POSITION CHASSE-NEIGE
C’est la success story typique : un garçon marginal et un peu gauche, pour le moins excentrique, rêve des Jeux Olympiques depuis sa plus tendre enfance, et devra surmonter de grands obsctacles (lui et les autres) pour y parvenir. Cette histoire, c’est celle de Michael Edwards, sorte d’Ed Wood des JO de 87, devenu un petit phénomène grâce à ses échecs et son allure.
En chantier depuis une dizaine d’années, le biopic est finalement produit par Matthew Vaughn (X-Men : Le commencement), inspiré après avoir revu Rasta Rockett (film culte de 1993, sur des Jamaïcains qui s’entraînent en bobsleigh pour les JO). Parce qu’il constate que ce type de films est trop rare, il relance la machine avec Taron Egerton, qu’il a révélé dans Kingsman : Services Secrets, et le X-Men Hugh Jackman. Et les quelques gros clins d’oeil à Rasta Rockett dans Eddie the Eagle sont parfaitement justifiés : on a affaire au même type de divertissement familial parfaitement troussé, calibré pour tirer une petite larme et un large sourire complice.
RETRO PLEASURE
Il y a d’abord l’enveloppe délicieusement rétro du film, qui happe dès les premières minutes. De la musique de Matthew Margeson à la police old school des titres, Eddie the Eagle s’amuse avec un plaisir évident à filmer les années 80 et leurs couleurs. Mais le film ne se repose aucunement sur cette nostalgie dans l’air du temps, qui reste un accessoire parmi d’autres, utilisé pour séduire.
Car le scénario (le premier de Sean Macaulay et Simon Kelton) est d’une efficacité redoutable. Sans réinventer ni tordre les codes, le film les respecte et témoigne d’un vrai savoir-faire en matière d’équilibre – rires, petites larmes et inévitables ficelles pour compliquer la route du héros. La mise en scène s’appuie sur les séquences sportives pour aérer le récit et donner de l’envergure à l’histoire, offrant même quelques sensations innatendues lors des impressionnants sauts. Résultat : Eddie the Eagle se consomme avec une légèreté de circonstance.
DE KINGSMAN A SNOWMAN
En outre, le film déroule le tapis rouge à Taron Egerton, qui sort la panoplie de l’acteur en pleine performance. Grosses lunettes, visage crispé, lèvres tremblantes et corps flasque, l’acteur de 26 ans fonce tête baissée pour égratiner son image un peu lisse de Kingsman : Services Secrets.
Parce que son interprétation frôle l’excès, la présence de Hugh Jackman n’en sera que plus utile. Avec son flegme et sa souplesse irrésistibles, qui feraient presque oublier le caractère profondément stéréotypé de son personnage, il stabilise le film et contrebalance l’énergie déployée par Taron Egerton. La définition d’un bon duo qui fonctionne, et qui participe pour beaucoup au charme du film.
Moins culte que Rasta Rockett, mais quand même un très bon moment. Et effectivement, Egerton est excellent dans ce rôle.
Mention également à Dexter Fletcher et sa réalisation. J’attends avec impatience son biopic d’Elton John avec le même Egerton, d’autant qu’il a pu se roder avec Bohemian Rhapsody qu’il a terminé après le départ de Singer.
Une belle découverte qui ne peche que par une structure narrative convenue et le personnage du coach plus que dispensable. Un beau feel good porté par l’excellent Taron Egerton. La musique illustre joliment ce film plein de bons sentiments.