Son nom, nous le signons à la pointe de notre plume ! Il est temps de rétablir la justice et de rappeler que Le Masque de Zorro, c’est quand même super.
À deux reprises, le réalisateur Martin Campbell a marqué le renouveau de James Bond. GoldenEye a intégré 007 dans une certaine modernité géopolitique, tandis que Casino Royale a pris à bras le corps le genre de l’espionnage pour l’amener vers une violence et un réalisme plus secs, hérités de Jason Bourne.
Mais entre les deux, le cinéaste s’est approprié un autre personnage de la culture populaire avec Le Masque de Zorro, transposition modernisée du justicier masqué, et immense succès de l’année 1998. Pourtant, le long-métrage semble être délaissé depuis quelques années, alors qu’il mérite pleinement qu’on s’y attarde, autant pour ses qualités de blockbuster ultra-maîtrisé que pour ses choix prophétiques, annonçant une certaine mutation d’Hollywood.
La marque des grands
Au même titre qu’un Robin des bois ou un roi Arthur, Zorro peut être une figure assez difficile à manipuler sans sombrer dans la redite ou l’affront anachronique. Après des années à chercher un angle d’approche, Steven Spielberg (en tant que producteur) confie finalement le bébé à Martin Campbell, après avoir considéré Robert Rodriguez.
Mais surtout, la production se tourne vers Ted Elliott et Terry Rossio pour développer le scénario. Une idée inspirée étant donné que le duo sort du succès colossal d’Aladdin. A posteriori, il est même amusant de voir à quel point Le Masque de Zorro se définit comme une pierre angulaire du cinéma d’aventure des années 90, orienté vers un renouveau qu’Eliott et Rossio pousseront dans ses retranchements en signant la saga Pirates des Caraïbes.
Le long-métrage partage d’ailleurs avec les autres créations de ses auteurs la même restitution immédiate du genre, alors que la plupart des éléments mythologiques façonnant Zorro sont posés en une petite dizaine de minutes, dans une séquence de révolte endiablée où le montage arrive à nous faire accepter sans peine qu’Anthony Hopkins bondit et crapahute sous le regard admiratif de la foule. La mise en scène de Campbell est alors dédiée à cette focalisation du point de vue, alors qu’il magnifie son héros dans une suite de plans larges épiques et de mouvements de caméra clairs.
À partir de là, l’idée de génie du Masque de Zorro réside dans sa nature hybride, à mi-chemin entre la suite et le soft-reboot, alors qu’un Zorro vieillissant (Hopkins donc) décide de prendre sa retraite et de trouver un successeur en la personne d’Alejandro (Antonio Banderas), un jeune voleur en quête de vengeance suite à la mort de son frère. Presque involontairement, ce passage de flambeau met en abyme celui d’un film qui annonce les multiples origin stories des super-héros dans les années à venir.
Mais a contrario des adaptations de comics souvent prisonnières des attributs improbables de nos copains en collants, Le Masque de Zorro ne s’embarrasse pas d’atours trop rigides, et n’hésite pas à briser ses protagonistes pour mieux les refaçonner. Après tout, de la Vega a une dent contre son ennemi juré, Don Raphael (Stuart Wilson), qui l’a non seulement démasqué, mais a tué sa femme, enlevé sa fille, brûlé sa maison et l’a envoyé croupir en prison pour le reste de ses jours. Un fieffé gredin auquel on a bien envie d’arracher les ongles à coups d’arêtes de poisson, au même titre que son associé, le Capitaine Love (Matt Letscher), militaire qui fleure bon le Confédéré psychopathe.
Par chance, il est justement le meurtrier du frère d’Alejandro, menant ainsi le film à une double-vengeance à laquelle on se sent immédiatement connecté. Marqués par un but clair et des fêlures douloureuses, les protagonistes n’en deviennent que plus attachants. Et quand le climax permet aux deux salauds précités de mourir dans d’atroces souffrances, c’est bien un sourire satisfait qui se lit sur le visage du spectateur.
L’aventure au galop !
Derrière sa structure imparable, Le Masque de Zorro repose sur un mot-clé, d’ailleurs prononcé par Don Diego lui-même : le “charme”. Le film est tout entier accordé à la tonalité de son protagoniste et à son sens de la théâtralité. Certes, l’humour est bien présent, mais il ne sombre jamais dans le cynisme si habituel des blockbusters contemporains. À l’inverse, Campbell embrasse le premier degré, voire le too much hérité des récits pulp dont il s’inspire, pour pleinement ramener son (super-)héros à son sens de l’auto-mise en scène, et à la définition même du terme « icône ».
Ce n’est sans doute pas un hasard si le cinéaste s’amuse à ouvrir et fermer son film avec une reprise du Gun Barrel de James Bond, montrant Zorro sous des spotlights graver un Z enflammé sur l’écran. En brisant ainsi le quatrième mur, il renvoie le septième art à une pure puissance de la manufacture iconographique, au point même de toucher du doigt la magie des premiers temps, le burlesque muet qui a offert à Zorro ses premières heures de gloire sur grand écran dans la peau de Douglas Fairbanks.
Grâce à ce sens aigu de l’héritage, Le Masque de Zorro construit avec brio ses séquences d’action, dont la lisibilité du découpage n’a d’égale que l’ambition. De sa course-poursuite à cheval démente à ses divers duels à l’épée, le film cherche en permanence à mettre en valeur des performances physiques et la folie de ses cascadeurs. Sans jamais tomber dans le montage illisible ou la frime d’un plan-séquence factice, Campbell impressionne par la simplicité de ses mouvements de caméra. Ce qui prime ici, c’est le pur émerveillement issu d’un enchaînement de mouvements fluides, notamment lorsqu’il pose son objectif pour sublimer un Zorro imperturbable, capable de repousser les attaques de plusieurs soldats en une seule prise.
Pour autant, Martin Campbell est loin d’être le seul à féliciter, tant le film est doté d‘une équipe de choc, qui condense à elle seule le meilleur du savoir-faire des nineties. La décoration de Lisa Thompson annonce déjà le sens du détail qu’elle a su insuffler dans Moulin Rouge et Mad Max : Fury Road. Mais surtout, impossible de ne pas s’attarder sur la musique épique de James Horner, qui s’amuse avec un romantisme ampoulé tout droit sorti de sa BO pour Titanic. Alors que ses violons s’emportent dans un torrent lyrique, le compositeur accompagne avec des claquettes le son des lames qui s’entrechoquent, pour un résultat aussi détonant que génial.
Lens flare qui pète la classe : check !
Un film qui fait bander-as
C’est d’ailleurs pour cette raison que Le Masque de Zorro est un film à chérir : aussi assumé que libéré dans ses envies de cinéma, sa sincérité lui permet de frôler le ridicule sans risque, et finalement d’embarquer le spectateur dans son sillon. Cette énergie s’avère même contagieuse, puisque l’un des meilleurs plans du film est dû à Antonio Banderas, qui a eu l‘idée pendant le tournage de sortir son épée lors du duel final, de sorte à faire refléter le soleil sur sa lame.
Mais rien ne vaut sur ce point la scène ultime du long-métrage, à savoir le combat entre ce Zorro naissant et la fille de Don Diego, incarnée par Catherine Zeta-Jones. Martin Campbell pervertit les codes du film de cape et d’épée pour créer une pure scène de romance, dont la chorégraphie et le montage sont aussi drôles que brillamment suggestifs. Après une séquence de danse déjà endiablée, Le Masque de Zorro entérine une histoire d’amour construite sur le mouvement, sur une dynamique d’attraction-répulsion qui permet aux corps suintants de ses acteurs d’être immédiatement sublimés comme de purs sex-symbols. Du cinéma, en somme…
Mais qui a la plus grosse épée ?
Pour toutes ces raisons, Le Masque de Zorro est un film aussi sous-estimé que fascinant, se transformant avec le temps en relique, voire en testament de la marque Amblin. D’une certaine façon, il s’assume comme l’ultime héritier d’Indiana Jones, en piochant allégrement dans ses inspirations pulp et en regardant dans le rétroviseur du cinéma d’aventures pour mieux se le réapproprier.
A posteriori, la démarche de Martin Campbell et de son équipe paraît encore plus galvanisante au vu du manque de folie qui s’est emparé de ce genre de films, notamment lorsque les super-héros ont marqué leur hégémonie. Ce n’est d’ailleurs peut-être pas un hasard si le réalisateur s’est cassé les dents, une décennie plus tard, sur Green Lantern, bien qu’il y ait mis les mêmes intentions (on est même revenus en détail sur ce projet chaotique). Mais entre la déferlante d’images de synthèse peu maîtrisées, et le second degré de Ryan Reynolds, les temps ont changé, et peut-être pas pour le meilleur…
Ce film et la serie n’ont rien a voir. C’est deux style completement differents.
Y a plus la magie et puis guy williams c’était autre chose, même tyron power.
Bon film, mais pas du tout la référence en la matière.
Dommage qu’il n’y ait pas eu de troisième volet
Qui nous chante la chanson 🙂
Je n’ai jamais vu le film, l’occasion ne s’est pas encore présentée. Mais j’imagine qui doit être bien. Le problème sur Zorro et je dis ça pour un bien c’est que la série des années 60 a toujours été d’actualité dans l’esprit des gens. Martin Campbell super cinéaste, ce serait cool qu’il réalise un troisième james bond
Film excellent qui renoue avec l’âge d’or du film de cape et d’épée mais surtout qui propose une très belle histoire et une idée astucieuse de transmission. L’un des meilleurs films de cape et d’épée avec Scaramouche de George Sydney.
je ne saurais dire et lire mieux !!!! c(‘est exactement ça, j’avais trouvé ca extrêmes moderne alors que cela reprenait tout les standards connus en plus !
Film incroyable avec tous les ingedients necessaire (de la realisation, aux acteurs en passant par la musique et le scenario). Il restera toujours dans le top 10 de mes films preférés.
+1 avec cette rehab’ d’un classique dont les saveurs éternelles ne se révèlent qu’au fil du temps.