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War on Everyone : critique qui sniffe de la colle

Par Simon Riaux
30 mars 2017
MAJ : 12 août 2022
3 commentaires

John Michael McDonagh n’est ni un réalisateur connu du grand public, ni un fidèle arpenteur des festivals internationaux. Pourtant, en deux films à peine, il est déjà l’auteur d’une proposition de cinéma iconoclaste et maîtrisée, qui se poursuit aujourd’hui à l’occasion de War on Everyone, un buddy movie totalement inclassable.

bande-annonce non censurée

Après L’Irlandais et Calvary, deux fables amères aux tonalités mutante, bien malin qui aurait pu deviner dans quelle direction le cinéaste allait tourner l’objectif de sa caméra. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’on ne l’attendait pas du côté de la comédie policière ou du buddy movie, chasse gardée des humoristes américains, régulièrement revigorée par Shane Black. Et cela tombe bien, car une fois encore, sa proposition s’avère radicalement différente.

 

Photo Alexander Skarsgard, Michael Pena

 

RAMBO & TRASH

Bob est un anarchiste qui vomit le monde contemporain, Terry un colosse alcoolique que rien n’amuse tant que dérouiller les suspects. Ce duo de flics en apparence pourris jusqu’à la moelle se lance à la poursuite du butin perdu d’un braquage qui a viré – en partie à cause d’eux – au carnage. Un point de départ comme un autre, qui permet au réalisateur de dérouler tout autre chose que le programme parodique attendu.

Car si nos anti-héros sont indiscutablement drôles, la violence et la hargne qu’ils déploient vient régulièrement parasiter les séquences gaguesques, faisant de chaque scène une toupie incontrôlable, susceptible de partir en vrille à la moindre réplique (jamais écraser un mime ou éborgner un barman n’aura été aussi tristement réjouissant). On s’esclaffe souvent devant War on Everyone, d’abord sous l’effet d’une vanne au tempo admirable, avant que l’inquiétude, puis le drame, ne vienne systématiquement grignoter l’aspect drolatique du récit.

 

Photo Alexander Skarsgard

 

MORT DE TIR

Un numéro d’équilibriste qu’assure également la mise en scène. Le montage prend un malin plaisir à surprendre le spectateur (comme lors d’une ellipse islandaise absolument hilarante), où à complexifier des scènes à priori purement fonctionnelles, nuançant toujours une recette à priori simplissime. Il en va de même pour le découpage, qui se joue des corps comme des textures, pour composer une réalité alternative, colorée et seventies, parfois à la limite du cartoon, où pointe souvent une folie acérée, toujours prête à emporter le récit.

De pastiche de polar hard boiled, War on Everyone se mue progressivement en un conte retors totalement halluciné, voire méta. Ainsi, une Europe fantasmatique se dessine au détour d’une séquence, tandis qu’un trauma enfantin qui gangrène l’écran, jusqu’à ce qu’un décor théâtral révèle le jeu de faux-semblant auquel s’est livré l’intrigue, autant de malices qui charpentent un objet formellement très riche, qui se dérobe sans cesse et surprend toujours.

 

Photo Michael Peña

 

Une ambition et un goût pour la rupture du ton qui confèrent à l’œuvre sa richesse, mais alourdissent aussi son ouverture. Voulant trop en faire, convaincu de pouvoir nous pousser violemment au cœur de son univers retors, McDonagh bégaie durant les 20 premières minutes. Trop heurtées et denses, elles prennent le risque de perdre le spectateur, qui aura un peu de mal à saisir où la narration veut l’emmener et quel est donc cette histoire où de prime abord ne surnagent que des salauds, des crétins et des porcs. Si cette impression d’amer flottement se dissipe dès que l’intrigue se nuance puis se consolide, elle limite hélas la réussite du film.

 

Photo Alexander Skarsgard

 

AMERICAN RIPOUX

Mais si War on Everyone dépasse si intelligemment son postulat de départ potache, ce n’est pas seulement grâce à la signature azimutée de McDonagh. Le métrage doit énormément aux compositions de ses deux principaux comédiens. Michael Pena et Alexander Skarsgård jonglent avec leurs corps, leurs attitudes, les clichés que fait mine de véhiculer le script, avec une aisance remarquable.

A deux, ils composent une sorte de couple symbiotique, un duo de fous furieux tour à tour idéalistes et écrasés par un monde aussi corrompu que veule, auquel ils ne peuvent que renvoyer une violence hilare, et une nuée de doigts d’honneurs cocaïnés. Loin d’incarner une forme de pantalonnade vulgaire, ils nuancent cette équipée sauvage, et font de ce qui n’aurait pu être qu’une comédie grasse et grinçante un très beau moment d’humanité, ne tranchant jamais entre rire et désespoir.

 

Affiche

 

 

 

 

Rédacteurs :
Résumé

Etrange objet que ce buddy movie au spleen multicolore, qui confirme malgré quelques scories que le réalisateur de L’Irlandais et de Calvary est un des auteurs les plus singuliers et imprévisibles de ces dernières années.

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Kelso

Je l’ai vu ce soir sur Prime vidéo, et on est pas loin du film culte, j’ai adoré. Au départ c’est pour Michael Pena ( j’adore cet acteur malgré ses quelques mauvais choix) que je l’ai regardé mais quelle bonne surprise, on est pas loin du sans faute avec ce film. Un peu bordélique au début car on sait pas trop ce qu’on regarde, une comédie? un film policier? Mais au final j’ai vu un film bien déjanté, rythmé et bourré de bonnes intentions. A voir et à revoir je pense pour l’apprécier encore plus.

Zoom

Séance de rattrapage possible en blu-ray et DVD à parit du 16 avril chez l’atelier d’images…

maxleresistant

Ce film est un peu beaucoup bordélique quand meme. Une petite déception, j’espérais mieux.