C’est le moment de se pencher sur le film controversé de Kurt Wimmer avec Christian Bale qui tire la tronche.
Contrefaçon honteuse de Matrix pour certains ou pépite sous-estimée pour d’autres, Equilibrium ne met personne d’accord. Passé inaperçu en salles, le film de Kurt Wimmer a ensuite été réhabilité quand il est sorti en DVD et s’est depuis bâti une petite réputation auprès des cinéphiles. Revenons donc sur ce film dans lequel un Christian Bale fraichement sorti du Règne du feu, flingue 118 personnes, mais avec style.
DYSTOPIA
Au début des années 2000, après avoir signé les scénarios de plusieurs longs-métrages comme À chacun sa loi, Le Petit ange ou Sphère et une première expérience derrière la caméra avec le téléfilm Guerrier d’élite, sorti en 1996, Kurt Wimmer commence à écrire l’ébauche d’un nouveau script. D’après lui, l’inspiration serait venue de sa propre redécouverte des émotions : dégoûté par la prétention de ses camarades et du milieu artistique, le cinéaste ne s’était pas seulement coupé de son amour pour la peinture après avoir décroché son diplôme en histoire de l’art, mais de toute réaction émotionnelle et ce n’est que lorsqu’il s’est marié et qu’il est devenu père qu’il aurait pris conscience de la valeur des sentiments. Sortez les violons.
En reprenant des éléments de plusieurs classiques de la science-fiction, du nazisme ou de la culture japonaise, il crée alors un monde dystopique où les gens prennent une drogue pour ne plus rien ressentir et le nomme Libria. Une réalité alternative dépourvue de couleurs et dirigée par un dictateur appelé le Père et un parti clérical composé de moines guerriers. Dans le même temps, au fond de son jardin, en prenant garde que personne ne l’observe, il met au point un nouveau style de combat baptisé Gun-Kata qui sera utilisé par ces combattants ecclésiastiques en combinant les armes à feu et les arts martiaux.
Et on met des katanas parce que les katanas c’est cool
Kurt Wimmer présente ensuite son scénario au producteur Lucas Foster, qui l’adore et lui propose de réaliser le film, estimant qu’il pourrait être le seul capable d’exploiter la richesse de ce qu’il avait écrit. Un budget d’environ 20 millions de dollars est débloqué (hors inflation et frais marketing) et le casting commence à se former, avec le jeune Taye Diggs, Sean Pertwee, Angus Macfadyen, mais aussi William Fichtner ou Emily Watson, déjà nommée à deux reprises aux Oscars pour Breaking the Waves et Hilary et Jackie.
Même s’il passe plusieurs mois à chercher celui qui sera John Preston, son personnage principal, Kurt Wimmer ne pense qu’à Christian Bale, qui l’avait ébloui avec son rôle de Patrick Bateman dans American Psycho. Indisponible à ce moment, l’acteur refuse et Kurt Wimmer se tourne alors vers Dominic Purcell, sauf qu’à la dernière minute, Christian Bale parvient à se libérer. Séduit par le parcours émotionnel du protagoniste qu’on lui propose et par l’idée de retrouver Emily Watson, avec qui il avait joué dans Metroland quelques années plus tôt, l’acteur accepte et se lance aussitôt dans un entraînement physique intense, tandis que Dominic Purcell incarnera finalement un des types que Preston dégomme dans le noir total au début du film.
Un homme séduit par le parcours émotionnel de son personnage
Kurt Wimmer et Lucas Foster passent en revue plusieurs lieux de tournages, Brasilia, Londres, Rome, Paris, mais leur choix s’arrête finalement sur Berlin. Avec ses édifices qui ont traversé les âges et les régimes politiques en passant du béton armé au verre, la capitale allemande possède une richesse architecturale quasiment unique et le réalisateur espère bien tirer profit des bâtiments construits sous le Troisième Reich, comme le Stade olympique de Berlin ou la Deutschlandhalle, mais aussi d’anciennes usines désaffectées de l’ancienne Allemagne de l’Est.
Les effets spéciaux sont confiés à Uli Nefzer et pour les décors, le réalisateur décide de faire appel à Wolf Kroeger, mais aussi à Tim McGovern, récompensé en 1991 d’un Oscar pour son travail sur Total Recall. En s’inspirant des dessins de Hugh Ferriss, ils imaginent des structures gigantesques et imposantes qui écrasent les individus et conçoivent Libria comme une immense métropole entourée d’un mur d’une vingtaine de mètres, avec des lignes qui se chevauchent et s’entremêlent, dans le style de Piet Mondrian. Le 19 octobre 2000, le tournage démarre et comme souvent, c’est là que les choses vont se gâter.
Christian Bale, bientôt au musée Grévin
La production coûte plus cher que prévu et faute de temps, la majorité des scènes sont tournées à la va-vite, parfois en une seule prise. D’autant que Kurt Wimmer et Jim Vickers n’arrivent pas à se mettre d’accord sur les scènes de combat : alors que le réalisateur a conçu le Gun-Kata comme quelque chose de plus fluide, le coordinateur des cascades met au point des chorégraphies avec des mouvements rapides et des poses rigides, comme un art martial traditionnel. Ce qui a fini par apparaître dans le film en raison de restrictions budgétaires, sauf dans les premières secondes, où Kurt Wimmer réalise lui-même une démonstration de Gun-Kata.
Le budget continue de dégringoler, les incidents techniques s’enchaînent, plusieurs séquences ne peuvent pas être tournées et le réalisateur tente de faire preuve d’ingéniosité pour pallier le manque de moyens. La fameuse scène d’introduction où Christian Bale descend tout un tas de types dans le noir complet n’est pas un choix artistique. Le réalisateur n’avait juste ni le temps ni l’argent pour filmer ce qui avait été chorégraphié. Le reste du budget est épuisé pendant la post-production et certains effets visuels ne peuvent pas être ajoutés, comme le sang à la place des nuages de fumée quand les personnages se font tirer dessus.
En décembre 2002, le film sort aux États-Unis et fait un flop, avec un peu plus d’un million de dollars de recettes. La faute à une maigre distribution de la part de Miramax, qui avait déjà réalisé des bénéfices grâce aux ventes à l’étranger, mais aussi à un slogan promotionnel que personne n’a oublié et pardonné : « Forget the Matrix ».
COCKTAIL
Autant le dire tout de suite, Equilibrium ne brille pas pour son originalité et c’est d’ailleurs souvent ce qu’on lui reproche. Kurt Wimmer n’a jamais nié avoir puisé son inspiration dans d’autres œuvres dystopiques, mais les ressemblances thématiques ou esthétiques avec une grande partie d’entre elles sont flagrantes. Pêle-mêle, le scénario est à un mélange indigeste entre certains romans cultes d’anticipation tels que 1984, Fahrenheit 451 ou Le Meilleur des mondes ainsi que de longs-métrages du même genre comme Judge Dredd, Soleil vert ou Bienvenue à Gattaca, mais aussi et surtout celui qu’il promet de faire oublier : Matrix.
Les costumes des ecclésiastiques et les scènes d’action sont calqués sur le film des Wachowski, le personnage principal et les agents à casque de moto sont clairement tirés de THX 1138, les bâtiments et l’architecture de Libria évoquent le monde de Blade Runner et certains visuels sont même une copie conforme de la pub d’Apple réalisée par Ridley Scott, inspirée justement par… 1984 de George Orwell.
Même si la photographie terne et grisâtre de Dion Beebe confère une ambiance austère à l’ensemble, le film reste une mosaïque de plusieurs morceaux qui nous propose quelque chose déjà fait, lu ou vu ailleurs. En résumé, l’histoire se déroule dans un futur plus ou moins proche, après une Troisième Guerre mondiale qui a ravagé le monde. Les survivants fondent l’ordre des Tetra-Grammaton, qui estime que les émotions étaient responsables des malheurs de l’être humain et décide que tout le monde doit s’injecter du Prozium pour ne plus rien ressentir. Une drogue qui devait s’appeler le Librium à l’origine, mais étant donné qu’un véritable médicament possédait déjà ce nom, Kurt Wimmer a opté pour une contraction de Prozac et Valium. Au milieu de ce monde, John Preston, un Ecclésiaste Grammaton, est chargé de traquer tout ce qui pourrait déclencher des émotions, mais aussi ceux qui ne respectent pas la loi.
L’intrigue reprend ensuite un schéma classique et prévisible : le héros est un agent de cette société totalitaire, Sean Bean meurt, le héros arrête de suivre les règles, puis il découvre ce qu’on lui cachait et décide finalement de renverser le système qu’il défendait. Simple et efficace, mais pas vraiment novateur. Encore moins quand la plupart des idées ont déjà été exploitées dans d’autres œuvres, mais avec plus de réussite et de caractère.
OK, donc je meurs au bout de dix minutes, très bien
Le Gun Kata s’appuie sans doute sur des données statistiques et permet probablement « d’augmenter la puissance de feu de 120 % » comme le vante le vice-consul Dupont lors de sa présentation, mais le concept ne tient tout simplement pas debout. D’autant que la mise en scène ou le montage ne rendent pas service à cet art martial plus comique qu’impressionnant. Certaines séquences pourraient être percutantes, mais étant donné que l’action est illisible, la plupart d’entre elles ne peuvent pas être appréciées à leur juste valeur.
Comme son réalisateur, Christian Bale tente de faire au mieux avec ce qu’il a. S’il est crédible dans les séquences où il reste impassible en butant tout ce qui l’entoure, l’acteur n’est pas particulièrement marquant ou poignant le reste du temps, tandis que les autres acteurs et actrices sont à l’image du scénario, en pilotage automatique, quand ils ne tombent pas dans le surjeu et semblent oublier qu’ils ne doivent pas dévoiler la moindre émotion. Seule Emily Watson tente de se démarquer dans le rôle de Mary O’Brian, mais l’actrice ne peut pas non plus faire de miracle avec un personnage aussi fade, qui ne sert que d’élément déclencheur pour John Preston.
Même la table ressent plus de choses que les personnages
Equilibrium est un film à propos d’un homme qui ressent des émotions pour la première fois, sauf que le film ne prend jamais le temps de vraiment se poser avec ce personnage qui découvre ce qu’est l’amour, la colère, la peur, la tristesse ou la culpabilité. Le scénario de Kurt Wimmer manque de créativité, mais sa réalisation également. En dehors de quelques plans, la mise en scène n’est pas particulièrement exaltante et ne parvient pas à capter l’émotion sur laquelle certaines scènes reposent entièrement, comme le moment où son John Preston s’émerveille devant un lever de soleil ou lorsqu’il tombe en larmes en écoutant le premier mouvement de la 9e de Beethoven. En revoyant cette séquence, Kurt Wimmer reconnaît lui-même ses limites en tant que réalisateur dans les commentaires du DVD :
« J’ai toujours pensé, et je continue à le penser, que j’aie échoué dans une large mesure dans cette scène, qu’elle n’ait pas la puissance ou la résonance qu’elle pourrait ou devrait avoir. Il est évident que j’ai beaucoup regardé cette scène. Et il y a d’autres scènes du film qui me donnent le sentiment qu’elles auraient pu être mieux faites, mais toutes ces scènes, je sais que je les aurais tournées différemment, si je pouvais revenir en arrière. C’est la seule scène où je ne sais pas comment j’aurais pu la rendre meilleure. Je sais juste que cela aurait pu être mieux. Je pense juste que j’ai en quelque sorte atteint les limites de mes capacités de cinéaste dans cette scène en particulier. »
Mais t’avais dit qu’on ferait des knackis
Ni pour ni contre (bien au contraire)
Il n’empêche que, malgré tous ses défauts, Equilibrium ne peut pas être qualifié de mauvais film. Kurt Wimmer emprunte à tout un tas d’œuvres, mais parvient quand même à composer un monde intrigant avec cette immense forteresse dans laquelle des individus sont tous habillés de la même façon et s’apparentent à des robots dénoués de la moindre émotion.
La direction artistique de Wolf Kroeger lorgne clairement du côté de plusieurs films futuristes, mais ses décors sont soignés, avec une atmosphère sobre et froide pour Libria, qui rend compte de l’oppression exercée sur la population, et une zone libre en ruines, dans laquelle se trouvent les derniers vestiges de l’humanité. Le scénario aurait clairement mérité d’être étoffé, mais présente une intrigue familière et efficace, avec des fusillades et des explosions, sans pour autant délaisser le message qu’il cherche à délivrer, aussi simple soit-il.
Je ne suis pas venu ici pour souffrir, OK ?
Kurt Wimmer s’est souvent défendu des accusations de plagiat en déclarant que son film traite principalement des émotions et il a raison. Son long-métrage essaie de montrer que les sentiments, mais aussi l’histoire et la culture servent à éveiller les consciences et qu’ils peuvent être utilisés comme des outils pour lutter contre le totalitarisme et le pouvoir constituant, dans l’espoir de laisser un monde viable et prospère. Avec au passage une critique à peine dissimulée contre la religion, la censure ou les dérives sécuritaires au détriment de la liberté individuelle.
Un propos noble et pertinent, dilué dans un déluge de cascades et de coups de feu, mais sans aucune maîtrise. Le film aurait pu avoir le charme d’une série B comme Demolition Man, mais se prend malheureusement trop au sérieux pour être apprécié de cette façon.
Même si la réalisation et le montage ne leur font pas honneur et qu’elles donnent plus envie de revoir Matrix qu’autre chose, les scènes de Gun-Kata participent à la singularité du film et sont quand même assez jouissives. Sans doute parce qu’elles ont été tournées sans câble et qu’en raison de son maigre budget, Kurt Wimmer a préféré miser sur la précision et la violence des coups portés dans une ambiance nerveuse et viscérale plutôt que d’insérer des ralentis et des effets numériques à tout bout de champ.
Les chorégraphies sont travaillées et auraient pu être incroyables si le réalisateur avait su comment les capturer, à l’instar du moment où Preston descend des agents avec leurs casques de moto pour protéger des rebelles ou ce combat final entre Preston et DuPont où chacun évite les coups de l’autre. L’occasion pour Christian Bale de montrer ses prouesses physiques, ce qui l’a sans doute aidé pour décrocher le rôle de Batman quelques années plus tard.
Faute de budget, de créativité, de temps, d’investissement et de tout un tas d’autres facteurs, Equilibrium est un film moyen, pas vraiment bon, mais pas complètement mauvais non plus. Un long-métrage suffisamment efficace pour délivrer la dose d’action promise avec un scénario crédible, qu’on a l’impression de déjà connaître, mais qui laisse finalement aussi neutre qu’après une injection de Prozium.
Matrix et equilibrium non rien à voir et ce sont tous les deux des perles au même niveau pour moi il sont géniale et jusqu’à preuve du contraire inégalé dans le cinéma… j’aimerais plus de films comme ça mais je rêve un peu trop je crois
Pas très fort en science fiction pour faire une telle comparaison, ce film est un hommage au livre farhrenheit 451 dans une distopy inspiré des nazi et des combat du type de manga… il n’y a acun lien avec la matrice a par les habit du protagosniste et meme la sont pas en latex degeulasse . La matrice elle cest un film qui melange la culture cyberpunk nerd et la théorie de la simulation
Eh bien ravi de vous dire qu à la base je m ennuie dans ce genre de truc mi baston mi visionnaire. Eh non equilibrium est excellent !!!! On s en fiche des origines ou des valeurs de ce film, il est simplement.. Réussi, haletant, dur et prenant. C est vraiment meilleur que d autres sous produits.
Déjà le
2 eme voler de Matrix est une escroquerie sans non … Avec une fin « à suivre » en pleine action comme une vulgaire série … quant à la suite une allerqorie bidon sur une nouvelle sion et un Jésus moderne et une fin gnan gnan au possible …. Equilibrium est bien plus construit et surtout recèle plus d’humanité que Matrix dont seul le premier volet est bon
Dans la matrice, les machine utilisent les humais afin de leur ponctionner leur energie, tel une pile electrique.
Alors déjà non, le katana n’est pas une arme de leurs style de combat. Voir commentaire sous la première image.
Ensuite les dialogue sont plus travaillé, plus poétique, on sous entends ce qui fait l’homme l’homme.
Dans matrix c’est différent, dans le premier et deuxième c’est le thème du réel et de son interprétation qui est aborder, puis dans le dernier… Bah je dirais la religion ? Moi quand je vois un gourou morpheus fait son prechi precha je suis désolé c’est nul par contre la scène avec le maire qui parle de symbiose et qui fur mm pas 30 sec est beaucoup mieux
Alors comparé dzs films sans qu’ils parlent du même thèmes, pas les même durée est un peu comment dire…. Inadéquate
On a tous 40 ans minimum ici tout vos commentaires me rappel tellement de bon souvenir, 98-2000 les années des films asiatique y a pas photo. Après pour John woo c’est plus ancien je l’ai découvert avec une balle dans la tête. Pour Equilibtium c’est un de mes films préférés sous évaluer… C’est bien triste
Je ne comprends pas tellement la comparaison entre Matrix et Equilibrium à part que les citoyens y sont tous sous contrôle, que ce soit grâce à une drogue ou à une machine superpuissante.
J’ai beaucoup aimé Matrix, mais Equilibrium a un point de vue plus large et plus intéressant sur la société. Et les gens y gardent quand même une certaine faculté de jugement qu’ils peuvent utiliser comme John Preston, le protagoniste, pour tenter de retrouver leur pleine liberté de penser et d’agir. Et que la littérature et les arts servent de support à cet éveil n’est pas pour me déplaire, moi, qui suis écrivaine et qui vis avec un artiste.
Les scènes de gun kata on été considérée comme inférieure à celles de Matrix. Mais je les trouve si différentes qu’il n’y a pas de comparaison possible. Dans Matrix, ça part en tout sens, ça grimpe sur les murs, etc. Dans Equilibrium, comme son nom l’indique, tout y est mesuré, équilibré.
Et les acteurs, que ce soit Christian Bale, Emily Watson (toujours excellente), Taye Diggs (que je ne connaissais pas) et les autres, sont tous excellents.
En résumé, c’est un film largement sous-estimé, qui mérite d’être devenu un film-culte.
Une pure merveille pour moi par son propos, son esthétique, son univers, son intro iconoclaste. Bien meilleur que Matrix !
J’ai toujours pris ce film pour une adaptation libre de Fahrenheit. Et Sean benn meurt, donc c’est culte.