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The Young Lady : Critique conjugale

Par Simon Riaux
10 avril 2017
MAJ : 13 octobre 2018
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Nimbé d’une réputation flatteuse, The Young Lady sort en salles. Mais cette adaptation d’un roman (puis un opera) en forme de pastiche de Macbeth est-il à la hauteur son pedigree de vénéneuse chronique féministe ?

Cosmo jarvis Florence Pugh

THE OLD MISS

Qu’on ne s’y trompe pas, le titre original du film (Lady Macbeth), ne fait pas référence directement à Shakespeare mais à un roman puis un opéra à succès (dirigé par Chostakovitch puis censuré par Staline) intitulé Lady Macbeth du district de Mtsensk. Soit une relecture lointaine de la quête frénétique et sanglante du pouvoir par une femme, où un humour parfois égrillard se mêlait à une composition d’une noirceur glaciale.

Premier problème, le réalisateur William Oldroyd, en charge de cette transposition, a choisi de départir totalement le récit de ses pointes humoristiques. Résultat, cette fable amère change totalement de centre de gravité, et s’empêtre rapidement dans les jupons sanguinolents de son héroïne. La farce cruelle se transforme ainsi en petit précis du cinéma de Michael Haneke, recyclant continuellement la tonalité sentencieuse qu’on prend trop souvent pour la marque du maître.

 

Cosmo jarvis Florence Pugh

 

CACHEZ CE HANEKE QUE JE NE SAURAIS VOIR

Devenu le récit d’une féminité se heurtant à une domination masculine totale, au risque d’en revêtir les traits les plus monstrueux, le film s’égare dans son ascétisme de carton-pâte. William Oldroyd suit un chemin parallèle à celui tracé récemment par Brimstone, mais en oubliant un ingrédient essentiel de sa recette à savoir le rapport au genre. Ce dialogue avec le western crépusculaire autorisait, en citant des œuvres aux codes ultra-identifiés, le scénario à trouver une chair, une incarnation, de nature à nous faire épouser son intrigue et ses protagonistes.

Rien de tel ici. Pour combattre la misogynie victorienne, The Young Lady se pare d’atours également détestables, à savoir un politiquement correct moraliste toujours sur le point de virer au petit catéchisme post-moderne. Une posture poussée si loin et aveuglément qu’elle amène le scénario à une série de véritables aberrations. On ne comprendra ni ne pourra jamais saisir d’où viennent la hargne, la morgue et l’invraisemblable courage de cette héroïne qui dès la première séquence du film, bafoue aussi bien les valeurs de son temps que la volonté des hommes qui abusent d’elles, d’où un sentiment d’anachronisme parfois franchement embarrassant.

 

Cosmo jarvis Florence Pugh

 

KAMOULOX

De même, le récit, selon ce qu’exige sa dramaturgie, fera de Katherine une intrigante implacable, une meurtrière d’une cruauté invraisemblable ou une amoureuse transie, tandis que son entourage l’appréhende tantôt comme une impudente, une femme aux mœurs trop libres, ou une oie blanche au-dessus de tous soupçons. Ces revirements sont toujours expédiés avec une similaire superficialité, la tonalité austère du métrage tentant de cacher la misère d’une écriture aux trous béants.

Reste deux superbes surprises au milieu de cette baudruche arty : Florence Pugh et Cosmo Jarvis, qui transcendent régulièrement la dramaturgie des séquences qu’ils traversent ensemble. Amants fusionnels, irresponsables, kamikazes, ils sont deux corps, deux chairs électrifiées l’une par l’autre, dont les frémissements annihilent, lors de brefs mais puissants moments de grâce, les manquements d’une caméra trop programmatique et inspirée.

 

Cosmo jarvis Florence Pugh

Rédacteurs :
Résumé

Un Haneke du pauvre, handicapé par une mise en scène sentencieuse et scolaire, jamais à la hauteur de ses excellents interprètes.

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