West side stories
Opérant autrefois dans les tréfonds du cinéma indépendant, avec des budgets microscopiques, Ti West est désormais sur le devant de la scène horrifique. Son excellent X, produit sous la prestigieuse bannière A24, a beaucoup fait parler de lui, ainsi que son prequel pensé et tourné juste à la suite, Pearl. À la tête de Maxxxine, il peut se payer des décors gigantesques, un casting tenant du fantasme pour l’amateur du genre (Même Lily Collins est de la partie) et une précieuse liberté artistique.
Ce serait toutefois mal le connaitre que de considérer le diptyque formé par X et Pearl comme un simple tremplin et Maxxxine comme une simple opportunité de partir à l’assaut d’Hollywood, à l’instar de son héroine. Ce troisième film n’est pas une vulgaire suite de plus. C’est la troisième partie cohérente de la véritable démonstration qu’est la trilogie. X racontait le bis de la fin des années 1970, Pearl la naissance du rêve hollywoodien dans les années 1920 et 1930. Maxxxine nous immerge dans la folie cruelle des années 1980.

Trois époques pour trois périodes charnière du cinéma d’exploitation. En retraçant deux générations de femmes éprouvées par l’industrie, ses mensonges et ses vices, West se constitue presque historien de la série B. A ceci près qu’il s’intéresse moins aux grandes étapes du genre qu’à la manière dont celui-ci subit, cristallise, reproduit et accentue les relents idéologiques sociaux et vicieux de son temps.
Ici, une Maxine encore marquée par sa rencontre des époux Douglas tente de faire son trou à Hollywood sans finir dans un autre trou. En effet, tandis qu’elle passe des auditions afin de percer dans le cinéma d’horreur et se débarrasser de son image de hardeuse, une mystérieuse silhouette toute de cuir et de haine trucide allégrement prostituées… et aspirantes actrices. Et comme cela ne suffisait pas, un détective privé plus que collant vient s’inviter dans son quotidien.

You’ll never make it in Hollywood baby
Toute comparaison avec Stranger Things et autres produits populaires carburant à la nostalgie pure serait donc fortuite : le récit a beau se dérouler à une époque désormais surexploitée, il ne la résume pas à un ensemble de codes, à son taux de néon ou à la coolitude de ses vidéoclubs. Comme dans les deux précédents volets, il la caractérise d’abord par un paradoxe, lequel va être au centre de tous les enjeux. Car pour le cinéaste, le divertissement populaire n’est toujours que le résultat d’un paradoxe.
Dans les années 1920 et les années 1930, ce sont les deux facettes de la fabrique à image qui détraquent l’esprit de la jeune Pearl. L’illusion du rêve hollywoodien contre sa réalité sordide. Dans les années 1970, c’est plutôt le fantasme hippie du sexe libre qui vient se fracasser contre les valeurs de l’oncle Sam, sur le point d’industrialiser le moindre corps. Dans les années 1980, le cinéma populaire se retrouve coincé entre un néolibéralisme agressif et un puritanisme outré.

À chaque fois, les plus crapoteuses des branches du 7e art s’immiscent dans ce conflit. La messe est dite : elles sont condamnées à creuser leur sillon dans le scandale et la complaisance, qu’importent finalement les ambitions mégalo des artistes, représentés ici par une Elizabeth Debicki amusante en réalisatrice démiurge, mais dont la rigueur libertarienne ne fait pas grand cas de ses actrices.
Malgré l’environnement plus ouvert au sein duquel se déroule l’intrigue, le terrain de jeu du metteur en scène se limite quasi intégralement à deux pôles : les plateaux de tournage et les bas-fonds de Los Angeles. Soit les deux perspectives d’une viande fraiche pleine d’espoir, elle aussi écrabouillée entre les portes des studios et la violence qu’elle suscite. Le premier plan du film, qui reproduit celui de X, annonçait la couleur : les rues angelines ne forment qu’une grange meurtrière de plus. Et l’horreur du premier volet va revenir exactement de la même manière, avec les mêmes acteurs, les mêmes thèmes, les mêmes motifs, à une échelle plus large. Seulement, cette fois, Maxine est prête.

Star Maniaque
Ayant le sang-froid d’un boogeyman au lendemain de ses péripéties du Texas (elle ne tarde pas à prouver qu’elle en a), l’héroïne tente donc de dompter le monstre hollywoodien, et même sa tête la plus dangereuse : le star system.
Dans une pirouette narrative d’autant plus audacieuse quand on sait que Mia Goth a défrayé la chronique pour ses comportements agressifs (sans compter qu’elle avait déjà directement influencé son personnage en co-écrivant le précédent volet), West nous donne à voir ce qu’il en coûte de se hisser parmi les stars : foncer l’écume aux babines et la rage au ventre, envers et contre la violence environnante. Jusqu’à un ultime travelling vertical faisant office de conclusion parfaite à la trilogie, diamétralement opposé au fameux ultime plan fixe de Pearl.

L’occasion de faire défiler un panorama de personnages secondaires hauts en couleur, qu’elle va finir par dépasser d’une manière ou l’autre. Du duo de flics sur le mode buddy movie (l’arc le plus mécanique du scénario) à l’imprésario protecteur, en passant bien sûr par le détective privé au look Chinatown, incarné par un Kevin Bacon génial et sur lequel Maxine va déverser sa rage.
Des touches d’humour noir plus présentes qu’auparavant et qui s’intègrent plutôt bien à une mise en scène embrassant l’opportunisme culturel de la période. Le tueur se déplace comme dans Maniac, tue comme dans un Argento, est éclairé comme un Carpenter. A l’image du cinéma américain post-Nouvel hollywood, qui assumait son recyclage, Maxxxine revendique son statut d’objet pop sucré, renfermant toute l’horreur d’un star-system en train de tout dévorer.

Peut-être l’exercice sera-t-il moins bien reçu, faisant face à une concurrence féroce sur le créneau hommage 80’s. Toutefois, il comporte assez de fulgurances formelles et fait preuve d’une densité thématique suffisante pour se hisser au dessus de la mêlée. Et lorsqu’il s’aventure entre le Bates Motel et le manoir de Psychose, il préfère s’enfermer – littéralement – dans l’envers du décor. Pas certain qu’il soit beaucoup plus reluisant aujourd’hui.

Quelle immense déception. C’est la première fois que je me sens autant en décalage avec une critique Écran Large. J’étais déjà moyennement en phase avec X et Pearl mais là c’est la douche froide. Je ne vois pas où était la « conclusion parfaite » évoquée dans l’article après avoir assisté à ce fratras de genres qui se dégueulent dessus. Mia Goth méritait mieux, j’espère qu’il y aura finalement une suite pour rattraper ça.
J ai trouvé X assez peu impressionnant. Il y a pour moi une forme de complaisance par rapport au real, a l actrice et a cette trilogie.
Encore un film sans aucun intérêt. Certes on sent l’hommage à la limite du plagiat des films de Palma ou Argento, à la limite Carpenter mais sans le moindre ajout personnel à part le scène gore d’explosion de crâne devenue la signature A24. Le souci c’est qu’on ne tremble pas une seconde pour le personnage principal insipide, dont on se demande seulement s’il n’est pas le tueur dans le premier quart d’heure (je ne spoile pas mais c’est vraiment le seul intérêt de ce film).
Restent des acteurs de premier plan qui s’amusent visiblement mais ne sauvent pas ce film, de loin le plus faible de la trilogie.
Pour ma part, ça sera vite oublié. C’est du n’importe quoi. Toujours ces fous de dieu mis a toutes les sauces.Nul de chez nul.
3 films surcoté faussement hommage à 3 époques du cinéma qui sont mou sans créativité et ne doivent leur peut de succès qu’à son actrice principale qui porte comme elle peut ces presque navet … Ajouté un faux discours politiquo social sur la pression exercée sur la femme entendu mille fois et tu a une trilogie très très moyenne qui au final n’a rien a raconter qu’ont ai pas déjà entendu ailleurs en mieux …
Que le film sorte juste après la cérémonie d’ouverture des JO est assez cocace quand on découvre le thème du film. Après les torrents de haine de bigots d’extrême droite qui affluent sur les réseaux sociaux depuis le spectacle sur la scène , regarder Maxxxine peut servir d’exutoire. Hélas c’est une des seules consolations que jai eu devant le 3eme volet de Ti West (avec Kevin Bacon quand même).
On est jamais entraîné dans cette intrigue totalement artificielle aux ficelles usées jusqu’à l’os , ces scènes déjà vu 100 fois (Edgar Wright a du froncer les sourcils quand il a découvert la scène de la boîte de nuit, plagiat de son Last night in soho). L’identité du tueur n’a absolument aucun intérêt donc pourquoi lui masquer le visage pendant tout le film ? On est vraiment devant une série B sans saveur et sans idée avec des moments presque ridicule , comme la poursuite entre le détective et Maxxxine ou la fusillade digne d’un téléfilm NRJ 12. Dommage de terminer sa trilogie avec un projet tout simplement pas assez travaillé.
C’est marrant ce que vous dites sur le rêve hollywoodien des films des années 20 et 30, car il n’existait pas du tout, les gens allaient voir des films violents type « Scarface » ou « Public Enemy », le rêve hollywoodien s’est imposé dans l’imaginaire parce qu’il y a eu la censure et le Code mais sans ça, le décalage avec « la réalité » n’aurait pas été aussi marqué. Les ligues de vertu ont imposé à l’écran le monde qu’elles voulaient voir dans la réalité, et au final, on est encore dans un monde sordide avec coups de couteaux quotidiens, viols, intolérances… et des stupéfiants en quantité pour oublier le quotidien et le rendre au final encore plus glauque… La transformation du monde par la culture est un échec complet !!!
merci @Dario De Palma. Ecranlarge arrivait encore à me faire douter mais je vais passer.
Malheureusement cette saga ne marche PAS DU TOUT sur moi.
Entre le premier X ultra surjoué, avec notamment l’actrice principale jouant (très) mal la fausse vieille qui m’a totalement sorti du film :/
Suite aux avis dithyrambiques de EL j’ai quand même tenté Pear en me disant « bon c’est sans doute toi ». Et je me suis ultra ennuyé…
Hermétique donc à ce cinéma, dommage 🙁
Puis je aller voir le ilm sans avoir vu les deux autres ? Malheureusement je ne suis pas sur que ce film reste longtemps à l’affiche dans les cinés près de chez moi.
Je pense qu’il faut aller voir du côté des films Angel pour y puiser la principale référence.