VENORME MERDE
Depuis le premier Venom, chaque film du Spider-Verse soulève un peu plus d’incompréhension, d’interrogations et de désespoir, en particulier pour la personne chargée de désosser la bête. Sans surprise donc, Venom : The Last Dance est une autre viande faisandée que Sony nous met sur la table. Mais à ce stade, on ne sait pas trop ce qu’on pourrait dire qu’on n’aurait pas déjà dit dans les précédentes critiques.
Alors, au risque de se répéter, c’est toujours affreusement moche, bête, immature et paresseux alors que ça a coûté un bras (120 millions de dollars, hors marketing). Rien ne sauve les meubles, pas une idée, pas une séquence, pas un plan, ni une blague. Après, nos standards ont tellement dégringolé ces dernières années qu’une grenouille symbiotique ou une vanne pipi-fontaine peuvent éventuellement faire l’affaire…
Certes, le fait que Michelle Williams se soit échappée de cet asile avait quelque chose d’encourageant, mais c’était avant de voir la trop rare Juno Temple s’y enfermer à son tour. Malgré tout, c’est dans les ténèbres que la lumière brille le plus : donnez-lui deux miettes, elle en fera une demi-baguette, a minima un quignon de pain. Cette demi-étoile, c’est uniquement pour elle.
Et tant qu’à parler de déception, celle de voir Rhys Ifans replonger tête la première dans la cuve d’acide après The Amazing Spider-Man est particulièrement dure à encaisser. Son personnage est décrit comme un gentil hippie allumé, mais devient une sorte de fantôme qui hante le scénario et harcèle autant Eddie que les spectateurs, comme s’il cherchait désespérément son rôle dans cette immense mascarade. Quant à l’écriture des autres personnages, est-ce qu’il faut vraiment s’y attarder sachant que les scénaristes eux-mêmes ne l’ont pas fait ?
EDDIE BROKE
Autre question : est-ce qu’on « préfère » le premier degré ronflant d’un Morbius ou le second degré pathologique d’un Venom 3 ? L’un comme l’autre a ce don de transformer les minutes en heures, mais le cas de Venom 3 est plus condamnable encore. Contrairement au film insignifiant avec Jared Leto, il est censé être le volet le plus dramatique, voire tragique, de l’univers de Sony. Mine de rien, The Last Dance porte pas mal d’enjeux sur ses frêles épaules, aussi bien pour la franchise que le futur de l’univers (qui de toute évidence ne pourra compter ni sur les femmes-araignées de Madame Web ni sur Morbius).
L’inéluctabilité de la mort plane donc au-dessus d’Eddie et de Venom durant tout le film, jusque sur l’affiche et son accroche, « jusqu’à ce que la mort les sépare« . L’idée de leur séparation, d’un possible sacrifice et surtout d’une menace interplanétaire latente est esquissée tout du long, mais sans délicatesse, émotion ou gravité. Non pas que les précédents opus étaient des essais anthropologiques et philosophiques fascinants, mais rarement la mort n’avait autant été traitée par-dessus la jambe.
Pourtant, ce volet est celui qui fait le plus grimper le bodycount, avec des disparitions de personnages plutôt importants (sur le papier). Mais tout est froid et désincarné, sans solennité ni temps mort (sans mauvais jeu de mots), ce qui donne un film particulièrement insensible et déshumanisé, en contradiction totale avec l’idéal de cohabitation que porte la licence.
Là encore, on repassera pour la subtilité du message, puisqu’il s’agit essentiellement d’avancer une maigre métaphore sur l’immigration et de planter un symbiote face caméra pour qu’il beugle : « Ce n’est pas nous les méchants !« .
Ainsi, ce qui devrait être au coeur de l’histoire et des préoccupations des protagonistes est distillé par-ci par-là, le temps d’un plan ou d’une réplique qui s’intercale laborieusement entre deux vannes. Et ce n’est même pas comme si ce manque affligeant de sérieux était compensé par un humour savoureux ou une action débridée. Venom 3 n’est pas un film « fun et décomplexé » qui s’amuse avec ses personnages et les règles de son univers. C’est un film globalement ennuyeux, dans lequel l’action se résume à deux ou trois saynètes charcutées avant le climax qui part dans tous les sens sauf le bon.
De plus, chaque idée régressive avec laquelle le film pourrait s’amuser est aussitôt abandonnée, faute de savoir comment la filmer ou la monter, à l’image d’un enfant confus devant un jouet trop complexe. La bagarre potentiellement marrante avec un gros monstre sur un avion en plein vol ? Expédiée en 20 secondes. Eddie qui fait un tour de cheval-symbiote ? Expédié en 20 secondes aussi… En même temps, côté technique, Sony ne cherche même plus à faire semblant, le studio ayant confié la mise en scène à la scénariste des deux précédents Venom, qui signe donc sa toute première réalisation.
SOUPE DE KNULL
On commence à avoir l’habitude, mais ressortir de la salle de cinéma avec un gros mollard sur la joue n’en est pas moins désagréable. Le film se fiche éperdument de son public et enchaîne les doigts d’honneur avec une décontraction insolente. Le bout de symbiote qui trainait dans le MCU ? Oublié. Le scénario rejoue la scène du bar, avec le même clin d’œil gênant à Thanos et aux événements d’Infinity War, mais semble a priori réécrire l’histoire à défaut de pouvoir boucher les trous de la précédente.
C’est donc dans son univers qu’Eddie Brock laisse de la morve symbiotique sur le comptoir, avant qu’elle soit récupérée, histoire que les producteurs aient un bout de Venom à ressortir du placard au cas où. Un peu comme Madame Web avec son bébé Peter Parker.
Plus globalement, en plus de trahir ses propres promesses, l’univers de Sony continue de se nécroser, mais dans le déni le plus complet. Knull, le créateur des symbiotes joué par Andy Serkis, est donc présenté comme un équivalent au Thanos de Marvel, celui qui menace tout l’univers dans l’ombre (scène post-générique à l’appui), mais a surtout de bonnes chances de rester moisir dans sa prison galactique.
En revanche, une chose est sûre et certaine concernant l’avenir, c’est que la rédactrice de ces lignes passera son tour pour le prochain Kraven The Hunter.
… Je veux juste une dernière danse
Avant l’ombre et l’indifférence
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Au point où on avance, c’est à dire toujours pas loin du tout, autant copier-coller les analyses des premiers « Venom », et les adapter.
Pourquoi se fatiguer la tête ? L’équipe du film elle-même n’arrive à faire aucun effort.
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« … Faudrait que t’arrives à en parler au passé
Faudrait que t’arrives à ne plus penser à ça
Faudrait que tu l’oublies à longueur de journée
Dis-toi qu’il est de l’autre côté du pôle
Dis-toi surtout qu’il ne reviendra pas
Et ça te fait marrer les oiseaux qui s’envolent
Les oiseaux qui s’envolent
Les oiseaux qui s’envolent… »
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Et le malentendu qui continue, pour ceux qui croient toujours que le Venom cinématographique est un Super Vilain ou Antihéros populaire, oubliant qu’il est l’un des meilleurs Ennemi Juré de Spider-Man… Et ceux qui se disent « oh que c’est complexe, que c’est sombre »… Alors qu’en fait non. C’est pas comme ça que ça a été créé, et que ça s’est perpétué.
Avant Venom, c’était (déjà) une idée commerciale avec la costume vivant de Secret Wars… et sa ligne de jouets.
Puis une idée (de lecteur) d’avoir pour Spider-Man un équivalent de Bizarro ou Man-Bat.
Alors OK, au début ça marchait très bien avec sa thématique du harceleur, plutôt intéressante… Mais le succès aidant, ils en ont fait une sorte de Punisher bis, en monstrueux. Et voilà Venom en grosse star autant chez les ados que les plus jeunes (et même les fans de Rap), le faisant même apparaître dans les séries animées de Spidey les plus Tout Public. CQFD.
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D’où un film se contentant finalement de la même chose, contrairement à un Deadpool poussant sa logique plus loin – avant de devenir lui aussi trop commercial :
C’est un personnage vraiment très populaire auprès de beaucoup de gens ? Il le restera ici en gardant son capitale « sympathie », son côté loser musculeux, qui ici commence enfin à assumer ses fautes, mais sans trop choquer…
Donc oui, comme dans les anciens comics Eddie Brock reste un con, égoïste, crasseux, souvent grotesque, qui a beaucoup de bagout. Ce qui explique la présence de Tom Hardy, et maintenant de Rhys Ifans (lui aussi un bon tchatcheur) en… gentil philosophe comique de service ? Même pas Knull ?
Car Venom, c’est du comic bavard, bourrin mais qui est devenu beaucoup moins inoffensif depuis les années 2010, et encore plus à l’arrivée du King in Black (prononcé tel quel en VF dans le film, même pas traduit en « Roi en Noir »), et son cortège d’intrigues sombres et mythologiques…
Et c’est assez effarant de se dire que ce qu’on a aimé il y a pas longtemps dans les comics, on n’en retrouve que des bribes minuscules sur grand écran.
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« …Tu comptes les chances qu’il te reste
Un peu de son parfum sur ta veste
Tu avais dû confondre les lumières
D’une étoile et d’un réverbère
Ça continue (encore et encore!)
C’est que le début (d’accord, d’accord!)
Mais, ça continue (encore et encore!)
C’est que le début (d’accord, d’accord!)
D’accord, d’accord, d’accord, d’accord… »
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Et c’est tout, ça s’arrête là, y a pas grand chose à ajouter, si ce n’est une petite « surprise » de voir le film prendre le temps d’évoquer la vie passée du Dr Teddy Payne (qui ?), de montrer ses origines dans une séquence flashback, son traumatisme par rapport à son frère (c’est assez ridicule), son humanité face à des réfugiés d’un autre monde et des militaires etc… Ça aurait pu faire du personnage (Juno Temple) la vraie héroïne de cet épisode, préoccupée par le sort de migrants, avec une espèce de solidarité féminine (la belle Clark Backo).
Sauf que cela est un désamorcé par le fait que le film est évidemment centré sur Venom, et donc sur la comédie grasse et onaniste telle que conçue par Tom Hardy dans le premier… idée toujours « à la bourre», tant on a l’impression d’être dans un truc ringard des années 90 – on en est encore à s’intéresser à la Zone 51 !?
Vraiment très gênant, surtout parce que l’acteur principal reste son propre interlocuteur, au lieu d’avoir un autre acteur pour jouer le symbiote. Et d’avoir ainsi une vraie dynamique entre deux égos différents.
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Alors oui, on a des scènes passant comme des vignettes obligées, avec tout ce qu’on se doute qu’il va y avoir. Dont quelques copier-collers tirés du comic – mais sans justicier portant symbole sur la poitrine… C’est à ça que correspond ce terme de Fan Service dans sa définition la plus péjorative : se contenter de plaquer des références plus ou moins emblématiques – un Knull en CGI (mais pourquoi ?) menace et envoie ses troupes (mais quels lecteurs se souviennent des Xenophages ?), depuis sa prison stellaire en se prenant pour Thanos… Eddie et le symbiote sont en cavale… une organisation mystérieuse les traquent ainsi que les autres aliens… le soldat Rex Strickland est de mauvaise humeur… on voit la spirale de Knull… plusieurs symbioses, même avec des animaux…
Mais sans qu’il n’y ait aucune construction menant à ces scènes, aucun liants.
C’est fait à la va-vite et génère un tas d’actes manqués – le « Létal Protector » (purée cette VF) ne s’interroge pas sur les limites de la justice violente à part pendant une petite minute, le Codex n’existe qu’à l’état de pay-off (la séparation), le road trip vers New-York reste désespérément bloqué sur la Côte Ouest (!!?)…
Et d’illogismes – pourquoi le symbiote ne génère pas les habits qui manquent à Eddie ? comment a survécu Mulligan avant qu’on lui injecte un (autre ?) symbiote ? pourquoi ne pas juste se cacher et foutre la paix aux Xenophages puisqu’ils ne réagissent qu’au Codex, à la base ?
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« … Y a des couples qui se défont
Sur les lames de ton plafond
C’est toujours le même film qui passe
T’es toute seule au fond de l’espace
T’as personne devant
Personne… »
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Et bien sûr le coté « morfal » du Symbiote, venant plus de la période où il était porté par Mac Gargan, est de plus en plus pénible. Et la stylisation à la Clayton Crain reste toujours artificielle et peu lisible, la faute à des costumes entièrement en images de synthèse – contrairement à dans « Spider-Man 3 ».
Le tout à peine moins censuré, comme dans les 90’s, où ici un chouia de sang gicle… à l’état de poussière.
Tandis que Knull, et c’est ça le plus intéressant dans les comics, se présente normalement comme un guerrier actif, l’épée en main (fortement inspiré du Elric de Michael Moorcock, quand-même !). Ici il coincé sur son trône, on n’a pas la moindre incarnation sur Terre, malgré les quelques symbiotes présents qu’il aurait pu posséder… Les combats entre lui et Venom se limiteront à zéro, sans qu’il y ait d’invasion concrète, ni même le moindre dragon symbiotique.
Donc question action épique, ça restera complètement banal – des monstres génériques, avec plein de pattes et dents. Avec en plus un gros ventre mou de vingt minutes, passées à faire de la comédie familiale qu’on aurait pu caser dans des bonus blu-ray (en scènes étendues).
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Donc ça se laisse voir, pépère, fonctionnel, moins restreint mais toujours très pauvre en décors, peut-être opportuniste envers la Chine – la présence comique de Mme Chen, les yeux de Venom plus en amande que le modèle d’origine.
Mais sans génie et générant juste un peu d’empathie, Kelly Marcel ne pouvant confirmer si elle a un certain talent pour raconter des histoires sans avoir un auteur chevronné à ses côtés. Ni si elle possède elle-même une vision d’auteure aboutie.
Pas plus que Tom Hardy, en dehors d’inviter des potes pour pas faire grand chose (Stephen Graham), ne sait faire preuve d’une bonne implication dans des rôles plus Grand Public – et qu’est-ce que c’est que ces idées avec les chaussures, les motos et les animaux ?
C’est juste à voir comme un épisode de plus… du feuilleton Sony.
Tout ça pour cacher un manque d’ambitions, faute de moyens alloués par le studio (ou à cause du véto de Kevin Feige) pour donner plus d’ampleur au film.
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Et puis parce que ce sont des productions alimentaires avant tout, ne tenant pas compte de la présence d’acteurs ayant déjà été dans un film Marvel, ni de quelconque lien – si vous croyez que Knull va débarquer chez les Célestes juste parce qu’il fait sa grosse voix…
Et où toutes les scènes molles de ces films auraient pu être remplacées par d’autres contenant la présence de Spider-Man. C’est à ça qu’aurait dû ressembler le Sony’s Spider-Man Universe, qui n’aura passé ces quelques années qu’à courir avec une jambe en moins (et peut-être même les bras).
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Voilà quoi, c’est plus très marrant à force.
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« … Quelque chose vient de tomber
Sur les lames de ton plancher
C’est toujours le même film qui passe
T’es toute seule au fond de l’espace
T’as personne devant
Personne, personne, personne, personne, personne, personne
Personne!
Personne!… »
J’ai pris la peine de regarder. Mal m’en a pris. Dès le 1er film la direction empruntée n’était pas la bonne (histoire, acteur, design…) mais les billets verts ont coulé à flot, pourquoi sans priver. Il y avait matière à faire tellement mieux. Un projet de démolition en bon et due forme.
La vrai VENORME MERDE se sont les gens qui insulte et crache sur les fan qui eux aime le film ce n’est pas au critique de decidé si un film est bon ou mauvais et moi j’aime ce film
Et si ecran large n’est pas d’accord avec ça et bien il critique trés trés TRÉS MAL
On reconnaît un mauvais film aux commentaires qui le défendent… suivez mon regard….
Bon film! C’est la critique d’écran large qui est une vénorme m**de, pour reprendre un jeu de mot à 2 balles digne du niveau de ce site…que pour ma part je ne vais simplement plus jamais consulter!
Ah il y en a qui défendent le film dans les commentaires tout de même. Ca existe. Juste ciel au secours.
Déjà que le 1 était mauvais, le 2 honteux, je crois que je vais m’épargner le 3.
Aucune nuance au niveau des critiques. Pour avoir vu le film en imax et vo, je confirme que les effets spéciaux claquent et que notamment le travail sur les voix de Hardy (lui et venom) est excellent. Il y a quelques scènes bien marquantes et idées innovantes sur le monstre antagoniste. Pour ce genre de film, on n’est pas du tout en face du navet décrit par plusieurs ici…plusieurs qui n ont d ailleurs même pas vu le film!
Merci pour ce sacrifice.
Je ne peux qu’espérer que ce soit un gros flop commercial.
J’ai appris à lire avec des comics Marvel, Spiderman en tête, mais je n’en peux plus dés super-héros…. On nous a gavé tel un canard pendant quoi ? 15 ans ? Indigestion de base devant Thor 4, autant dire que Venom, je n’ai pas le courage d’essayer.
Je tiens à remercier les critiques (d’ Ecran Large et d’ailleurs) qui se font mollarder sur la joue à notre place par les producteurs véreux et qui nous permettent d’économiser 10€… Bon courage pour l’année prochaine, avec la pelletée de films de super-héros MCU/DC qui vous attend.