polycopié
Vice-Versa 2 n’est pas un mauvais film, au contraire même. Il est visuellement attrayant et soigné, notamment pour son travail toujours aussi minutieux sur les textures pelucheuses des Émotions. Il est aussi très drôle par moment, ne serait-ce que le passage dans le coffre-fort des secrets inavouables, qui donne une idée de ce à quoi ressembleraient les parodies des KASSOS en version PG. L’histoire quant à elle n’accuse aucun temps mort, mais prend tout de même le temps de respirer pour n’asphyxier personne, tandis que le propos sur la complexité de l’identité et de ce qui fait notre personnalité est finement vulgarisé.
Pourtant, Vice-Versa 2 reste une déception par rapport au premier volet, comme Le Monde de Dory pouvait l’être par rapport au Monde de Nemo. Même s’il est préférable d’y voir un moyen maladroit de créer une continuité plutôt qu’un aveu de paresse, Vice-Versa 2 reprend grosso modo le même schéma narratif que son aîné, ce qui a pour effet de diluer la formule.
![vice versa 2](https://www.ecranlarge.com/content/uploads/2024/06/capture1699543173145-format16by9-630x355.jpg)
L’idée de repasser par les mêmes endroits permet effectivement de constater l’évolution psychologique d’une Riley en pleine mutation, mais toutes les grandes étapes du récit hurlent la redite : le nouvel environnement et changement de vie, la difficulté pour l’adolescente de s’intégrer aux autres, les chamailleries et l’incompréhension entre les Émotions, l’escapade imprévue hors du Quartier cérébral et Riley en plein décrochage.
Non seulement le charme opère moins bien, mais tout paraît plus mécanique et donc ironiquement moins émotionnel. Rien dans cette suite ne réussit par exemple à égaler la puissance émotionnelle de la mort de Big Bong – qui pour beaucoup est LE moment lacrymal du premier film.
![l'arrivée des nouvelles émotions dans vice versa 2](https://www.ecranlarge.com/content/uploads/2024/06/inside_out_2-online-use-i170_48-630x354.jpg)
crise émotionnelle
C’était une blague sur l’affiche, mais c’est une réalité dans le scénario : les Emotions se marchent dessus et cela traduit plus un scénario surchargé qu’un quelconque débordement ou bouillonnement émotionnel lié à l’adolescence. Comme la bande-annonce le laissait présager, les projecteurs sont braqués sur Axiété, alias le joyau du film et nouveau totem de tous les stressés de la vie. Conséquence de cette mise en lumière : Peur, Colère et Dégoût, qui participent pourtant à l’aventure, jouent les cinquièmes roues du carrosse, tandis qu’Embarras, Ennui et Envie sont des outils plus que des personnages.
![anxiété, qui débarque dans le quartier cérébral](https://www.ecranlarge.com/content/uploads/2024/06/419344091-630x354.jpg)
Enfin, s’il métaphorise subtilement l’estime de soi et la nécessité d’accepter nos travers (ce qui dépasse le simple cadre de l’adolescence ou du passage à l’âge adulte), le film offre un traitement un peu trop sage et superficiel de la puberté et plus généralement des affres de l’âge ingrat. Encore plus quand le compare à celui d’Alerte Rouge, un précédent Pixar qui abordait plus ou moins les mêmes thématiques, mais plus frontalement. Vice Versa 2 n’a donc pas transformé l’essai après la réussite magistrale du premier film de Pete Docter et Ronnie Del Carmen, laissant de fait à Toy Story 2 le titre de meilleure suite de Pixar.
Vice-Versa 2 est au cinéma en France à partir de ce 19 juin
![vice versa 2 affiche française](https://www.ecranlarge.com/content/uploads/2024/06/vice_versa-2-scaled-1-630x933.jpg)
J’avais beaucoup aimé le 1er et je voulais autant aimer celui là , mais comme vous l’écrivez bien mieux , je reste un peu sur ma faim avec cette suite.
Tellement pas… Mais alors tellement pas !!
Je suis allé voir le film hier à moitié convaincu par les bandes annonces et le sentiment de redite. Quelle surprise !! Tout est archi-maîtrisé, rythme, efficacité, humour, tendresse…
Le schéma est le même, peut-être ; mais les personnages prennent plus d’épaisseur, mûrissent, grandissent. À la lecture de l’article, on dirait que Colère joue les cinquièmes roues du carrosse… Alors qu’on en profite carrément plus que dans le premier !
Les émotions se diversifient, se complexifient… Aucun rapport avec l’anecdotique Alerte Rouge, sympathique mais qui n’atteignait pas le degré d’universalisme auquel on touche ici. Pourquoi parler dans l’article d’un film qui traite frontalement de l’adolescence ? C’est faux, ce n’est pas l’angle d’attaque du film. C’est un prétexte pour parler de notre fonctionnement cérébral à toutes et tous. L’angoisse, l’anxiété, les insomnies, ce n’est pas propre aux adolescents. Comment ne pas être bouleversé par certaines réflexions, certaines images. « Devenir adulte, c’est peut-être laisser moins de place à la joie ». Et de rire, une nouvelle fois, au milieu des larmes.
Après les sympathiques derniers films, j’ai enfin retrouvé mon Pixar, celui de Coco, de Toy Story 3… et de Vice Versa.
Je viens de le voir et j’ai adorer. Oui ça reprends la même chronologie d’événements, oui le 1er est mieux et oui la surprise n’est plus là mais perso je m’en fout car c’est 1h30 (court & adéquat) de plaisir et d’émotions. Je trouve que pour une fois EL cherche la petite bête : arriver deuxième n’est pas un défaut ! Pixar avait clairement baissé de régime malgré Soul & Turning Red qui sortait des sentiers battus et cette suite redonne le sourire. Si cela peut leur donner une pluie de bonnes idées alors je suis preneur.
Vous ne faites pas allusion aux scènes post-génériques
L’une à servie de bande annonce, l’autre se trouve tout à la fin du générique (de fin) et pourrait amener à une suite
@Ecranlarge (ou n’importe qui d’autre) : est-ce que vous savez pourquoi Charlotte Lebon est complètement absente de la promotion du film en France ? Est-ce qu’elle fait la promo au Québec ?
Vis ta vie à revers…
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Ça fait maintenant quelques années que les mauvaises langues font leurs choux gras du manque de popularité des derniers Pixar… sans vraiment l’analyser, le comprendre ni même se rendre compte que Tout était déjà présent en germe, dès leurs premiers films dans les années 90/2000. Ceux portés aux nues de façon bien trop automatiques maintenant, passaient aussi pour des chefs d’œuvres grâce à leur Classicisme, en fin de compte. Des innovations techniques certes, et beaucoup d’idées scénaristiques osant traiter de sujets bien mélancoliques – le Lâcher-Prise notamment, présent dans l’intégralité de leurs films.
Néo classiques ces films… mais c’est un fait, ils étaient encore bien plus simples, primaires, obligatoirement nanti d’un méchant menaçant (qui a ses raisons, mais n’est pas très creusé). À leur époque, Tristesse aurait été un adversaire à maîtriser, rien de plus.
Facile de les concevoir comme des films poétiques, et très rocambolesques (les sempiternelles scènes de course-poursuite sont de purs instants cinématographiques), car c’était encore très enfantin à l’époque, très Rétro, très intemporel… Il y avait alors plus de place pour la mise en scène.
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Bref, vous ne l’aviez pas compris, mais ce n’était que le début. Celui où on vit l’instant Présent, et où on anticipe un Futur moins joyeux, plus complexe… sans jamais le montrer.
Jusqu’à ce qu’on arrive un jour à ces fameux instants futurs. Ça s’appelle Grandir, Mûrir.
Et voilà que Pixar a atteint pleinement ce statut Adulte, rechignant de plus en plus à revenir complètement à la petite enfance « toute immaculée ». Andy est majeur et Molly ne peut empêcher la mise à la retraite de Woody. Les ados et adulescents pullulent dans Pixar, on n’hésite pas à leur faire dégainer des téléphones portables (« horreur, de la technologie moderne ! »)… et même quand on a des héros enfants, ils sont confrontés aux pires expériences de Vie – la honte, l’angoisse, la peur, la Mort (la vraie).
C’est comme ça, il faut l’accepter (lâcher prise donc) : Pixar Ne Peut Pas Revenir en Arrière. Et Ne le Doit Pas. Sinon ça ne serait pas cohérent avec ce qu’ils racontent depuis presque 30 ans.
Laissons d’autres nouveaux challengers essayer de faire leurs propres films pour enfants, poético-aventureux-cartoonesques-intemporels – en action réelle par exemple, comme on l’a vu avec « Blue et cie ».
Pour Pixar, ce n’est plus si pertinent, même si le chevronné Pete Docter partait et laissait la suite à des émules respectueux.
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Est-ce devenu un studio « de vieux » ? Ou de sages ?
Il n’y a plus d’innovations techniques (presque tout a déjà été fait), plus beaucoup de scènes virtuoses et épiques (c’était déjà le cas à partir de « Là Haut »), d’avantage de scènes de comédie, qui font d’autant plus ressortir les moments dramatiques très durs (l’incinérateur dans « Toy Story 3 » avait déjà scandalisé quelques-uns), moins de Nostalgie cinéphile flirtant avec le Réac, quasiment plus d’antagonistes.
Dans le premier « Vice-versa », il y avait quand-même tout pour faire croire qu’on était revenu au « bon vieux temps de Pixar »… suffit d’ouvrir avec un mignon bébé, qui deviendra une petite fille adorable et bien brave, avec un énième monde métaphorique bardé de couleurs et de mélange d’animations diverses, des acteurs très cools pour faire les voix, une musique charmante de Michael Giacchino, et cette continuelle dynamique entre les personnages, qui est la même depuis 1995 : le chefaillon de mauvaise foi et qui doit se remettre en question, son opposé qu’il doit accepter, la bande de copains qui sont surtout des comiques de service, tout ce beau monde travaillant pour le bien-être d’un enfant…
Et pourtant, ce film était bien plus vertigineux qu’on ne le croit, voire même tordu. Ces Émotions anthropomorphes, ne sont-elles pas des fragments de la personnalité de Riley ? « Vice-versa », un film sur la schizophrénie et la dépression ?
Posant surtout la question de « qu’est-ce qui compose un être pensant ? »
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Malgré tout, le succès publique et critique fait de ce film un prodige, sans toutefois empêcher la production de suites… qui ne peuvent que décevoir, puisque quitter la prometteuse Riley enfant, ça oblige forcément à montrer les difficultés que rencontrera une Riley de plus en plus mature, ainsi que ses mauvais choix, pas toujours sympathiques – sinon, il n’y aurait aucune histoire à raconter…
Et ça, beaucoup n’en ont pas envie (« gâcher la fin du précédent, l’horreur ! laissez tranquille cette fille ! »)… c’est comme si c’étaient nous qui étions les parents de Riley, et voudrions la surprotéger.
Qu’importe, la rançon du succès oblige Pixar à livrer régulièrement des suites « réconfortantes » à leurs films cultes, entre deux projets plus expérimentaux (ce que « Vice-versa » était déjà).
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Et pour cette suite là, le modèle évident sera « Toy Story 2 » : un quasi remake du premier, avec plus de personnages inédits, les acolytes qui auront un rôle plus actif (les acteurs sont presque tous revenu), des angoisses futures encore plus explicitées…
Manque juste des moments d’action qui soient encore plus spectaculaires, ainsi qu’une exploration du territoire mental de Riley qui aurait révélé plus de nouvelles zones (à part le coffre-fort, où on ne reste pas longtemps)… et c’est aussi là que réside une incompréhension continue envers le Pixar actuel.
Peut-être est-ce parce que les animateurs ont moins de talent formel, ou moins de temps de production. Ou bien parce que les réalisateurs (ici, le débutant Kelsey Mann) n’en ont pas envie, et préfèrent se concentrer sur le cœur des films. Ça se fait au profit du suspense, de la réflexion, du drama, qui sont alors poussés à des extrémités incroyables pour un film américain Tout Public.
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Rendez-vous compte que, comme dans « Cars », on débute plein pot sur une situation de compétition sportive (toujours le Hockey sur glace, mélange de grâce et de brutalité). Laquelle ne va pas quitter le film une seule fois, ça sera le contexte principal, loin des parents, loin de tout confort…
Et en parallèle, ça sera une bataille à distance entre deux générations d’Émotions, pour le « contrôle » de Riley. Adolescence oblige, les nouvelles venues s’installent de façon impulsive, mettent les autres dehors et s’approprient les manettes très vite, sans qu’il y ait ni la création de tensions progressives, ni même un schisme dans l’équipe initiale (Peur semblait pourtant séduit par cette nouvelle direction, et il aurait pu faire un traître idéal…). On peut y observer quelques ambivalences chez Colère, Embarras, Ennui, et pas grand chose pour tous les autres – Tristesse n’a plus un aussi grand rôle, et même une scène de traque avec elle se conclue de manière plate, sans qu’elle puisse faire preuve de sagacité.
De toute façon, on connaît tous la formule, on sait quelles sont les deux Émotions qui vont principalement se défier, alors pas de temps à perdre !
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Avec à la tête des arrivants, Anxiété. Personnage aussi flippant que flippé, et qui se révèle progressivement comme un commentaire sur les leaders populistes, qui jouent les Cassandre et détournent des institutions pour mieux avoir le contrôle (toute une scène à la « 1984 », faisant aussi penser à une célèbre pub télé). À elle seule, Anxiété cristallise toute une époque qui voit le danger partout et craint la souffrance… mais sans jamais qu’on la juge pour ses actes, accomplis de bonne foi et dans la douleur.
Tandis que Joie (dont le visage se superpose régulièrement avec celui de Riley, via le montage) devient le symbole d’un monde heureux qui perd progressivement de sa force. En partie à cause du même syndrome du contrôle à tout prix, qui se retourne ainsi contre elle – on le sent dès le début, à sa manière nouvelle de trier les souvenirs.
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On peut aussi évidemment interpréter ses nouvelles Émotions comme étant le reflet de la dernière génération de films Pixar, qui opposeraient leur côté sophistiqué, angoissé et bordélique au caractère plus conventionnel et « primaire » des anciens. Jusqu’à, bien entendu, finir par trouver un accord, on connaît etc – toujours pas de méchant à pulvériser.
Ce studio ne cesse de se poser des questions sur son identité, et intègre même la notion de Croyance dans ce nouveau volet, amenant l’histoire vers des contrées de plus en plus jungiennes, ou rousseauistes, voir même théologiques (le symbole de l’arbre). Même si toutes les nouvelles idées philosophiques de Pixar empiètent un peu sur le rythme des films (tout ce qui concerne l’instinct), c’est le signe qu’il y a toujours des humains aux commandes.
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Et sans bégayer avec le récent (et très burlesque) « Alerte rouge », cette suite arrive à traiter de l’adolescence féminine conflictuelle, en retrouvant précisément les mêmes sensations que le premier « Vice-versa » :
La contamination par le Désespoir, petit à petit. Puis, une fois qu’on a réussi à tout résoudre en parlant honnêtement avec ses proches, on a l’émergence d’un sentiment de Plénitude absolue.
Ici, c’est juste fait d’une autre manière, avec une crise de panique dont la mise en scène est bouleversante… Et lorsque c’est fini, on peut alors se rappeler les propos de Woody, déclarant qu’il a hâte de voir les moments où Andy va devenir un adulte.
C’est bien ce qu’on commence à voir là avec Riley, dans toute sa splendeur.
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Donc oui, ce film génère encore de l’émotion, n’écoutez pas ceux qui vous diront le contraire… Ils n’étaient pas prêts à ce type de secousses, dévastatrices et en même temps tellement ordinaires.
C’est toujours Pixar quoi… mais différent.
Ce qui n’est pas du tout une mauvaise chose, et ne l’a jamais été.
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Oh versez-m’en encore !
De mon point de vue, la déception du film tient au fait que ce n’est pas le même réalisateur a la barre du projet et ça se ressent.
Je trouve la suite très correcte dans l’absolu mais Pete Docter avait vraiment une sensibilité particulière qui manque ici.
Le nouveau réal fait son job mais ne s’impose pas vraiment… du coup, tout paraît moins fort que dans le précédent.
Le changement derrière la caméra marchait sur les Toy Story mais pas sur quelque chose de plus « personnel » que Vice-Versa.
Dommage, j’adore le 1er. Perso il est dans mon top 5 Pixar.
J’irais voir ça ce week-end en famille.
Pareil, j’ai jamais considéré le prier comme un « succès », ni un « film culte »…
J’imagine que j’étais déjà trop vieux pour ces conneries( ce qui ne m’empêche pas de regarder chaque Pixar) Mais la dernière fois que j’ai vraiment apprécié un Pixar, c’était « Coco », et avant ça Toy Story 3.
J’ai jamais compris le succès du 1, qui m’avait vraiment laissé de marbre à part 2-3 idées sympas. Et pourtant je suis fan des Pixar depuis gamin, ayant grandi avec Toy Story.
Si cette suite est du même acabit en réchauffé, sans moi…