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Rebel Moon Director’s Cut : critique de l’arnaque ultime de Zack Snyder sur Netflix 

Par Antoine Desrues
5 août 2024
MAJ : 8 août 2024
75 commentaires

Zack Snyder est-il devenu sa propre parodie ? Depuis sa revanche sur Warner avec la sortie inespérée du Snyder Cut de Justice League, on serait bien tenté de répondre par l’affirmative. Sous prétexte d’avoir retrouvé chez Netflix une forme de liberté créative, le bonhomme a signé ses pires films sur la plateforme de streaming, entre le poussif Army of the Dead et le pachydermique diptyque Rebel Moon. Fort de sa réputation d’auteur aux versions longues intransigeantes, Snyder propose les Director’s Cuts non censurées de son space opera, retitrées pour l’occasion Calice de sang et La Malédiction du pardon. Pas de chance, un peu de sang numérique et de sexe ne suffisent pas à sauver le naufrage. 

rebel moon directors cut critique © Canva Netflix

Assembly Cut

Malgré leur durée raisonnable d’environ 2 heures chacune, les versions “classiques” de Rebel Moon nous avaient déjà paru interminables. Programmatiques et dénués d’émotions, les deux films de Zack Snyder se perdaient dans une mythologie de broc et dans une écriture sans âme, au point où leur structure rachitique semblait réduite à leur plus strict minimum. Certains manquements et coupes au montage étaient plus évidents que jamais, et pouvaient laisser espérer une amélioration du côté des versions longues, présentées par Snyder comme plus gore et trash, mais aussi réagencées au niveau des séquences.  

Pendant un court instant, on a eu envie d’y croire. Avec 70 et 50 minutes de plus au compteur (soit un total de 3h24 et de 2h53, génériques inclus), Rebel Moon avait forcément plus à offrir, autant du côté de son univers de SF assez peu inspiré que de ses personnages sous-caractérisés.  

Notre tête pendant tout le visionnage

Au lancement de Calice de sang, la fainéante introduction d’origine ponctuée d’une voix-off laisse place à un véritable prologue de 20 minutes, en pleine invasion de planète par l’Impérium. De quoi se demander si Zack Snyder n’a pas fait illusion toute sa carrière en exploitant ses talents d’esthète sur des équivalents de courts-métrages décorrélés du reste de ses films (l’intro de L’Armée des morts, le générique de Watchmen, le début de Man of Steel sur Krypton…).

Dans tous les cas, la note d’intention est là : dans les ruines d’une cité filmée au coucher du soleil, le cinéaste s’amuse avec des gerbes de sang au ralenti à chaque tir de blaster. Atticus Noble (Ed Skrein) est toujours un machiavélique nazi de l’espace, et cette séquence martèle par des dialogues pas bien finauds la politique fascisante et masculiniste des grands méchants. Mais surprise, ce n’est pas sa seule utilité, puisqu’on y découvre le passé d’Aris (Sky Yang), soldat du Monde-Mère qui changeait bien vite de camp après les premiers actes héroïques de Kora.

Pour être franc, encore fallait-il se souvenir de ce personnage quasi-tertiaire des versions courtes pour comprendre la valeur de ce rajout. En soi, c’est l’exemple parfait de l’échec cuisant de ces Director’s Cuts : ils n’apportent que du cosmétique et du brassage de vent en règle, sans jamais que les personnages principaux en profitent réellement.

Vous aussi, vous l’aviez oublié ?

Dans l’espace, personne ne vous entendra bâiller

À moins que vous teniez absolument à voir Tarak se réveiller aux côtés d’une MILF avant la bataille finale, ou observer au détour d’un plan un robot avec les seins à l’air, Rebel Moon confirme sa nature risible de rêve humide d’adolescent nourri à Warhammer 40,000, trop heureux de tartiner l’écran de faux sang numérique dès qu’il le peut. Le concept est aussi épuisant que lassant, à tel point que sa violence soi-disant choc ne peut qu’anesthésier passé le vingtième headshot.

Les deux pauvres scènes de sexe rajoutées dans la mixture sont encore plus révélatrices de cette régression. Snyder voudrait se prendre pour Abdellatif Kechiche, mais ne réussit à aucun moment à capter la moindre beauté, le moindre érotisme entre ces corps enlacés. Tout est platement mécanique, filmé avec la même vitesse d’obturation rapide que les scènes d’action. Ce rapprochement dit tout du côté gamin du cinéaste, qu’il a en soi toujours assumé, mais qui détonne plus que jamais avec ses élans mégalos de grand auteur de blockbuster.

Vous remarquerez que les scènes deviennent vachement lisibles grâce au sang numérique

A vrai dire, c’est bien le terme “pornographique” qui vient en tête. Non pas que Rebel Moon soit obscène ou choquant, mais il renvoie à l’autre sens du mot : il ne possède aucune zone d’ombre. Tout est montré, sans ambiguïté, en troquant ici le fonctionnement mécanique des organes génitaux à celui de son scénario et de son univers. Les rares surprises des premières versions, à l’instar des Kalis (ces géantes prisonnières qui servent de moteurs aux cuirassés de l’Impérium, et qu’on découvrait dans le final du chapitre 2), deviennent d’énièmes set-up/pay-off ronflants.

Plus rien n’est caché ou suggéré par le hors-champ, au-delà de la violence. Cette folie de l’exhaustivité prouve que Snyder se rêverait en nouveau Peter Jackson, alors que ses images ne cherchent même plus à s’assembler organiquement pour offrir de nouveaux pans de mythologie. On a déjà répété à quel point le réalisateur peine à organiser ses scènes pour leur conférer plusieurs émotions et informations. Tout se réduit à ses moments cool et suspendus, à une suite de spots publicitaires indigestes sans agencement.

Les Kalis, rare bonne idée des films

Attention, ça va (pas assez) couper

Plus encore qu’avec Justice League, les Director’s Cuts de Rebel Moon symbolisent le stade terminal de l’auto-parodie : il n’y a plus aucune envie de spatialisation, de timing dramatique, de crescendo. Les plans existent par eux-mêmes et pour eux-mêmes, assemblés avec de nouvelles images comme si on gavait une oie de ralentis, de longues focales et de teintes sépia. Certes, la version d’origine d’Enfant du feu ne montrait pas l’évolution de Jimmy (le robot en pleine crise existentielle doublé par Anthony Hopkins), mais sa mue n’est qu’une suite de saynètes inutiles, se limitant à devenir des transitions entre des séquences plus importantes.

La complaisance de Zack Snyder par rapport à la longueur de ses films se transforme ici en calvaire, d’autant que la plupart de ses rajouts ne servent qu’à rallonger des scènes déjà pas bien palpitantes. Loin de corriger la structure très maladroite des premiers montages, ces nouvelles versions en accentuent la médiocrité, avec toujours plus de personnages qui racontent leur vie autour de feux de camp ou de tables dans des flash-back envahissants. La première partie reste ce sous-Sept samouraïs interminable dans le recrutement de sa bande de pancartes interchangeables, et la seconde reste une grande bataille en CGI sans enjeux ni envies.

Vous reprendrez bien un petit peu de hentaï gratuit ?

Rien n’a vraiment changé avec Rebel Moon, si ce n’est la sensation d’assister à un supplice de la goutte d’eau sur plus de 6 heures. L’arnaque est totale, mais plus personne n’est dupe. Le Snyder Cut de Justice League, le remontage de Sucker Punch et les multiples rééditions de Watchmen confirmaient déjà que la gestion très relative du rythme des récits snyderiens lui servait d’excuse pour (re)vendre sa vision “complète”.

Sauf que Netflix ne lui a jamais interdit ses excès. Ils en ont juste fait un argument marketing, afin de pousser les fans ou les déçus à perdre toujours plus de temps devant leur écran. A ce niveau-là, il faudrait se faire rembourser son abonnement à la plateforme de streaming.

Rebel Moon : Director’s Cut Partie 1 et 2 sont disponibles sur Netflix depuis le 2 août 2024.

Rédacteurs :
Résumé

Surprise, les Director’s Cuts de Rebel Moon parviennent à être encore plus atroces et laborieuses que leurs versions de base. Zack Snyder ne règle aucun problème structurel ou émotionnel de son space opera, mais rallonge la sauce en dépit du bon sens. Voilà la plus grande tragédie dans le succès du Snyder Cut de Justice League : légitimer de premiers montages mous et interminables comme des œuvres définitives.  

Tout savoir sur Rebel Moon : Director's Cut 1 et 2
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julien1

tout à fait d’accord avec Antoine, les films de Snyder sont monolithiques, lourdingues et très prétentieux j’ai envie de dire. Avec beaucoup d’effets de manches pour finalement pas grand chose.
Dans Rebel Moon, le seul personnage qui aurait pu faire un héros « Skywalkerien » (j’invente des mots, désolé!) c’est justement Aris, le gamin au début du premier film, et foutre Boutella en second, voir même troisième plan. Il y avait pleins d’idées superbes dans cet univers, mais avec un jeune héros potentiel mis de côté, Aris, et un pseudo officier Nazi de l’espace, Atticus, fervent amateur de tentacules spatiales.
Autre point négatif, les personnages, qui sont réduits ici à des faire-valoir indérangeables.
Un autre personnage qui aurait pu faire un allié précieux à, et j’y tiens, Aris.
Gunnar, le fermier, incarné d’une façon apathique par Michael Huisman, et qui en à fait un personnage totalement transparent. Et puis il y a les incohérences, les excès, les caricatures et des créatures moches ! (le griffon de Harry Potter, hummmmmm).

cidjay

Hola les gar,s on se détend ! Perso, j’ai toujours été un bon défenseur de Snyder, J’adore l’armée des morts, Watchmen, Man of steel, (j’aime même Ga-Hoole) et je défends aussi Suckerpunch pour son côté fantasme d’ado débridé… (et même Justice League était sympa)
mais franchement les 2 Rebels Moon, c’était vraiment de la merde en barre ! Je n’ai même pas réussi à terminer le deuxième tellement j’avais l’impression de perdre mon temps devant quelque chose qui n’avait rien à proposer à part son côté technique qui est d’un goût discutable.( personnages creux, rythme foireux, aucune émotion…)
Franchement, je vais faire l’impasse sur ces version longues, les versions normales étaient déjà bien assez longues.

W3lld0n3

Je viens de finir les 2 films en director’s cut sans avoir vu les 1ère version et la seule atrocité, c’est cet article indigne d’un site comme écranlarge. « Pendant un court instant », on a eu envie d’y croire que c’était si nul mais l’arnaque ultime c’est toi Antoine Desrues, j’espère que personne ne paie pour le venin que tu es capable de faire sortir de ton clavier.

waihung

Triste de lire cette critique qui n’a pas de point de vue journalistique. Aujourd’hui, les films de SF n’étonnent plus vraiment car ils se ressemblent pratiquement tous. Oui, l’histoire de Rebel Moon ressemble à un conglomérat d’anciennes histoires de film ou de roman. Toutefois, pour que l’oeuvre de Zack soit plus digeste, il faut fait abstraction de ce qui a existé et mettre en valeur les qualité graphique. Au final, l’histoire banale est largement portée par l’univers du réalisateur. J’ai pris plaisir car cela m’a ramené aux mondes Metal Hurlant, Croben et les oeuvres de Jodorowski + Guimenez. C’est un courage.
Après, vous pouvez dire « sommes-nous obligés d’avoir des références pour comprendre ? ». La réponse ne tient qu’à vous. Je dirai juste, le cinéma reste un art comme la littérature ou la peinture. Il faut donc essayer de comprendre une oeuvre pour la juger. Le cinéma n’est pas que pop-corn et soda.
Néanmoins, il est vrai que Neflix a malmené Rebel Moon en pensant sortir des versions courtes. Certainement trop pressé de manquer la sortie estivale. Cela a simplement tué Rebel Moon. La vraie version, celle du director’s cut.
Après, vous avez raison que les ralentis, les images d’enfants qui courent et la chanson performée par une enfant, ce sont des marques cinématographique de Znyder. C’est parfois fatiguant, mais bon, c’est du Znyder. Chaque cinéaste a ses marques de pénibilité.

waihung

Triste de lire cette critique qui n’a pas de point de vue journalistique. Aujourd’hui, les films de SF n’étonnent plus vraiment car ils se ressemblent pratiquement tous. Oui, l’histoire de Rebel Moon ressemble à un conglomérat d’anciennes histoires de film ou de roman. Toutefois, pour que l’oeuvre de Zack soit plus digeste, il faut fait abstraction de ce qui a existé et mettre en valeur les qualité graphique. Au final, l’histoire banale est largement portée par l’univers du réalisateur. J’ai pris plaisir car cela m’a ramené aux mondes Metal Hurlant et les oeuvres de Jodorowski + Guimenez. C’est un courage.
Néanmoins, il est vrai que Neflix a malmené Rebel Moon en pensant sortir des versions courtes. Certainement trop pressé de manquer la sortie estivale. Cela a simplement tué Rebel Moon. La vraie version, celle du director’s cut.
Après, vous avez raison que les ralentis, les images d’enfants qui courent et la chanson performée par une enfant, ce sont des marques cinématographique de Znyder. C’est parfois fatiguant, mais bon, c’est du Znyder. Chaque cinéaste a ses marques de pénibilité.

Yes Yes

Triste de lire cette critique qui n’a pas de point de vue journalistique. Aujourd’hui, les films de SF n’étonnent plus vraiment car ils se ressemblent pratiquement tous. Oui, l’histoire de Rebel Moon ressemble à un conglomérat d’anciennes histoires de film ou de roman. Toutefois, pour que l’oeuvre de Zack soit plus digeste, il faut fait abstraction de ce qui a existé et mettre en valeur les qualité graphique. Au final, l’histoire banale est largement portée par l’univers du réalisateur. J’ai pris plaisir car cela m’a ramené aux mondes Metal Hurlant et les oeuvres de Jodorowski + Guimenez. C’est un courage.
Néanmoins, il est vrai que Neflix a malmené Rebel Moon en pensant sortir des versions courtes. Certainement trop pressé de manquer la sortie estivale. Cela a simplement tué Rebel Moon. La vraie version, celle du director’s cut.
Après, vous avez raison que les ralentis, les images d’enfants qui courent et la chanson performée par une enfant, ce sont des marques cinématographique de Znyder. C’est parfois fatiguant, mais bon, c’est du Znyder. Chaque cinéaste a ses marques de pénibilité.

Lamar1309

Je ne suis absolument pas d’accord avec ta critique. J’ai adoré les deux films, de la 1re seconde de la 1re partie jusqu’à la dernière seconde de la seconde partie. Je dis « seconde » car j’espère bien qu’il y aura cinq films comme Snyder nous l’a promis. J’ai trouvé ces 2 films absolument géniaux et votre critique totalement mensongère et stupide.

L’ORTF

Même les nouveaux titres font encore plus série Z de fond de catalogue! Il peut rallonger la sauce, je n’y goûterai pas de nouveau ayant trouvé les versions courtes abominables

DjFab

N’importe quoi cette critique, les versions director’s cut sont bien meilleures, ce sont les vraies versions (contrairement aux versions charcutées qui elles sont pas terribles). J’ai beaucoup aimé, j’aurais aimé une suite !

Patfly

Impressionnant de Jugements et de critiques baveuses, ce déferlement de haine envers un gars qui a fait le job et pour qui l’on a financé ses deux films et futures suites apparemment.
Vous pensiez qu’il était seul pour construire cette saga ??? Avez vous vu le nombre de gens qui travaillent sur ces productions ? Regardez le générique cela vous donnera une idée.
Avez vous la moindre idée du chemin de croix que cela représente d’aboutir à la fin de ces productions.
je ne crois pas non…
que vous n’aimiez pas, cela vous regarde, mais moi personnellement je n’en ai rien à faire de vos critiques.
Pas une once de compliment c’est pitoyable. On appelle cela un article à charge.
remerciez ces centaines de personnes qui ont travaillées sur ce film qu’il vous plaise ou non, il y a un travail colossale derrière. Donc un minimum de respect, s’il vous plais.
bientôt on vous servira des film dopé à l’intelligence artificielle sans aucun talent et vous serez capable d’en dire du bien.
on marche sur la tête.
Et vous ? La critique facile, vous avez fait quoi ?
Bien le bonjour à cette faune qui ne sais rien faire d’autre que de baver,
Laissez rentrer la lumière cela vous fera le plus grand bien et construisez plutôt que de broyer.