DIANA, LA GUERRIÈRE
Soyez prévenus : il n’y a pas de scène post-générique dans Wonder Woman. Lorsque le film s’achève, il y a donc tout le temps pour réfléchir à l’étrange superproduction de Patty Jenkins, où Gal Gadot reprend son rôle de super-héroïne après une apparition dans Batman v Superman : L’Aube de la justice et avant son retour dans Justice League.
Car si la première aventure de Wonder Woman au cinéma, après l’inoubliable série des années 70 avec Lynda Carter, est très loin d’être un désastre ou un mauvais film dans son genre, elle est aussi loin d’être à la hauteur du pari.
L’aventure commence pourtant bien. Après une introduction pas très fine qui ressemble surtout à une version artificielle des scènes post-générique Marvel (référence lourde et pas indispensable à Batman pour lancer grossièrement le film), Wonder Woman propulse le spectateur dans le fameux monde des Amazones, sur l’île de Themyscira. Une véritable plongée dans un univers hors du temps, qui ne ressemble à rien dans le genre.
Palettes de couleurs dorées et chatoyantes, matières travaillées sur les costumes, mélange entre décors naturels et environnements numériques colorés (dont l’amusante barrière magique) : entre le péplum et l’heroic fantasy, la direction artistique affiche une volonté claire et nette, potentiellement séduisante et rafraîchissante.
Il sera facile d’y voir une version de luxe de Xena, la guerrière, mais la vérité est inverse : c’est un héritage des comics Wonder Woman, et une part incontournable de sa mythologie. Que le studio et la réalisatrice Patty Jenkins assument cet aspect du personnage et lui consacrent tant d’énergie, loin des canons du genre contemporain, est une belle entrée en matière.
Gal Gadot et Connie Nielsen, sa mère et reine des Amazones
MORTAL KOMBAT
Mais très vite, il y a les premiers symptômes d’un blockbuster bancal. Dès la première grande scène d’action, menée par une Robin Wright furieuse, la machine s’enraye. Montage qui triture l’action, utilisation maladroite des ralentis (au mieux moyens, au pire affreux), dramaturgie ordinaire : Wonder Woman n’impressionne pas. L’intrigue avance vite, trop vite pour traiter les nombreux éléments présents.
Aussi amusante et excitante soit-elle, cette première partie sur l’île paradisiaque semblera finalement trop courte ou trop longue, puisque l’héroïne quittera vite ce soleil enchanteur pour plonger dans la grisaille de la Première Guerre mondiale. Et si le film s’étire sur 2h21 divertissantes mais longuettes, il aura toutes les difficultés du monde à aborder ce personnage iconique avec intelligence.
UNE FEMME SOUS INFLUENCE
Wonder Woman le personnage est ainsi l’un des grands problèmes de Wonder Woman le film. Candide par essence, elle débarque dans le monde violent et imparfait des humains avec une âme pure. Son innocence est nécessaire et indispensable, et offre des scènes un peu amusantes voire attendrissantes, comme lorsqu’elle découvre une simple glace (une scène tirée des comics).
C’est aussi le grand moteur comique du début, qui prend un plaisir irrésistible à confronter l’héroïne aux règles de cette société anglaise, pour insister sur le sous-texte féministe (les secrétaires, les vêtements, les sphères interdites aux femmes) ou pour du gag visuel primaire mais efficace (l’épée, les portes d’un grand magasin).
Mais l’écriture est si grossière, si répétitive, que cette naïveté glisse vite vers une bêtise qui fonctionne contre le personnage. Wonder Woman a beau parler couramment le grec ancien et avoir une culture extraordinaire, son ignorance face à certains phénomènes laisse songeur. Elle a une force spectaculaire et un cœur pur, mais passera la majorité du film avec des œillères, incapable d’entendre Steve Trevor (Chris Pine) ou s’adapter aux circonstances. C’est d’autant plus gênant que les dialogues insistent parfois lourdement sur le féminisme (« Je suis l’homme de la situation« , annonce t-elle très vite), tout en répétant des motifs ultra-classiques de l’héroïne hollywoodienne.
« C’est votre version des amures ça ? »
WONDER MAN
Ainsi, l’évolution de Wonder Woman passera inexorablement par l’héroïsme et l’amour d’un homme. Si la romance entre Diana et Steve, inévitable et héritée des comics, est d’abord charmante car légère, elle alourdit vite le film jusqu’à le mettre sur les rails du film d’action sommaire. Ce sont littéralement les mots et le courage d’un homme, qui annonce lui-même sauver la situation, qui permettent à l’héroïne de s’émanciper, de vaincre ses faiblesses, dépasser ses limites – en somme, exister en tant que super-héroïne.
Chris Pine est un très bon et beau Steve Trevor
Il aura fallu attendre l’avènement de la plus célèbre des super-héroïnes sur grand écran pour entendre un personnage aussi iconique déclamer de manière solennelle et ringarde que l’amour sera son combat, sa religion, sa force, et le salut du monde, comme dans une mauvaise publicité pour du parfum – les cheveux sont aussi bien coiffés et traités. Si la « soumission par l’amour » est un motif central dans les comics, il nécessitait plus de finesse et certainement moins de dialogues grotesques pour ne pas couler dans une telle niaiserie. Le climax face à Arès est à ce titre digne d’une parodie (la réalisatrice a depuis affirmé que le studio lui avait forcé la main sur ce coup).
L’interprétation très premier degré de Gal Gadot n’aide pas, l’actrice étant à peu près incapable d’apporter la moindre nuance au personnage. La voir se tenir le visage entre les mains, entrouvrir la bouche à intervalles réguliers ou froncer les sourcils pour exprimer une émotion binaire, pose un véritable problème. C’est particulièrement frappant face au charismatique Chris Pine : dans un rôle sans profondeur qu’il décrit lui-même comme stéréotypé, il apporte une énergie naturelle et donne vie à chacune de ses scènes, aussi banales soient-elles.
Gal Gadot joue la surprise-la peur-l’excitation-la vie
CAPTAIN AMAZONE
Wonder Woman a des idées à défendre. De la bande de bras cassés (avec un casting de gueules qui contrebalance la plastique hollywoodienne du couple-star) à la photographie riche, le film de Patty Jenkins offre des choses intrigantes. Lorsque l’héroïne révèle pour la première fois son célèbre costume, c’est dans une séquence puissante, très bien orchestrée, à la hauteur de l’imagerie majestueuse de cette Amazone féroce et hallucinée qui brave les balles du camp ennemi.
Quand le fabuleux thème découvert dans Batman v Superman : L’Aube de la justice débarque, l’action vire définitivement vers le cool pour offrir des cascades et des coups enthousiasmants. Le film sert donc des moments de bravoure réjouissants, où l’héroïne balance un tank, traverse des murs, explose un clocher ou de la roche à mains nues.
Heureusement qu’il y a cette scène pour la consacrer super-héroïne
Mais avec le dernier acte, et surtout le climax, Wonder Woman perd des points. Le spectateur retrouvera ainsi ce paresseux terrain de destruction artificiel dans le prolongement direct de Batman v Superman : des fonds verts transformés en parking géant et nocturne, sans réelle profondeur, avec des bâtiments qui explosent comme des bombes atomiques, des flammes pour donner de la matière à l’image grise et le vide en arrière-plan, et une créature en CGI aussi convaincante qu’un mauvais boss de Dark Souls.
Un mauvais twist (qui n’a aucune autre fonction que celle de surprendre, quitte à n’avoir aucun sens, et au point qu’aucune question ne sera posée) n’aide pas le climax à prendre une forme satisfaisante. Alors que Danny Huston apporte au diabolique Ludendroff sa voix caverneuse et ses traits inquiétants, le grand méchant tournera alors à la mauvaise plaisanterie, autant en terme de design que de mise en scène. C’est d’autant plus regrettable que le réalisatrice Patty Jenkins a un certain sens de l’image, notamment lorsqu’elle utilise l’espace (les vitres) pour apporter une touche d’étrangeté à une confrontation entre Wonder Woman et son ennemi, pourtant écrite à la truelle.
Le film frustre également du côté du fameux docteur Poison, incarné par Elena Anaya. Le design fantastique de ce visage à moitié masqué promettait beaucoup, mais ce mystérieux personnage sera honteusement sous-exploité. Un choix particulièrement gênant puisque l’actrice espagnole, cantonnée à quelques scènes et lignes de dialogues, impose d’emblée une étrangeté fascinante qui aurait énormément servi le film.
Danny Huston et Elena Anaya sont de très méchants Allemands
WONDER WARNER
Wonder Woman a donc des hauts et des bas, plus ou moins attendus et exaspérants. Le film sera sans aucun doute moins clivant que Batman v Superman : L’Aube de la justice, qui a déchaîné les passions jusqu’à être considéré comme le pire film de la décennie ou l’un des plus grands films de super-héros de tous les temps – adieu les nuances. Plus léger, plus limpide et moins occupé à énoncer son intelligence supposée, il sera probablement plus fédérateur que Man of Steel. Dans tous les cas, le résultat est largement plus solide que Suicide Squad.
Mais en toute logique, il manque à la première aventure solo de l’héroïne cette identité très forte, capable de fasciner ou assommer. La musique est à ce titre significative : hormis le thème de Wonder Woman, finalement peu utilisé, la partition de Rupert Gregson-Williams est d’une banalité affolante, donnant l’impression d’avoir été entendue deux cent fois par le passé – et probablement encore deux cent fois à l’avenir.
Wonder Woman laisse donc la sensation d’une superproduction timorée, qui n’ose pas totalement s’assumer pour se libérer (un peu) des carcans du divertissement hollywoodien. Une problématique qui saute aux yeux lors d’un échange dramatique entre Diana et Steve pendant le combat final, qui sera montré deux fois au spectateur : d’abord avec un bon parti pris de mise en scène (même une Amazone a les tympans fragiles, apparemment), puis en version classique, afin d’évacuer tout mystère, souligner le sens pourtant évident et ainsi contenter chaque spectateur.
Au pire, Wonder Woman est une superproduction bancale, maladroite, voire ridicule lorsque le personnage iconique est rangé de force dans le cadre hollywoodien. Au mieux, c’est quelques belles idées discrètes, des images sensationnelles et une poignée de moments saisissants. Mais la plupart du temps, c’est le b.a.-ba du blockbuster moderne.
Ma copine dit que Gal Gadot a un drôle de menton. Du coup, c’est tout ce dont je me souviens. A part Sienna Miller, l’une des Amazones.
Je vais faire une critique constructive. J’ai adoré la film car Gal Gadot est bonne. Ou s’il fallait nuancer, même avec un jeu d’actrice digne d’une huitre fermée, elle m’avait complètement charmée de bout en bout. Un charisme et un charme complètement désarmant qui m’avait fait perdre tout sens critique et toute objectivité.
Bon le 2eme m’avait fait redescendre sur terre, faut pas non plus déconner.
Un des pires films de super héros, avec des nazis de la 1ere guerre mondiale …
Une fois encore une critique n’est pas là pour dire quoi penser au spectateur ou au lecteur qui pense ce qu’il veut mais pour éclairer de façon objective si une œuvre est bonne ou non
Lorsqu’il y a consensus critique par delà les pays le temps et les sensibilités pour dire pourquoi une œuvre est un chef d’œuvre sur des bases objectives …il l’est et peu importe ce que pense X ou Y
Les cours d’histoire de l’art du Louvre (par exemple) passent leur vie à l’expliquer aux étudiants et autre exemple foison de livres documentaires journaux expliquent en quoi Kubrick est un génie etc.
Écran Large a le droit et je dirais le devoir (ce qu’il fait) de dire pourquoi un film est bon ou mauvais …peu importe le succès public. Alors ne soyez pas au milieu du gué !
Un film aux vfx vraiment dégueulasses… et le dieu des enfers moustachu m’a valu une belle tranche de rigolade.
Sinon c’est déjà oublié, suivant.
Quel excellent film de super héros frais drôle et avec une heroine qui déchire l’écran ! Bravo
Revu ce soir, et bon. Quand même pas folichon tout ça. Ces ralentis… pfiou que c’est mauvais…
Et j’ai une question : ils sont où les soldats allemands dans ce film ?
Débarquement sur l’Ile Amazone : 12 soldats sur une plage (le reste des bateaux ???)
Diana fonce sur les tranchées allemandes : on en voit 4.
Le château avec le bal costumé ohé ohé : 3 soldats
L’aérodrome : 6
Budgets figurants : 2000€ à tout casser.
je prefere la Wonder woman Vintage Lynda Carter, jeregardais çà de temps en temps sur la Cinq au debut des annes 90 et la serie faisait déjà Old Fashionned, ,aussi retro que les Rue de San Fransisco avec le jeune Michael Douglas et Karl Malden!
je ne venais que pour l’instant ou Miss Carter se transformait et super heroinneen petoiye tenue avec son super lasso
zack snYder est le seul à savoir la mettre en valeur…. effectivement c’est très moyen comme film. les 15 min de BvS valent mieux que ce film.
Warner à pompé Disney, rien de plus rien de moins j’aime pas sa m’attire pas