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John Rambo : on nique ta guerre avant la sortie de Last Blood

Par Simon Riaux
22 septembre 2019
MAJ : 20 novembre 2024
18 commentaires
photo, John Rambo

Sylvester Stallone sera bientôt de retour à l’occasion de Rambo : Last Blood, dès le 25 septembre 2019. Le vétéran du Viêtnam va une nouvelle fois y massacrer plein de méchants, armé de son arc et de son gros couteau.

Devenue une des franchises emblématiques de la carrière de son interprète, la saga s’est transformée et a muté à travers les âges, au gré des changements de mode, des bouleversements politiques et de la carrière de Sly. Alors que le cinquième chapitre de cette fresque qui fleure bon la viande approche à grands pas, on revient sur les épisodes précédents.

On a attaqué les hostilités avec Rambo, avant de repartir au front avec Rambo II : La Mission, puis d’aller tout au fond du fond de Rambo III. Dernière étape avant Last Blood : l’élégie guerrière et gore de John Rambo.

 

« Mon couteau, il est gros comme ça. »

 

C’EST QUAND MÊME VRAIMENT SA GUERRE, HEIN

Il est pépouze John. La guerre, la mort, les conflits, tout cela est loin derrière lui. Rangé des voitures, il vit paisiblement en Thaïlande, menant une existence ascétique. Tout au plus capture-t-il ici et là des cobras royaux pour les revendre à des pièges à touristes organisant des spectacles fauchés. Il est approché par un groupe de travailleurs humanitaires, désireux de trouver un guide pour les amener jusqu’en Birmanie, où ils veulent secourir les populations victimes du nettoyage ethnique perpétré par la junte militaire.

On ne la fait pas à Rambo, qui leur rappelle que la meilleure façon de protéger les civils des soldats, c’est encore de faire des trous dedans (dans les soldats hein, suivez un peu). Les missionnaires s’avèrent peu réceptifs, mais usent tout de même de ses talents pour atteindre la zone de conflits. En chemin, John tente vainement de soutenir son propos par l’exemple en faisant passer trois pirates d’humains à surimis. Mais rien n’y fait, les humanitaires débarquent et congédient ce gros bourrin de John.

 

« Je range ça là, si ça ne vous embête pas »

 

Quelque temps plus tard, notre héros est sorti de son sommeil par le révérend Marsh, qui lui apprend que ses passagers ont été faits prisonniers par les Birmans, une nouvelle qui glacerait d’effroi tout végétarien qui se respecte. Rambo accepte de servir de guide à une troupe de mercenaires envoyés pour secourir les malheureux. Évidemment, il va prendre la direction des opérations, dévoiler aux troupes birmanes le secret de sa routine make-up à base de cordite, faire péter un vieux missile de la Seconde Guerre mondiale, et rincer sa trogne pleine de sueur avec du sang chaud.

 

BOTOX OFFICE

Pour un budget hors promotion d’environ 50 millions de dollars, Rambo rapporte en 2008 quelque 113 millions de dollars dans le monde. Le film sera plutôt très bien reçu par le public, qui y voit avec Rocky Balboa la renaissance de Sylvester Stallone, réinvestissant et approfondissant les deux icônes qui ont forgé sa légende. La presse est un peu plus mitigée, encore que.

N’oublions pas qu’en arrivant 20 ans après Rambo III, le film est malheureusement reçu avec une certaine défiance, et quand bien même, on trouve quantité de retours positifs, aussi bien dans la presse grand public qu’auprès de médias plus spécialisés ou ouvertement cinéphiles. Cet épisode redouté est donc un succès en termes de réception, voire une réhabilitation.

 

« Et là, on va mettre une petite guirlande d’intestins, pour que ça fasse fête, tu vois ? »

 

Mais cette réussite contient en creux une autre information : avec ses 113 millions de dollars de recettes, John Rambo n’est pas un bide loin de là (sans compter que le film n’a pas eu à dépenser des sommes somptuaires en promotion et peut s’appuyer sur la célébrité du personnage), mais on constate que la franchise a désormais du mal à séduire au-delà des fans répondant encore présent.

Et si John Rambo a gagné progressivement une aura de culte au cours de la dernière décennie, ce succès en demi-teinte explique sans doute pourquoi il aura fallu dix ans avant de lancer une suite, et pourquoi cette dernière semble si fauchée.

 

ARRÊTEZ DE VOUS BATTEZ !

John Rambo est le premier épisode mis en scène par Sylvester Stallone lui-même, et cela se sent. Sly est là pour redorer le blason du vétéran, réinvestir cette figure devenue mythologique. Et c’est bien ainsi qu’il traite son héros, dont on sent qu’il était évidemment le mieux placé pour en tirer la substantifique moelle. Vingt ans ont passé depuis sa dernière promenade en Afghanistan, et le personnage, comme l’artiste, n’a pas été épargné par le temps.

Le tournage d’Expendables en 2010 et ses blessures qui pousseront Stallone à ne plus prendre autant de risques sont encore loin. L’acteur est encore capable d’un engagement physique impressionnant. Mais il sait surtout se mettre en scène avec plus d’efficacité et comment capturer l’essence du combattant.

 

Photo Sylvester StalloneSauras-tu retrouver le morceau de figurant oublié par le script-boy ?

 

Ainsi, le métrage s’avère émaillé d’une quantité ahurissante de plans marquant la rétine. Artisan patient plus que grand cinéaste, Sly lance toutes ses forces dans la bataille, gardant toujours en tête que cette aventure pourrait bien être la dernière, et doit charrier tout l’héritage de Rambo. Le héros renoue donc avec les traumas, avec la mélancolie et le désenchantement. Ce Rambo ne trépigne pas à l’idée de se battre, et ne combat qu’en dernier recours. Il aspire à la paix, mais constate une nouvelle fois qu’il ne pourra s’accomplir que dans la mort.

Un héritage souligné en permanence par le substrat mythologique du film, conférant à l’ensemble une puissance inattendue. On retrouve donc Rambo transformé en passeur (« boatman » en VO) une fonction qui évoque évidemment Charron, chargé chez les Grecs de transporter les âmes sur le Styx jusqu’aux Enfers. Mais bien sûr, le protagoniste ne restera pas passif, et le temps d’une scène hallucinatoire où on le découvre fourbissant ses armes, c’est bien Vulcain qui imprime la pellicule. Déité dévastée, contrainte de retrouver ses attributs, John est un personnage d’une tristesse insondable.

 

Photo Sylvester Stallone« De toute façon, je ne rouille pas. »

 

Cette puissance émotionnelle poursuivra le héros jusque dans la dernière demi-heure du film, sorte de best of homérique de la saga, où Sylvester Stallone prouve qu’il est capable d’inviter les éclats du passé, l’outrance des eighties triomphante, en la conjuguant avec le spleen de son personnage, l’horreur du monde qu’il visite. Ainsi Rambo va tuer, égorger, démembrer, éventrer, s’infiltrer, piéger, traquer et massacrer, non sans oublier de détonner un missile de la Seconde Guerre mondiale (enfin un vieux missile quoi).

Rien ne manque, le spectacle est total, amené avec une brutalité totalement inédite dans la saga. John Rambo ne marque pas seulement la renaissance d’un totem du cinéma américain, il vient nuancer et questionner son héritage, tout en asseyant son auteur comme un artiste increvable et bien plus fin que ne s’en rappelaient alors la critique et nombre de spectateurs.

 

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prof west

Le plus réussis de la saga oui avec le 2 pour sur et c’est pas le dernier qui va les détroner

Eddie9Felson

@SimonRiaux
Effectivement, j’ai confondu! Mea culpa :))

Simon Riaux

@Eddie9Felson

Vous ne confondez pas avec la critique du dernier, Rambo : Last Blood, qui sortira le 25 septembre ?

Eddie9Felson

Il me semblait avoir lu dans un autre article récent que vous n’aviez pas aimé ce film au 27% sur Rotten…. m’enfin?!?!?

Jayjay

Après les 2 et 3 il n’est pas trop difficile d’apprécier celui ci et le premier évidemment. J’en garde un bon souvenir et un rictus bienveillant perso, un bon Rambo quoi. Le nouveau en avait l’étoffe apparemment, mais c’est foiré, à confirmer…

alélouia

Le meilleur de la saga.

sylvinception

« Mon couteau, il est gros comme ça. »
« Je range ça là, si ça ne vous embête pas »
« Et là, on va mettre une petite guirlande d’intestins, pour que ça fasse fête, tu vois ? »
« Sauras-tu retrouver le morceau de figurant oublié par le script-boy ? »
« en faisant passer trois pirates d’humains à surimis. »

Néanmoins merci une nouvelle fois pour ces barres de rire!!

sylvinception

Vous êtes complètement partis les enfants là, cet opus est totalement débile, en plus d’avoir été torché n’importe comment.

Sly Honda

Mon enfance a été bercé par la saga Rambo, sans doute le meilleur film que j’ai vu de toute ma vie. Même aujourd’hui les musique de Rambo 2 et 3 me donnent des frissons. Je suis impatient de voir comment mon héros mythique va conclure son épopée !!!

Galt

Dans le domaine du divertissement hollywoodien, ce John Rambo s’avère être une des réalisations les plus violentes du genre, quel choc lors de sa sortie en salles !! Stallone a sacrément bien géré le truc, aussi bien sur l’interprétation de son personnage que sur la réalisation, c’est propre, carré, brutal et ça va droit au but.
J’ai hâte de voir ce que Last Blood aura dans le ventre, encore 2 jours !