On prend (pas) les mêmes et on recommence
Smile 2 a tout de la suite-type. Avec un scénario quasi-identique à celui du premier film, le pari est de donner au spectateur la sensation de tout redécouvrir en adaptant simplement ses règles à un milieu plus spectaculaire que le cadre simple et intimiste de l’histoire originale. Le concept est totalement similaire, la structure de l’histoire et son déroulé aussi. Seuls les personnages changent, mais pas ce qui leur arrive.
En revanche, tout est “plus”. Plus ambitieux, plus beau, plus impressionnant, plus gore, plus effrayant. Le spectateur en prend plein la vue, suffisamment pour lui faire oublier, au moins pour un temps, qu’il connaît déjà cette histoire par cœur et que le scénario abuse parfois des tours de passe-passe pour avancer. Pensée pour l’intrigue secondaire impliquant un adjuvant de l’héroïne qui propose une solution pour la sauver, et qui passe à la trappe sans plus d’explications à un moment crucial.

La recette est simple : on change d’actrice principale (en passant de l’excellente, mais inconnue Sosie Bacon à la non moins excellente, mais plus connue Naomi Scott), on troque le milieu médical pour les paillettes, et on observe comment les règles du premier film se déroulent chez les stars. Diablement simple, parfois peut-être trop, mais aussi diablement efficace.
Tout comme son prédécesseur, Smile 2 enchaîne les jumpscares et les mécaniques bien connues, en pur produit formaté de l’horreur académique, mais le fait avec tellement d’adresse et de talent qu’il en devient bien plus que ça.

Prends ça, Mylène Farmer
Alors que le souvenir (douloureux) de Trap est encore frais dans les esprits, Smile 2 frappe d’autant plus qu’il parvient beaucoup mieux que le film de Shyamalan à faire naître l’horreur dans le cadre de la performance musicale. Avec un soin attaché aux chorégraphies entr’aperçues, deux-trois costumes qui feraient pâlir Ariana Grande de jalousie et une mise en scène qui devient clipesque pour s’adapter au show, le film ravit les yeux entre deux jumpscares et dépeint un univers crédible et incarné. Notons que c’est loin d’être toujours le cas dans les séries B horrifiques.
Parker Finn s’amuse avec ce cadre pour pousser son concept dans ses retranchements et décupler les enjeux : la malédiction et ses effets ne sont plus l’affaire d’une personne isolée et de quelques témoins, mais celle d’une star planétaire sur qui tous les yeux sont rivés, et dont les millions de fans peuvent devenir, dans un moment de détresse, autant de menaces ou autant de victimes.

Le statut de l’illustre Skye Riley est aussi prétexte à voir ses traumatismes et son mal-être exposés, disséqués et donc, là encore, décuplés (notamment sur le divan d’une Drew Barrymore qui fait un caméo inattendu en présentatrice d’émission voyeuriste). Dans ce rôle de star capricieuse mais vulnérable, Naomi Scott impressionne. Comme elle est de tous les plans, le film dépend en grande partie de son interprétation, presque exagérément intense mais toujours juste.
Autour d’elle, ses soutiens, tantôt amis, tantôt vautours, susciteraient la paranoïa même sans malédiction. Il ressort de Smile 2 l’impression que l’univers d’une star de la chanson était le contexte parfait pour réussir une suite fidèle mais plus sensationnelle. Confirmation avec le superbe final aussi jusqu’au-boutiste qu’on osait l’espérer.

Smile encore plus
Mais c’est évidemment avec les moyens mis en œuvre pour effrayer son public que le film fait mouche. Sans rien inventer, encore une fois, il utilise aussi bien que son prédécesseur des artifices usés mais toujours très efficaces pour qui sait les maîtriser. Ainsi, aucun jumpscare ne sonne gratuit et tiré par les cheveux, et le spectateur est continuellement en tension.
Le film est étonnamment gore pour de l’horreur grand public (tout de même interdit au moins de 16 ans), et Parker Finn va là où il a besoin d’aller, sans se poser de questions et en passant par un peu près tous les types d’horreurs, afin de secouer les spectateurs. Ce n’est pourtant pas forcément à travers les séquences les plus sanglantes que le réalisateur se démarque le plus.

Plus encore que le body horror et les tronches éclatées, on retient une mise en scène créative et savante qui travaille ses transitions (notamment celle qui passe de l’ascenseur dans un plan horizontal à la rue en top shot) et ses moments de flottement pour mieux surprendre, mais aussi pour donner du cachet à un ensemble tout de même rudement bien filmé.
Le summum de l’art de Finn se trouve sans doute dans la séquence où Skye se retrouve cernée par tous ses danseurs. Sans en révéler davantage sur cette scène, disons que son imagerie est d’une simplicité confondante, avec des airs de déjà (beaucoup) vu, mais que son utilisation est si experte et pertinente qu’elle éblouit (et terrifie). À l’image du film.

Le premier m’avait profondement ennuyé, passé une scène introductive vraiment géniale.
Les jumpscare s’enchaîne et, comme les jumpscare ne me font pas peur et sont l’alpha et l’oméga de chaque scène, ont fini par m’énerver. Au point où la fin, pourtant sympa dans sa radicalité, m’a juste fait sortir un soupir de soulagement.
Bref je vais gentiment rester éloigné du 2, si c’est pour me faire resservir le même soupe frelatée dans un nouveau package à paillettes….
Le premier était bien flippant. Et avec l’un des jump scare les plus effrayant de ma vie (vers la fin, quand on voit pour la première fois la vraie apparence de la menace. J’ai cru que mon coeur allait lâcher).
J’en sors tout juste.
Decouvert le premier épisode que dernièrement, et que j’ai particulièrement apprécié, ce deuxième volet pousse les curseurs beaucoup plus : les jumpscares sont très efficaces et jamais gratuit, la mise en scène est sublime, les chansons et la partie concert pertinentes (prends en de la grainé Trap).
Même si je me doutais grandement de la fin, le jeu de dupe est efficace tout au long du film et fait mouche.
Très belle suite.
Comptez-vous partager une critique plus récente de L’Amour ouf, ou bien allez-vous passer le film sous silence pour sa sortie ?
J’imagine que vous n’avez pas vraiment changé d’avis depuis Cannes, mais je trouve dommage de ne pas reparler du film maintenant qu’il est en salles.
De mon côté j’ai absolument adoré le film de Lellouche, et beaucoup aimé Smile 2 (pour ne pas être totalement hors sujet ici).
Merci !
je prends l’avis de Mathieu !
Le premier était une sombre daube, peu de chance de trouver le deuxième intéressant.
(j’aime bien vos multi avis !)