LAST ACTION ZERO
« Tu n’as jamais vraiment été là », énonce Lynne Ramsay dans le titre original énigmatique de son nouveau long-métrage. Une sentence mystérieuse, adressée à son héros, Joaquin Phoenix, qui contient à elle seule une des clefs de lecture de cette descente aux enfers. Vétéran et ex-flic au passé traumatique, Joe reçoit pour mission de retrouver la fille d’un politicien sur laquelle a mis la main un réseau de prostitution infantile. Force motrice du récit, Joe échappe fréquemment au découpage millimétré de la cinéaste, évoluant à la frontière du cadre, disparaissant à la faveur d’un champ/contre-champ.
Plutôt qu’un don d’ubiquité, c’est la nature spectrale du personnage que nous dévoilent ces échappées inquiétantes. Le colosse brisé interprété avec intensité par Joaquin Phoenix n’est plus vraiment de ce monde, ainsi que le dévoile la fabuleuse introduction de A Beautiful Day. A l’écran se succèdent des instantanés du présent, des reflux du passé et de brèves hallucinations sans que l’on puisse jamais tout à fait trancher entre cauchemar, fantasme et réalité. Joe a sauvé une enfant, assisté à la mort d’un autre, tué un homme. Il faudra attendre qu’il achève cette mission inaugurale et rentre chez sa mère pour que la caméra fiévreuse de Lynne Ramsay lui retrouve un semblant de centre de gravité, bientôt pulvérisé.
La réalisatrice n’accordera pas pour autant de répit à ce personnage en déshérence, et même quand son découpage feindra un certain retour à la normale, c’est le montage qui se chargera d’atomiser l’apparent classicisme de ce polar hardboiled. D’une précision technique ahurissante, capable d’opérer des bascules thématiques ou émotionnelles en une fraction de seconde, le fractionnement de l’action et de la temporalité qu’opère Lynne Ramsay multiplie les sens, les niveaux de lecture et provoque au sein d’une mécanique faussement classique des irruptions de poésie macabre à la puissance imparable.
En témoigne la première véritable décharge de violence du héros, qui, grâce à un montage reposant sur une pirouette géniale (la chorégraphie épousant le balayage de plusieurs caméras de surveillance) décuple l’impact d’une scène tétanisante en la préservant de toute tentation putassière.
KILLING IN THE NAME
Le programme de A Beautiful Day est en apparence simplissime, empruntant ici à Taxi Driver, là à La Blessure. Sauf que Lynne Ramsay a mieux à faire que rejouer le cinéma de ses aînés et ne cherche pas à repiquer les grandes heures du Nouvel Hollywood. Accrochée aux basques couturées de cicatrices de Joaquin Phoenix (transfiguré par une rage mélancolique qui lui confèrent des airs de Mel Gibson), elle compose par petites touches un univers oscillant entre quête mystique et exploration mythologique.
Joe arpente le Styx et, au gré de ses rencontres, son coeur lui dicte d’y entraîner les pêcheurs à coups de marteau, ou d’en extraire, perchés sur ses épaules colossales, ceux qu’il convient de sauver. Mais le métrage ne joue jamais la carte revue de la rédemption ou du chantage émotionnel par enfant interposé, et esquive brillamment les écueils dans lesquels se vautrait Léon. Présenté comme une entité fantomatique, Joe n’a rien d’un coeur pur et s’il charrie sa part de traumas, le récit ne les explicite pas tous et laisse au spectateur le soin de décider s’il en est la victime ou l’auteur. De même, le scénario a l’immense intelligence de ne jamais reculer dans sa volonté d’appréhender la question du mal.
Interrogation qui traversait déjà We need to talk about Kevin, sans toujours lui trouver de réponse satisfaisante, elle est une nouvelle fois au coeur du film, incarnée par Nina, enfant broyée et pervertie par un monde en pleine déliquescence. Assumant une partie de la violence inhérente à l’intrigue, le personnage met son sauveur supposé face à un dilemme impossible, une crise de conscience radicale. Mû par l’idée qu’il peut laisser libre cours à la rage qui le consume pour sauver quelque chose de pur, Joe devra accepter l’idée que ses poings et son amour des marteaux sont bien peu de choses face à la viralité du mal. Tragédie d’un homme obsédé par la mort, qui ne sait que la donner quand il se morfond de ne pas la recevoir, A Beautiful Day est l’histoire tétanisante d’une âme en peine, qui ne pourra jamais tout à fait s’échapper.
On demeure interdit devant la force et la beauté de ce film, où un ange de la mort aux affects exacerbés apprend progresisvement à cohabiter avec la permanence du mal. Lynne Ramsay prouve ici avec un talent inoui qu’elle est capable d’investir quelques uns des codes les plus usés du cinéma de genre pour les réinventer. Son film est une oeuvre désarmante de simplicité, qui manie avec autant de maestria l’épure que la sophistication.
Ceux qui disent que ce film est nul ne connaissent rien au vrai cinéma, au cinéma d’auteur qui vous prend au tripes, qui dérange…..cette réalisatrice est une pure génie, elle a fait du roman un film excellent, tout comme son « we need toi talk about kevin »
Et la critique » d’écran large » reflète très bien la valeur du film, à mes yeux
Nul et sans intéret
Vu hier soir !
Visuellement, c’est intéressant, mais difficile de ne pas penser à Drive… en nettement moins bien !
Ici, le prétexte est tout de même bien tiré par les cheveux. C’est même carrément invraisemblable ! Du coup, le film perd toute sa force ! La réalisatrice est à suivre en tout cas.
sans aucune idée préconçue , ni avis , ni vision de l’affiche , j’ai vu le film : captivant , JP est fantastique , la réalisation furieuse , bref j’ai beaucoup aimé
Déjà que Taxi Driver c’était chiant comme la pluie…
Donc je vais peut-être enfin le mater du coup!!
(Pas le Scorsese – plus jamais ça – , le Ramsey)
Nullissime, le film effectivement n’assume pas son pitch. C’était pas Mel Gibson derrière la caméra (et tant mieux) mais on pouvait espérer un truc cool mais sans concession façon « Drive ». Laisse tomber.
J’avais adoré son « Kevin », grosse grosse déception.
Toutes les tares du film indé prétentieux et lourd qui frime dans ce film, qui n’assume pas son statut de film de genre, dommage Phoenix est comme toujours excellent
Un petard mouillé
J adore phoenix mais le mix Drive + John Wick on me la fait pas…
Perso il faut arrêté d’être dans la hype a chaque fois. J’ai vue le film il y a 2 mois environs, sans aucuns avis ni conseils. Le film est bien. C’est pas le meilleurs et c’est pas le plus nul. Voir une histoire se derouler avec humanité, cohérence et violence fait du bien. La psyché y est bien retranscrite aussi. Oui c’est parfois lent, mais quand ça frappe ça fait mal. Realiste, adorable et melancolique, ce fut une bonne surprise.
Franchement, scenario moyen. Acteur très bon mais je suis sorti très peu emballé. Deception.