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Cuckoo : critique d’un film d’horreur complètement marteau

Par Judith Beauvallet
15 décembre 2024
2 commentaires

Cuckoo ne connaîtra probablement pas de sortie dans les salles françaises, et c’est bien dommage, car le second long-métrage du réalisateur allemand Tilman Singer était l’une des très bonnes surprises de l’édition 2024 du Paris International Fantastic Film Festival. Avec Hunter Schafer et Dan Stevens en tête d’affiche, ce thriller horrifique raconte l’histoire de Gretchen qui, après la mort de sa mère, rejoint son père, sa belle-mère et sa demi-sœur dans un hôtel paumé au fin fond des Alpes. Elle devra faire face à M. König, patron de l’établissement un peu trop gentil et intrusif avec sa famille. Un délire aussi amusant que dérangeant. 

Cuckoo : critique d'un film d'horreur complètement marteau © Canva Neon

Coucou hibou coucou

Bien qu’il n’apparaisse jamais à l’écran, c’est évidemment le coucou qui est au centre de l’histoire, comme l’indique subtilement le titre du film. Le coucou est une espèce d’oiseau qui a la particularité de pondre ses œufs incognito dans le nid d’autres volatiles et de prendre la poudre d’escampette, afin que ses petits soient élevés à l’œil par d’autres que lui. Souvent gros, l’oisillon coucou aura tendance à dégager du nid (et donc tuer) les autres oisillons pour être lui seul nourri par les parents victimes de la supercherie.

Tout le pari du film est d’essayer de transposer cet horrible mécanisme sur des personnages humains, idée qui est venue à Tilman Singer en regardant un documentaire animalier. Et il aura fallu du temps au réalisateur allemand, déjà auteur du film d’horreur Luz, pour concrétiser ce projet, annoncé dès 2021.

hunter schafer cuckoo
Premier premier rôle au cinéma pour Hunter Schafer

Si Hunter Schafer a toujours été attachée au projet (qui aura d’ailleurs dû être retardé après son recrutement pour Euphoria), le casting devait, au départ, aussi compter John Malkovich et Sofia Boutella. Les deux acteurs ont dû se désister au fil du temps, laissant la place à Dan Stevens (qui s’est battu pour convaincre le réalisateur qu’il pouvait reprendre le rôle de John Malkovich, même en étant beaucoup plus jeune) et Àstrid Bergès-Frisbey. Le film n’y perd rien, tant chaque comédien brille dans son rôle.

Mention spéciale, évidemment, à Hunter Schafer qui n’avait pas encore eu de premier rôle dans un long-métrage pour exprimer tout son talent, et à Dan Stevens, qui confirme plus que jamais son amour des rôles loufoques et son aisance avec ceux-ci.

dan stevens cuckoo
Dan Stevens en flagrant délit de Dan-Stevenserie

Faut savoir coucouper

Avec ces atouts sous le bras, Cuckoo plonge son spectateur dans un univers décalé qui pourrait être une version moderne du Great Northern Hotel dans Twin Peaks. Un hôtel en apparence charmant, aux touches rustiques et chaleureuses, mais où rien ne semble fonctionner exactement comme ailleurs et où tout le monde semble un peu fou. Les repères de la normalité se perdent petit à petit, jusqu’à ce que les choses deviennent beaucoup plus tarées, et c’est ça qu’on aime.

Pourtant, Cuckoo est loin d’être parfait. A force de soigner son atmosphère et ses personnages, le film oublie parfois de raconter une histoire qui se tient, ou même qui intéresse. Le rythme aléatoire de la narration occasionne quelques longueurs, et le plan machiavélique derrière toute la bizarrerie ambiante se révèle alambiqué, peu cohérent et finalement moins intéressant que les aspects plus secondaires du film.

Quand tu veux juste regarder peinard mais que le vendeur du magasin te pourchasse

Tilman Singer rechigne à faire de l’horreur trop horrifique et se complait dans son entre-deux lynchien, ce qui est parfois dommage puisque les passages les plus effrayants sont sans doute les plus réussis du film, et le spectateur pourrait souhaiter qu’il y en ait (beaucoup) plus.

On pense notamment à la meilleure idée visuelle du film, qui surgit dans une scène où l’héroïne fait du vélo la nuit, éclairée ponctuellement par les lampadaires sur le bord de la route. A chaque lampadaire passé, son ombre passe elle aussi à côté d’elle, projetée sur le bitume. Jusqu’au moment où une autre ombre, menaçante, s’ajoute à la sienne et lui fait comprendre qu’elle est poursuivie en silence. Une idée toute simple mais diablement efficace, qui résume le talent de Singer à la mise en scène.

Oh p***, Laurent !

Un film dans le coucoup

Dans le reste du film, le réalisateur jouera habilement des perspectives pour torturer ses cadres et la spatialisation, et instaurer un suspens parfois réellement prenant. Dommage, peut-être, que les apparitions les plus fantastiques du film, superbes en elles-mêmes, détonnent autant avec le reste de l’histoire et font parfois plus office de timides pantins de maison hantée plutôt que de menace principale et bien réelle de l’intrigue.

Reste de Cuckoo une véritable partie de plaisir étrange qui délivre, en plus de ses beaux moments de tension et de la performance délectable de ses acteurs (on veut toujours plus de Dan Stevens mi-mielleux mi-complètement taré), une histoire émouvante sur le deuil et la sororité. Une jolie révélation de festivals qui aurait mérité d’être plus que ça, et qui donne à espérer que Tilman Singer reviendra vite derrière la caméra.

cuckoo
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Résumé

Cuckoo est un joli délire horrifique et paranoïaque qui baigne dans un héritage lynchien loin d’être désagréable. S’il est imparfait dans son écriture et dans son rythme, on en retient volontiers le génie de quelques plans et les performances au poil d’Hunter Schafer et Dan Stevens.

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Sanchez

À ne pas confondre avec cockuu, l’histoire d’un homme trompé par sa meuf, un véritable film d’horreur

Ray Peterson

Cette thématique me rappelle fortement celle du film Vivarium ainsi que, dans une moindre mesure,The Nocebo Effect, tout deux de Lorcan Finnegan.