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Kill : critique d’un film bien nommé

Par Mathieu Jaborska
11 septembre 2024
6 commentaires

À chaque année son petit phénomène d’action, surboosté par un festival et son public amateur de grosses beignes. Présenté au TIFF dans la fameuse section Midnight Madness (et à l’Étrange Festival en France), le Kill de Nikhil Nagesh Bhat a beaucoup fait parler de lui, jusqu’à provoquer l’admiration de Chad Stahelski, ancien cascadeur et réalisateur des John Wick, qui prévoit carrément de produire un remake sous la bannière 87Eleven, en partenariat avec Lionsgate. Et effectivement, le film en salles ce 11 septembre comporte son lot de bastons… et de violence.

Kill : critique d'un film bien nommé © Canva Originals Factory

Faster, kill, kill !

Tout est dans le titre. Dans Kill, on tue. On tue beaucoup même. En l’occurrence, c’est surtout Amrit Rathod (Lakshya, acteur connu pour son rôle dans la série Porus) qui tue. Ce pauvre vétéran de l’armée est fou amoureux de la fille d’un businessman plein aux as. Or, celui-ci décide de la marier à un autre homme, qui n’a probablement pas autant de matière musculaire à disposition.

La petite famille, Amrit et son frère d’armes embarquent tous dans le même train. Malheureusement pour eux, heureusement pour nous, le train en question est dans le collimateur d’une bande de braqueurs.

Qu’est-ce qui pourrait mal tourner ?

Un prétexte évident pour fournir à notre bélier humain à la fois une motivation et une ration impressionnante de chair à canon armée jusqu’aux dents, qui sera même réapprovisionnée en cours de route. Le terme de « chair à canon » n’est pas fortuit, ni même métaphorique. Car Amrit ne bat pas ses ennemis, il les réduit à l’état de viande, voire de hachis, passée la première heure. Réutilisant certains codes des superproductions hindi, Nagesh Bhat se permet toutefois de pousser les potards de la violence jusqu’au grotesque… et un dernier acte à peu près aussi bourrin que généreux.

Une sauvagerie assumée (le héros est vraiment filmé comme une bête qui ne demande qu’à boulotter sa muselière) rappelant presque certains cinéastes d’Asie du Sud-Est. En effet, bien que le cinéma hindi ne manque pas de bonnes scènes d’action ferroviaires (c’était la meilleure séquence de Shamshera récemment), le principe se résume grosso modo à « The Raid rencontre Dernier train pour Busan« . D’une part, le huis clos horizontal oblige protagonistes et antagonistes à se rencontrer. D’autre part, il force les affrontements à se reconfigurer en permanence, débordant dans les voitures couchettes, les toilettes microscopiques ou même entre deux wagons.

Quand il te regarde comme ça, t’as tout perdu

Train grande distance

Toutefois, il n’atteint ni la folie chorégraphique du premier ni l’aspect ludique du deuxième. Non pas que Kill soit chiche en bastons acrobatiques ou utilise mal son décor, mais il est si obnubilé par la brutalité de son héros et les impacts de chacun de ses poings qu’il peut sembler un poil répétitif. Surtout au milieu de l’intrigue, lorsque le scénario enchaine prises d’otages et provocations de l’un et l’autre des camps pour créer du va-et-vient dans les quelques wagons. La mise en scène démultiplie la puissance de chaque uppercut, mais s’attarde finalement plus sur les jets de sang que sur les enchainements de Lakshya, par ailleurs impressionnant.

Raghav Juyal, qui s’éclate comme jamais en méchant plus rigolo que le gentil

Plus généralement, les qualités du film jouent parfois contre lui. L’intrigue prend une tournure plus sombre (et grandiloquente) vers la fin du récit, déclenchant un crescendo assez jouissif. Mais ce choix d’injecter une dose de nitroglycérine si tard impose aussi un rythme étrange : dans la première partie, les bastons se suivent sans trop nous accorder de points de repère narratifs et la surdose attendue de postures et de ralentis « tu vas voir ce que tu vas voir » enfonce le clou, d’autant que les deux scénaristes ont fait le choix de passer presque autant de temps avec les criminels qui se font génocider à vitesse grand TGV qu’avec les héros.

Non, Kill n’est probablement pas le meilleur film d’action de l’année, comme on peut l’entendre ici et là (City of Darkness paraît difficile à détrôner), mais malgré ses quelques défauts, c’est bien le sommet de bourrinerie frénétique attendu, comportant tout de même quelques beaux moments de gymnastique anatomique. En espérant que le cinéma populaire hindi fasse parvenir en occident plus de séries B énervées du genre.

Rédacteurs :
Résumé

Une bourinerie parfois bancale, souvent généreuse.

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Fox

Il y a tout de même quelque chose d’intéressant dans Kill, car on peut vraiment le prendre sous deux angles différents.
Soit on le regarde simplement comme une grosse série B bordélique (ce qu’il est dans tous les cas), totalement complaisante vis-à-vis de la violence montrée à l’écran.
Soit on peut le voir comme l’illustration d’un crescendo dans la violence, fruit des exactions commises par l’un ou l’autre des camps au fur et à mesure du film.

Parce qu’au début, les meurtres sont soit inexistants, soit involontaires. Et puis tout bascule : un premier membre de la famille des voleurs se fait tuer, la vengeance s’amorce, puis la vengeance de l’autre camp réplique en retour, etc… Et on se retrouver finalement avec un face-à-face de deux animaux (Amrit et Fani) dont la cruauté n’a plus de limite, au point où le film débute avec des bras pétés, et on termine avec des éventrements et des cadavres pendus tout le long d’un wagon !

Marc en RAGE

KILL de Nikhil Nagesh Bhat
De la Baston des coup dans la gueule, sa doit faire mal ! Des clins d’œil à RAMBO PREDATOR STEVEN SEAGAL .
il manquait a la fin la dance BOLLYWOOD. C’est JOHN WHICK 5 indien. Des barres de rire.
☆☆

Lord Sinclair

Rien n’égalera « Piège à grande vitesse ». Saumon Agile les dégomme tous !!!