Qui n’adore pas Les 12 travaux d’Astérix ? En hommage à Uderzo, reparlons-en.
C’est le prototype du film d’enfance vu et revu à la télévision, usé jusqu’à l’extrême en VHS, ressorti à la moindre soirée générationnelle, et entré dans la culture populaire au point d’être un marqueur de reconnaissance quasi tribal : Les 12 travaux d’Astérix, film d’animation de René Goscinny et Albert Uderzo.
L’IDEFIX DE CONTRÔLE
Astérix est né dans les cases de BD fin 1959, grâce au scénariste René Goscinny et au dessinateur Albert Uderzo. Le succès donne vite des idées, si bien qu’en 1967 sort Astérix le Gaulois, film d’animation réalisé par Ray Goossens, et lancé par les studios belges Belvision sans même avoir demandé l’autorisation aux créateurs du personnage. Goscinny et Uderzo découvrent le film lors d’une projection privée. Ils laissent le film sortir, mais malgré le succès qu’il rencontre, ils ne sont guère satisfaits du rendu.
Conscients que la machine doit être stoppée, ils bloquent les films La Serpe d’or et Le Combat des chefs en pleine préparation. Ils décident à la place de superviser un nouveau film, qui deviendra Astérix et Cléopâtre, toujours pour le studio Belvision. Uderzo s’occupe du storyboard tandis que Goscinny écrit l’adaptation, avec Pierre Tchernia.
Le film est signé de leurs noms, mais là encore, déception : à la sortie du film en 1968, le duo n’est pas satisfait du résultat. Réalisant qu’ils devraient être constamment présents lors de la production pour maîtriser le rendu, ils décident de prendre définitivement les choses en main : avec leur éditeur Georges Dargaud, ils crééent les studios Idéfix en avril 1974.
L’image d’une imperfection inacceptable pour Uderzo et Goscinny
Pour eux qui se rêvent en Walt Disney français, c’est un fantasme qui se réalise. Pour la France, où un tel studio est quasi inédit, c’est une curiosité, les studios Gémaix de Paul Grimault ayant fermés en 1952. Peu importe : Goscinny et Uderzo veulent à tout prix maîtriser toute la chaîne de production, suivre les animateurs jour après jour, contrôler chaque image et couleur.
Les studios Idéfix ont un impact direct sur le paysage de l’animation française. Constatant que le pays manque cruellement d’artistes spécialisés et compétents dans ce domaine, Henri Gruel, chargé de composer les équipes pour le film, demande à la Chambre du commerce et d’industrie de Paris de créer une formation digne de ce nom. Ainsi, un département animation est créé au Centre de formation des Gobelins.
Et pour marquer le coup de leur ambition, Goscinny décide que le premier film des studios Idéfix sera tiré d’une idée originale, et non d’une bande-dessinée.
HERCULÉEN
La légende veut que l’idée du film ait germé dans l’esprit d’Uderzo et Goscinny alors qu’ils étaient dans une salle d’attente de l’hôpital de Neuilly. Le duo fouille dans la mythologie classique de l’Antiquité et se fixe sur les douze travaux d’Hercule, voyant là l’occasion d’assembler des sketches autour d’une trame principale. Pierre Tchernia rejoint à nouveau l’équipe pour le scénario et les dialogues.
Les 12 travaux d’Astérix demandera deux années de travail. Deux années et 500 000 dessins, 400 décors, et un travail qualifié de fourmi par Goscinny. Une douzaine de dessins serait ainsi nécessaire, au minimum, pour produire une seconde d’animation.
Les dialogues des acteurs sont enregistrés très tôt afin d’inspirer les animateurs, et leur permettre d’être le plus précis possible. Une partie sera ré-enregistrée en post-production, pour la touche finale.
Roger Carel et Jacques Morel sont de retour pour doubler Astérix et Obélix, après Astérix le Gaulois et Astérix et Cléopâtre. Carel prête aussi sa voix à Caius Pupus, entre autres.
Gérard Calvi compose les thèmes dès le début de la production pour lancer la dynamique, même s’il n’y a pas de scène chantée comme dans Astérix et Cléopâtre. Il y a en revanche de la danse, avec une samba sur l’île du plaisir. L’équipe a réuni des danseurs brésiliens pour les filmer, et reproduire leurs mouvements en animation.
Calvi parlera d’un moment parfaitement absurde quand cette vingtaine de danseurs s’est retrouvée dans un petit bureau de la boîte, à remuer et se cogner contre les tables.
L’occasion de prendre de la hauteur
L’OLYMPE DE L’ART
Avec plus de 2,2 millions d’entrées en France, Les 12 travaux d’Astérix fait un peu moins bien qu’Astérix le Gaulois (2,4 millions), mais mieux qu’Astérix et Cléopâtre (1,9 million). Mais il rencontre un succès énorme de l’autre côté des frontières, notamment en Allemagne où il attire plus de 7 millions de spectateurs.
Entré dans la culture populaire et devenu un classique parmi les classiques, il avait été diffusé vingt-cinq fois à la télévision française entre 1976 et 2016, devenant le huitième film le plus diffusé selon le CNC.
Bref, ces 12 travaux font partie de l’héritage culturel de bien des générations. Apothéose de la drôlerie d’Astérix en dessin animé, le film est pour beaucoup la grande réussite de tout cet univers, et un parfait équilibre. Des clins d’œil anachroniques (la station de métro Alésia) aux références historiques (« Brutus, cesse de jouer avec ce couteau« ), le métrage est d’une richesse folle.
« Tu es un sanglier, tu es un sanglier… »
Rappeler les raisons qui font des 12 travaux d’Astérix un monument indétrônable, c’est quasiment en faire un résumé. La course contre Mérinos, le lancer de javelot, Cylindric le Germain, l’ïle du plaisir, le regard d’Iris, le repas de Mannekenpix le Belge, l’antre de la Bête, le laissez-passer A-38, le ravin des crocodiles, le Vénérable du sommet et enfin les jeux du cirque ; ou une certaine idée de la perfection du timing comique, du bruitage, des dialogues. Même une ellipse, comme celle qui mène le duo à Rome, est fabuleuse.
La seule question reste alors celle de la préférence de chacun, entre « Mais je vous dis que le port est au bord de la mer ! », « Et le petit toast qui va avec !« , « Du nectaaare et de l’ammmbroiiisiiie« , « La nuit ça doit être pratique pour lire au lit« , et les nombreux moments de pur génie. Même sans dialogue, le film est brillant, comme lorsque qu’il part en vrille dans l’Antre de la bête, ou quand Panoramix et son pote utilisent une simple malle dans l’arène pour se débarrasser d’un Romain trop curieux.
Personne ne sera vraiment surpris de se souvenir que Les 12 travaux d’Astérix est un chef d’œuvre du genre. De ces films qui sont vus par les yeux de tout âge, des plus naïfs aux plus avertis, sans jamais perdre mais constamment gagner – en profondeur, en drôlerie, en esprit. Et entre Netflix et la 78e rediffusion TV, aucune excuse pour ne pas y succomber à la moindre occasion.
Pour notre article sur Astérix et Cléopâtre, c’est par ici.
Aaaaaah le fameux laissez-passer A-38 !!!!!!! Meilleur moment du film car tellement réaliste et symptomatique de toute l’administration française 😉
– Le guichet 2 voyons, où l’ont-ils mis celui là ?
– La dernière fois qu’on l’a vu Monsieur le préfet, il était au troisième étage, couloir B porte 6
– Et bien vous voilà renseignés Messieurs, vous voyez qu’il n’y a pas de raison de s’énerver
A chaque fois que je vais dans un centre administratif, le laissez-passer A-38 me hante xD
@bubblegumcrisis
Ferme la
@bubblegumcrisis
Pour rappel on a une des meilleures écoles au monde dans le genre et s’appelle les Gobelins
@bubblegumcrisis,
Ce chef d’oeuvres n’est tout simplement par pour toi
L’oscar du meilleur trolleur malgré lui est attribué à bubblegumcrisis
Je ne comprendrais jamais la nostalgie.
Si ce film n’était pas passé chaque fêtes de fin d’années à la télévision, jamais il ne serait resté dans la tête des gamins que nous étions à l’époque.
Ce film était déjà en dessous de tout ce que l’animation mondiale proposait alors. Que ça vienne de Russie, des USA, du Japon ou de la Chine.
Le Roi et l’oiseau de Paul Grimault en voilà un film culte, parmi les plus cultes et Français. Beau sous tous ses aspects contrairement à tous les Astérix adaptés sous forme de film d’animation.
Le roi des singes, film Chinois poétique, à l’animation vraiment belle.
Tous les Tex Avery également.
Disney bien sûr mais on n’est plus dans la même catégorie, ce dernier étant déjà un gros studio d’animation avec un vrai savoir-faire.
Autant, j’adore Astérix sur papier que je trouve fin, beau et drôle, autant les adaptations en animés sont laides. Pour les Tintin et Lucky Luke c’est du même tonneau. Il n’y a aucun savoir-faire en matière d’animation franco-belge et encore moins française et ça se voit.
Ces 12 travaux démontrent pourquoi les Français n’ont jamais percé dans l’animation. Ce film est un échec à tous les niveaux. L’animation d’abord, le design général très laid, le doublage et ses dialogues absolument pas drôle, les couleurs sont affreuses, les décors vides et minimalistes, aucune mise-en-scène. Quant à l’aspect sonore, même là, pour l’époque, on est loin de la qualité de ce qui se fait ailleurs dans le monde. Ça sonne amateur, c’est fou.
Que ce film fasse parti du paysage culturel français et reste un vestige d’un temps où des pionniers ont tenté de créer une industrie de l’animation en France, je veux bien.
Que nombre d’entre nous soient nostalgiques d’une époque où les fêtes de fin d’année étaient synonyme de rendez-vous télévisuels chéris, okay.
Mais affirmer que ce truc est un chef-d’oeuvre du genre, il ne faut pas trop pousser mémé dans les orties non plus.
« Oui, hein. Parce que séparer les familles, ça, y faut pas faire. Hein » 😀
« Pas de sangliers ! Et on ose appeler ça l’île du plaisir ?! Allez viens Astérix, c’est une gargote ici ! »
Celle-là, elle me plie à chaque fois. La réplique d’Obélix parfaite.