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Bad Boys 4 : Ride or Die – critique aussi fatiguée que Will Smith

Par Antoine Desrues
4 juin 2024
MAJ : 13 juin 2024
21 commentaires

Depuis que Michael Bay se contente de produire les suites de Bad Boys, la saga autour des deux flics les plus bourrins et irresponsables de Miami a sacrément perdu en folie. Déjà à l’œuvre sur un troisième volet poussif, le duo Adil El Arbi et Bilall Fallah rempile sur Bad Boys 4 : Ride or Die, après l’annulation injuste de leur Batgirl par Warner. On aurait pu espérer de ce parcours heurté une hargne à-propos. Il faudra se contenter d’un blockbuster fainéant et franchement triste, à l’image du jeunisme embarrassant de Will Smith et Martin Lawrence. En salles le 5 juin.

Sans Michael, la fête est moins folle

Au sortir de Bad Boys 4, une question se pose : la saga a-t-elle vraiment un potentiel de franchisation égal à la plupart de ses camarades hollywoodiens, de Marvel à Jurassic Park en passant par SOS Fantômes ? Rien n’est moins sûr, surtout quand on voit à quel point ce quatrième opus s’accroche plus que jamais aux rares motifs de scénarios en roue libre depuis les années 90. C’est bien beau de reproduire (pour la troisième fois !) la séquence où Mike et Marcus s’en prennent au pauvre Reggie – transformé le temps d’un twist forcé en machine de guerre –, mais ça sent surtout les fonds de tiroir.

La “marque” Bad Boys, ce n’est pas ses personnages, mais bien ce que Michael Bay en a fait depuis le premier film. Derrière le buddy movie mécanique typique des productions Jerry Bruckheimer, le cinéaste avait déjà imposé sa patte, sa manière de compresser le temps par son esthétique publicitaire, qui fait du moindre plan un money-shot qui décroche la mâchoire. Dans ce Miami où le soleil ne semble jamais se coucher, tout était fait pour iconiser Will Smith et Martin Lawrence.

On parle souvent du montage de Michael Bay, de son côté très haché et frénétique, mais justement, ce qui est intéressant, c’est son hétérogénéité. Chaque mouvement, chaque moment demande à être remarqué dans le flux ininterrompu des images, comme si on recomposait une suite de gestes dans le grand chaos du monde. Le temps de son introduction, Bad Boys 4 voudrait embrasser cette donnée à grands coups de plans foufous et improbables, d’une caméra embarquée sur un revolver à un insert depuis l’intérieur d’une montre. C’est gratuit, et pas bien virtuose, mais l’espace d’un instant, le film convoque cette candeur de la découverte, de l’expérimentation et du wahou bayien.

Certes, l’auteur de ces lignes est depuis longtemps un fervent défenseur du réalisateur d’Armageddon, mais l’échec de Bad Boys 4 n’est pas une question de chasse gardée. Raconter de nouvelles histoires autour de Mike Lowrey et Marcus Burnett pourrait avoir du sens dans une Amérique toujours plus bling-bling, vulgaire, individualiste et violente. Cependant, il fallait démarquer ce renouveau, plutôt que de bêtement essayer de reproduire son écrin stylistique dans sa version low-cost.

De Battleship au reboot des Tortues Ninja, l’imagerie ultra-dynamique de Bay a infusé Hollywood, sans pour autant que personne ne lui arrive à la cheville. Mine de rien, un effet de lumière dynamique, du téléobjectif et un ralenti ne suffisent pas à convoquer la même ampleur et la même dimension épique. Là où Bad Boys 3 se contentait de désamorcer certains de ses passages obligés, sa suite se risque à des citations pathétiques, en particulier lors de sa première grosse scène d’action, miroir assumé de la poursuite qui concluait le deuxième acte du premier volet. Will Smith court toujours au ralenti, mais semble bien fatigué, et on a droit à la version sans sucre ajouté de la marque de fabrique du cinéaste : son travelling circulaire autour des deux héros qui se relèvent, cette fois garanti sans arrière-plan fourni pour donner du corps à la longue focale et au mouvement de caméra.

On souffle fort du nez

Deux vioques à Miami

A partir de là, le long-métrage n’est qu’une suite d’aveux d’échec, coincé entre ses velléités de blockbuster old-school (pour ne pas dire réac) et ses touches de modernisation qui retombent comme un soufflet. A quoi bon embaucher de jeunes cinéastes si leur seule idée nouvelle consiste à repiquer les plans de drones que Michael Bay a imposés sur l’industrie avec Ambulance ?

Peut-être qu’au fond, Adil El Arbi et Bilall Fallah ont bien compris ce qu’a toujours été Bad Boys : la possibilité de tester les limites du bon goût et de techniques cinématographiques par la singularité de certains outils. Mais faute d’une vision propre de cet univers surréel (dont on sauvera juste une séquence de baston en hélicoptère amusante), l’ensemble baigne dans la radinerie insipide, à la manière d’un soda coupé à l’eau. Dans le domaine du recyclage, mention spéciale à la musique de Lorne Balfe, qui a visiblement copié-collé les bongos de Mission : Impossible 6 dans sa partition samplée. 

Ainsi font font font les petites marionnettes

Résultat, ce Bad Boys 4 frustre par son incapacité à opter pour une direction claire. Quitte à ne pas la jouer expérimentateur technique, autant lâcher la bride en matière de beauferie décomplexée, exactement comme le bijou de nihilisme cradingue et vulgaire que constitue le deuxième épisode. Même là, Ride or Die est finalement assez maigre, si ce n’est pour une incursion chez des rednecks suprémacistes. Pire encore, le scénario voudrait nous faire croire qu’il a quelque chose à raconter sur le trauma policier et sur le virilisme méga-toxique de nos deux héros en donnant des crises de panique à Mike.  

Ce serait presque drôle si le concept n’était pas réglé avec une gifle et un discours motivant où il faudrait enfouir ses émotions pour les besoins de l’action. On n’attendait pas de Bad Boys une forme de progressisme sur la masculinité. C’est un peu à l’instar du reste du film : il valait mieux ne pas essayer. 

Rédacteurs :
Résumé

Rendez-nous Michael Bay, par pitié.

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La Classe Américaine

Film embarrassant, voire pénible. L’intrigue et le scénario sont totalement indigents. La photographie est criarde et hideuse. Tous les decors sont en carton-pate. La réalisation en roue-libre. Martin Lawrence fait de la peine à voir et à entendre, visage boursouflé de botox et problèmes d’élocution. Will Smith fait ce qu’il peut pour sortir ce 4eme opus de la mouise. On ne parle meme pas des seconds roles, complètement à la ramasse. Bref, après un numero 3 totalement dispensable, ce numero 4 enterre l’heritage de Michael Bay qu’on aurait du laisser sagement la ou il est.

khal99

le film et bien Jai adore

Miami81

Belle surprise pour ma part avec une mention spéciale pour la réalisation vraiment reussie et tres inventive. De quoi vraiment regretter de ne pas voir leur Batgirl pourtant recalée à priori à cause de la real.
Le curseur fanbase est là mais perso ça ne m’a pas dérangé. Reste je pense un manque du budget qui aurait pu permettre quelque chose de plus spectaculaire digne des 2 premiers.

Joay

Blockbuster réac ??? mais vous êtes fous ?? arrêtez de voir du réac partout sérieux. De la nourriture réac aussi peut-être ?

Flo

« J’suis un Bad Boy tu va, tu va faire quoi ?
J’suis un Bad Boy – va z’y ferme ta bouche ! »

En 1995, c’était surtout un espèce de téléfilm clipesque, au scénario faiblard, mélange du « Flic de Beverly Hills » et de « L’Arme Fatale » (leur deuxième épisodes en particuliers, plus racés et bourrés de gros mots).
Au moins, pour le premier film de Michael Bay, Will Smith et Martin Lawrence y déployaient leur meilleure énergie, celle de la jeunesse. L’un était en quête de virilité, l’autre était plus une petite teigne au sale caractère… 
Ça sera la seule et unique fois qu’on aura ce format d’écran, cette VF, ce côté Tony Scott.
Puis, comme pour « L’Arme Fatale », les suites sont destinées à devenir des machins plus axés sur la Famille, avec des vieux un peu bouffis (et même rond, dans le cas de Lawrence) qui blablatent beaucoup, mais toujours avec ce côté explosif et ordurier.

Bay en fit un deuxième, qui poussa les curseurs plus loin, au point que beaucoup d’analystes y prônent l’avènement d’un auteur au style déviant… mais néanmoins, ça restait des films qui ne créaient rien du tout (un paquet de scènes piquées à « Police Story » ou « La Relève). Et surtout, qui ne racontaient Rien du Tout – défaut récurrent de la majorité de la filmo de Bay, qui n’arrive pas à utiliser la Forme (foisonnante) pour générer du Fond. Auteur oui, mais raté la moitié du temps.
En dehors des moments d’action désaxés, la seule chose que le public retient de ces films, ce sont les personnages principaux (plutôt Bad Cops, sans la corruption). 
Définitivement des idiots amusants, des clowns : l’Auguste (Lawrence), imbécile dont chaque nouvelle lubie, chaque pensée philosophique, vire à la catastrophe… Et le Blanc (sans jeu de mot – Smith), se croyant plus élégant, digne et sérieux.
On les croirait calqués sur Buzz l’Éclair et Woody.

Pas toujours besoin de Michael Bay (qui peut trop laisser ses acteurs en roue libre)… plutôt besoin d’un vrai scénario ?
La reprise par les sympathiques artisans belges Adil El Arbi et Bilall Fallah, pour un troisième film, a remédié à ça. 
Un peu, n’exagérons rien. Mais entre deux scènes d’action cools et avec un peu de trash, on se retrouva avec un volet contenant les meilleurs antagonistes de la saga (facile), quelques électrochocs (la mort du capitaine Howard)… et avant tout une ambiance flirtant avec le morbide, puisque les héros y méditent sur leur héritage et leur mortalité. D’autant qu’il s’agit aussi de deux acteurs américains parmis les plus pénibles qui soient, n’ayant pas une aura très éclatante au fur et à mesure qu’ils avancent en âge… Indirectement, ce film traite de la confiance qu’on continue malgré tout à garder envers eux, en se demandant si ça n’est pas une question de nostalgie mal placée.
Très bon volet, plus attachant, même si ça reste encore perfectible – et très incompris par des exégètes peu motivés.

Le quatrième épisode, par les mêmes réalisateurs, n’ajoute pas grand chose de plus, et décide de continuer sur sa lancée, d’enfoncer le clou et être un film de transition… fini à la va-vite (4 mois avant sa sortie – il y avait sûrement des gens qui bossaient sur le montage pendant les grèves). 
Quitte à radoter, avec des tas de scènes familières à la saga (l’épicerie, un mariage improbable, le retour de Fletcher – mais en évitant tout crossover avec la série « Los Angeles : Bad Girls »…). Ou bien avec des idées correctes, mais qui n’ont pas beaucoup d’originalité (complots, ralentis, caméras volantes et FPS, chute libre en hélicoptère, Ioan Gruffudd, crocodile en vadrouille).
Et de développer tout ce qui avait été laissé de côté dans le précédent épisode, sur un modèle proche des « Fast and Furious » – famille cachée, vengeances, rédemptions, se rapprocher de la « ligne d’arrivée ». En moins aseptisé, toujours avec l’identité noire mise en avant. 

Problématique aussi est la présence d’encore plus d’acteurs gravitant autour du duo, certains s’en trouvant sous-écrits et seulement au service du scénario.
Le méchant (Eric Dane, impitoyable), à nouveau trop basique… et les femmes notamment, qui n’évoluent que par rapport aux agissements des personnages principaux – Rhea Seehorn et Paola Núñez méritent mieux que ça.
Ainsi que la petite déception de voir le récit se refaçonner à chaque nouvelle attaque des ennemis, sans avoir plus de temps pour approfondir une situation prometteuse – le premier tiers du film qui promettait une chasse aux ripous… le deuxième, où le duo se transforme en trio, avec l’inclusion d’un Armando qui fonctionne plus au premier degré et apporte du contraste… et le final qui vire au gros ramdam collectif, mais dans un mouchoir de poche.

Et pourtant, pourquoi ça reste encore plaisant ?
Parce que on rit toujours devant le comique pleurnichard de Martin Lawrence, roi de l’auto humiliation depuis des années, complètement perché…
Parce que Will Smith a beau être en pleine contrition (question d’image publique), il nous rappelle qu’on l’aime bien quand il assume lui-même d’être une tête à claque, émotionnellement fragile…
Parce que confronter à nouveau les héros à la mort etc, c’est pas dégueu comme thématique. En attendant le moment, semblant être l’idée directrice des réalisateurs, où le rideau sera tiré définitivement, dans le sang et les larmes…
Parce que ici le caméo de Michael Bay raconte quelque chose de son cinéma (oui il ne sait pas freiner, et souvent c’est une qualité – « Ambulance » est exceptionnel)…
Parce que il y aura toujours suffisamment de rythme et quelques scènes d’action qui foutent la patate, comme celle où Armando (personnage Œdipien étonnant) casse des têtes avec des poids d’haltérophilie, avant d’avoir une lueur d’humanité. Ou bien un ennemi qui se fait dégommer par rien de moins que l’hélice d’un avion qui s’écrase.

Et puis le gendre Reggie, jadis au centre d’une des scènes les plus tordante du deuxième film, et qui a maintenant droit à son heure de gloire. C’est même sur lui qu’on finira, comme si El Arbi et Fallah avaient décidé qu’il était le reflet du public, et que donc chaque nouveau retour au sein de cette famille de dingues était un plaisir caché… allant jusqu’à nous faire croire qu’on pourrait même y participer.
Le salut que Smith et Lawrence lui adressent, c’est à nous qu’ils le font… 

Merci pour eux !

Marc en RAGE

Parfois drôle débile, Les BAD BOYS Grosse ( la tête en grand plan de LAWRENS ) Fatigue . Les scènes de Fight la caméra tourne sans fin on a du mal à suivre . J’avais qu’une HÂTE que le film finit.
BAD BOYS 4 ☆☆ ☆

Seb69lyon

Je suis désolée j’ai Vu le film hier en 4DX et il est incroyable on s’ennuie jamais toujours de l’action et l’histoire et prenant et le travail autour des deux personnage pas rapport a leurs vieillesse et bien amenée ont s’attache à eux et ont à peur que l’un des d’eux y passe bref j’ai l’impression qu’ont à pas Vue le mêmes films l’auteur tu devrais le re visionnée et pour ceux qui ne l’ont pas Vu foncé en salle vous allez passer un bon moment 5 Étoiles 🌟 🌟 🌟 🌟 🌟 pour ma part et sa ma donné envie de tous re maté 😁

Sire

C est ton opinion. En plus t’es payer, n est ce pas beau

Picasso sensei

Je crois que c’est la première fois que le commentaire d’écran large me fait sourire 😃

Karev

Les Michael Bay, ça reste des purges beaufs, bourrines, vulgaires.