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Spider-Man : Far From Home – Mysterio, Les Élémentaux… on revient sur les différences entre le film et les comics

Par Prescilia Correnti
9 juillet 2019
MAJ : 21 mai 2024
7 commentaires
Affiche chinoise

Après Avengers : Endgame, Spider-Man : Far From Home était nettement attendu au tournant. Est-ce que pour autant le film est fidèle aux comics ? Réponse.

L’histoire de Spider-Man au cinéma est on ne peut plus chaotique. Après une première saga adorée des fans du super-héros et réalisée par Sam Raimi (James Cameron ayant essayé de lancer sa version avant ça), est venue une deuxième version au succès nettement plus mitigé, The Amazing Spider-Man. La réussite n’était pas vraiment au rendez-vous et grâce au nouvel avènement des super-héros dans l’ère Marvel depuis 2008, Spider-Man est de retour, mais cette fois sous l’égide de Kevin Feige.

Le jeune Tom Holland avait déjà subi quelques controverses lors de sa première apparition dans Captain America : Civil War et par la suite dans son premier film solo : Spider-Man : Homecoming. Un héros beaucoup trop juvénile, une MJ qui ne ressemble pas à celle des comics, une tante May nettement trop jeune, Homecoming se différencie déjà par plein d’aspects de son homologue de bande dessinée. Pour autant, est-ce que ce second opus renoue un peu plus avec l’âme des comics de Stan Lee et Steve Ditko ? La réponse est : oui, et non. 

 

ATTENTION SPOILERS !

 

 

 

LE MEILLEUR TIRÉ DU COMICS

 

Les illusions de Mysterio 

Apparu pour la première fois dans le volume numéro 1 d’Amazing Spider-Man #13, créé par Stan Lee et Steve Ditko en mai 1963, Quentin Beck, illustre super-vilain de l’homme-araignée est en réalité un piètre personnage. Bien loin d’être aussi charmant que Jake Gyllenhaal qui le campe dans Spider-Man : Far From Home, Beck est un pauvre bougre au faciès désavantageux qui espérait une carrière hollywoodienne brillante et qui a viré comme spécialiste des effets spéciaux dans le monde du cinéma.

Dépité de ne pas pouvoir être apprécié à cause de son manque de charisme plus que flagrant, un ami lui soumet un jour une idée qui n’était au départ qu’une blague : pour devenir célèbre, il doit affronter et tuer un héros. Beck réalise alors qu’il est nettement plus doué pour une carrière criminelle qu’une petite vie lambda. De fil en aiguille, il passe alors de petit magicien de comptoir à un illusionniste incroyablement et dangereusement doué. Créant des illusions aussi parfaites que la réalité.

Parfois, il réussissait même à endosser le costume de Spider-Man, faisant croire que le tisseur de toile avait basculé comme criminel (cf. la série des années 60 et les comics), soit en simulant une attaque d’Alien dévastatrice à New York dans Spider-Man #1 de 2019 par Nick Spencer et Ryan Ottley. 

 

comics Spider-Man, MysterioS’il portait un masque, c’est simplement parce qu’il était moche

 

Côté équipement, Jake Gyllenhaal utilise à quelque chose près le même matériel que son homologue papier. Doté d’un casque en forme d’aquarium pour poissons, de projecteurs holographiques, d’embouts capables d’émettre une fumée hallucinogène, il a également mis au point un gaz capable d’annuler le sens d’araignée de Spider-Man ou encore de dissoudre ses toiles. Un peu comme dans cette superbe séquence d’attaque entre Tom Holland et Jake Gyllenhaal à Berlin.

Loin de vous faire l’inventaire du super-vilain, on finira tout simplement par vous dire que voir un super-méchant de cette carrure aussi bien retranscrit à l’écran fait rudement plaisir à voir ! 

Un problème subsiste toutefois dans la création de ce Mysterio made in MCU. Dans le film de Jon Watts, Quentin Beck n’est pas un ennemi de Spider-Man mais d’Iron Man. Au lieu de se faire capturer par l’homme-araignée et de devenir le méchant qu’il est dans les comics, Quentin Beck est ici un ancien collaborateur de Tony Stark qui s’est fait doubler par le milliardaire. Grosse erreur.

 

photo, Jake Gyllenhaal, Tom Holland« Tu n’images pas ce que je vais te faire endurer petite araignée »

 

Les différents clins d’oeil de Spider-Man 

Que ça vous plaise ou non, le tout premier costume de Spider-Man apparu à l’écran, celui de Tobey Maguire, n’avait clairement pas fait l’unanimité à ses débuts. Pourtant, aujourd’hui ce costume est devenu tellement mythique qu’une pétition a été lancée par les fans pour que ce dernier apparaisse dans le jeu cultisme sur PS4.

Le pauvre costume d’Andrew Garfield a aussi payé les frais de la colère de quelques fans. Celui de Tom Holland, en revanche a réussi un petit peu à passer à la trappe. Alors sans rentrer dans les détails du premier costume apparu dans Captain America : Civil War, ni d’Avengers : Infinity War (l’Iron Spider), sans parler du pseudo-costume noir qui ressemble plus à un déguisement fait pour la Comic Con de Paris, nous allons plutôt nous attarder sur le tout dernier apparu dans Far From Home qui est sans doute celui qui rend le plus hommage au design élaboré par Steve Ditko à ses tout débuts.

 

comicsTrop facile

 

Premièrement, et ça n’aura échappé à personne, parce que Spider-Man déploie avec maestria ses toiles sous les bras afin de parcourir une plus longue distance. À l’instar du tout premier costume dans les comics. Deuxièmement, parce que l’araignée sur sa poitrine fait à peu près la même taille que celle de la série animée des années 60. Troisièmement, parce que hormis le côté « black and red » du costume, les zones quadrillées sont quasi-similaires au costume de l’époque. Enfin, même si tout ça c’est un peu pinailler il faut l’avouer.

À noter que lorsque Peter Parker crée son propre costume vers la dernière partie du film, on peut voir plusieurs sélections de costumes où l’on reconnait entre autres l’Iron Spider. Dernièrement, et ça c’est une hypothèse, avec la mort de Tony Stark (Robert Downey Jr.) et toute cette richesse accumulée, il est possible que le prochain film de Spider-Man s’inspire en partie du comics Spider-Man Worldwide, dans lequel Peter est à la tête d’une multinationale où prospèrent Spider-gadgets et super-costumes.

Sans le côté « Peter Parker chef d’entreprise », on pourrait pourquoi pas, voir un jeune Spider-Man au sommet de ses capacités grâce à un équipement technologique de haute volée ? À noter qu’à la fin de Far From Home, Spider-Man utilise d’ailleurs des lances toiles électriques (chose qu’on revoit notamment dans le jeu vidéo sur PS4).

Enfin, on pourrait encore parler longtemps des multiples autres clins d’oeil comme les quelques pirouettes que nous fait Spider-Man lorsqu’il arrive près d’un lampadaire et qui sortent tout droit de la série animée des années 1960 ou encore du petit « don’t text and swim » avec la petite photo en mode selfie qui rappelle précisément le jeu sur PS4. Tout ça pour vous dire qu’à plein d’égards, le film regorge de petites pépites alors ouvrez l’oeil et le bon si vous allez le (re)voir.

 

photoEt la déception d’un autre Spider-Man fut présente

 

CE QUI EST DIFFÉRENT DES COMICS

 

Les Élémentaux 

Dans Spider-Man : Far From Home, on apprend finalement que les Élémentaux, supposés être des entités extrêmement dangereuses qui auraient ruiné le monde de Mysterio sont en fait du pur chiqué et une création du super-méchant et de ses sbires. En réalité, les Élémentaux existent bel et bien, adoptent une apparence bien humaine et n’ont rien à voir avec l’univers de Spider-Man. Au micro de Cinemablend, Jon Watts avait d’ailleurs déclaré que « Spider-Man a une telle galerie de voyous qu’il me reste encore beaucoup à faire. Je veux dire, nous avons également mis les Élémentaux dans ce film d’une manière très détournée. » 

Créés par Tony Isabella et Val Mayerick, ils sont apparus pour la première fois dans Supernatural Thrillers #8 en juillet 1974. Selon la « légende » établie par les comics, les Élémentaux auraient été chassés de leur propre univers il y a des millénaires, et sont arrivés in fine sur la Terre 616 bien avant que l’Atlantide ne soit créée. Grâce à leur maîtrise des éléments, ces quatre êtres souhaitaient établir leur base sur Terre et envahir le monde à commencer par l’Égypte.

 

photo comics 1974On ne partait pas sur un design des plus classes

 

C’était sans compter sur un jeune guerrier et un sorcier qui les bannirent grâce à un artéfact. Depuis c’est le trou noir. On en entendra plus parler avant la fin du XXe siècle. Sans rentrer dans les détails du comment et par qui ils ont été battus, il faudra simplement retenir ceci : Zéphyr, l’une des Élémentaux trahie ses congénères pour se rallier à ses nouveaux amis humains tandis que Miss Marvel (plus tard connu sous le nom de Captain Marvel) réussira des années plus tard à vaincre les trois autres entités restantes en les enfermant dans une poche dimensionnelle.

Quelques années après, il s’est avéré que les trois Élémentaux masculins (Hellfire, Hydron et Magnum) furent prisonniers du Collectionneur (le type qui apparaît dans les Gardiens de la Galaxie sous les traits de Benicio Del Toro).  

 

photo, Jacob Batalon, Angourie Rice, ZendayaEt adieu Hydro-Man et Sandman

 

Le Multiverse 

L’un des principaux points de Spider-Man : Far From Home qui avait surexcité les fans (et globalement tout le monde) c’était la présence du Multiverse. Tom Holland l’avait d’ailleurs confirmé dans une interview et les premières bandes-annonces et premiers extraits montraient clairement que c’était le cas. Bref, tout portait à croire que dans sa folie d’ambition démesurée, Marvel allait ouvrir la porte à des pelletées de terres parallèles et de réalités alternatives. Selon le film, cette brèche aurait été créée à cause des Élémentaux. 

En réalité dans les comics, le Multiverse ne se crée évidemment pas de cette façon. Même s’il ne s’agira pas d’expliquer en détail cette notion un peu floue ici. Selon la définition donnée par Marvel, le Multiverse est « une collection d’univers alternatifs partageant une hiérarchie universelle (soit une sous-section du plus grand Omniverse ».

Si on devait l’expliquer grossièrement, au tout début, il n’existait qu’un seul univers qu’on peut nommer le Premier Firmament. Une guerre entre Aspirants et Célestes a eu pour conséquence de briser la réalité pour créer d’innombrables univers, formant ainsi le deuxième cosmos et premier Multiverse.

 

photo, Samuel L. Jackson, Tom HollandTu vois Peter, plus besoin d’être perdu ! Tout le monde s’y retrouve.

 

Dans les comics, l’entité qu’on appelle Éternité (avatar de la réalité) a déclaré qu’il existait une infinité de réalités voire un « nombre apparemment infini de dimensions ». « Illimité », « transfini » : par tous les personnages importants de Marvel, le Multiverse est impossible à quantifier. Dans les faits, cette grande variété de ces univers est considérée comme une forme de divergence par rapport à d’autres réalités, dans lesquelles un évènement a des conséquences différentes, et donne ainsi lieu à des univers différents. Exemple : Gwen Stacy qui devient Spider-Gwen au lieu de Peter Parker devenu Spider-Man.

Une poule aux oeufs d’or pour Marvel qui s’est par la suite amusé à créer pelletée de réalités parallèles pour pléthore d’histoires rocambolesques comme Marvel Zombie, Spider-Gwen, Miles Morales et on en passe ! Vous imaginez donc bien la petite pointe de déception lorsqu’on a su que finalement, tout ceci n’était que du vent. Cependant, est-ce que finalement ce n’est pas non plus un mal pour un bien tout ça, il y a encore tellement à faire dans cet univers !

 

photoEn chemin pour s’échapper de Marvel

 

Parmi toutes les autres choses qui sont adaptées plus librement par Marvel et qui ont le don de nous irriter un peu le poil, on retient toujours que la tante May des films à trouver l’élixir de jeunesse. La MJ interprétée par Zendaya est décidément une bonne petite rebelle qui est loin de la bimbo/mannequin rouquine des comics et accessoirement insupportable, tout comme l’âge de Spider-Man bien en deçà de son homologue papier.

Comment aussi ne pas mentionner le fait que Peter dévoile sa double identité à May alors qu’il ne l’aurait jamais fait dans les pages de bandes dessinées ou encore que les Skrulls, supposés être une menace conséquente dans Secret Wars, sont en réalité… des gentils ? Enfin, avec le plan de Mysterio qui se transforme en bad-guy, on peut s’attendre à tout avec l’empire Marvel. Réponse, un jour, lorsqu’on en saura un peu plus sur la situation de Tom Holland/Spider-Man au cinéma. 

En attendant, retrouvez notre critique du film ici. 

 

Affiche

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PeuImporte

J’imagine que vous voulez parler du comics Secret Invasion à propos de « la menace conséquente » que représente les Skrulls ? Il me semble qu’ils n’apparaissent dans aucune des deux Secret Wars…

Victeam

Peter Parker a 15 ans quand il acquiert ses pouvoirs !!! Et s’il a été créé ainsi c’est que son âge est essentiel a sa caractérisation. Lee et ditko ont voulu créer un personnage qui ressemblait à ses lecteurs a une époque où, dans les comics les adolescents n’étaient que des sidekick ! Évidemment il a grandi (comme Robin) et est devenu adulte…il n’allait pas rester ado pendant 50 ans. Mais Spider-Man est un ado, il a été conçu comme tel. C’est bien pour ça que lancer une série de films sans passer par la case ados serait juste renier l’essence même du personnage. Autant que de le faire piquer par une chauve souris au lieu d’une araignée.

Prescilia Correnti

@Volti,

Merci pour ta remarque, mais je tiens à dire que à aucun moment je n’ai critiqué ce choix de mise en scène concernant Mysterio ? Mon seul but était de faire une comparaison film/comics. Et dans les comics, Mysterio n’est pas un super-méchant appartenant à l’univers d’Iron Man, tout simplement.
Concernant son âge, sans dire de bêtise, il me semble que lorsque Stan Lee et Steve Ditko ont créé le personnage en 1962, Peter Parker était âgé de 17 ans. Alors si certes certaines histoires se déroulent lorsqu’il était adolescent, la grande majorité se situent vers l’âge adulte, comme le mentionne si bien @Blackchab.
Néanmoins, je ne prétends nullement posséder la parole divine ! 🙂

Passez à tous une belle journée surtout

Flo

Oui enfin MJ n’est pas Mary Jane Watson (clin d’oeil pour faire parler les puristes)…
May était jadis exagérément vieilli, comme toutes les personnes âgées… Aujourd’hui, une personne de 50/60 ans peut facilement faire moins que son age.
Peter ne lui dévoile Pas son identité… c’est qui le surprend alors que son Spider-Sense est en veille… un peu comme dans les comics de JM Strackzynski.
Les Skrulls restent des féroce guerriers, même si là on a plus montré une petite partie en tant que réfugiés (c’est surtout le traitement geek de la personnalité de Talos qui est lourd).
Dans les comics, Peter est comme… Peter Pan: éternellement jeune, d’esprit comme de corps (et même si les circonstances essaient de le pousser à la sombre maturité)

blackchab

M1pats
Il devient spiderman au lycée , la majorité de ses histoires se déroule à l’âge adulte.
Spiderman est rarement représenté adolescent

M1pats

« Un héros beaucoup trop juvénile »

Il avait quel age a ses débuts dans les comics ?

Volti

« tout comme l’âge de Spider-Man bien en deçà de son homologue papier. » ah bon ? J’aimerai rappeler qu’à ses début Peter n’avait que 15/16 ans, il est encore élève au lycée de Midtown et c’est durant otute cette période qu’il rencontre et affronte ses premiers et principaux ennemis. Quand à Mysterio ennemi de Stark au départ, c’est quand même sacrément logique, tout d’abord son mensonge reprends l’histoire d’Ultimate Mystério, et puis franchement, comment un gamin de 15 ans sans moyens et n’étant que l’araignée peut à la base se créer des ennemis au vu du contexte sans passé par le cliché repris: « je veux me faire un nom en tuant l’araignée (raison original du bouffon vert). Là c’est tout à fait logique tant au niveau moyen/technologie et raison. Dans les comics ultimate, un exemple de logique excellente me vient en tête, les démolisseurs, méchant assez débile profond dans les comics d’origines, se font un max de blé en tant que déblayeur de zone de combat entre héro et vilain, plus logique, plus lucratif que de bêtement piller à droite à gauche et en se servant de leurs capacités.