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A Cure for Life : critique noyée

Par Geoffrey Crété
15 août 2020
MAJ : 3 novembre 2022
16 commentaires

Derrière le faiseur de blockbusters, qui a connu la gloire avec la trilogie Pirates des Caraïbes et la honte avec Lone Ranger, naissance d’un héros, il y a un cinéaste plus humble, qui a brillé avec le remake de Ring et The Weather Man. Après plusieurs années d’absence, Gore Verbinski était de retour avec un film de genre tordu, aux dimensions plus discrètes, où un homme d’affaires interprété par Dane DeHaan enquête sur les coulisses inquiétants d’une station thermale miraculeuse. 

Photo Dane DeHaan

DARK WATER

Gore Verbinski avait prouvé avec le remake hollywoodien Le Cercle – The Ring qu’il était plus que capable d’instaurer une ambiance délicatement effrayante, grâce à une mise en scène précise, une direction artistique soignée et une fine gestion des effets. Avec A Cure for Life, il se libère d’un poids : un scénario original et l’un des plus petits budgets de sa carrière.

Le film reflète cette configuration. Tordue, obscure et lancinante, cette plongée ténébreuse dans les coulisses terrifiants d’une station thermale miraculeuse résiste aux attentes et aux codes avec une assurance désarmante. Elle rappelle aussi, par sa longueur excessive et ses errances narratives, toutes les faiblesses du réalisateur de Pirates des Caraïbes et Lone Ranger, particulièrement gênantes sur un territoire si fabuleux.

 

Photo Dane DeHaanSwiss Horror Story

 

LE SECRET DE LA CURE MAUDITE

Dans un premier temps, A Cure for Life emballe et envoûte par son univers et sa direction artistique. La magnifique photo de Bojan Bazelli, déjà à l’oeuvre sur Le Cercle, impose d’emblée une vision saisissante et anxiogène du monde. Les cadrages stylisés et le montage précis créent ce sentiment fabuleux d’être emporté dans une dimension parallèle, où les reflets et couleurs des buildings new-yorkais semblent sortir d’un cauchemar.

Filmé par Gore Verbinski, n’importe quel couloir et n’importe quel figurant s’illumine. Sous le ciel nuageux ou dans les sous-sols humides, il déploie avec un plaisir évident ses outils de cinéaste, organisant à merveille l’action et les cadres pour composer une horreur sournoise. Le décor de la station thermale est très réussi, et le film offre de nombreuses images marquantes, à mi-chemin entre la poésie et l’horreur pure, avec une poignée de moments susceptibles de faire grincer les dents sensibles. Le fantôme de Bioshock, que le réalisateur a un temps failli adapter, n’est pas loin, voire celui de David Cronenberg.

  

Photo Conte de fées des enfers

 

TRAITEMENT DES CHOCS

Mais Gore Verbinski se repose trop sur sa mise en scène. Le réalisateur a beau avoir un sens extraordinaire de l’image et du son, il a trop confiance en lui pour avoir conscience de ses faiblesses. A Cure for Life ressemble ainsi plus à un livre d’images qu’à un film : un interminable livre d’images, si lourd qu’il en perd toute substance et se mue peu à peu en une entreprise clinquante mais creuse.

Avec ses airs de Traitement de choc avec Annie Girardot et Youth de Pablo Sorrentino, A Cure for Life tente ainsi de construire un labyrinthe ténébreux, entre expériences scientifiques tordues et société secrète tentaculaire. Le mélange amuse, notamment parce qu’il recycle des motifs de série B avec un goût immodéré. Sauf que l’intrigue est incapable d’organiser tous ces éléments, et se contente de les accumuler sans chercher à créer une harmonie – voir un sens quelconque dans certains cas.

La manie de Gore Verbinski à étirer excessivement ses films (2h29 pour Lone Rangerentre 2h23 et 2h48 pour Pirates des Caraïbes) enfonce un peu plus A Cure for Life. Au fil des scènes, des digressions et des dialogues forcés, c’est une véritable hémorragie à laquelle on assiste, et qui vide peu à peu le film de sa force.

 

Photo Dane DeHaan Noyade forcée

 

DIAGNOSTIC VITAL

Que reste t-il alors ? Des ambitions séduisantes, un univers fascinant, des moments mémorables. La première séance aquatique dans la cuve, le sous-sol de la peur, une séance improvisée chez un dentiste, ou encore un visage qui en cache un autre. 

Avec un scénario plus solide, avec moins de stéréotypes vides et plus d’enjeux excitants, Gore Verbinski aurait certainement livré une oeuvre folle et instantanément culte. En l’état, A Cure for Life s’apparente à un exercice de style troublant et moyennement satisfaisant, dont le pouvoir de fascinantion ne résiste pas à la fragilité narrative. C’est d’autant plus dommage que ce type de production intermédiaire (un film de genre à 40 millions de dollars, sans star) est une denrée rare et appréciée.

 

Affiche

Rédacteurs :
Résumé

Gore Verbinski rappelle qu'il est un réalisateur plus que compétent, capable d'instaurer une ambiance fabuleuse et orchestrer des scènes sensationnelles. Il confirme aussi, de manière déplorable, qu'il lui manque un vrai sens de la narration avec ces 2h27 interminables et peu satisfaisantes.

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Commentaires
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Sab1963r

Et l.acteur personne n.en parle
Excellent et fascinant.

Maski mask

Le fillm de l’ai trouver tres bon mais pitiez netflix donner lui 160 millions de dollars pour qu’il nous fasse BIOSHOCK

Ginette 518

ce film était très bien !!!

Jaws25

Hormis de belles images, ce film est un navet.

oldskool

d’une beauté sidérante, des plans fabuleux, une musique à tombé parterre, une ambiance sonore délirante… Comment autant se foirer lors du dénouement… Peut-être que le scénario était destiné à une petite série B sans prétention et que le metteur en scène et ses techniciens ont été trop bon pour un script aussi bancal…

alulu

C’est beau, c’est creux.

Kyle Reese

Film trop long, scénario décousu, fin un peu frustrante …
Mais que c’est beau, avec une ambiance trouble fascinante et quelques scènes de cauchemars surréalistes éprouvants et fascinants. A voir malgré ses gros défauts car visuellement c’est tellement généreux ca vaut le coup rien que pour ça.

Andrew Van

Film objectivement beau… Mais sacrément creux, inconsistant et incohérent, rien ne va dans le scenario et les personnages.
Il me donne l’impression de se moquer totalement du spectateur. Donc c’est un non !

Dirty Harry

Analyse très juste, le film possède une direction artistique brillante (on sent que beaucoup de gens à Hollywood ont plus envie de créer du romantisme noir que des hangars en béton pour Marvel, ils se sont défoncés), mais les dernières 20 minutes sont absolument en contradiction avec tout ce qui est installé et d’une banalité consternante. Quelques scènes marquent néanmoins la rétine…

Karev

Pour information, Verbinski va réalisé l’adaptation du livre Beat the Reaper (« Docteur à tuer » chez nous) avec Sebastian Stan et produit par Dicaprio, l’histoire d’un ex tueur de la mafia de NY qui par rédemption, va devenir chirurgien avec l’aide des flics et de la protection des témoins, et va croisé la route d’un ancien mafieux en phase terminale à l’hôpital…