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Conjuring 2 : Le cas Enfield – critique possédée

Par Simon Riaux
28 juin 2016
MAJ : 13 septembre 2023
3 commentaires

James Wan est un des réalisateurs les plus en vue à Hollywood et un des metteurs en scène horrifiques les plus appréciés. À l’origine de la franchise Saw, maître d’œuvre d’Insidious et chef d’orchestre du succès phénoménal de The Conjuring, il revient avec un Conjuring 2 dont l’ambition évidente est de s’imposer comme un petit classique instantané. Pari réussi ?

Conjuring 2 Poster

JAMES, FAIS-MOI PEUR

Que les fans du chapitre précédent et du travail du cinéaste se rassurent, Wan n’a rien perdu de sa maîtrise ou de son goût pour le gros frisson qui tâche. Avec ce nouveau film, dans lequel les époux Warren se penchent sur le légendaire cas Enfield, qui défraya la chronique en Grande-Bretagne à la fin des années 70, il entend clairement se mesurer aux classiques du genre.

Et à bien des égards, le réalisateur paraît armé pour relever le défi. Conjuring 2 est sans doute son travail le plus habilement filmé. Certaines de ses séquences (les mises en places notamment) relèvent littéralement de la chorégraphie, l’artiste se plaisant à ordonner de très complexes jeux de lumières, de cadres, de mise en abyme, grâce à un sens de l’image qui fait souvent mouche et un découpage d’une grande sophistication.

On appréciera également la variété des effets de style convoqués par Wan, qui passe, lors de l’intro à Amityville, d’effets de montage particulièrement dérangeants, à la sobriété d’un plan fixe jouant à la perfection sur le flou lors d’une formidable séquence d’interrogatoire, avant d’enchaîner avec un climax d’une rare intensité visuelle. Et pourtant, malgré cette maestria indéniable, Conjuring 2 peine à convaincre.

 

Patrick Wilson

 

S.O.S FILM FANTÔME

Tout d’abord, parce qu’à vouloir trop en faire, Wan perd complètement le contrôle de son récit. Trop long d’une bonne demi-heure, Conjuring 2 repose sur un argument bien trop ténu pour remplir ses 2 h 13 (!). Le métrage se contente d’enchaîner les scènes, certes généreuses, mais trop décousues, comme une enfilade de sketch horrifique reposant presque uniquement sur les jump scares, des frissons immédiats, mais superficiels.

En l’état, on comprend mal pourquoi le metteur en scène – et scénariste – lance tant de pistes qu’il n’explore jamais. La question de la véracité des évènements est posée avec une rare bêtise – pourquoi traiter du doute des autorités pendant de longues minutes puisque le film assène au spectateur que le fantastique est bien réel ?

 

James Wan

 

De même, les esquisses de psychologie familiale dressées dans la première partie (notamment les relations qui unissent les enfants) sont complètement abandonnées sitôt les Warren sur le devant de la scène. Une mécanique forcée, qui révèle alors combien l’ensemble tient à une myriade d’hommages et de références, intelligemment disposées, mais jamais vraiment digérées ou interrogées.

Et quand les époux Warren sont à nouveau inclus dans le récit, il faut supporter une série de scènes à la niaiserie lourdingue (pas sûr que vous soyez encore capable d’écouter un standard d’Elvis en sortant de la salle). Elles mettent en lumière l’absence d’écriture des personnages, réduits à des fonctions primaires et une crétinerie catho confondante.

 

Photo Nonne

 

JÉSUS CRISSE 

C’est peut-être là le problème central du film : ne pas comprendre véritablement son sujet. Car si sur le papier, Conjuring 2 traite de possession, de lutte entre le bien, le mal, de valeurs et de symboles, il se contente d’agiter ces derniers comme des jouets exotiques, voire folkloriques. Une nonne mutante sous acides apparaît dans le marc de café ? Vite une prière ! Un démon septuagénaire et priapique bave dans le noir ? Dégainons le sermon ! Une bondieuserie si prononcée qu’elle en deviendra ridicule dans le final, dont les enjeux sont si ténus qu’ils se résument à une lecture de la bible.

 

Photo Conjuring 2 : Le cas Enfield

 

 

Bien meilleur réalisateur que scénariste, James Wan paraît avoir étouffé son propre film à force d’ambition et de générosité, ne sachant pas comment doser les innombrables ingrédients à sa disposition. Cette suite s’avère donc une déception, d’autant plus grande que le film demeure par endroit d’une efficacité incroyable et s’avère malgré tout capable de fulgurances.

On parie ainsi que même les spectateurs les plus blasés verront leur mâchoire se décrocher et leur palpitant battre la chamade à chaque apparition du Crooked Man, véritable star du film, qui lui offre ses scènes les plus plastiquement remarquables et terrifiantes.

 

Conjuring 2 Poster

 

Rédacteurs :
Résumé

Excellemment mis en scène, Conjuring 2 s'écroule sous le poids de ses ambitions et la faiblesse de son scénario.

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nimbari

Apparemment ils n’ont pas boycotté The Door ou The Witch. Conjuring n’est même pas interdit aux -16 ans.

Kobé

UGC boycotte le cinéma de genre depuis plusieurs années.

nimbari

Vous avez remarqué que le film ne passe dans aucun UGC ?