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Les 13 meilleurs prequels du cinéma, de Twin Peaks à Furiosa, en passant par Star Wars

Par La rédac
25 juin 2024
MAJ : 20 novembre 2024
Les 13 meilleurs prequels du cinéma

Furiosa, Star Wars, X-Men… Retour sur 13 prequels qui méritent le coup d’oeil.

Le 22 mai 2024 Furiosa : une saga Mad Max faisait vrombir les multiplexes français. Ce 26 juin, ils retrouveront leur calme avec Sans un Bruit : Jour 1. Et ce n’est pas fini : Disney se prépare à récidiver avec une double dose constituée de Wicked et surtout de Mufasa, consacrés aux origines du Magicien d’Oz et du Roi Lion. Hollywood aurait-il retrouvé le goût du prequel, traitement qu’il appliquait à la plupart de ses franchises dans les années 2010 ?

La formule est la suivante : une intrigue qui se passe avant le premier volet de la licence concernée et qui tâche à la fois de développer l’univers et d’expliquer ses prémisses. Et autant le dire tout de suite : les bons exemple ne courent pas les rues. L’équipe d’Ecran Large a tâché d’en sélectionner 10, parfois adorés, souvent polémiques, le tout par ordre chronologique.

Désolé, pas de séries

Twin Peaks : Fire walk with me

  • Sortie : 1992
  • Durée : 1h35
  • Prequel de la série Twin Peaks
La meilleure performance de Sheryl Lee

Pourquoi c’est l’histoire qu’on méritait : En 1990, l’une des plus belles œuvres de David Lynch (co-créée avec Mark Frost) fait l’effet d’une bombe à la télévision : la série policière surréaliste Twin Peaks arrive sur les écrans. Commençant avec la découverte du corps de la jeune et mystérieuse Laura Palmer, la série raconte l’enquête peu conventionnelle menée par l’agent Dale Cooper dans la petite ville de Twin Peaks, peuplée de personnages étranges. Pour emboîter le pas à la diffusion de la courte série, Lynch sort en 1992 un prequel sous forme de long-métrage.

Twin Peaks : Fire Walk with Me relate les derniers jours de Laura Palmer, avant que la pauvre jeune femme ne soit retrouvée emballée dans du plastique au bord de la rivière. Lynch prend-il le risque de trop percer le mystère entourant la figure évanescente et presque mythologique de la jeune morte ? Pas de risque avec le maître du fantastique, qui répond toujours aux questions par de nouvelles questions. La plus belle entreprise du film est sans doute de donner enfin le premier rôle à une Laura vivante, qui, jusque-là, n’était que l’archétype du joli fantôme féminin qui hante les hommes dans la mort, restant objet de fantasme absolu.

Dans Fire Walk With Me, le personnage de Sheryl Lee est une véritable jeune femme, dont on apprend à connaître les envies et les peurs à la première personne, et pour qui on peut enfin espérer une forme de paix dans l’au-delà très particulier de la loge noire. En soignant l’aspect toujours fantasmagorique, angoissant et sale des apparitions du terrible Bob, Lynch représente avec dureté et désespoir l’épisode qui fut si longtemps un mystère : la mort de Laura en elle-même. Mais toujours passionné envers son personnage (comme il le restera 25 ans plus tard dans Twin Peaks : The Return), le réalisateur lui offre aussi, enfin, le point de vue incarné et sensible qu’elle méritait.

Infernal Affairs II

  • Sortie : 2003
  • Durée : 1h59
  • Prequel de Infernal Affairs
Les yeux revolvers

Pourquoi c’est une vraie fausse suite : La saga Infernal Affairs est de celles qui se sont tournées vers le prequel par défaut. Pris de court par le succès de l’excellent premier volet, Andrew Lau et Alan Mak doivent composer avec leur propre fin, plutôt définitive. Ils se rabattent donc sur le passé. Mais pas question de rejouer les mêmes enjeux ou de combler un trou (ce qu’on pourrait en revanche reprocher au troisième). Infernal Affairs II épaissit encore le portrait d’une société hongkongaise à l’aube de la rétrocession.

Plutôt qu’à ses héros, les cinéastes s’intéressent aux deux camps qui s’affrontent… et se croisent, policiers et malfrats. Fort de leur cartons, ils délaissent l’individuel pour se consacrer au collectif, aux mouvements sociaux qui ont amené au point de rupture qu’a constitué les évènements du premier volet. Une approche foncièrement politique du prequel, bien qu’Andrew Law nous ait assuré qu’il ne s’agissait pas d’un objectif précis. Il convient de préciser qu’au moment de le rencontrer, il sortait de la réalisation de Chinese Doctors film de propagande chinois qui met d’autant plus en évidence la liberté de ton dont jouissaient les artistes hongkongais à l’époque…

En effet, ce prequel profite de sa lancée pour mettre les pieds dans le plat. La rétrocession est évoquée frontalement, sans la moindre pincette. La porosité entre le crime et la justice n’a jamais été aussi flagrante et la Péninsule est filmée comme un enchevêtrement de surfaces réfléchissantes, vitrines d’un passage de relai qui menace de définitivement faire basculer ce microcosme dans le chaos. Et en plus, les géniaux Eric Tsang et Anthony Wong sont rejoints par Francis Ng, dans un rôle très flippant.

La prélogie Star Wars

  • Sortie : 1999, 2002, 2005
  • Durée : 2h13, 2h22, 2h20
  • Prequel de la trilogie originale Star Wars
La Revanche des Sith, toujours dans nos cœurs

Pourquoi c’est à réhabiliter : “Chaque génération a sa légende” disait la tagline de la bande-annonce mémorable de La Menace fantôme. Le moins que l’on puisse dire, c’est que George Lucas n’y est pas allé avec le dos de la cuillère, et a fait de la seconde moitié de sa saga un objet jusqu’au-boutiste. Malgré les nombreuses râleries des fans de la trilogie originale, la prélogie Star Wars a trouvé avec le temps son public.

Oui, Jar Jar Binks est insupportable. Oui, les dialogues ne sont pas toujours réussis (la tirade sur le sable, toi même tu sais) et les sous-intrigues politiques sont parfois de gros freins au récit. Mais surtout, la prélogie désarçonne volontairement en s’éloignant de la sobriété mythologique de ses prédécesseurs, prouvant par la même occasion que Lucas s’intéresse moins à la transformation d’Anakin Skywalker en Dark Vador qu’à sa signification plus large.

Le réalisateur a toujours fait de Star Wars un objet politique, dont le mix d’influences pop universalise le parcours commun de civilisations et d’événements historiques. En tant que prequels, les épisodes I, II et III passionnent par leur manière d’observer la chute inévitable d’une démocratie validée par ses dirigeants, entre un Ordre Jedi aveuglé par son hybris et la montée au pouvoir de Palpatine. George Lucas en profite pour raccrocher les wagons, mais aussi pour se lâcher sur le plan de l’imaginaire et des expérimentations techniques. Entre ses VFX révolutionnaires et son emploi nouveau du numérique, la prélogie a été un benchmark, qui a exploité la marque Star Wars et son succès pour défricher de nouveaux territoires de cinéma. Ou comment écrire le futur en racontant le passé.

La Planète des singes – version moderne

  • Sortie : 2011, 2014, 2017 et 2024 (et c’est pas fini)
  • Durée : entre 1h45 et 2h25
  • Prequel de la saga La Planète des singes
La Planète des singes : l'affrontement César
Rendre à César ce qui est à César

Pourquoi c’est une réussite presque entière : Cette trilogie-prequel-reboot a été construite sur beaucoup d’échecs et cadavres. Ceux des suites du film culte de 1968 (notamment La Bataille de la planète des singes, et les deux séries rapidement annulées dans les années 70), des projets avortés dans les années 90 (dont une Planète des singes avec Arnold Schwarzenegger), et enfin du fameux La Planète des singes version Tim Burton.

C’est pour ça qu’en 2011, La Planète des singes : Les origines a eu l’effet d’une véritable renaissance en bonne et due forme. En exploitant l’une des idées majeures de la saga originale (tout a commencé avec un singe pas comme les autres, qui a mené une révolution contre les humains), et en utilisant de nouveaux outils technologiques (la performance capture, merci Peter Jackson avec Le Seigneur des anneaux et King Kong), le film se plaçait adroitement entre recyclage et modernisation.

Et surtout, la saga a pu faire ce qui avait été quasi impossible jusque là : mettre les singes au premier plan et leur donner une myriade d’émotions, limitées auparavant par les maquillages. La Planète des singes : L’affrontement et Suprématie ont tiré le meilleur de cette technologie pour faire de César un grand personnage tragique, et certainement l’un des plus intéressants de toute la franchise.

Quand le studio Disney a racheté la Fox en 2019, La Planète des singes était évidemment parmi leurs priorités. En 2024, il y a donc eu La Planète des singes : Le Nouveau Royaume, qui se déroule 300 ans après Suprématie, et fait toujours figure de prequel par rapport au film de 1968 (auquel il rend plusieurs hommages peu subtils). L’effet de surprise est passé, et le film fait pâle figure comparé à ceux de Matt Reeves, mais la mission est accomplie. La saga est toujours là, et consolide sa place parmi les prequels.

X-Men : Le Commencement

  • Sortie : 2011
  • Durée : 2h11
  • Prequel de la trilogie X-Men
X-Men : Le Commencement
L’histoire qui devait être racontée

Pourquoi c’est le prequel dont la saga avait besoin : Après avoir traité le clivage entre les mutants et les humains dans la trilogie X-Men, il était temps de s’intéresser aux deux clés de voûte de cet univers : Charles Xavier et Erik Lensherr alias Magneto, pour l’occasion recastés sous les traits de James McAvoy et Michael Fassbender. Mais pour remettre ces deux personnages et leaders au centre du récit, il fallait les débarrasser de l’omniprésence de Wolverine et Jean Gray, et surtout creuser l’angle mort des précédents films, c’est-à-dire leur amitié passée, leur dissension et les raisons qui ont rendu toute réconciliation impossible (du moins sur le long terme).

X-Men : Le Commencement a ainsi la lourde tâche d’expliquer comment un survivant de la Shoah a pu devenir un suprémaciste, et comment un riche étudiant fêtard est devenu le sage et solennel Professeur X. Pour ça, la scène d’introduction, qui reprend en partie celle du premier X-Men, met en parallèle l’enfance martyre d’Erik et l’enfance dorée de Charles, tout en confrontant progressivement l’utopisme de Xavier à l’expédition punitive d’Erik (qui s’appuie sur les chasses aux nazis des années 60).

Mystique dans X-Men : le Commencement
Quand tu gagnes en caractérisation ce que tu perds en maquillage

Le film réalisé par Matthew Vaughn s’amuse ainsi à mêler cette origin story à l’Histoire, ce qui lui donne une patine assez unique dans la saga, flirtant par moments avec le rétrofuturisme (la salle du Cerebro, typiquement).

Dans cette opposition quasi fraternelle, la seule réelle gagnante est Raven alias Mystique, qui n’est plus le simple gadget fétichisé de Magneto. La mystérieuse mutante gagne une nouvelle interprète (Jennifer Lawrence), une histoire, une sensibilité et des motivations plus personnelles, rendant son triste sort dans X-Men 3 bien plus impactant. À tous les niveaux ou presque, X-Men : Le Commencement comble donc les lacunes de la trilogie (comme la scène post-générique de L’Affrontament final), tout en donnant une autre ampleur aux événements précédents.

Prometheus

  • Sortie : 2012
  • Durée : 2h04
  • Prequel de Alien, le huitième passager
C’est de la boule

Pourquoi c’est un cas très particulier : Sortez les torches, les fourches, les commentaires assassins… On assume. Comme à peu près partout sur internet, le cas d’école Prometheus divise très largement au sein de la rédaction d’Ecran Large, d’ailleurs fréquemment mentionné quant il s’agit de se moquer de tel ou tel membre. Certes, certains le haïssent de toute leur âme. Mais d’autres, comme l’auteur de ces lignes, tenaient à l’inclure dans ce dossier. Après trois semaines de grève intensives, ils ont fini par faire valoir leur droit.

Oui, plus encore que d’autres prequels hollywoodiens douteux, le film de Ridley Scott est un sacrilège. L’horreur ultime que représente le xénomorphe, son statut « d’organisme parfait » et ses origines aussi floues que lointaines sont remises en question par ce qui devait être le début d’une grande saga. La terreur purement extraterrestre est finalement liée à l’humain et à ses velléités scientifiques, à des années-lumière de la crasse d’un prolétariat parti crever à l’autre bout de l’univers pour tenter de gagner sa croûte.

Mont Rush-mort

Pour ses défenseurs, cette déception, c’est justement le sujet du long-métrage. Vendu comme une épopée cosmogonique, Prometheus va plutôt annihiler la portée mystique de la franchise pour la ramener au plus petit dénominateur commun : la chair, la matière organique, l’ADN. Contrairement à ce que pense son héroïne bien naïve, il n’existe ni Dieu ni monstre, seulement un tas de molécules génétiques mélangées jusqu’à obtenir les deux plus gros prédateurs de la galaxie : le cupide être humain et l’indestructible xénomorphe. Quant aux fameux ingénieurs, potentiels démiurges tous puissants, ils sont en réalité des créatures presque plus pathétiques encore que nous, qui envisageaient la biologie comme armes.

Avec l’aide de Jon Spaihts, mais surtout de Damon Lindelof (coutumier des scénarios polémiques), Scott poursuit dans la veine nihiliste qui le caractérise depuis la mort de son frère, quitte à se mettre à dos la Terre entière. Beaucoup moins flippant qu’annoncé, le film n’est pas parfait, et sa suite encore moins. Toutefois, qu’on l’adore ou qu’on l’abhorre, force est de constater qu’il pousse le concept de prequel dans des retranchements narratifs tels qu’il reste unique en son genre. Et ce n’est pas le prochain volet de la saga, qui s’annonce être un hommage superbe, mais très classique, qui va démontrer le contraire.

Détective Dee 2 : La Légende du dragon des mers

  • Sortie : 2013
  • Durée : 2h14
  • Prequel de Détective Dee
Initial Dee

Pourquoi c’est un bel Hark narratif : Le grand Tsui Hark s’était déjà occupé d’un remake en 1989. Toutefois, Le Syndicat du Crime 3 est loin d’être son meilleur film, et très loin de rendre honneur au classique de John Woo. Young Detective Dee (simplement titré Détective Dee 2 en France), en revanche, est un spectacle de haute volée, qui s’appuie sur le premier volet pour développer la dimension mythologique de son univers. Le célèbre détective n’a pas gagné les faveurs de la cour dans un paquet de nouilles instantanées. Et ce nouvel opus va nous le prouver.

Ne partant pas des mêmes prémisses, le cinéaste met un peu moins les intrigues de cour en avant pour plonger de plus en plus profond dans la fantasy, jusqu’à un final épique dont lui seul à le secret. Il s’empare franchement de l’imagerie numérique (et de la 3D, qu’on pourrait qualifier… d’explosive) pour faire basculer son petit monde de faux-semblants et de complots, explosant les frontières du surnaturel avec encore plus de fougue.

Pour le reste, c’est du niveau du reste de la trilogie : intrigue qui part dans tous les sens, acrobaties incroyables, hommages pop au wu xia pian, humour léger… et mise en scène virevoltante bien sûr. Qu’importe si Andy lau, le premier Dee, ne soit pas de la partie, remplacé par Mark Chao : l’aventure à l’époque surpassait en générosité le tout venant du cinéma hollywoodien et compterait toujours parmi les superproductions chinoises les plus divertissantes des années 2010 si le troisième n’était pas venu le surpasser.

La trilogie Le Hobbit

  • Sortie : 2012 à 2014
  • Durée : de 2h49 à 2h24 (version cinéma)
  • Prequel du Seigneur des Anneaux
Direction la section commentaires

Pourquoi c’est épique : Autre choix polémique, mais pas moins réjouissant : Le Hobbit de Peter Jackson. Bien entendu, il s’agit officiellement d’une adaptation du roman Bilbon le Hobbit. Mais le diptyque devenu trilogie fait évidemment office de prequel au Seigneur des Anneaux, aussi bien pour les studios que pour le grand public, qui n’a pas manqué de jouer au jeu des 700 erreurs. Preuve en est de cette avalanche de renvois, références, voire d’implémentations pures et simples d’éléments de la première trilogie (Legolas, c’est toi qu’on regarde).

De toute évidence, cette nouvelle saga ne tient pas autant du miracle. Le Seigneur des Anneaux reste une anomalie absolue, quasiment un film indépendant réalisé avec des moyens hollywoodiens, à des milliers de kilomètres de Los Angeles. Si le réalisateur ré-emmène tout le monde en Nouvelle-Zélande, il est loin d’être dans la même position et à la tête d’une même machine. Le Hobbit est un pur blockbuster de studios, avec ce que ça implique de problèmes et d’approximations.

Dans la section commentaire

Débarqué sur le projet après un désistement, forcé d’improviser des pans entiers et de décider dos au mur d’un film supplémentaire en pleine production, Jackson en profite néanmoins pour laisser s’exprimer ses délirantes ambitions visuelles. Hommages rythmés à Disney, cascades numériques surréalistes, bastons monumentales, charges explosives et débordements horrifiques… Il s’y donne à cœur joie, versant d’abord dans le conte chaleureux pour ensuite nous embarquer dans une montagne russe de fantasy où tout est possible… et tout va arriver.

Le Hobbit comporte quelques unes des scènes les plus ahurissantes de sa carrière. N’importe laquelle avec l’incroyable Smaug, pour commencer. Et puis il y a la version longue de La Bataille des Cinq Armées, orgie guerrière interminable faisant s’écraser au beau milieu d’une poursuite effrénée sur la glace deux monstres sadomasochistes. Peut-être un peu trop intense, trop généreux en décapitations sauvages, pour New line, la MGM ou la MPAA, qui ne s’attendaient pas à voir le cinéaste se saisir du prétexte tolkienien pour revenir à la folie furieuse de Braindead. Nous, ça nous va.

Rogue One : A Star Wars Story

  • Sortie : 2016
  • Durée : 2h14
  • Prequel de Star Wars : Episode IV : Un nouvel espoir
La vraie Suicide Squad

Pourquoi c’est le meilleur Star Wars de l’ère Disney : On ne pourra pas dire que les Star Wars Stories de Disney aient fait long feu, alors que ces spin-offs devaient s’intercaler entre chaque nouveau film de la saga Skywalker. Pourtant, l’échec de Solo tend à éclipser le petit miracle de Rogue One, qui avait tout pour se casser les dents. En investissant une simple phrase du prologue d’Un nouvel espoir, autour du sacrifice de rebelles qui ont réussi à récupérer les plans de l’Etoile noire, difficile de penser qu’il y avait une histoire à dérouler au-delà du shot de fan-service.

Cependant, Gareth Edwards (visiblement aidé dans cette production compliquée par Tony Gilroy) a réussi son coup. Malgré une introduction un poil laborieuse, le réalisateur invente vraiment autour de ce petit interstice, entre sa troupe de misfits attachante (mention spéciale à Donnie Yen) et ses environnements (Scarif). Plutôt que de forcer la connexion avec le film matriciel de 1977, Edwards traduit le but de son long-métrage par la mise en scène. Au sein de la légende Star Wars, Jyn Erso et Cassian Andor sont de minuscules grains de sable dans la machine, emportés dans une histoire bien plus grande qu’eux.

Comme dans son Godzilla, le cinéaste exprime ce point de vue par des contrastes d’échelle réguliers, qui donnent lieu à certaines des images les plus frappantes de gigantisme de la saga (le tir de l’Etoile noire sur Jedha, la poursuite avec le TB-TT sur la plage…). En tant que one-shot, c’est très efficace. Et en tant que prequel, on jubile autant que Gareth Edwards à voir Dark Vador allumer son sabre-laser dans un couloir obscur, avant d’y massacrer des rebelles.

PEARL

  • Sortie : 2023 (mais pas au cinéma)
  • Durée : 1h43
  • Prequel de X (oui c’est le titre)
Mia Goth pearl
Poudre de pearlimpinpin

Pourquoi c’est un prequel pas comme les autres : En voilà un prequel qui n’avait aucune raison d’exister. A l’origine, il y a X, hommage au cinéma d’horreur des années 70 (au hasard, Massacre à la tronçonneuse) où l’équipe d’un film porno est sauvagement attaquée par les propriétaires d’une petite maison isolée et louée pour l’occasion. Mia Goth y incarne deux rôles : la jeune Maxine, et la vieille Pearl.

Avant même le début du tournage de X, Ti West (réalisateur, scénariste, producteur, et co-monteur) a commencé à écrire un prequel centré sur Pearl, en profitant de la quarantaine imposée en Nouvelle-Zélande par la pandémie, et de ses nombreuses discussions avec Mia Goth pour construire le personnage – elle est d’ailleurs officiellement co-scénariste du prequel.

Est alors venue une folle idée : tourner Pearl directement après X. Le studio A24 a dit oui, et le film a été tourné en secret (avec une partie de l’équipe d’Avatar 2, alors en pause).

x mia goth
Un X marque l’emplacement

Mais au-delà de ces croustillants coulisses, Pearl est un excellent prequel parce que c’est d’abord un excellent film. En transformant le simple slasher en portrait d’une pure folie, Ti West donne une toute nouvelle dimension à son univers. C’est d’autant plus intéressant qu’il place son personnage au centre d’un monde chaotique, entre la fin de la Seconde Guerre mondiale, l’horreur de la grippe espagnole, et la naissance du cinéma porno clandestin. Cette fois, l’horreur penche plus vers Carrie que Massacre à la tronçonneuse, avec le démon du puritanisme qui fait pâle figure face au monstre Pearl.

Le résultat est absolument réjouissant, exaltant et grotesque. C’est en grande partie grâce à l’extraordinaire Mia Goth, qui se jette à corps perdu dans ce rôle délirant pour en épouser tous les excès. Et au-delà des grandes scènes comme l’épouvantail ou l’audition sur scène, l’inoubliable (et interminable) plan final résume à lui seul le talent indécent de l’actrice.

Hunger Games : La Ballade du serpent et de l’oiseau chanteur

  • Sortie : 2023
  • Durée : 2h37
  • Prequel de la quadrilogie Hunger Games
Aucun budget coiffure

Pourquoi c’est presque aussi bien que le premier film : La saga Hunger Games est sans doute l’une de celles qui se maintient le mieux sur la durée, tant en termes de qualité que de ligne directrice. Le prequel Hunger Games : La Ballade du serpent et de l’oiseau chanteur, toujours adapté de l’œuvre de l’écrivaine Suzanne Collins, raconte la jeunesse du terrible Coriolanus Snow à l’époque où il était un jeune homme plein d’idéaux, bien loin du vieux dictateur glacial interprété par le regretté Donald Sutherland.

Interprété ici par Tom Blyth, le jeune héritier d’une dynastie en perdition se sent plus proche des laissés pour compte de Panem que de ses camarades bourgeois du Capitole. C’est pourquoi il n’a aucun amour pour les hunger games, et décide d’aider l’envoûtante Lucy Gray Bird (Rachel Zegler) à s’en sortir. Mais les belles intentions et l’altruisme sont fragiles dès lors que l’on goûte à une certaine forme de pouvoir, et la jeunesse innocente de Coriolanus devient petit à petit le récit intelligent et précis d’une montée du fascisme.

« Ni de gauche, ni de droite »

Avec toujours autant d’idées de mise en scène (Francis Lawrence est de nouveau aux commandes, comme c’est le cas depuis le deuxième volet de la saga), ce volet ne démérite absolument pas vis-à-vis de la saga originale. En inventant une vision de ce qu’auraient pu être les années 70 de Panem, ainsi qu’un prototype de hunger games plus proche d’un affrontement de gladiateurs que d’une chasse à l’homme, la direction artistique tient sacrément la route, à la fois cohérente avec l’univers connu mais en le conjuguant au passé.

La recherche visuelle, (presque) jamais mise à mal par des effets spéciaux (presque) toujours solides, n’éclipse pourtant jamais le propos résolument politique du film. Son argumentaire est si habilement construit et son action est si bien rythmée que le film n’ennuie jamais par sa très longue durée. Un défaut, toutefois : le personnage de Rachel Zegler, hésitant entre pâle copie et contrepied de Katniss Everdeen, écrit à la légère comme un prétexte à clins d’œil et niaiseries en rafale, et interprété sans charisme. Heureusement que les excellents personnages secondaires et leurs acteurs non moins excellents, comme Viola Davis et Peter Dinklage donnent du galon au casting.

La Malédiction : les origines

  • Sortie : 2024
  • Durée : 1h59
  • Prequel de La Malédiction
Des plans esthétisants bienvenus

Pourquoi c’est enfin un bon prequel de film d’horreur : A l’époque où les sagas horrifiques sont pressées comme des citrons pour en extraire le moindre dollar au travers de suites, reboots et autres remakes insipides, l’annonce d’un prequel de La Malédiction sonnait comme une catastrophe annoncée. En 1976, le film d’horreur réalisé par non moins que Richard Donner, avec non moins que Gregory Peck dans le rôle principal, voyait naître la figure de Damien, l’enfant diabolique qui serait le protagoniste de plusieurs suites et d’un remake.

La Malédiction avait mis la barre haute, grâce à la mise en scène experte de Donner, l’utilisation très marquante du son et le choc de ses scènes horrifiques. Souvent imité par ses suites mais jamais égalé, le film original se portait très bien sans prequel.

Félicitation : c’est un démon !

Pourtant, le miracle s’est produit avec La Malédiction : L’Origine. Si les prémisses casse-gueule d’une jeune nonne qui arrive dans un nouveau couvent sans soupçonner les horreurs qui s’y jouent avaient de quoi faire peur (surtout après avoir déjà été le postulat d’Immaculée, dont certaines scènes sont parfaitement identiques dans ce qu’elles racontent), force est de constater que le film de la jeune Arkasha Stevenson s’en sort diablement bien. Avec une mise en scène très posée et stylisée, qui fait passer la forme au premier plan, la réalisatrice parvient à susciter la peur en réutilisant des clichés avec intelligence.

Du long pano qui balaye une pièce en ménageant une apparition à la scène de possession hystérique, tout est là, mais tout est filmé avec une simplicité et surtout un montage très économe, ce qui permet à chaque effet de durer et de réussir son coup. Mention spéciale à la séquence d’introduction, clin d’œil obligé mais très habile au premier film, qui donne le ton dès l’ouverture. Le principal regret restera la fin du film, qui tente à la fois de tisser des liens maladroits avec l’original, mais aussi d’ouvrir la possibilité à une suite. Un défaut qui ne saurait entacher la belle réussite d’un film qui ose faire de l’horreur épaisse et gore, mais sans oublier l’intelligence de la mise en scène et la justesse des références.

Furiosa : une saga Mad Max

  • Sortie : 2024
  • Durée : 2h28
  • Prequel de Mad Max : Fury Road

Pourquoi c’est le grand mythe qu’on méritait : Assez logiquement vu son titre, la saga Mad Max s’est toujours concentrée sur les pérégrinations du personnage de Max (Mel Gibson) dans le monde post-apo créé par George Miller. Du moins, c’était le cas dans les trois premiers opus sortis entre 1979 et 1986. Lors de son grand retour en 2015 avec Mad Max : Fury Road, adoubé par la critique et de nombreux fans, la franchise a justement bousculé ses habitudes.

Délaissant Max (incarné par Tom Hardy) pour le placer un peu plus en retrait et en personnage passif, le film suivait avant tout le parcours du personnage de Furiosa, une générale du seigneur de guerre Immortan Joe se rebellant contre l’ordre patriarcal (et misogyne). Mais qui était-elle ? D’où venait cette figure féministe inattendue dans l’univers ? Malgré quelques indications, le mystère restait presque entier et c’est donc ce à quoi Furiosa a décidé de répondre.

Une héroïne pas comme les autres

Loin de refaire un pur film d’action à la Fury Road, George Miller embrasse ainsi pleinement la fonction première de ce prequel : raconter les origines de son héroïne. De son enlèvement (durant son enfance) du bout de paradis qu’elle tentait désespérément de regagner dans Fury Road à sa lutte contre le tortionnaire Dementus en passant par son arrivée dans les rangs d’Immortan Joe, Furiosa fonde le mythe de son héroïne éponyme.

C’est là que Furiosa se révèle le plus fascinant. S’il contient un spectacle grandiose durant certaines séquences d’action, ce prequel repose avant tout sur la puissance de son aventure, le souffle de son conte et l’ampleur de sa mythologie. George Miller a toujours été un grand narrateur et Furiosa en est peut-être l’aboutissement le plus total, parvenant à allier la furie de ses films épiques à la beauté romanesque de ses éminents récits. Le prequel de Fury Road qu’on méritait et le cinéma dont on rêve chaque jour.

Tout savoir sur Furiosa : Une saga Mad Max
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crabette

Ah ! Faites attention !
il y a Prometheus qui s’est glissé dans votre classement, sûrement un bug du nouveau site.

Marc en RAGE

FURIOSA 🔥 🔥 🔥 sans Hésiter.

Snow

« La saga Hunger Games est sans doute l’une de celles qui se maintient le mieux sur la durée, tant en termes de qualité que de ligne directrice. »

Et dire qu’il y a 10 ans cette saga était méprisée par beaucoup de monde, notamment Ecran Large. Ça fait plaisir de la voir enfin réhabilitée à sa juste valeur. Et effectivement son prequel est une réussite absolue, tant sur le fond que sur la forme. Tout est dit dans cet article.