L’EUPHORIXE
Un Bill Skarsgard en chute libre et tête d’affiche torturée, un réalisateur novice, une dystopie en solde à la Hunger Games et un énième concept qui lorgne sur la dynamique des jeux vidéo et comics… Ce serait mentir que de dire que Boy Kills World partait gagnant. Il restait toutefois les noms de Sam Raimi (à la production), de Yayan Ruhian (à la baston) ou encore de la trop rare Famke Janssen pour espérer voir un film qui casse plus les dents des figurants que les pieds des spectateurs. Et à peu de choses près, c’est le cas !
Tout est une question d’équilibre : Boy Kills World est autant pétri de petits défauts qu’il déborde de petites idées, que ce soit dans la mise en scène, les mouvements de caméra, les transitions, les costumes, les dialogues (de sourds, littéralement) ou les bagarres, surtout quand elles impliquent une râpe à fromage. Ça tourne parfois à la cacophonie, souvent au carnage attendu et on se demande plus d’une fois si ce qui se passe est parfaitement risible ou génialement grotesque. La réponse est sûrement quelque part entre les deux.
Cette histoire malade s’applique toutefois à prêter ses failles et son insanité à celles de son protagoniste coincé entre deux âges, deux vérités, deux identités et deux existences. L’histoire voulant rester au plus près de cet anti-héros aliéné, ses errances et son immaturité sont autant un défaut d’écriture qu’un possible parti-pris narratif. Ainsi, rien n’a trop de sens, tout est décousu et superficiel, sinon artificiel, mais Boy lui-même a du mal à appréhender la réalité et à rester maître de l’action.
C’est une excuse un peu trop arrangeante par moments (surtout pour désosser sans scrupule la mythologie), mais qui fonctionne à d’autres, notamment les séquences qui concernent le plan chaotique et imbitable de la « Résistance ».
KILL BILL
L’humour omniprésent, le ton gras et la violence crade de Boy Kills World empruntent à Kingsman et autres Deadpool. Le film peut donc vite saturer, en particulier dans les scènes qui surlignent au marqueur leurs références vidéoludiques et leur humour parodique. Le tout offre cependant une énergie suffisamment galvanisante et des coups assez bien placés pour faire oublier les redites scénaristiques, la voix off pipelette et les situations prévisibles (comme la pénible révélation du boss final du jeu film).
Étonnamment, l’autre plus-value est Bill Skarsgard qui poursuit sa reconversion en machine à tuer après The Crow. L’avantage est que cette fois, il ne se prend pas au sérieux, mais fait quand même les choses sérieusement avec un soin évident apporté aux chorégraphies et à sa gestuelle surexpressive.
Même si le rôle de Grippe-Sou dans les Ça reste en mémoire, l’acteur parvient à conjuguer son regard perçant (pour ne pas dire déstabilisant), son mètre 90 et ses abdos nouvellement saillants à une candeur désarmante et une vulnérabilité infantile touchante qui apportent des strates supplémentaires à ce personnage déjà croisé mille fois ailleurs.
Quant à Yayan Ruhian en espèce de Pai Mei toxicomane, il est toujours plaisant de voir le potentiel de l’artiste martial pleinement exploité après la frustration de John Wick 3 et Star Wars 7 dans lesquels il faisait de la figuration. Équilibre oblige, la réjouissance est contrebalancée par le rôle décevant de Famke Janssen qui aurait mérité plus d’épaisseur ou de temps à l’écran.
Toujours est-il que Boy Kills World rejoint facilement le haut du panier des comédies d’action azimutées, surtout après l’ennuyeux Jackpot!, la précédente production Amazon avec des gros bras, des vannes et un jeu mortel diffusé à la télé.
Boy Kills World est disponible sur Amazon Prime Video depuis le 14 septembre 2024 sur Amazon Prime Video
@Déborah : Si ça t’intéresse, je te conseille ce livre :
« Sur l’île de LOST: La foi en la narration » 🫡
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✈️🏝️🐻❄️
C’est une impression où le pourtant talentueux Bill a décidé de ruiner sa notoriété acquise sur les Ca ?