Films

The Union : critique qui fait la farce (pas drôle) sur Netflix

Par Ange Beuque
19 août 2024
16 commentaires

Halle Berry replonge dans l’espionnage 20 ans après James Bond, sauf que Mark Wahlberg a remplacé Pierce Brosnan. Pas sûr qu’elle y gagne au change, et il ne faut pas trop compter sur le réalisateur Julian Farino (Entourage) ni sur ses partenaires J. K. Simmons et Mike Colter (Luke Cage) pour relever le niveau. Avec la comédie d’action The Union, Netflix prouve qu’il n’a pas son pareil pour vendre du réchauffé en période de chaleurs estivales.

The Union : critique qui fait la farce (pas drôle) sur Netflix

Ode au familier

Les glaciers connaissent leurs classiques : si leurs étals débordent de bacs chatoyants, et qu’ils poussent parfois l’excentricité jusqu’à proposer les parfums « eau bénite » ou « viagra » (oui, ça existe), ils ne perdent jamais de vue que leur produit phare reste la vanille. Ainsi en va-t-il du catalogue Netflix : on peut l’arpenter pour en dénicher les pépites atypiques, mais la plupart des usagers finiront par se réfugier dans un contenu rassurant, consensuel, le genre à glisser de lui-même au fond de la gorge.

Contrairement à ses agents secrets recrutés pour leur capacité à passer inaperçu (en théorie…), on l’a senti venir de loin ce The Union, forfanterie estivale « pensée » pour plaire au plus grand nombre avec son mélange programmatique d’action, d’espionnage et d’humour. Pour les plateformes, le filon semble fructueux entre Gal Gadot dans l’insignifiant Agent Stone, pendant que Ghosted sur Apple TV+ envoyait Chris Evans à la CIA dans le sillage d’Ana de Arnas et avant l’arrivée du duo Jamie Foxx-Cameron Diaz dans Back in Action bientôt sur Netflix (encore). Le casting change, pas les ingrédients.

L’alchimolle

The Union mise pour sa part sur son couple star constitué de Mark Wahlberg et Halle Berry. Des têtes d’affiche à la solidité discutable : la filmographie récente du premier n’a rien de très excitant (The Family Plan, Uncharted), quand la seconde a carrément vu The Mothership, pourtant achevé, enterré en première classe par Netflix. Passée depuis peu à la réalisation (Meurtrie en 2020) et possédant sa propre maison de production, elle expliquait que cette polyvalence lui permettait de mieux choisir ses projets. À voir The Union, on reste un peu sceptique.

Car entre les deux vedettes, l’alchimie n’opère jamais. Au moins l’acteur peut-il tirer profit de son charisme à géométrie avariée pour incarner un homme lambda relativement crédible, aussi cliché soit-il. Quant à Halle Berry, elle hérite d’un stéréotype de femme forte féministe (une ligne de dialogue pataude précise bien qu’elle a vengé une amie abusée) sans le moindre relief. Avec une caractérisation si grossière, difficile de ressentir la moindre sympathie pour nos champions.

Glass Union

L’espionnage pour les gros nuls

Mike est donc un simple ouvrier du bâtiment propulsé sur des missions extrêmement périlleuses. En effet, l’Union cible spécifiquement des monsieur et madame Tout-le-Monde en raison de leur aptitude à passer inaperçu. Oui, c’est précisément le métier des agents sous couverture, mais qu’importe : le concept est rigolo et permet de reprendre le trope de l’espion malgré lui « à la Chuck« , qui se retrouve à rivaliser physiquement avec les meilleurs par la grâce d’un training montage de deux minutes chrono.

Le scénario en profite pour surfer à peu de frais sur l’opposition binaire entre élites déconnectées et petit peuple, celui qui se lève tôt et fait tourner le pays avec les mains dans le cambouis. Le problème, c’est que l’incompétence spectaculaire de l’Union interroge le bien-fondé d’une telle approche…

Les très pauvres heures de la duchesse de Berry

Il convient de distinguer l’absurdité assumée du pitch, qui participe de la blague, et la crétinerie de ses protagonistes. Certes, on ne regarde pas une comédie d’espionnage pour le réalisme des procédures, mais voir une escouade entière s’obstiner à marcher en plein milieu de la rue alors qu’un sniper les décime comme à la parade relève moins du manifeste burlesque que de la paresse.

Le scénario de Joe Barton et David Guggenheim n’entrera pas dans un musée, entre ses opérations si stupidement pensées qu’elles foirent systématiquement, sa coordinatrice qui glande, ses protocoles de secours tellement au point qu’il faut les verbaliser au cœur de l’action (« on va au site de repli, près du canal ! »), son renégat repris du Mission Impossible de De Palma… The Union a été écrit par des gens qui confondent « léger » et « osef ».

Pour tenter de faire diversion, le film utilise la même méthode d’ellipse narrative que Tom Cruise dans Night and day et joue les routards entre Londres, Trieste et Istria. Hélas, aucune de ces destinations ne dépasse le stade de la carte postale ni ne génère le moindre dépaysement.

No flame, stupid mission

Une réalisation enfarinée

Restait la promesse de l’action pour affoler le palpitant, mais l’espoir déchante rapidement. Dix secondes de parkour par-ci, un bourre-pif expédié en trois coups par-là, une course-poursuite mollassonne en scooter : la chambre des idées devait sonner bien creux. Une grogne a éclaté du côté du quartier de Fitzrovia, à Londres, en raison des nuisances générées par le tournage : de là à considérer que les prises de vue ont été plus animées que le résultat…

The Union se montre un peu plus généreux dans sa dernière demi-heure (encore heureux), sans que la moindre image reste en mémoire. Aucun plan ne dépasse les deux secondes, les cascades sont exécutées sans génie et noyées dans une photographie si plate qu’on la jurerait érodée par la marée depuis des millénaires.

Dommage que le réalisateur Julian Farino, qui a autrefois écrit pour le Guiness des records, ait totalement égaré ce rapport à l’exceptionnel : à aucun moment il ne cherche à s’extraire de la masse. Sa seule minuscule audace, quelques plans FPS en ouverture, rivalisent en laideur et en gratuité.

Marky Mark and the Funky Bar

Et ne comptez pas vous rattraper avec son versant humoristique : aucune réplique ne fait mouche. Que les personnages se vannent eux-mêmes sur leurs réparties dignes d’enfants de cinq ans donne une juste idée du niveau général, et le conscientiser ne rend pas la blague plus noble.

Pire : lorsque le héros se retrouve, au hasard de sa fuite, sur la scène d’un spectacle de danse, on se prend à imaginer un craquage en bonne et due forme, une chorégraphie improvisée, voire un basculement dans la comédie musicale échevelée. Raté : il rampe entre deux rangées de sièges et quitte la salle en quelques secondes. Et le spectateur de se faire une raison : The Union n’aura même pas envie d’essayer.

The Union est disponible sur Netflix depuis le 16 août 2024 en France

Rédacteurs :
Résumé

Le principe de The Union, c’est de recruter des agents passe-partout, sans talent particulier pour le job, et de persévérer alors que toutes leurs opérations foirent. Métaphore ? Netflix semble sélectionner ses films de la même façon.

Tout savoir sur The Union
Rejoignez la communauté pngwing.com
Pictogramme étoile pour les abonnés aux contenus premium de EcranLarge Vous n'êtes pas d'accord avec nous ? Raison de plus pour vous abonner !
Soutenir la liberté critique
Vous aimerez aussi
Commentaires
16 Commentaires
Le plus récent
Le plus ancien Le plus populaire
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires
des-feves-aux-beurres-et-un-excellent-chianti

Halle Berry n a t elle pas acceptée de jouer dans ce film que parce que on a promis de.lui financer un film plus personnel ou en tout cas qu’elle a (vraiment) envie de faire.
.
Comme sandra bullock qui a fait Speed2 pour fair un film qui lui tenait à cœur.
.
Je ne vois pas d autre explication .
.
Ou alors beaucoup de zéro sur le chèque

morcar

J’avais vu votre titre, ne pensait pas regarder le film, et puis un collègue m’en parle et finalement je le lance en mangeant. Quelle erreur !!! Le niveau zéro du cinéma ! Scénario d’une bêtise abyssale (on ne croit pas une seconde à l’histoire de cet ouvrier devenant en deux semaines un agent maniant armes et véhicules comme un agent expérimenté), mise en scène platonique, répliques ridicules, et acteurs sans entrain. Il n’y a rien à sauver dans ce pur produit de plateforme.

nicomlk

« Critique qui fait la farce » ??
Qu’est ce que ça veut dire encore…? Faut vraiment faire un effort sur les titres, les gars…

Marlboro

Oui c ‘est gros ,c’est de la fiction ce film mérite plus qu’une 1 etoile et demi car fait le job du film d’action pendant 2 heures sans temps mort.De plus le pseudo journaliste de cet article résumant la carrière de M.Wahlberg a 3 films 🫣 devrait revoir la filmographie de ce dernier.

xg58

Vu ce dimanche, oui c’est nul. Comme le prochain film M.Wahlberg qui sort au ciné us. Gros la robe d’H.Berry a la toute fin