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Alien : Romulus – critique du vrai retour des xénomorphes

Par Antoine Desrues
14 août 2024
MAJ : 25 août 2024
139 commentaires

Malgré son statut de saga mythique du septième art, on ne peut pas dire qu’Alien fasse l’unanimité passé le deuxième opus de James Cameron. Entre des épisodes 3 et 4 chaotiques (mais attachants) et les prequels controversés de Ridley Scott, la franchise avait besoin de sang à l’acide neuf. Voir ainsi Fede Alvarez (le remake d’Evil Dead, Don’t Breathe) prendre les rênes avec de nouveaux personnages rendait forcément curieux. On avait raison d’y croire : Alien : Romulus est exactement le long-métrage dont l’univers des xénomorphes avait besoin. En salles le 14 août.  

alien romulus critique du vrai retour des xénomorphes © Canva 20th Century Studios

Make Alien Great Again 

Le premier plan d’Alien : Romulus constitue la meilleure des notes d’intention. Dans l’esprit du film séminal de Ridley Scott, une maquette de vaisseau spatial émerge des profondeurs du cosmos et se rapproche du spectateur. Mais là où les limitations techniques de 1979 obligeaient le montage à changer d’angle pour souligner la taille massive du Nostromo, la caméra se contente d’un unique mouvement spectaculaire, jusqu’à atteindre le hublot d’une salle des commandes soudainement activée. 

Sans jamais oublier le passé, Fede Alvarez a bien conscience que la modernité des outils à sa disposition lui permet de pousser dans ses retranchements le génie d’Alien : la fluidité absolue de sa mise en scène, et l’efficacité de son storytelling visuel. Avant même que la moindre créature ne débarque, Scott filmait les couloirs vides et inquiétants de son cargo de l’espace à la manière de boyaux biomécaniques, prêts à sacrifier et digérer les pauvres baroudeurs qui allaient croiser le chemin du xénomorphe.

Alien a toujours métaphorisé un système (digestif), un capitalisme tellement ancré dans les mœurs qu’il finit par s’auto-détruire, par bouffer les corps de l’intérieur. Si la fameuse corporation Weyland-Yutani s’est développée au fil de la saga comme sa véritable entité maléfique, elle sortait de plus en plus du bois à chaque épisode. La grande réussite de Romulus tient à son nouveau regard sur la colonisation spatiale, qui dépeint les rêves brisés de toute une génération prisonnière de Jackson’s Star.  

Dans cet enfer dystopique qui n’est sans évoquer l’autre chef-d’œuvre de Scott (Blade Runner), il suffit de quelques scènes pour tout comprendre du quotidien abrutissant de ces ouvriers surexploités, et en particulier de Rain (Cailee Spaeny, idéale en héritière de Ripley) et son frère adoptif Andy (David Jonsson, très touchant). Alvarez et son chef-décorateur Naaman Marshall convoquent le look rétro-futuriste déliquescent des premiers films, moins par nostalgie que pour texturer ce monde d’un avant-goût de fin programmée.

alien romulus vilain xénomorphe
Bisou baveux

Un festin à s’en péter le bide 

A vrai dire, Alien : Romulus sait bien qu’il appartient à une saga codifiée. Plutôt que d’esquiver ou de détourner maladroitement ses passages obligés, il les embrasse pour mieux les redéfinir, sans s’appesantir dessus. On sait pourquoi on est là, et le contrat de confiance passé avec le long-métrage ne cherche jamais à nous la mettre à l’envers.  

En petit prodige habile du cinéma d’horreur, Fede Alvarez se montre brillant là où on l’attendait le plus, à savoir dans son build up horrifique. Rain et Andy rejoignent un groupe d’amis colons, bien décidé à quitter leur mortifère planète grâce à une station spatiale en orbite qu’ils savent abandonnée. A partir de là, Romulus s’amuse avec sadisme de son ironie dramatique, qu’il façonne à la manière d’un DJ trop heureux de faire monter la sauce avant son drop.  

alien romulus cailee spaeny
Aliens Colonial Bourrins

Alvarez resserre la donnée spatiale et temporelle de son récit, et disperse avec une malice dans le regard tous les éléments de son jeu de massacre à venir. Entre ses comptes à rebours et ses réactions en chaîne aux lourdes conséquences, le scénario renouvelle ses enjeux avec beaucoup d’inventivité (on pense au risque que représente le sang acide des monstres, ou encore à cette magnifique vision des anneaux de la planète sur lesquels risque de se crasher la plateforme).  

On en revient à cette notion de fluidité, d’autant plus importante dans une saga où les fluides ne cessent de s’échanger. Tout va plus vite dans Alien : Romulus, du système de reproduction du xénomorphe – dont la peinture est peut-être la plus belle et complète à ce jour – à ses retournements de situation. Le cinéaste puise le meilleur de la terreur du Huitième passager, avant de transiter vers l’action bourrée de tension d’Aliens, le retour.  

alien romulus isabela merced
Attention film méchant

Xéno-Best-of

Mais au-delà de cette efficacité, qui ne s’embarrasse pas de prendre le spectateur par la main, Romulus construit en creux une urgence politique plus explicite que jamais. En mettant en scène une jeunesse abandonnée en quête d’un avenir meilleur, Alvarez reproduit le désespoir de Don’t Breathe et de ses héros lâchés dans un Détroit en ruines. Dans sa quête de rendement permanent, le libéralisme exploite les masses dès le plus jeune âge, jusqu’à annihiler toute forme d’humanité. Pour leur survie, les personnages sont amenés à retenir leur peur, à endiguer les réactions physiques les plus élémentaires, comme s’ils étaient soudain contraints de devenir des machines (superbe séquence face à des facehuggers à éviter où même la chair de poule est interdite).  

Le design si iconique et évocateur de H.R. Giger connecte certes depuis ses débuts l’organique et sa mécanique (notamment sexuelle). Pourtant, dans la lignée d’Alien 3 et 4, Alvarez nourrit son imaginaire avec les possibilités offertes par son “organisme parfait” et son évolution, peut-être même avec plus de réussite que ses modèles.  

alien romulus cailee spaeny vs xénomorphe
Déjà-vu ?

Sa troupe inévitablement transformée en chair à pâtée porte en elle les inquiétudes de son époque : face à un monde en perdition, donner la vie n’est-elle pas la chose la plus effrayante à faire ? C’est à la fois la plus belle idée d’Alien : Romulus, et sa limite :  c’est la maternité contrainte et le fait de tomber enceinte qui fait le plus peur (ce qui était déjà présent dans Don’t Breathe avec sa fameuse scène de la pipette). Jamais les facehuggers n’ont été filmés avec autant de panache, quitte à ce que la forme finale de l’alien paraisse un poil décevante dans son exploitation horrifique.

 

Il faut dire que si le long-métrage a par instants des allures de best-of très bien pensé, son fan-service parasite sa seconde moitié, autant pour certains choix esthétiques discutables que pour le recyclage de certaines répliques et situations. Pour autant, Fede Alvarez a sans doute trouvé la meilleure manière de rendre à la franchise sa gloire d’antan : l’humilité d’un exercice de style virtuose, finalement beaucoup plus hargneux, politique et métaphysique que les kouglofs pseudo-kubrickiens de Ridley Scott.  

alien romulus affiche
Rédacteurs :
Résumé

Derrière sa nature de best-of, Alien : Romulus trouve sa singularité auprès d’une jeunesse touchante, symbole d’une génération sacrifiée. L’occasion pour Fede Alvarez de signer un exercice de style politique et méchant, dont la mise en place brillante s’impose parmi les sommets de la saga.

Autres avis
  • Déborah Lechner

    Avec Alien : Romulus, Fede Alvarez revient aux fondements de la saga, qui se superposent naturellement aux fondamentaux de son cinéma. C'est non seulement le film Alien le plus redoutable depuis longtemps, mais aussi le meilleur film de son réalisateur.

  • Judith Beauvallet

    Romulus est la suite la plus pertinente et la plus intéressante au Alien de Scott, à défaut d'être la plus solide. Le poids de l'héritage traduit en fan service et en redites, ainsi que quelques effets trop lourdingues, empêchent ce film (vraiment) horrifique et (joliment) politique d'être aussi parfait qu'il n'est pas loin de l'être.

  • Mathieu Jaborska

    Certes, Romulus bouffe à tous les râteliers de la mythologie au détriment de sa propre identité et se permet un fan service qui corrompt encore un peu plus la singularité de l'organisme Alien au sein du paysage hollywoodien. Mais quel putain de film d'horreur, généreux, intense et vicieux !

  • Geoffrey Crété

    Entre suite, prequel, remix et hommages, Alien : Romulus gigote dans tous les sens pour justifier sa place dans une saga transformée en musée. Une démonstration molle et nécrosée qui prouve encore une fois que la franchise devrait s'arrêter.

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funkypierrot

Perso, fan de la licence Alien, j’ai beaucoup aimé ce « Romulus ». Il pompe à gauche à droite mais c’est un hommage au 1er. Les effets spéciaux sont top et on a passé un bon moment.

Sanchez

Le film est bon quand il essaye de faire du neuf , c’est à dire pas souvent. La resucée des autres films de la saga est pénible. Le background des persos qui sont esclaves sur une planète minière, je trouve à incohérent par rapport à l’univers Alien. Mais Alvarez maîtrise son suspense (excellent climax dans l’ascenseur) et respecte la bête (plus que Cameron). Comme on dit , ça fait le taff à défaut d’être révolutionnaire.

pascal

Grosse déception pour moi !
Après avoir lu cotre critique je m’attendais à un spectacle qui relance la franchise, et je me suis retrouvé devant Scream VI.
Plus legacyquel que suite des deux derniers opus réalisés par Ridley Scott, le film laisse en plan les pistes ouvertes par Prometheus et Covenant pour se concentrer sur l’auto citation et les références jusqu’à ne plus en pouvoir.
A voir par curiosité et à oublié aussi vite.

Marc en RAGE

Un Easter eggs cinfirmé par le superviseur Daniel Macarin de WETA DIGITAL on peux voir un petit vaisseau quand la Station renaissance ce Crach il sagit du NARCISSUS a bord Ellen RIPLEY et le chat en Cryo Sommeil.

Marc en RAGE

Hier j’ai vu ALIEN ROMULUS en 4DX . Une immersion totale.
La scène la plus dingue u e brèche sndans la Station on sent un souffle dans la salle jusqu’à la fermeture des portes.
Rain et Andy Face à Face des Xénomorphes RAIN les shoot des effets de lumière.
Quand RAIN tombe dans le vide on sent les fauteuils vibrer puis le silence .
Je peux que vous conseiller de voir ce film en 4DX la meilleure séance une immersion totale .

Marc en RAGE

Il y a aussi une similitude à la série RAISED BY WOLVES, pour rappel 2 Androïdes sont envoyés sur Kepler 22b pour élevée des Enfant. Père ( Abubakar Salim ) fait des blagues à Mère ( Amanda Collin ) pour l’amuser comme Andy pour Rain.

Flo1

Il faudrait préciser à Antoine qu’en reprenant l’expression « …great again », il utilise un terme mensonger car suggérant que tout était bien mieux avant… ce qui est faux, chaque époque a ses propres failles, le Passé était lui aussi très moche par différents aspects (de ce côté, Ridley Scott a raison d’être si peu optimiste).
Refaire « comme à l’époque », ça peut ainsi vite devenir une illusion.

Par ailleurs on ne pas passer à côté de l’aspect métaphorique de l’association de Álvarez avec Ridley Scott. Qui a beau lui avoir répété que c’était son film, qu’il devait se débrouiller seul… Il n’empêche que les détails scénaristiques associés à des mythes et contes anciens, ça reste du Scott tout craché : grec dans « Prometheus », un peu de Shakespeare dans « Covenant » (La Tempête, puisque David c’est Prospero, et l’alien plus ou moins Caliban) avec en plus l’inclusion de L’Île des morts de Böcklin…
Et ici Romulus et Remus ? Parce que « Raised by Wolves » et « Gladiator II », voilà.

Alors quoi, Álvarez représente les gamins, qui essayent d’atteindre le libre-arbitre non sans se faire manipuler au passage ? Et Ridley Scott c’est Rook, le démiurge d’un autre temps, devenu une caricature ?
Vu comme ça, ça paraît plus logique… mais ça ne fait pas un grand film pour autant.

Marc en RAGE

Fede Alvarez c’est inspiré dans tout les films ALIEN- ALIENS- ALIEN3 PROMETHEUS ,et ALIEN RESURECTION la créature Hybride.
Un XENO INGÉNIEUR Pourquoi il gâche une film jusqu’à l’apparition de cette créature le film frôle le CHEF-D’OEUVRE.

Flo1

« À l’aide ! : Gros cumul »…

Quand-même un gros problème avec ce film : si on le découvre de façon autonome, il marche plutôt bien, prend joliment son temps pour installer une ambiance qui va du Passionnant (les plans spatiaux, amples et presque muets) à la Justesse (quand ces personnages expriment être en quête d’un avenir meilleur).
Mis à part quelques lourdeurs narratives et techniques, surtout dans la dernière demi-heure, voilà un Space Opera horrifique d’une bonne tenue.
Et qui s’inscrit plutôt bien dans la filmographie du réalisateur Fede Álvarez, qui comporte aussi bien des huis clos adolescents que des réadaptations de franchises.
Donc on peut en rester là, profiter du spectacle merci au revoir…
Toujours présents ? Alors c’est le moment de discuter des choses qui ne vont pas si bien que ça.

Parce que justement, « Alien » c’est pas n’importe quel film, et ça n’a pas donné lieu à n’importe quelle franchise.
D’abord une sorte d’équivalent de film de Maison Hantée et Slasher techno lovecraftien, mais dans l’espace – tout comme « Star Wars », deux ans avant, faisait du film de (deuxième) Guerre, du Chanbara et du Western mais dans une autre galaxie.
Et tandis que des dérivés en romans, bande-dessinées et jeux vidéos faisaient perdurer cet univers, sans compter des épisodes prequels en mode bastons de comic books (« Alien vs Predator », le premier est sympa) ou autres contes misanthropes (« Prometheus » et « Covenant »)…
Chaque nouveaux opus suivant le film de Ridley Scott se distinguaient comme étant aussi bien des suites que des réappropriations personnelles, pour chacun des auteurs qui ont travaillé (durement) dessus : tous n’ont pour point commun que le personnage de Ellen Ripley/Sigourney Weaver, une infection qui commence, un ou deux personnages qui savent ce qui se passe, tout le monde qui meurt salement un par un, un double climax final (on fait tout péter, mais il reste encore une de ces cochonneries) et une poignée de survivants, au mieux. 

Les trois suites ont étiré ce canevas jusqu’à plus soif, ne sachant vite plus quoi faire pour rendre à nouveau effrayant ce monstre, dont l’apparence (de gros cafard) n’est plus du tout un secret maintenant… Le multiplier, dévoiler une Reine, tuer l’héroïne, lâcher les clones et les hybrides, c’est déjà le maximum d’idées inédites qu’on puisse ajouter pour qu’on croit encore être dans un film « Alien ».
Au delà de ça, ça devient un autre type d’histoire (il est clair que dans ses prequels, Ridley Scott s’intéresse plus à la folie démiurgique, comme le prouve sa propre filmo).
Mais chaque film porte la marque de son auteur (tous de différentes nationalités), et ont tous leur propre personnalité :
– Horreur/Brun pour « Alien »…
– Guerre/Bleu pour « Aliens, le retour »…
– Polar/Orange pour « Alien 3″…
– Super héros (Joss Whedon au scénar !)/Vert pour « Alien la Résurection ».

Voilà où ça coince avec ce « Alien : Romulus » : où est donc sa personnalité ? En a-t-il une, au moins ? De l’aveu même du réalisateur, il a décidé de se la jouer profil bas sur cette franchise, dont il se borne à respecter la vista – et développer son scénario à partir de rogatons de la Saga. 
L’effet fonctionne bien, dès le début on croirait se retrouver dans l’univers de cette SF, imperméable à toutes technologies trop modernes et sophistiquées, pour une question de continuité mais aussi car on est chez des ouvriers prolo, sur-exploités et sous-payés. Ça prend son temps pour les présenter, sauf que ce sont maintenant de jeunes personnes. 
Originalité (il y rarement de jeunots dans ces films) qui finit par perdre de sa pertinence car ils sont plutôt propres, pas énormément marqués physiquement. Surtout quand c’est Cailee Spaeny qui joue une énième émule de Ripley, avec son look de gamine. 
Pas non plus assez dangereux et révoltés ces post-ados, ce qui aurait pu éventuellement justifier la couleur récurrente Rouge de ce film, comme symbole de leur rage face à un horizon bouché, ces grandes entreprises qu’on voudrait bien foutre en l’air au lieu de juste les fuir – la Weyland-Yutani est toujours le grand méchant sans visage (ou bien avec de multiples visages), mais c’est pas encore aujourd’hui qu’on verra un studio faire une critique intelligente ou agressive des gros conglomérats… ni même qu’on les décrirait avec plus d’ambiguïté, de subtilité.

Pas mieux pour les protagonistes, pas très développés que ce soit le sempiternel casse-pieds de service (Spike Fearn), tout comme la pauvre Isabela Merced qui se fait balader dans tous les sens pendant tout le film, sans grande cohérence narrative (un coup boulet, puis victime, puis non, puis menace…).
Pas de chance pour la dynamique de groupe, pour la symbolique sexuelle (ils sont étonnamment chastes) et pour l’empathie envers les personnages, puisque l’histoire repose entièrement sur la relation sœur/frère de Spaeny avec David Jonsson, pas du tout reliée au mythe de Romulus et Rémus (comme pour « Prometheus », c’est une référence un peu pompeuse pour symboliser les expériences scientifiques contre-nature et faussement bénéfiques).
Mais leurs échanges recèlent de beaux moments d’émotion, nous interrogeant sur la voie à suivre entre le pragmatisme le plus froid… et prendre les risques les plus improbables pour sauver ceux à qui on tient. 
Qu’est-ce qui fait qu’on est une machine, docile ? Ou bien un être humain, audacieux ?

Une question qu’on pourrait se poser à propos de ce film, qui alterne le froid et le chaud. On a un festival de références qui sonnent justement comme « mécaniques ». Moins des récurrences que des citations pour fans avides de jeux de piste et autres clins d’œil rassurants : Jouet d’oiseau buveur et petite tenue (le 1), cheveux mouillés dans l’ascenseur, gros flingue et gros mot (le 2), détournement du logo Fox (le 3), clones et créature « surprise » (le 4, qui était un best-of plus discret)…
Etc etc, il y en a à Chaque scène cruciale, et Álvarez ne les détourne pas, ne les redéfinit pas. Même les prequels sont cités (Ridley Scott veille), que ce soit des éléments scénaristiques, ou bien les scènes à base de chimères biscornues qui étirent inutilement la durée du film.
D’un autre côté on a des scènes d’action et de suspense parmi les meilleures depuis des années, parfois peu cohérentes – on passe son temps à aller et venir dans les mêmes directions (celles où il y a danger), on montre une expérience censée être satisfaisante alors qu’on voit très bien dans un coin le résultat final (et ne citons même pas l’utilisation abusive d’un célèbre personnage, dont la conception factice se justifie à peine).
D’autres fois c’est très excitant, notamment la représentation plus poussée des Face-huggers, l’utilisation de la gravité… Des instants qui arrivent à exister sans être décorrélés du long-métrage, ça fait plaisir à voir.

Mais est-ce ce que ça fait seulement peur, c’est ça qui devrait être le plus important ?
Niveau monstres, non pas trop. Les visions de HR Giger à base d’organes de reproduction, ça ne choque plus autant qu’avant Internet. Et la façon dont on traite l’évolution des créatures est devenue tellement rapide que ça frise le Cartoon (Mel Brooks l’avait-il prédit dans sa « Folle Histoire de l’espace » ?). Il y a là dedans des idées qui ne sont jamais loin d’être ridicules.
Pour les sursauts, c’est du classique à base de hors-champ et d’arrière-plans – et oui c’est plutôt bien fait.
Et pour ce qui est des thématiques de la Saga, pas non plus de quoi faire des cauchemars, pleurants sur la mort prochaine de l’Humanité.. le film remplissant suffisamment son contrat de Grand Huit avant de ralentir (pour de vrai) et finir tranquillement, avec un reste d’optimisme. 
La catharsis est accomplie, pas énorme mais assez agréable pour le spectateur lambda… et pour remettre la Saga sur les rails, sur grand écran comme sur le petit (d’ailleurs ça a failli être un film de plateforme).

Un opus de bon élève, qui imite et se transforme un peu… 
Comment appeller ce film ? Un Tainíamorphe ?

zetagundam

Comment un tel navet pour obtenir une si bonne note car passé la 1e acte (l’arrivée des chestbursters) pas trop mal la suite n’est qu’un lent naufrage entre clins d’œils à quasiment tous les films (covenant compris), de facilités en pagaille et d’incohérences à ne plus savoir quand au dernier acte, en plus d’être interminable, fait sombrer le film dans la catégorie navet alors que jusqu’à celui-ci le film était au mieux moyen