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Criminal Squad : Pantera – critique d’un Gerard Butler fatigué

Par Déborah Lechner
11 janvier 2025

Après le petit succès de Criminal Squad en 2018, le Big Nick de Gerard Butler est de retour dans Criminal Squad 2, plus en grogne que jamais. Après avoir traqué Donnie (O’Shea Jackson Jr.), l’ancien flic décide de passer de l’autre côté de l’Atlantique et de la loi en rejoignant les braqueurs. Si l’idée est sympa sur le papier et que tout n’est pas à jeter, cette suite de nouveau réalisée par Christian Gudegast vise malheureusement à côté comparé au premier film de 2018. 

Criminal Squad : Pantera - critique d'un Gerard Butler fatigué © Canva Metropolitan FilmExport

Oh la cagade

Loin de nous l’idée de le présenter comme une pépite, mais on avoue volontiers que le premier Criminal Squad n’était pas dénué de charme, si tant est qu’on trouve le bourrinage et les torses bombés charmant. Malgré son scénario bas du front et tous les clichés qu’il brasse, ce film de braquage emballait suffisamment bien ses séquences d’action et citait ses références (à commencer par Heat) avec assez d’ingénuité pour amuser, soit tout ce qu’on pouvait en attendre.

De plus, à l’heure où le style « à la John Wick » a largement infusé le cinéma d’action occidental, Criminal Squad relançait l’idée d’actioners testostéronnés qui sentent le Scorpio et le tabac froid, loin des bastons surchorégraphiées et des massacres raffinés de Keanu Reeves et compagnie. En d’autres termes, Criminal Squad faisait du « bon » vieux actioner de papa, gentiment ringard et surtout très généreux en fusillades, patates de forain et répliques virilistes. Avec la trogne d’ours mal léché de Gerard Butler (supplément tatouages sur le torse, grosses bagues aux doigts et veste en cuir fatiguée), le crime était presque parfait.

Il craint degun

On se demande donc bien pourquoi Criminal Squad 2 prend le moins bon du premier volet et laisse tout ce qui faisait son efficacité et son plaisir régressif sur le bord de la route. Avec son histoire qui part dans tous les sens, cette suite donne l’impression de plier une feuille de papier n’importe comment en espérant faire de l’origami. Le film empile les personnages embryonnaires et les sous-intrigues (la demi-traque de Nick, le gang serbe, le braquage, la mafia sicilienne, la police française), si bien que la menace devient plus informe et la tension moins palpable, surtout quand les coïncidences et deus ex machina s’invitent dans le scénario toutes les 20 minutes.

Plus généralement, s’il évite de justesse la sortie de route et compte une ou deux fulgurances comme la séquence d’introduction découpée au scalpel, le retour de Nick O’Brien est plutôt mou de genou, surtout qu’il est étiré sur plus de 2h20… Il en va de même pour la confrontation du flic véreux avec Donnie, qui vire au buddy movie mal inspiré avant l’obligatoire twist final (parce qu’il faut bien que la franchise trouve sa marque de fabrique maintenant que l’idée d’un troisième film a été glissée).

Ca nous parle de café-croissant toutes les dix minutes, mais pas de pan bagnat ni de socca… quelle honte

GERARD, BUTE-LES

Même s’il n’était pas question de déconstruire une quelconque masculinité toxique (quand bien même le terme tend à se galvauder), le personnage de Nick O’Brien était intéressant dans sa médiocrité. En plus de son sens moral douteux, pour ne pas dire inexistant, celui qui se rêvait en mâle alpha souverrain essuyait échec sur échec dans le premier film, donnant un aspect moins cool que pathétique à ce père, mari, flic et ripou raté. Si le fait de passer officiellement du côté des criminels était un choix logique, le fait d’en faire un braqueur en gros sabots était une continuité encore plus intéressante.

En embrassant sa nature profonde, Nick ne devient pas un cador, mais continue d’être frustré et freiné dans ses ambitions (qu’il s’agisse de braquer une bourse au diamants, de rentrer en bonne compagnie chez lui ou de tromper tout le monde), sans jamais embrasser le moindre héroïsme. Ou presque. Si le film donne l’impression de savoir ce qu’il fait de son anti-héros, le final fait voler l’entreprise en éclats pour retomber dans un compromis aimable et franchement décevant.

La rédactrice de ces lignes qui cherche à mettre à profit ses études à Nice

De même pour Donnie qui manque cruellement d’intérêt maintenant qu’il a été démasqué. Ce n’est pas sa nouvelle allure de mafieux richou qui donne de la consistance à son personnage, alias l’as du volant qui conduit à peine et le gros cerveau des opérations qui partage néanmoins le rôle de commanditaire. Alors ce n’est pas parce qu’un personnage dit devant tous les autres que c’est « le meilleur braqueur de la planète » qu’il gagne automatiquement en charisme ou en autorité.

Ah et aussi, un soi-disant match de l’OGC Nice sans personne qui hurle « Issa Nissa » ? À d’autres.

Rédacteurs :
Résumé

On préfère toujours voir ce cher Gerard dans un Criminal Squad 2 qu’un Geostorm ou un Copshop. Est-ce que c’est un argument valable ? A vous de trancher. 

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Commentaires
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Ghob_

Mmmh, pour ma part en tant que défenseur de Joe Carnahan devant l’éternel, je me dois surtout de défendre son Copshop, qui s’il n’est pas son meilleur film, est loin d’être le pire et bien mieux foutu que beaucoup de séries b du même genre ne volant pas plus haut que le téléfilm de seconde partie de soirée sur TF1. Voilà du coup qui me donnerait presque envie d’y jeter un œil, juste pour savoir où le situer sur ma propre échelle… ^^