FAITES SAUTER LA BANQUE
Connie est une petite frappe qui navigue entre les combines minables qui assurent sa survie, la femme qui l’entretient plus ou moins, et un frère handicapé avec lequel il rêve de fuir en Virginie. Quand ce dernier est arrêté à l’issue d’un braquage mal organisé, Connie décide de tout faire pour lui permettre d’échapper à la prison.
Si on retrouve dans ce synopsis l’amour des Safdie pour des protagonistes oscillant entre loose gracile et douce pathologie, ce Good Time s’aventure beaucoup plus clairement sur le territoire du pur film de genre. Braquage, évasion, rédemption, les identités remarquables charriées par le scénario sont aisément identifiables et offrent aux metteurs en scène un cadre plus balisé qu’à l’accoutumée, où leur ton peut se déployer avec une aisance naturelle saisissante.
Dès l’ouverture, les frangins font montre de leur maîtrise, ainsi que de leur volonté de toujours assujettir leurs effets aux impératifs du récit et de leurs personnages. Nous découvrons donc Nick (Ben Safdie), colosse simplet et mutique, interrogé par un psychiatre un brin condescendant, le dispositif est limpide (champ-contrechamp), se contentant d’altérer très légèrement la valeur des plans au fur et à mesure de la séquence, jusqu’à ce que la naturaliste de la séquence s’efface derrière une montée en pression étouffante.
Intervient alor Connie (Robert Pattinson), à la faveur d’un zoom – aussi inattendu qu’osé – qui vient bouleverser l’équilibre des cadres, la structure de la scène et permets aux réalisateurs de nous propulser à la suite de Connie alors que le récit et les passions s’emballent.
Un choc pour nous et pour Pattinson
LA GLANDE ÉVASION
Ce principe, à savoir un apparent dénument subverti par des effets de style, auxquels la dynamique du récit préside, permet à la mise en scène de tenir un grand écart improbable, entre une crudité proche du naturalisme et une dimension surréaliste, véritable plongée dans un terrier de lapin (pas si) blanc
A l’occasion d’un braquage qui dérape, nos anti-héros se retrouvent nimbés d’un cumulus vermillon, rebondissement qui signe l’arrivée dans ce New York crapoteux d’une veine romanesque. Il faudra dès lors à Robert Pattinson sauver son frère et se confronter progressivement à sa propre nature contrariée.
Connie est persuadé de vouloir venir en aide à Nick, mais ne désire rien tant que la fuite, et ne tardera pas à saborder chacune de ses tentatives d’exfiltration. Par cupidité, auto-sabottage et aveuglement, il amène la narration à progressivement dévisser, nous baladant du Martin Scorsese de Mean Streets à Abel Ferrara, au gré d’une errance qui, comme toujours chez les Safdie, doit beaucoup à John Cassavetes.
De contre-allées crapoteuses en galeries commerciales anthracites, Good Time se déporte inexorablement vers un ailleurs proche du cauchemar kafkaïen, freudien par endroit, qui ne sacrifie jamais à la logique du genre la vraisemblance psychologique.
Un air éberlué souvent pour Pattinson dans Good Time
DÉPOTOIR DOGS
C’est ce tourbillon d’influences qui affleurent en pointillés qui perrmet à cette histoire compacte de toucher au tragique, alors que son intrigue se contracte ironiquement autour de son accessoire le plus trivial : une bouteille de LSD. Au fur et à mesure que l’objet se vide et que son contenu hallucinogène se perd, ce sont les issues de Connie qui se bouchent, nous emmenant vers une impossible échappée, un climax sourd et métallique qui précipite chacun contre le mur qu’il a consciemment ignoré.
Cet écrin délicat, qui dissimule derrière un semblant de dépouillement une élégance remarquable (dont l’un des princpaux contributeurs est la fantastique photographie de Sean Price Williams), est un terrain de jeu formidable pour Robert Pattinson et Jennifer Jason Leigh, libres de s’épanouir totalement. La capacité des frères Safdie à ménager leur univers très marqué cinématographiquement, en offrant à leurs acteurs un terrain de jeu malléable achève de faire de Good Time une oeuvre aussi riche que délicate.
Film intéressant mais un supplice pour les sens. Robert Pattinson est excellent, Ben Safdie insupportable.Et il ne suffit pas d’une caméra qui tremble et une musique assourdissante pour faire un bon film.
Marrant, perso j’aurais pu monter à 4,5.
C’est bien vrai ça.
Y avait que Riaux pour mettre 4 étoiles à une arnaque comme celle là.
Pourquoi – mais si tu aimes – ? On peut aimer les deux.
Hum tu aimes les films arty, l’image façon VHS-C, les scénar incohérent, les clichés sur pattes, sans oublier les zooms ? alors ce film est fait pour toi !!! mais si polar rime pour toi avec heat, true romance ou Live and die in L.A alors tu vas souffrir comme moi ! j’ai trouvé ce film méprisant pour son public, idiot et tellement mais tellement mal écrit, bref j’ai passé une soirée de merde …
@Ashy
Le film est produit par Elara Pictures et Rhea Films, A24 n’est que le distributeur aux USA.
@anticannes De très bons films de genres ou grand public sont passés par Cannes dans les différentes sélections, alors ne parlez pas de ce que vous ne connaissez pas. Pour ne citer que quelques un « Massacre à la tronçonneuse » Quinzaine des réalisateurs 1975 (et 2014), cette année The Merciless, excellent film d’action coréen, un floppée de Takashi Miike, de Kyishi Kurosawa, Girlfight, Shadow of the Vampire, Polytechnique, Green Room, Blue Ruin, Ugly, We are what we are, Le conte de la princesses Princess Kaguya, Whiplash, etc………
Pour l’avoir vu la semaine dernière, on dirait du Refn, à ses débuts, (trilogie pusher et drive). Un polar qui se suit sur une journée. Une image grailleuse ce qui rend la ballade encore plus sale. Pattinson impressionne…..Il aurait pu s’enfermer dans des rôles de bellâtre avec sa saga Twilight mais que nenni avec Kristen Stewart c’est le seul duo qui est arrivé à ce sortir d’une saga de teen movies. Ils sont devenus des icônes du cinéma indépendant.
Bref pour en revenir…….je suis tout à fait d’accord avec Riaux et ça me fait mal aux fesses….C’est un petit bijou brut.
Mais pour l’instant la claque qui arrive au cinéma s’appelle Au revoir là-haut, ke film de Dupontel qui est juste un film à césariser surtout le rôle de Laffitte.
Le clown c’est pour vendredi……c’est bizzare car il y a de la mauvaise presse en France pour ce film….j’étais excité maintenant je suis assez hésitant…..vivement vendredi;
T’as un film produit par A24 et t’as encore un abruti pour dire que c’est de la merde. Et ça dit aimer le cinéma.
Good Time est une nouvelle pépite indé. Comme tout ce qui sort de ce studio magique. Cannes ou non, on s’en branle. C’est A24 putain.