du cinéma de Tarantino : Samuel L. Jackson est de la quasi-totalité de ses films, Michael Madsen et Tim Roth apparaissaient déjà dans Reservoir Dogs et, enfin, Bruce Dern, incarnait l’esclavagiste Curtis Carrucan dans Django Unchained. Ce qui ici les liera avant de les déchirer réside dans la suspicion constante de l’autre, qui les verra tiraillés entre de potentielles trahisons, des idéologies contraires (la mercerie accueillera à sa façon l’opposition Nord / Sud) et les prémices d’associations vénales. L’ensemble étant, en outre, restitué par une captation Ultra Panavision 70mm magnifiant les moindres lumières et détails des compositions du cinéaste, voilà une expérience qui vaut assurément le détour.
… MAIS SE RENOUVELLE
Qui dit Tarantino dit aussi direction d’acteur hors pair, et Les Huit Salopards ne déroge pas à la règle. Si le cinéaste semble avoir un peu délaissé son envie de mettre en lumière des acteurs « sur le retour », le voir ici redonner l’un des premiers rôles au sémillant Kurt Russell ne manque pas de cachet.
Lorsque l’acteur livre par ailleurs une prestation magistrale, composant avec émotion un chasseur de prime bourru et caractériel, mais aussi attaché aux valeurs qu’il porte et à celles du pays qui l’a vu naître, difficile de ne pas s’incliner. À l’occasion d’une scène de trahison où, l’espace d’un regard, il laisse paraître l’âme d’un homme meurtri, comme grâce à la relation tendue qui le lie à sa prisonnière, Russell n’oublie ainsi pas de rappeler combien sa carrière fut riche et pourquoi il manque cruellement au cinéma d’aujourd’hui.
Difficile de ne pas mentionner Jennifer Jason Leigh également, excellente actrice à la carrière pas toujours à la hauteur, justement nommée à l’Oscar du meilleur second rôle pour cette performance folle.
Enfin, ce qui finit de donner à ces Huit Salopards leurs lettres de noblesse est certainement l’assagissement du Maestro Tarantino, que beaucoup considèrent en roue libre depuis le diptyque Kill Bill. Loin du cabotin Aldo Rain (Inglorious Basterds) ou du révolté Django (Django Unchained), le film se construit autour de personnages évitant soigneusement la posture forcée du « cool ». De même, sa bande originale se fait plus discrète. Souvent dénicheur d’iodes sonores qu’il réinscrit dans la pop-culture, Tarantino confie ici le travail aux mains expertes d’Ennio Morricone et permet, grâce à une composition démiurge, d’ajouter à son film un supplément de justesse et de profondeur d’âme. Un régal.
très bon film
… (accident de clavier) composants les USA ?
Entièrement d’accord avec la note et la critique d’Ecran Large.
3 ème vision depuis sa sortie en salle. Et oui le film peut déconcerter par son rythme pour qui oublierait de le remettre dans le sous-genre auquel il appartient ; Le Whodunnit.
Vous croyez que c’est un hasard la présence de Kurt Russell, de la claustrophobie hivernale et des thèmes inédits de The Thing ? Y a clairement l’envie de faire un film à la croisée des genres Western, Horreur et Whodunnit.
Et dans ce dernier cas pour faire monter la sauce et donner envie au spectateur de résoudre l’affaire il faut installer les personnages, les caractériser et montrer leurs relations. Et comme l’ont dis certain(e)s c’est fait par le biais de dialogues bien tarantinesques et hyper funs.
En plus au pire si vous trouvez ça trop long questionnez le sens de ce que vous voyez bordel. Y a pas quelque chose d’un peu politique qui émane de ce huit-clos, de ces relations entre les différentes castes composa ?
chef doeuvre de tarantino mon film de chevet, je ne men lasse pas de ces dialogues, de ces image de ce huit clos, tout simplement un de mes meilleurs film
@zarbiland, moi c’est l’inverse.
J’ai detesté Django, j’ai adoré les 8 salopards !
Qu’il est long mais qu’il est long!!! Les deux 1ères heures sont une vraie purge à ce niveau. Bien sûr que c’est magnifiquement filmé, dirigé et photographié…et ce 70mm est à tomber mais ces qualités ne font pas oublier ces interminables longueurs! Rien que le plan d’ouverture sur la croix est interminable! Je suis d’accord avec l’un des commentaires précédents qui pointent judicieusement l’absence Sally Menke, sa monteuse attitrée depuis ses débuts derrière la caméra, décédée, et qui l’aurait sans aucun doute aidé à être plus économe, moins bavard … infiniment plus court sans pour autant alléger son histoire. 45mn de moins eurent été appréciées
Retournez donc voir vos Marvel , on y cause beaucoup moins et les scénars sont moins prévisibles. Et aussi , continuez d’acheter des livres avec des images et des bulles au dessus ça vous donnera le goût des dialogues. !
changé de chaine,on ne m’y reprendra plus avec ces nanars!
Au bout de trois quarts d’heure, je m’ennuyais tellement que j’ai zappé. Bien m’en a pris d’ailleurs, je suis tombé sur un très bon polar d’O. Marchal.