Après Les Gardiens de la Galaxie, James Gunn s’attaque à The Suicide Squad et son équipe de dingues, pour sauver l’été, les super-héros et le mauvais goût.
Voilà un revirement spectaculaire. Courant 2018, James Gunn est éjecté de Les Gardiens de la galaxie Vol. 3 par Disney, sur fond de polémique twiterresque et ridicule. Warner, qui se demande bien comment poursuivre l’exploitation de la licence Suicide Squad, après la volée de bois vert reçue par le premier épisode de David Ayer, y voit une opportunité de premier ordre. Ni une ni deux, voici le réalisateur débauché par la concurrence pour mettre en scène The Suicide Squad, qui a bien besoin de son image de trublion capable de gérer des blockbusters conséquents.
Depuis, le sale gosse a réintégré l’écurie Mickey, et on a pu découvrir son incartade du côté des méchants kamikazes de DC. Le résultat est un des blockbusters les plus drôles, spectaculaires et vivifiants produits par une major depuis un bon bout de temps (dont vous pouvez lire la critique ici), qui a provoqué l’enthousiasme d’une grande partie de la rédaction. L’heure est donc venue de détailler quelles sont les 10 plus délicieuses dingueries qui font du film un divertissement qui dépasse nos attentes.
ATTENTION SPOILERS !
ENFIN DE VRAIS SALOPARDS
C’était la promesse initiale de la franchise : nous coller aux basques de ceux qui sont traditionnellement du mauvais côté de la loi, qui font la bagarre avec les super-héros : d’authentiques vilains. Et c’est précisément là où le premier Suicide Squad échouait, tant sa galerie de personnages peinait à se distinguer du tout-venant hollywoodien.
Oubliez donc les mercenaires en quête de rédemption, dans le film de James Gunn, nous avons affaire à des salopards pur sucre. Un positionnement qui représente un sacré défi d’écriture, puisqu’il faut trouver un équilibre entre les passions mauvaises des antihéros et un moyen de les faire interagir entre eux qui permette l’empathie des spectateurs. Où commence la badasserie, et où s’arrête la mièvrerie.
Force est de constater que Gunn est particulièrement à l’aise avec le concept d’ambiguïté morale, ou plutôt, très capable de représenter des personnages dont les codes et systèmes de valeurs sont en décalage de ceux du public. Par exemple, la relation entre Bloodsport et sa fille, particulièrement gratinée et conflictuelle, est malicieusement pensée comme un commentaire à la mièvrerie déversée par Deadshot dans le volet précédent.
Ils ne sont pas là pour enfiler des perles
Et si King Shark touche quelques fois par sa solitude, ou son incapacité à communiquer, il n’en demeure pas moins un prédateur qui dévore tous les humains qu’il croise, sans arrière-pensée aucune. Quant à Abner, si ses gommettes multicolores et ses névroses sont un ressort comique constant, jamais ces dernières ne dissimulent la nature profondément glauque, voire psychopathique, de ses troubles. Signe de la maturité de l’écriture, les zones d’ombre de chacun n’empêchent nullement scénario et filmage de raconter l’évolution de leurs relations sans pour autant verser dans la naïveté, ou le « sauvetage moral » en fin de parcours.
Des complexités personnelles, éthiques, qui s’incarnent parfois au détour d’un regard, d’un geste, quand Ratcatcher rassérène Bloodsport, terrifié par ses hordes de rats, quand Rick sourit soudain à Harley, dans un moment de complicité suspendue avant le carnage final. Dans ces quelques secondes, les obsessions, pulsions et désirs de destruction de chacun ne s’annulent pas, mais se dessine, derrière cette collection de vilénies, une humanité cabossée, tordue, mais palpitante.
L’INTRO, OU LE DOIGT D’HONNEUR ULTIME
Il fut assez difficile d’écrire une critique de The Suicide Squad sans spoiler, pour la simple et bonne raison qu’il aurait été criminel ne serait-ce que d’effleurer à l’écrit la séquence introductive, démonstration comique et formelle virtuose d’un cinéaste en pleine possession de ses moyens. Toujours respectueux de son prédécesseur David Ayer, il y décime les personnages martyrisés par le studio avec une jouissance non feinte et en profite pour brusquer les attentes des spectateurs.
Ces premières minutes révèlent les particularités de l’appareil comique Gunn, usant des codes du genre auquel il feint de se conformer pour mieux tout exploser – les têtes et les préconçus. Tout dans la trajectoire de Savant, campé par un acteur (Michael Rooker) non seulement assez identifié, mais aussi familier de son cinéma, contre-indique son funeste destin. C’est le seul avorton de la bande à réfléchir un minimum, et son cynisme affiché devrait en réalité lui garantir la survie.
De quoi se faire des cheveux blancs
Mais dans The Suicide Squad, comme chez Mylène Farmer, tout est chaos. Il finira donc sans cervelle, ironiquement rongé par un clone de sa précédente victime. De ses restes fumants surgissent les lettres annonçant le générique. On fait difficilement note d’intention plus claire. Les vrais héros ne sont pas là où on croit.
Plus généralement, le massacre absolu perpétré par cette séquence incroyable, pastichant la laborieuse exposition de Suicide Squad, regorge d’idées de mise en scène dantesques. Le carnage est réglé comme du papier à musique, et révèle la subtilité du goût de la parodie du metteur en scène. Celui-ci ne cesse de confronter sa chair à canon à des lieux communs hollywoodiens (sauter sur un hélicoptère, se la jouer deus ex machina avec un super-pouvoir inédit) puis d’inverser leurs effets (l’hélicoptère explose et tue, le nouveau héros est en fait inefficace). En ça, il transgresse avec un vrai machiavélisme le genre auquel il est censé se rattacher. Et ça ne fait que commencer.
UN CLIMAX dément
The Suicide Squad ne réinvente pas la poudre. Le décor d’un pays imaginaire d’Amérique du Sud imaginaire (Corto Maltese) change des centres-villes des métropoles américaines (stop avec Atlanta et New York et Los Angeles svp), mais le climax reste dans un cadre urbain classique. Sauf que James Gunn s’y amuse comme un grand môme pour retourner les rues et les immeubles, dans un grand huit sensationnel.
Récapitulons. Dans la dernière ligne droite, la bande de zéros doit infiltrer le labo secret des méchants, poser des bombes, et détruire le projet Starfish au nom de la patrie de l’oncle Sam. Sur place, rien de ne déroule comme prévu. D’un côté, Rick Flag découvre que les États-Unis sont pourris et veut le révéler au monde, ce que Peacemaker a pour mission d’empêcher, ce qui mène à un combat entre eux. Flag trépasse, et Peacemaker poursuit Ratcatcher 2.
En parallèle, les bombes explosent plus tôt que prévu suite à un coup trop généreux de Polka-Dot Man, et Harley et Bloodsport doivent gérer ça, tandis que King Shark est attaqué par une armée de mini-méduses voraces.
Un petit rembobinage en rajoute une couche pour relier les sous-intrigues, en remontant le temps de quelques minutes, avant que la tour ne s’écroule comme un château de cartes. De quoi créer un effet vertigineux de chaos, dans un délire visuel insensé – une cascade d’eau au dixième étage, un ascenseur gratuit pour Bloodsport, une chute même pas mortelle pour King Shark.
Et ce n’est pas fini. Starro sort prendre l’air, déverse ses étoiles volantes-facehugger, et commence à détruire la ville. Les dernières miettes de la bande décident de l’arrêter, dans un dernier élan d’héroïsme plus ou moins minable. Grâce à une attaque massive de rats et une petite trempette dans glaucome géant, l’alien est mis à terre.
Et ainsi, James Gunn emballe un climax en deux temps absolument réjouissant, qui conjugue tous les effets attendus d’un blockbuster : l’action, la tension, l’humour, et l’émotion – notamment avec la mort brutale de Rick. C’est un feu d’artifice qui convoque aussi bien le film catastrophe que la série B de science-fiction, avec une touche de kaïju, dans un cadre super-héroïque classique où les individus se réunissent face à une menace commune. Gunn n’oublie ni le spectacle, ni l’humour, ni les personnages, ni l’intrigue, puisque se jouent dans cette dernière ligne les grands enjeux du film (la vérité derrière la mission, l’abnégation de ces antihéros). C’est emballé avec une efficacité redoutable, avec un plaisir manifeste, et un savant équilibre entre le rire, l’adrénaline et même quelques moments de sentiments sincères.
LES ZéMOTIONS
Suicide Squad version David Ayer (ok version Warner) a été une leçon dans le genre émotion neuneu. De papa Deadshot et sa fille, à Harley qui tue la méchante parce qu’elle a cherché des noises à ses amis (pire réplique d’un film truffé de pires répliques), c’était un festival de sentimentalisme hollywoodien. James Gunn n’abandonne certes pas le petit cœur de ses antihéros et anti-héroïnes, au contraire, mais y va avec une simplicité et une légèreté largement plus touchantes.
La comparaison la plus évidente est du côté de Bloodsport, incarné par Idris Elba. Impossible de ne pas y voir un remix de Deadshot à tous les niveaux (il est au premier plan, il n’a pas de super-pouvoirs, mais vise comme personne, il a une fille, et il développe une relation amicale avec Harley), mais réussi cette fois. Adieu la niaiserie des flash-backs et de l’emphase sur le drame familial : James Gunn se contente de mettre en scène cette relation père-fille dans une dispute absurde, qui raconte tout, et se termine avec quelques larmes à la fin. Pas besoin de plus.
C’est quasiment un exploit vu le degré de spectacle et la somme de personnages, mais James Gunn réussit à saupoudrer son cirque explosif d’émotions parfois étonnantes. Avec une formule qui rappelle bien évidemment Les Gardiens de la Galaxie (un groupe de marginaux handicapés des émotions, avec quelques bestioles louches au milieu), mais avec plus de candeur (pas de romance à proprement parler), il trouve un bel équilibre, offrant même des miettes de sentiments aux membres les plus secondaires de la bande (possibilité d’avoir un sourire plein d’empathie pour Weasel, oui oui).
Le remake de Predator qu’on veut voir
Il n’y a qu’à voir la manière dont James Gunn s’attarde sur le visage d’Alice Braga, observant les cadavres de tous ses copains, pour voir qu’il est là pour le rire, mais pas que. Le temps d’un instant par-ci, par-là, il s’accroche aux visages, aux regards, aux silences, pour rappeler que ce sketch est mené par des personnages, et qu’ils sont le véritable moteur de ce bordel.
Et bien sûr, il y a la mort. Elle est d’abord là pour la blague et le plaisir sadique du public, mais elle revient pour ramener tout le monde dans le réel (personnages comme spectateurs) quand Peacemaker fend littéralement le cœur de Rick Flag. En un instant, le film entier bascule. Déguisée en clown depuis l’intro sur la plage, la grande faucheuse revêt ses habits normaux.
Le relais est passé à Cleo alias Ratcatcher 2, et là encore c’est magnifique. Cette éternelle ado endormie est brutalement réveillée, et récupère toute la charge émotionnelle de The Suicide Squad, et ce jusqu’à la fin lorsqu’elle secoue la ville avec son armée de rats. Là encore, c’est un petit exploit : elle brandit un sceptre ridicule pour appeler des rongeurs en CGI, face à une étoile de mer géante, mais James Gunn croit tellement en ses personnages, que la magie opère. Et Daniela Melchior tire son épingle du jeu avec ce rôle qui semblait si mineur, mais se révèle majeur.
Rats des villes, rats déchantent
LES RUPTURES DE TON
Horribilis et surtout Super carburaient déjà à 100% aux ruptures de ton. Les Gardiens de la Galaxie, contraint par un cahier des charges plus évident, parvenait à ménager quelques séquences à rebours. Gunn a toujours construit ses univers en les défaisant en permanence, et en déconstruisant la concurrence au passage.
L’humour du film ne fonctionnerait pas si bien si le scénario ne s’amusait pas à perpétuellement alterner les gags sanglants et les moments d’introspection. Lorsque nos héros tissent des liens dans un bar, le pauvre King Shark, patiente, seul, dans le van. En plein milieu d’un champ de bataille géant, où s’affrontent antihéros désespérés, zombies obstinés et Kaiju à tentacules, Polka-Dot Man se trouve une poussée de confiance en lui exaltante, avant de finir écrabouillé sous son adversaire. On ne sait jamais sur quel pied danser, et c’est justement ce qui fait tout le sel du style Gunn.
Une séquence sincère entre deux massacres
Déjà dans Super, un Rainn Wilson parfois aussi gênant que son personnage de The Office tabassait du pseudo-méchant à la clé à molette, sous l’œil complice d’un Elliot Page obnubilé par ce qu’il n’incarnait finalement pas vraiment. Lorsqu’on en revient perpétuellement au pathétique des personnages principaux, leur héroïsme occasionnel n’en devient que plus éclatant. Une formule appliquée à la lettre dans The Suicide Squad, qui parvient de cette manière à faire de profondes crevures des protagonistes infiniment attachants. Au fond, qu’est-ce que l’humour, sinon la culture d’un décalage ?
Et mine de rien, c’est aussi là que réside la singularité du long-métrage. Souvent régis par des règles très précises, qu’ils soient bons ou mauvais, les blockbusters super-héroïques ont tendance à s’appuyer sur des procédés bien plus calibrés pour faire exister leurs personnages. Le premier Suicide Squad en est l’exemple le plus évident : incapable de s’accommoder d’authentiques bad guys, il les passait à la moulinette de la rédemption hollywoodienne, et enchainait les séquences émotion parfois triviales (rappelez-vous des flash-backs…). En forçant leur ambiguïté, sa suite leur rend bien mieux justice. Enfin, façon de parler.
UNE MISE EN SCÈNE JUVENO-CINEPHILO-RGASMIQUE
Comment divertir le public ? La question a l’air évidente, mais il faudrait en réalité quelques heures pour y répondre, tant cette interrogation faussement basique amène à une réflexion profonde sur la nature du divertissement et peut modifier en profondeur la fabrication d’un film.
Les studios Disney ont répondu, avec un succès planétaire ininterrompu depuis 2008, par une industrialisation de tout leur processus créatif, qui permet, plus ou moins consciemment, d’identifier instantanément leurs productions, lesquelles affichent une cohérence, une coalescence, tout à fait unique dans l’histoire du cinéma.
Semblable système a beau souvent brider la créativité et installer un plafond de verre qualitatif, il empêche également leurs produits de passer trop fréquemment sous certains standards de qualité. Il est sans doute une des raisons de la dimension internationale du succès de la multinationale, en mesure de produire des objets culturels calibrés pour toucher quantité de publics différents à travers des territoires et des cultures éloignés les uns des autres.
Le choix de James Gunn (et par extension, au moins ponctuellement, de Warner) paraît radicalement inverse. Sans chercher à inventer constamment de nouveaux concepts ou plans, il paraît évident que la caméra du cinéaste est toujours là pour stimuler notre regard. Quantité de plans jouent énormément des textures présentes à l’écran, ou de clairs-obscurs qui marquent instantanément la rétine (la silhouette de Harley, rougeoyante, se détachant d’une nuit bleutée), quand elles ne nous replongent pas dans des pans entiers de l’histoire du cinéma.
Investir le western de La Horde sauvage, la guerre des Douze Salopards, bien d’autres encore, mais le faire en collant toujours sa caméra aux corps de ses héros, basculant de l’un à l’autre au gré d’une escarmouche ou d’une réplique permet au réalisateur non pas de maintenir son public dans un état de stase roupillante, mais bien de l’embarquer dans un roller coaster de cinoche, toujours plus créatif.
D’où ce sentiment de jubilation qui émane régulièrement du film, dont la richesse n’est jamais prise en défaut et pulse en permanence, via sa mise en scène
Toutes les deux minutes, prendre la pose s’impose
PLACE AU BIZARRE ET À LA VIOLENCE !
Lorsqu’il était sorti en 2016, après une production téméraire, le Deadpool de Tim Miller avait incarné pour beaucoup le dernier stade de l’incursion hollywoodienne dans la violence décomplexée. Et pourtant, ni lui ni ses rejetons illégitimes n’ont jamais atteint le niveau de gore de The Suicide Squad. Les bandes-annonces nous faisaient miser gros sur King Shark, monstre dévoreur d’humains lâché dans la jungle. Mais c’est en fait tout le casting qui s’en donne à cœur joie niveau barbarie. Il n’est pas question d’interludes provocateurs ou de quelques gags sanglants. Très généreux en action, The Suicide Squad n’est qu’un gigantesque carnage.
Bien sûr, la violence est principalement numérique, et très souvent complètement cartoonesque. On déchire, plante, découpe, trucide avec toute la latitude permise par les CGI actuels, sans jamais nier l’artificialité de la technique. Mais ce n’est pas toujours le cas. Et si le film est aussi méchant, c’est aussi parce qu’il insère dans ce bain de sang quelques pointes malsaines, voire parfois carrément dérangeantes, pour mieux renforcer son impact. Une audace évidemment inédite, les Deadpool et consorts n’ayant jamais franchi à ce point les portes de l’horreur. Le climax en est le plus bel exemple : le laboratoire de Gaius Grieves, avant de se faire exploser, a tout d’une véritable chambre des tortures extra-terrestres. Il déploie un imaginaire qu’on n’a pas l’habitude de voir dans une production de ce calibre.
Peter Capaldi, un méchant très méchant
Mieux encore, Gunn se sert de cette ambiguïté pour façonner son humour. Le personnage de Weasel, absolument hilarant, le prouve bien. Son design corrompt les sidekicks animaliers ou extra-terrestres chéris par l’industrie depuis Gollum et Jar Jar Binks (et dont Groot est un fidèle représentant). Véritable monstruosité à l’air hagard, mais vicieux, il provoque un rire sincère. Chaque plan où il apparait transpire la difformité morbide et la folie pure.
Et ils ne sont même pas les seuls ! Sur ce modèle, The Suicide Squad est très régulièrement traversé de moments d’étrangeté absolue, à l’instar du fameux plan dans l’œil de Starro, si crade (on est à l’intérieur d’un œil extra-terrestre rongé par des rats) qu’il en devient sublime. Ces instants suspendus décalés, aux antipodes des poses super héroïques moquées inlassablement de la concurrence, témoignent d’une prise de risques impressionnante et d’un amour du cinéma de genre indiscutable. Il n’y a bien que Gunn pour traquer au sein d’un blockbuster à plusieurs dizaines (centaines ?) de millions de dollars la beauté qui réside dans le chaos.
PEACEMAKER LE TROUBLEMAKER
On évoquait plus haut l’écriture des membres de la Squad, et comment elle nous mettait enfin aux prises avec des méchants dignes de ce nom. Parmi eux, un nouveau venu se taille la part du lion, amenant le film vers des cimes de malaise et de drôlerie.
Il s’agit bien sûr de Peacemaker, qu’interprète avec une intensité surréaliste John Cena, plus expressif et pantomime que jamais (un exploit quand on sait que son costume dissimule ses traits durant l’essentiel du film). Serial killer quasi incontrôlable s’étant donné pour objectif-alibi l’établissement de la paix dans le monde, il traverse l’intrigue avec un mélange de brutalité et de premier degré qui permet à de nombreuses scènes de démultiplier leur impact.
« Je prépare un remake de Casque d’or, et alors ? Qu’est-ce que tu vas faire ? »
Qu’il s’agisse d’une boucherie burlesque parodiant l’ouverture de Predator, ou tout simplement de la logique interne au vengeur masqué, qui le pousse dans le dernier acte à massacrer ses frères et sœurs d’armes, les enjeux personnels de Peacemaker sont essentiels à la progression dramaturgique du film. Et s’il permet quelques retournements étonnants de situation, là aussi, mise en scène et écriture veillent à les rendre conséquents au sein de l’histoire, mais également cohérents avec l’ADN du personnage.
Son concours de kills avec Bloodsport n’est pas qu’un gag savamment tartiné, c’est un petit traité de funambulisme à lui seul, qui alterne au sein d’un même plan entre violence décomplexée, malaise distillé et comique de situation fignolé à l’ancienne. La séquence en question ne demeurera pas lettre morte, et cette première confrontation avec le meneur affiché de l’équipe annonce en creux les conflits à venir, jusqu’aux plus brutaux.
Une équation d’autant plus intéressante que Gunn assume totalement de faire passer le fou furieux de bouffon à menace glaciale, avec un art du jonglage consommé, qui assure quantité de surprises au public. Mais si le pacificateur au cœur de pierre fait si souvent mouche, c’est indiscutablement grâce à Cena, imperturbable et impressionnant, qu’il nous tarde de redécouvrir dans la série qui lui sera dédiée.
SPECTACLE D’AUTEUR
Jusqu’à présent, le cinéma de James Gunn ne s’est jamais imposé comme une écrasante leçon de grand spectacle. Malgré le phénoménal appareil industriel de Marvel, on sentait clairement qu’il esquivait – un peu – cette problématique avec ses deux épisodes des Gardiens de la Galaxie. En effet, il ne reculait pas devant les scènes d’action, mais ne leur donnait jamais la primeur sur l’émotion. Cet excellent choix fut sans doute pour beaucoup dans la belle singularité des deux films.
La grosse surprise de The Suicide Squad provient donc de la gestion de ses scènes d’action, parmi les plus ambitieuses, ludiques, lisibles, variées et impressionnantes vues dans un blockbuster depuis trop longtemps. Alors que les majors ont pris l’habitude de ne quasiment jamais laisser leurs metteurs en scène s’occuper eux-mêmes des scènes d’action, confiées à une seconde équipe qui les gère de manière industrielle et homogène sur tous les films, on sent ici fortement la patte de Gunn.
Impossible de dire s’il les a intégralement dirigées ou simplement conçues en très étroite collaboration avec une équipe spécialisée, mais les jeux d’espace, l’utilisation de chaque personnage, les valeurs de plans, et surtout, la manière dont l’action est utilisée pour doper les relations entre les personnages, laissent penser que chaque fusillade porte clairement la marque du cinéaste.
Et quand cette alchimie se double d’effets spéciaux presque jamais pris en défaut, mais aussi d’un plaisir de conception manifeste, à l’instar d’un climax à étages (architecturaux et temporels), on a bien du mal à ne pas se pâmer devant tant d’explosions d’adrénaline. Cela faisait si longtemps qu’on n’avait pas vu une sincère idée de spectacle, techniquement complexe, menée par les idées d’un réalisateur.
Quand le meilleur ami de Bob l’Éponge s’énerve
LA LIBERTé MADE IN WARNER
Ce n’est un secret pour personne : la gestion du catalogue DC par Warner Bros. a été plus ou moins désastreuse ces dernières années. Après l’ère The Dark Night de Christopher Nolan, et pour contrer les Avengers de Marvel et Disney, le studio a voulu rapidement exploiter l’univers, et miser sur les valeurs sûres de Superman et Batman, mais l’affaire a vite tourné au désastre en coulisses.
Dès le deuxième film, Batman v Superman, le chaos se mettait en marche, avec des producteurs mécontents du résultat et une volonté de rectifier le tir face à un film jugé trop sombre – ce que le succès certain, mais pas aussi énorme que prévu, aurait confirmé. En réaction, Suicide Squad aurait été charcuté, avec un remontage et des reshoots pour ramener de l’humour. Et enfin, l’inénarrable Justice League a été le bouquet final sous forme de catastrophe industrielle, à tous les niveaux.
Wonder Woman, Aquaman, Shazam! et Birds of Prey y ont échappé (a priori), et Warner est loin d’être le seul studio à avoir vécu ça (pensée pour Les 4 Fantastiques), mais la major revient de loin, comme l’a prouvé le miraculeux Snyder Cut renommé Zack Snyder’s Justice League.
Ainsi, la version homoérotique est née
Pourquoi retracer ce chemin maintes fois parcouru, qui a nourri environ 5000 articles sur Ecran Large ? Parce qu’il a certainement mené à The Suicide Squad. Depuis des mois, James Gunn fanfaronnait en parlant des immenses libertés laissées par Warner, et la prudence voulait que ce soit l’habituel cirque promo, désormais trop familier. Force est de constater qu’à l’écran, c’est une réalité.
James Gunn a repris des personnages de Suicide Squad, mais pas d’autres, il en tue certains et en protège d’autres, et l’univers étendu est à peu près absent du programme – pas de Joker, pas de Batman, pas de Justice League à teaser. Warner avait déjà montré sa capacité à laisser vivre et respirer les scénaristes et réalisateurs avec les films Wonder Woman (oui, même Wonder Woman 1984), Aquaman et bien sûr Joker, qui portaient tous l’empreinte de cinéastes, et n’avaient pas grand-chose à voir les uns avec les autres au-delà de l’emblème DC au générique. The Suicide Squad rejoint directement cette liste bénie, qui oublie un peu l’aspect tristement industriel pour prendre une respiration, et simplement offrir un film, existant dans sa galaxie, avec ses forces et ses faiblesses qui lui sont propres.
Ne reste plus qu’à espérer que c’est un vrai Bat Signal dans le ciel de Warner, pour la suite des opérations. Et tout se jouera en 2022, avec une offensive massique de quatre films : The Batman avec Robert Pattinson en mars, Black Adam avec Dwayne Johnson en juillet, The Flash avec Ezra Miller (et l’arrivée du multivers, comme chez Marvel) en novembre, et Aquaman and the Lost Kingdom en décembre 2022. Avant Shazam ! Fury of the Gods en juin 2023, et d’autres projets comme une suite de Joker, ou un retour de Superman.
Sans oublier les produits façonnés pour HBO Max, avec une série Green Lantern chapeautée par Greg Berlanti, Marc Guggenheim et Seth Grahame-Smith, un film Batgirl avec Leslie Grace, ou encore une série Peacemaker avec John Cena.
Le guide complet de la renaissance espérée de DC, c’est par ici.
Heu …… on a pas du voir le même film. Il est sympa (et encore, trop de fois où j’étais en mode Hein ?!) mais sans être oufissime.
James Gunn fait le strict minimum. De gros problèmes de rythmes et finalement l’impression d’assister à un Suicide Squad 1.2
Même la mise en scene n’est pas dingue.
Le seul point positif ? John Cena. La série Peacemaker me chauffe.
Malgré le côté effectivement cartoonesque de la violence, je trouve malgré tout la classification complètement à côté de la plaque (noté tout public à l’UGC du coin, quand même)
@simon Riaux
Je viens de voir le film (que j’ai adoré) et malgré le cote
Je suis 100% d’accord avec cet article jusqu’à un certain point … Gunn a fait un travail remarquable, il est talentueux et aime les comics et ses personnages, ça se voit, ça se ressent …
MAIS au final je trouve tout ça assez vain, comme si ce film n’était qu’une sorte de défi, de démonstration sincère qu’il pouvait faire quelque chose de bien et fort avec ce matériel. J’ai la forte impression que toutes ces qualités réunies dans un film comme celui-ci n’auront pas réussi à marquer mon esprit comme je l’aurai espéré. Je crois sérieusement qu’il sera rapidement oublié d’ici quelques jours dans ma mémoire. J’essaye de comprendre pourquoi et je pense que cela se joue peut être au niveau de l’histoire, la mission, totalement basique sans surprise dans sa trame. C’est du balisé déjà vu mille fois. Et puis il y a aussi les enjeux, je sais que Starro fait parti du comics, il est assez réussi mais une partie de mon cerveau a du mal à accepter ce délire cette « menace », même si la bestiole est très bien réalisé et mise en scène. Il y a peut être autre chose, je ne me suis senti nullement concerné par tout ce que je voyais, donc j’ai vu ça avec un grand détachement. Perso je préfère largement ses Gardiens et pour rester chez DC les films de Snyder du DCU ! Et pourtant Gunn montre qu’il est souvent meilleur réalisateur que Snyder ici mais comme quoi ça ne suffit pas forcément à marquer mon esprit.
Je suis allé le voir et par curiosité je passe voir quelques avis. Qu’elle est ma surprise de tomber sur un papier aussi dithyrambique. Et je ne parle même pas des 100% sur rotten tomatoes mentionné pr un gars en commentaire.
Ok, le film surpasse l’ancienne version. Mais comme c’était une gigantesque merde, et de manière objectif je noterais celui 4/10, soit : assez nul.
Je m’explique rapidement :
Trop de gardiens de la galaxie on reconnaît le ton et les poncifs du réal,
Putain, il sert à quoi Kingshark ? Réponse : a quedal dans l’histoire. Son côté déficient n’est pas touchant et je le trouve globalement inexpressif…
Harley Queen n’est pas drôle… A part séduire les ados, elle m’a géné la plupart du temps.
Amateur de bizarre ou de gore, de déviant ou de grand guignole, ce film n’est absolument pas choquant, ni transgressif.
Ah et enfin… La musique… Il y en a tout le temps comme… Comme l’autre Suicide Squad. Des lieux communs musicaux et des orchestrations relous, j’en pouvais plus…
Bref, petit commentaire pour celles et ceux qui se sentiraient emballé d’aller le voir… Attention vous risquerez comme moi d’être déçus.
Ok jai pas vu le film mais je n’aime pas le cinéma de gunn que je trouve ridicule as fuckk ok il a un certain talent pour rendre les looser cool c’est l’essence même de son cinéma mais je suis pas fan, Dc est tellement lâché que pour faire la promotion du film il vont voir du côté de la concurrence et le plus drôle dans tous sa c’est que dans les affiche promo il mette par le réalisateur des gardiens de la Galaxy alors « sortie de l’esprit horrible de james gunn » fait plus de sens à son cinema les gens savent très bien qu’il a fait les gardiens, mdrr et @simon riaux arrete de supprimé mes commentaire espèce de lache la liberté d’expression tu connais ??
Merci Mr Riaux pour vos explications très claires, comme d’habitude. Ce qui n’empêche que je trouve le film un peu hard pour les plus jeunes même en prenant en compte l’aspect très cartoon. Mais on peut supposer que nos chères têtes blondes voient bien pire sur leur smartphones. Bien le bonjour à votre maman. 😉
Bon film au début, mais je trouve que le film ne change pas grand chose dans sa fin, ils deviennent tous des sauveurs. Je retiens surtout le début qui est très fort.
@f**k SEB T’as pas vu le film, donc regarde le et revient après, au lieu de chialer.
Je suis plutôt d’accord avec l’article, j’ai aussi été agréablement surpris. Contrairement au premier opus, le trailer m’a plus fait flipper qu’autre chose, j’étais persuadé qu’on allait avoir un blockbuster bancale cliché parodie de marvel avec vannes sur vannes.
Il n’en est rien, tout est bien jaugé dans ce film, il évite toutes les erreurs qui ont été faites dans le premier film. Cette fois ci, chaque personnage est bien écrit, bien traité, le curseur Humour/Emotion est bien réglé. Il y a beaucoup de bonnes idées de mise en scène qui marquent la rétine. Bref, il y a pas grand chose à dire de négatif sur le film, tout est bien dosé pour une fois pour un film de super héro, qui se contente pas de vouloir faire du tout public sans réelle saveur comme le fait le MCU avec beaucoup de ses films (mais pas ses séries)
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Y’a vraiment des gens qui ont rien à foutre à un degré fabuleux.