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Top des Meilleurs Films 2021 – Ecran Large

Par La Rédaction
27 décembre 2021
MAJ : 21 mai 2024
33 commentaires

The Suicide Squad, Dune, Annette, West Side Story… Ecran Large dévoile son classement des 25 meilleurs films de 2021.

Meilleurs Films 2021

Le Top 25 des meilleurs films de 2021 selon Écran Large, avec de l’horreur, du drame, de l’amour, de l’animation, et du rire.

Quelle année, n’est-ce pas ? Avec le coronavirus continuant à jouer les trouble-fêtes, 2021 a empêché le cinéma de se relancer pleinement, les salles n’ayant rouvert qu’à partir de mai en France. Toutefois, cela a permis une deuxième moitié d’année complètement dingue, enchaînant les grands films indépendants et blockbusters impressionnants. Et avec la myriade de films sortis au cinéma et sur les plateformes de streaming, nouvel eldorado de tout un pan hollywoodien, définir un classement n’était pas simple.

Il a donc été constitué par un système de points et d’occurrences grâce aux tops individuels des rédacteurs les plus éminents de la rédaction : Geoffrey Crété, Simon Riaux, Mathieu Jaborska, Alexandre Janowiak, Déborah Lechner, Arnold Petit et Antoine Desrues. En résulte ce magnifique top 25, célébrant à la fois la richesse de l’année 2021, les coups de coeur de la rédaction d’Ecran Large et sa diversité d’opinion.

NOS PIRES FILMS DE 2021, c’est par ici

 

Mourir peut attendre : photo, Daniel CraigQuand tu comprends un peu tard que tu n’es pas dans le top de l’année

  

25. médecin de nuit

Sortie : 16 juin 2021 – Durée 1h22

 

Médecin de nuit : photo, Vincent MacaigneVincent Macaigne ou le thriller coup de poing français

 

De quoi ça parle : Médecin de nuit, ce n’est pas toujours une sinécure. Mais quand on est aussi dealer, et qu’on se dépatouille pour tromper sa femme n’importe comment, il peut suffire d’une nuit pour tout détruire.

Pourquoi c’est génial : Qui eût cru que Vincent Macaigne pourrait nous donner une ordonnance de grosse patate de forain ? Pas nous. Et pourtant, force est de constater que le réalisateur Elie Wajeman nous offre avec Médecin de nuit une leçon de caractérisation, de direction d’acteurs et de narration par l’image. Lanciné par un quotidien qu’il ne supporte plus, son anti-héros traverse la capitale française le temps d’une nuit terrible, et nous embarque rapidement à ses côtés, tant le résultat brûle la rétine.

En choisissant de travailler sa photographie de manière à ne pas reproduire pour une énième fois la lumière typique de Paris, mais en renouvelant sa représentation colorimétrique, le film nous plonge dans une autre cité, un autre monde de cinéma. Et nous voici, au coeur d’un récit simultanément totalement français, mais capable d’en appeler aux grandes heures du film noir américain. Lourd comme une vilaine gueule de bois, cruel comme une vie ratée, dur comme le béton, ce Médecin de Nuit reste en mémoire longtemps après la consultation.

Ça te plaira si t’aimes : Ces thrillers français qui sont parvenus à distribuer quelques beaux coups de boule, tels Nuit blancheÀ bout portant, ou encore Balle perdue

24. the card counter

Sortie : 29 décembre 2021- Durée : 1h52

 

The Card Counter : Photo, Oscar IsaacSchrader met cartes sur table

 

De quoi ça parle : William Tell est un joueur de poker mutique et professionnel. Son existence réglée comme du papier à musique est solitaire, jusqu’à ce qu’il fasse la rencontre d’une agente de joueurs pro, d’un jeune homme au plan violent et incertain, et d’une vieille connaissance.

Pourquoi c’est génial : Paul Schrader, cinéaste énervé et scénariste de génie (Taxi Driver tout de même), a mis une monstrueuse claque aux cinéphiles avec Sur le chemin de la rédemption. Son nouvel opus est presque aussi marquant, et compte parmi les oeuvres les plus fortes de 2021. Plongée intime dans l’âme tourmentée d’un homme charriant avec lui la culpabilité inavouée de l’Amérique de Bush, The Card Counter est, contre toute attente, un de ses films les plus modernes en termes de mise en scène.

Pour capturer l’inexorable descente aux enfers d’un bourreau tentant d’échapper à ses démons, Schrader ausculte à coups d’effets numériques, de déformation de l’image et de plans millimétrés les soubresauts d’une âme sur le point d’entrer en éruption. Et derrière ce portrait glacial, se dresse une réflexion magnifique sur la douleur, la culpabilité, et notre capacité à assumer nos actes. Réalisateur puritain par excellence, il questionne une nouvelle fois notre soif de transgression et le prix à payer pour celle-ci.

Ça te plaira si t’aimes : Les étourdissants Blue Collar et le terrible Hardcore. 

23. last night in soho

Sortie : 27 octobre 2021 – Durée : 1h57

 

Last Night in Soho : photo, Anya Taylor-JoyLa plus belle pour aller danser

 

De quoi ça parle : Jeune étudiante londonienne, Éloise se retrouve la nuit transportée au cœur des Swinging sixties, à (re)vivre les mésaventures de la magnétique Sandie. C’est là qu’elle va découvrir que rêver d’Anya Taylor-Joy, c’est bien… mais dangereux.

Pourquoi c’est génial : Ce qui fait d’Edgar Wright l’un des réalisateurs les plus prodigieux de ces vingt dernières années, c’est sa compréhension des genres cinématographiques, et des codes que la caméra aide à sous-tendre. Même en quittant pour la première fois le registre de la comédie, Last Night in Soho suit cette mouvance avec brio et virtuosité.

Avec ses jeux de miroir et ses couleurs surréelles, le réalisateur s’approprie le giallo tout en parvenant à transcender l’exercice du pastiche. Derrière la dimension cauchemardesque de sa fable féministe, le cinéaste y trouve l’opportunité de tisser une réflexion passionnante sur les dérives de la nostalgie. Un film diablement actuel donc, en plus d’être l’une des claques techniques les plus spectaculaires de l’année, sublimé par le talent de ses deux actrices principales : Thomasin McKenzie et Anya Taylor-Joy. 

Ça te plaira si t’aimes : Suspiria, Les Frissons de l’angoisse, la trilogie Cornetto

Notre critique de Last Night in Soho

 

22. la fracture

Sortie : 27 octobre 2021 – Durée : 1h38

 

La fracture : Photo Valeria Bruni Tedeschi, Pio MarmaïSe ruer dans les brancards : définition

 

De quoi ça parle : Une nuit de chaos dans les urgences d’un hôpital de Paris, où se croisent Raf, une bourgeoise en pleine crise existentielle, et Yann, un Gilet jaune blessé lors d’une manifestation.

Pourquoi c’est génial : Ne vous fiez pas à ses airs de petite comédie bourgeoise, avec les têtes classiques du cinéma français (Marina Foïs, Valeria Bruni-Tedeschi, Pio Marmaï). La Fracture est un tourbillon féroce, et un grand numéro d’équilibriste entre le rire et les larmes. Avec son titre évocateur (la fracture du personnage, et de la France), le passionnant film de Catherine Corsini brasse l’intime et le politique, pour mettre en scène un joyeux cirque tragique qui résonne particulièrement dans le paysage actuel.

La Fracture déborde d’une énergie de pur cinéma grâce à sa caméra qui filme l’hôpital quasiment comme une zone de guerre, et surtout ses interprètes formidables. Valeria Bruni-Tedeschi, Pio Marmaï et Marina Foïs sont sans surprise excellents, mais il y a également Aissatou Diallo Sagna, véritable aide-soignante qui fait ici ses premiers pas d’actrice. De quoi soulever une folle vague d’émotions.

Ça te plaira si t’aimes : Polisse de Maiwenn, la série Hippocrate de Thomas Lilti.

Notre critique de La Fracture 

 

21. dune

Sortie : 15 septembre 2021 – Durée : 2h36

 

 

De quoi ça parle : L’histoire de Paul Atréides, jeune homme aussi doué que brillant, voué à connaître un destin hors du commun qui le dépasse totalement. Car pour préserver l’avenir de sa famille et de son peuple, il devra se rendre sur la planète la plus dangereuse de l’univers, la seule à même de fournir la ressource la plus précieuse au monde, capable de décupler la puissance de l’humanité : Dune.

Pourquoi c’est génial : Denis Villeneuve, qui nous a dernièrement livré l’excellent Premier Contact, le sympathique Sicario et bien casse-gueule Blade Runner 2049 s’est frotté au monument de science-fiction qu’est Dune. Jugé inadaptable (encore plus depuis la version de David Lynch), le défi de taille. Et pourtant, il a été relevé haut la main. Malgré une mise en scène parfois un poil trop froide et une fin méchamment cliffhangeresque, le film a réussi sur la quasi-totalité de ses aspects.

Que ce soit par la composition des plans, qui surlignent le gigantisme de cet univers spatial ou la bande-son, qui joue de son instrumentalisation pour faire transiter le protagoniste de l’impérialisme des Atréides à la sauvagerie des Fremen, Villeneuve et ses équipes ont déployé à 200% leur potentiel pour nous plonger dans ce nouvel univers. Même la « lenteur » inhérente au style du réalisateur se marie bien avec son sujet, car il nous plonge dans l’onirisme d’une planète aux mille et un mystères.

Ça te plaira si t’aimes : 2001, l’Odyssée de l’espace, FoundationBlade Runner 2049

Notre critique de Dune

 

20. bad dreams

Sortie : 1er juillet 2021 – Durée : 1h45

 

Bad Dreams : photo, Julia Sarah StoneAvec une superbe prestation de Julia Sarah Stone

 

De quoi ça parle : Sarah dort dans des parcs ou chez ses rares amies, jusqu’à ce qu’elle trouve l’annonce d’un institut qui lui propose de roupiller pour la science. Ses nuits semblent paisibles au début. Mais elle ne va pas si bien réagir à l’expérience.

Pourquoi c’est génial : Sorti de nulle part, fort d’un beau parcours en festival, Come True (retitré Bad Dreams en France) a pris un peu tout le monde de court, y compris chez nous. Après un premier essai pour le moins conchié par la critique, Anthony Scott Burns a décidé de s’investir corps et âme dans ce projet. Véritable homme-orchestre, il s’est emparé de tous les postes, de l’écriture à la photographie, pour aboutir à une proposition esthétique extrêmement cohérente, grâce à une ambiance bleutée et à la sublime musique qu’il a composée aux côtés d’Electric Youth.

Plus qu’un simple voyage sensoriel, Bad Dreams est une exploration fascinante du subconscient humain à travers le prisme des écrits de Carl Jung qui va jusqu’à invoquer une peur viscérale et universelle, ainsi que tout un pan d’imaginaire. En nous enfonçant doucement dans les méandres de son univers, il finit même par laisser transparaître un amour pour le cinéma irrésistible, rendu encore plus sincère par un twist final pourtant décrié. Malheureusement, il n’a même pas pu prétendre à une sortie physique alors n’hésitez pas à tenter l’expérience : elle fait rêver.

Ça te plaira si t’aimes : le bleu, Donnie Darko et la psychanalyse

Notre critique de Bad Dreams

 

19. don’t look up : déni cosmique

Sortie : 24 décembre 2021 (Netflix) – Durée : 2h22

 

 

De quoi ça parle : D’une comète géante qui fonce sur la Terre et des deux scientifiques à l’origine de sa découverte. Malgré leur rencontre avec la présidente américaine et les médias, personne ne semble vraiment prendre au sérieux la menace. 

Pourquoi c’est génial : Précédé d’une inexplicable mauvaise réputation venue des États-Unis (la presse locale se serait-elle sentie visée ?), le dernier film d’Adam McKay frappe fort et juste. Ces derniers temps, les satires et autres réflexions sur la crise que nous traversons se multiplient, souvent pour le pire, et il aura fallu que le réalisateur de The Big Short s’y frotte presque par hasard pour que la gestion de la pandémie devienne enfin le symbole d’un monde replié sur lui-même au cinéma, même si la lecture écologique est tout aussi évidente.

Les armes du cinéaste sont toujours les mêmes : un montage tout en ruptures et une brochette d’acteurs ultra-célèbres qui parodient leur propre image (le rôle de Jennifer Lawrence passionnera quiconque a suivi de loin les tourments de l’actrice). Pourtant, il n’a jamais été aussi incisif. Non seulement, il appréhende avec justesse notre cher XXIe siècle dans ses grandes largeurs, mais il se refuse aux concessions qu’on attend de ce genre de récit pour dépasser son seul postulat ironique. Contrairement à ses semblables qui s’épuisent après la première bobine, Don’t Look Up : Déni cosmique doit sa grandeur à sa progression narrative. Alors qu’il dure plus de deux heures vingt !

Ça te plaira si t’aimes : The Big Short et Vice, forcément, mais aussi Dr. Folamour. À ce point, oui.

Notre critique de Don’t look up – Déni cosmique

 

18. bo burnham : inside

Sortie : 30 mai 2021 – Durée : 1h27

 

Bo Burnham: Inside : photoWelcome to the Internet

 

De quoi ça parle : Exilé dans un petit studio de Los Angeles au fond de son jardin pendant le confinement, l’acteur et humoriste Bo Burnham réalise, monte et interprète un special par ses propres moyens, dans lequel il revient sur l’année 2020 et l’état du monde.

Pourquoi c’est génial : Alors que Bo Burnham s’apprêtait à faire son retour après avoir quitté la scène pendant cinq ans en raison de crises d’angoisse répétées, la pandémie de Covid-19 a frappé le monde. Du confinement, il a décidé de faire un journal de bord entre sketchs, chansons et apartés introspectifs en alliant les langages du stand-up, du cinéma, du clip ou d’Internet, journal devenu un exutoire artistique et personnel aussi riche que déconcertant : Bo Burnham: Inside.

Avec cynisme, ironie, pertinence et une imagination folle, débordante jusqu’à atteindre un trop-plein émotionnel, l’artiste se met à nu (littéralement), s’interroge sur la création, la place de la comédie et questionne les différentes manières de traiter la peur, l’amour ou la dépression par le rire, l’humour et l’autodérision. Inside adresse également plusieurs commentaires et brasse différents sujets politiques, socio-économiques, musicaux, intimes, qui font de son geste une oeuvre chaotique, exubérante, passionnante, d’une authenticité ravageuse. Peut-être la seule à être parvenue à saisir l’étrange sentiment qu’a ressenti une grande majorité de la population mondiale pendant qu’elle était enfermée chez elle.

Ça te plaira si t’aimes : Make Happy de Bo Burnham, Ceci n’est pas un film de Jafar Panahi, Adam Sandler : 100% Fresh.

 

17. sound of metal

Sortie le 16 juin 2021 – Durée : 2h00

 

Sound of Metal : photo, Riz AhmedQuite my tempo

 

De quoi ça parle : Batteur dans un duo de Heavy Metal underground, Ruben perd subitement l’audition. Face à la peur de devenir définitivement sourd, le musicien retombe petit à petit dans ses anciennes addictions.

Pourquoi c’est génial : Scénariste du bouleversant The Place Beyond the PinesDarius Marder a clairement pensé Sound of Metal (qu’il a écrit et réalisé) avec la même sensibilité. Sa caméra épaule caresse son protagoniste à fleur de peau, dans une Amérique délabrée qu’il sillonne à bord d’un vieux camping-car.

De cette mise en scène tendre, Marder construit un dispositif fascinant pour reproduire la perte d’audition de son personnage au spectateur. Constamment accroché au point de vue de ce corps en perte de sens (littéralement), Sound of Metal devient le portrait poignant d’un homme désespéré, et désemparé face à un système qui l’abandonne. La dimension ouvertement sociale du film n’a pourtant jamais besoin d’être forcée, et évolue avec Ruben dans son parcours vers l’acceptation. Derrière sa réalisation coup de poing et son sound-design terrassant, on tient surtout un bijou d’humanité, dans lequel Riz Ahmed déploie une énergie animale. 

Ça te plaira si t’aimes : The Place Beyond the Pines, Whiplash

Notre critique de Sound of Metal

 

16. titane

Sortie 14 juillet 2021 – Durée 1h48

 

Titane : photo, Agathe RousselleMétal hurlant

 

De quoi ça parle : Alexia a un implant en titane dans son crâne depuis qu’elle a été gravement blessée dans un accident de voiture. Devenue trentenaire, cette danseuse érotique souffre de stress post-traumatique et est prise de pulsions meurtrières. Pour échapper à police, elle se fait passer pour Adrien, le fils de Vincent disparu depuis 10 ans.

Pourquoi c’est génial : Après son coup d’éclat en 2016, dire que le second long-métrage de Julia Ducournau était attendu serait un euphémisme. Une fois de plus, la cinéaste malmène avec perversion ses personnages pour mieux atteindre son public, dont les attentes sont systématiquement déjouées. Ce qui commence comme un slasher impitoyable au ton provocateur se transforme en étude de genre viscérale – aussi bien cinématographique que sexuel – pour transgresser et transcender cette notion qu’elle rend abstraite. 

Versant sans retenue dans le body horror, Julia Ducournau mutile les chairs, fait entrer en collision la souplesse chaude du corps humain et la rigidité froide du métal qui envahit le corps d’Alexia. Cette expérience sensorielle s’écarte ainsi de ses influences cronenbergiennes les plus évidentes pour une démonstration plus personnelle de la monstruosité, qui repose notamment sur un ressenti féminin libéré de son male gaze habituel (l’auteure de ses lignes se remet difficilement de la séquence « tétonesque »). 

Pour porter ce scénario dément et radical, la réalisatrice a pu compter sur une Agathe Rousselle aussi révulsive que magnétisante et un Vincent Lindon captivant et inquiétant. De quoi regretter un peu plus que les Oscars aient boudé le film. 

Ça te plaira si t’aimes : Grave, son précédent film, Basic Instinct, Crash, Videodrome

Notre critique de Titane

 

15. les mitchell contre les machines

Sortie : 30 avril 2021 (Netflix) – Durée : 1h54

 

Les Mitchell contre les machines : photoLa rédac’ d’Ecran Large au grand complet 

 

De quoi ça parle : Dans la famille Mitchell, je demande Katie, qui vient de se faire accepter à l’université. Contre son avis, son père, Rick, souhaite l’emmener, elle et sa fratrie en road trip rassembleur. Ses plans vont cependant tomber à l’eau lorsqu’une armée de robot fraichement libérée décide de prendre d’assaut la Terre. Seule la famille la plus dysfonctionnelle de la galaxie pourra les arrêter.

Pourquoi c’est génial : Depuis plusieurs années, ils sont des dizaines, voire des centaines à vouloir se réapproprier la culture internet, désormais largement répandue, y compris chez les plus vieilles générations. La publicité s’y casse les dents perpétuellement et le cinéma n’est pas loin d’en faire de même… à quelques exceptions près. Pour ce qui est du concept, le superbe Belle, aux portes de notre classement, fait preuve d’une bienveillance bienvenue. Pour ce qui est de l’humour, peuvent se targuer de l’avoir comprise le génial Get the Hell out, annoncé chez Spectrum pour l’année prochaine, et la dernière production de Phil Lord et Chris Miller, The Mitchells vs the Machines.

Grâce à son style frénétique directement inspiré des memes et autres joyeusetés virales, le long-métrage parvient à complètement transcender des tropes éculés du cinéma d’animation tout public américain, principalement celui de la famille. En s’attaquant avec une justesse assez inattendue aux ravages des grandes sociétés technologiques et de leurs gourous, il s’échine à traquer ce qui fait la valeur des choses imparfaites plutôt que de vanter un regroupement familial conservateur, traitant de fait à la fois des relations parents-enfants et de la technologie contemporaine, jamais vue avec manichéisme. Un film moderne donc, mais surtout absolument hilarant.

Ça te plaira si t’aimes : Tempête de boulettes géantes, La Grande aventure Lego, Spider-Man : New Generation

Notre critique de Les Mitchell contre les machines

 

14. matrix resurrections

Sortie : 22 décembre 2021 – Durée : 2h28

 

 

De quoi ça parle : Du retour de Neo et Trinity, encore prisonniers de la Matrice, sans souvenirs de leurs exploits passés. Ils vont devoir se faire réveiller – une fois de plus – par un nouvel équipage, mené par l’intrépide Bugs.

Pourquoi c’est génial : Cette année se sera terminée au beau milieu d’une bataille rangée entre les détracteurs et les défenseurs de cet ultime opus. Ce ne serait pas un Matrix si la critique et le public ne s’écharpaient pas à sa sortie. Ici, on a choisi notre camp : Matrix Resurrections est pour nous l’un des objets hollywoodiens les plus audacieux du moment, qui tombe, comme ses prédécesseurs, à pic.

Et c’est moins parce qu’il agresse, sans s’embarrasser de pincettes, l’héritage complètement dégénéré de la saga et plus largement une industrie qui tourne à vide que parce qu’il les adapte aux évolutions de style de son autrice. Celle-ci se réapproprie son propre univers avec une franchise inédite et transcende un traitement méta énervé, mais attendu avec une sensibilité directement héritée de ses derniers essais, pourtant bien moins portés aux nues que le Matrix original.

C’est un véritable plaisir de la voir corriger son monde et y insuffler un peu de la chaleur de Cloud Atlas et Sense8. Elle prend de fait de court un public avide de scènes d’action démentes pour tout articuler autour d’un saut dans le vide lumineux et d’une émancipation bienveillante. Qu’elle persiste dans son humanisme après tant d’agression critique force le respect. Chapeau.

Ça te plaira si t’aimes : Cloud Atlas, Sense8 et Carrie-Anne Moss.

Notre critique de Matrix Resurrections

 

13. le peuple loup

Sortie : 20 octobre 2021 – Durée : 1h43

 

Le Peuple loup : photoUn film qui méritait plus de visibilité 

 

De quoi ça parle : De Robyn, une petite fille intrépide qui a du mal à trouver sa place dans le village irlandais où elle et son père sont partis vivre. Très douée au tir, elle veut aider son père à chasser une meute de loups, mais fait la rencontre de Mève, une jeune wolfwalker qui se transforme en louve la nuit et avec laquelle elle partage bien plus qu’elle ne l’imagine.

Pourquoi c’est génial : Accompagné cette fois de Ross Stewart, le réalisateur Tomm Moore s’empare à nouveau des légendes celtiques et du folklore irlandais pour détourner cette fois-ci le mythe horrifique du loup-garou et la fable bien connue du Grand Méchant Loup dans Le Peuple loup. Ce conte enchanteur aux aspirations écologiques entend réconcilier les humains et la nature sauvage en présentant avec émerveillement son caractère insaisissable et majestueux. 

Pour le dire le plus simplement possible, le film est une vraie claque visuelle dont la beauté renoue avec une animation plus artisanale et artistique (décors peints, personnages en deux dimensions, traits de crayon et aspect moins lisse). Les dessins, au-delà de proposer des séquences oniriques et envoûtantes, sont aussi parfaitement intégrés à la narration.

Tout ce qui se rapporte à l’humanité est terne, austère et exagérément anguleux, tandis que tout ce qui rapporte à la nature est exagérément arrondi et sinueux, à commencer par l’apparence des deux protagonistes. Chaque plan est aussi attrayant que complexe dans sa composition. Le peuple loup se distingue également par la complicité tendre qu’il installe entre deux petites filles, fait assez rare pour le souligner. 

Ça te plaira si t’aimes : Brendan et le secret de Kells, Le Chant de la MerFrère des ours, Princesse Mononoké (sur un ton plus mature)

 

12. l’événement

Sortie : 24 novembre 2021 – Durée : 1h40

 

L'évènement : Photo Anamaria VartolomeiLibre dans sa tête, pas dans son corps

 

De quoi ça parle : Anne est une étudiante prometteuse, destinée à embrasser une carrière universitaire brillante, sauf qu’elle tombe enceinte. S’engage alors une course contre la montre pour avorter, et il n’y a rien de plus compliqué et dangereux dans une France de 1963 où l’IVG est illégale.

Pourquoi c’est génial : Parce que ce n’est pas tous les jours qu’un film français nous met une grosse claque. L’Evénement a reçu le Lion d’or à la Mostra de Venise 2021 et l’a plus que mérité tant le long-métrage est une oeuvre profonde. Une oeuvre offrant un regard passionnant et puissant sur la place de la femme, la société française de l’époque et la triste résonnance d’un tel combat près de soixante ans plus tard.

Et là où Audrey Diwan frappe fort, c’est dans cette capacité à ne jamais tomber dans le simple drame social et de faire de L’événement, à la fois un objet de mémoire et une vraie oeuvre de cinéma. Avec sa mise en scène d’une précision déconcertante, la réalisatrice ne vient jamais prendre de haut les spectateurs. Au contraire, elle les enferme aux côtés de Anne pour mieux leur faire ressentir sa détresse, sa souffrance et sa peur.

La caméra reste ainsi, en permanence, à la hauteur de son héroïne pour constater l’ampleur du cauchemar qu’elle vit. Dès lors, le drame social et le film d’émancipation se transforment en vrai thriller, en film de résistance, voire en pur film d’horreur où la jeune étudiante n’est plus maîtresse de son corps, envahie par une entité étrangère qui prend peu à peu possession d’elle et l’éloigne de son destin rêvé, empêchée par une société refusant qu’elle soit libre de ses choix. Uppercut on vous dit.

Ça te plaira si t’aimes : 4 mois, 3 semaines et 2 jours, toute l’oeuvre d’Annie Ernaux

Notre critique de L’événement

 

11. julie (en 12 chapitres)

Sortie : 13 octobre 2021 – Durée : 2h08

 

Julie (en 12 chapitres) : Photo Anders Danielsen Lie, Renate ReinsveUn des plus beaux plans de l’année 

 

De quoi ça parle : Julie approche des trente ans et n’arrive pas à savoir où sa vie la mène. Et alors qu’elle pense qu’Aksel, de quinze ans plus âgé et écrivain célèbre, va la mener à une stabilité, elle rencontre le séduisant Eivind.

Pourquoi c’est génial : Joachim Trier avait largement ému avec Oslo, 31 août en 2011, venant raconter en l’espace d’une nuit, le mal-être de son jeune héros Anders. Avec Julie (en 12 chapitres)le réalisateur continue à explorer les facettes de son cinéma, l’émancipation, le passage à l’âge adulte et la sexualité, cette fois à travers les yeux d’une femme, Julie, pour en tirer un portrait magnifique, amusant, tragique et enivrant d’une époque, d’une génération.

Le Norvégien livre alors une oeuvre aussi sublime dans sa simplicité que pertinente dans sa modernité. A la fois bouleversant et réconfortant dans son regard malin sur le monde, les relations, l’amour, l’existence… Julie (en 12 chapitres) détient un souffle et une beauté rares, notamment grâce à son actrice principale.

L’incandescente Renate Reinsve aura fait chavirer les coeurs de nombreux spectateurs autant qu’elle en aura probablement agacés. Car si Julie, comme chacun d’entre nous, est pleine de défauts, de contradictions, elle reste surtout une âme inspirante, emplie d’une mélancolie attendrissante et d’une vitalité vertigineuse. Et comme elle, le spectateur grandit, se relève et se libère pour mieux affronter le monde désenchanté qui l’entoure et en prendre les commandes. Un grand film vivant

Ça te plaira si t’aimes : la filmographie de Joachim Trier, Portrait de la jeune fille en feu, 

Notre critique de Julie (en 12 chapitres)

 

10. gagarine

Sortie : 23 juin 2021 – Durée : 1h35

  

Gagarine : Photo Alséni BathilyUn peu plus près des étoiles

 

De quoi ça parle : Youri, 16 ans, vit dans la cité Gagarine d’Ivry-sur-Seine et rêve de devenir cosmonaute. Avec ses amis et les habitants, il tente de sauver son domicile, menacé de démolition, que le garçon a transformé pour en faire son « vaisseau spatial ».

Pourquoi c’est génial : Court-métrage devenu premier long-métrage sélectionné à Cannes en 2020, Gagarine porte une envie, une ambition, celle de présenter la « banlieue » et ses habitants sous un regard nouveau, réaliste et amer, mais empli de douceur et de poésie. Quand Youri se retrouve dépossédé de tout ce qu’il chérit (et qui le définit), il préfère s’enfermer dans une illusion, qui donne vie à la cité déjà disparue.

À travers la mise en scène et le travail sonore, Fanny Liatard et Jérémy Trouilh transportent alors dans un univers qui cite Kubrick ou Tarkovski, où les structures bétonnées se transforment en couloirs spatiaux, et la fable politique sociale bascule alors dans un conte magique et bouleversant. La réussite du film tient aussi (sinon d’abord) dans son casting. Alséni Bathily, Lyna Khoudri, Jamil McCraven, Finnegan Oldfield, tous sont excellents, chacun apportant une tendre nuance à leurs personnages.

Ça te plaira si t’aimes : Le Dernier Voyage, Proxima ou les films dans l’espace.

Notre critique de Gagarine

  

9. tick, tick… boom !

Sortie : 19 novembre 2021 (Netflix) – Durée 2h01

 

Tick, Tick… Boom! : photo, Andrew GarfieldCet homme sait aussi chanter 

 

De quoi ça parle : À l’approche de ses 30 ans, un jeune compositeur prometteur se lance dans l’écriture d’une ambitieuse comédie musicale.

Pourquoi c’est génial : 2021 aura été une belle année pour les comédies musicales avec West Side Story D’où l’on vient, Annette et Tick, tick… Boom !, sortie plus discrètement sur Netflix. Pour son premier long-métrage en tant que réalisateur, l’homme-orchestre Lin-Manuel Miranda a choisi d’adapter la comédie semi-autobiographique de Jonathan Larson (plus connu pour Rent) et relève le défi sans fausse note.

Au-delà de mettre en lumière les talents de chant d’Andrew Garfield, le parolier livre à travers cette comédie dramatique méta et intimiste une lettre d’amour à l’art et à la créativité dont il fait des composantes essentielles de l’existence avec, en filigrane, l’angoisse du temps qui défile, source d’autant de regrets que de remords.

Le film plonge ainsi dans l’esprit chaotique et bouillonnant du personnage avec une émotivité et une fragilité insoupçonnables pas dans le premier acte plus euphorique. Son impatience fiévreuse de faire ses preuves (aussi bien le héros que celui qui le met en scène) est d’abord égoïste et auto-centrée, puis devient plus humaniste et universelle dans un élan final aussi renversant que larmoyant. 

Ça te plaira si t’aimes : Bo Burnham: Inside, Hamilton

Notre critique de Tick, Tick… Boom !

 

8. LE dernier duel

Sortie : 13 octobre 2021 – Durée : 2h33

 

 

De quoi ça parle : Normandie, 1386. Marguerite de Thibouville, la femme du chevalier Jean de Carrouges, accuse l’écuyer Jacques le Gris de l’avoir violée. Pour défendre son épouse, mais surtout son honneur, Carrouges va demander à affronter son ancien ami dans un duel, censé déterminer la vérité.

Pourquoi c’est génial : Vous pensiez que papy Ridley Scott commençait à perdre la boule avec Prometheus, Alien : Covenant et autres House of Gucci ? Et que c’était bien triste que son récent film le moins raté soit l’insipide Seul sur Mars ? Le réalisateur est de retour pour vous jouer un vilain tour, et retrouver sa puissance d’antan.

Avec cette fable à la Rashōmon, qui entrecroise trois points de vue, le cinéaste orchestre un grand et passionnant combat sur l’ego des hommes et l’amertume des femmes. Jamais dans les facilités du manichéisme, toujours dans les nuances de l’humain, le scénario signé Matt Damon, Ben Affleck et Nicole Holofcener aborde le sujet avec intelligence. Le Dernier Duel est certainement trop long pour son propre bien, et la structure en boucle peut sembler frustrante, mais Ridley Scott n’avait pas retrouvé une telle énergie et férocité dans sa mise en scène depuis bien longtemps. Le fameux duel en question est un grand moment de cinéma, et impossible de ne pas se (re)dire que Jodie Comer est une actrice incontournable. 

Ça te plaira si t’aimes : Les Duellistes, Le Roi, Alexandre, Outlaw King

Notre critique de Le Dernier Duel

 

7. promising young woman

Sortie 26 mai 2021 – Durée 1h48

 

Promising Young Woman : photo, Carey MulliganThe Neon Demon 

 

De quoi ça parle : Depuis que sa meilleure amie s’est suicidée après avoir été violée, Cassie traque les violeurs en faisant semblant d’être ivre morte dans différentes boîtes de nuit pour donner une leçon à ceux qui tentent de profiter d’elle. 

Pourquoi c’est génial : On peut trouver à redire sur la mise en scène, mais le scénario de Promising Young Woman est aussi solide que la performance cathartique de Carey Mulligan. Pour son premier long-métrage comme réalisatrice et scénariste, Emerald Fennell prend à contre-pied le genre du rape and revenge et fait cette fois du deuil et du sentiment d’injustice l’élément déclencheur de la descente aux enfers de l’anti-héroïne. En inversant le rapport de domination entre homme et femme, le personnage entend voir la peur changer de camp, permettant au film d’exposer sans compromis les mécaniques bien huilées de la culture du viol. 

Avec sa musique et son esthétique pop-acidulées et sa réalisation codifiée, qui emprunte autant au cinéma d’horreur qu’à la comédie romantique, le film picote, provoque et installe un malaise brutal, radical. Son dénouement glaçant et cynique déjoue les attentes et bascule dans un autre registre. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien qu’Emerald Fennell a remporté l’Oscar du meilleur scénario original.

Ça te plaira si t’aimes : Carrie, la vengeanceThe Nightingale

Notre critique de Promising Young Woman

 

6. la proie d’une ombre

Sortie : 15 septembre 2021 – Durée : 1h48

 

La Proie d'une ombre : photo, Rebecca HallEncore une Maison des ombres pour Rebecca

 

De quoi ça parle : Suite au suicide de son mari, Beth se retrouve seule dans leur grande maison au bord d’un lac. Mais elle commence peu à peu à sentir une présence, et se demande si c’est le fantôme de son époux, ou autre chose…

Pourquoi c’est génial : À vue de nez, La Proie d’une ombre est un énième film de fantôme, avec veuve éplorée, maison hantée et autres apparitions à droite à gauche. Que nenni. Repéré avec Le Rituel (et chargé de ramener Hellraiser), David Bruckner se joue avec malice des codes du genre pour orchestre un magnifique et ténébreux film sur la tristesse, celle qui ronge les êtres et leur entourage. De quoi charger La Proie d’une ombre d’une émotion intense à mesure que le cauchemar montre son vrai visage, dans une dernière ligne droite étonnante. 

Mais le film n’en oublie pas la peur pour autant. Mis en scène avec précision et savoir-faire, La Proie d’une ombre offre quelques moments mémorables, et une poignée d’images tétanisantes. Petit film passé inaperçu en salles, mais grand film d’angoisse et de mélancolie, porté par une Rebecca Hall parfaite.

Ça te plaira si t’aimes : Les Autres, The Haunting of Hill House et Bly ManorLa Maison des ombres avec Rebecca Hall.

Notre critique de La Proie d’une ombre

 

5. la loi de téhéran

Sortie : 28 juillet 2021 – Durée : 2h14

 

 

De quoi ça parle : Samad, flic aux méthodes expéditives, parvient enfin à mettre la main sur Nasser, un supposé parrain de la drogue. Mais ce n’est que le début d’une confrontation entre les deux hommes, dans le contexte peu ragoûtant des prisons iraniennes. 

Pourquoi c’est génial : Dès sa scène d’introduction nerveuse qui pioche dans le meilleur de William Friedkin, La Loi de Téhéran laisse entrevoir un polar sec et rugueux, porté par un vrai regard de mise en scène. Résultat, le film de Saeed Roustayi mue petit à petit vers un suspense intimiste, au cœur d’une scénographie suffocante. Mais au-delà de son duo d’acteurs incandescent et de son récit mené tambour battant, le long-métrage réussit à tenir son cap tout en se permettant des pas de côté, ouvrant la porte à une arborescence thématique sublime.

Moins une œuvre sur la guerre anti-drogue que sur le déterminisme social, la peine de mort, les béances du système judiciaire iranien, et la manière dont tous ces maux se lient, La Loi de Téhéran est un film monde, qui évoque l’Iran d’aujourd’hui dans toute sa complexité. Un caillou dans la chaussure génialement dérangeant, et un chef-d’œuvre immanquable, qui signe l’émergence d’un futur grand cinéaste.  

Ça te plaira si t’aimes : French Connection, Police Fédérale Los Angeles

Notre critique de La Loi de Téhéran

 

4. west side story

Sortie : 8 décembre 2021 – Durée : 2h36

 

 

De quoi ça parle : D’une relecture de Roméo et Juliette à la sauce musicale dans le New York de 1957.

Pourquoi c’est génial : Rien qu’en regardant l’ouverture d’Indiana Jones et le temple maudit, on sait depuis longtemps que la maestria de Steven Spielberg est héritée de l’âge d’or d’Hollywood et des musicals. Ce n’était donc qu’une question de temps avant que le réalisateur n’ose enfin explorer le genre.

Le miracle de West Side Story, c’est ainsi de voir Spielberg imposer une forme d’évidence sur cette démarche artistique. On assiste, hébété, à la rencontre parfaite d’un auteur avec son sujet, histoire d’amour d’une tendresse infinie dont la toile de fond semble plus actuelle que jamais. Sa collaboration avec le directeur de la photographie Janusz Kaminski n’atteint pas seulement de nouveaux sommets de beauté et de créativité. Elle offre au film, par ses rayons de soleil diffus, ses ombres marquées et ses lens-flares lourds de sens, un regard fascinant sur la lumière en tant que trace sur des corps. On ne pouvait pas rêver mieux pour souligner l’universalité de la comédie musicale, ou les performances physiques de ses comédiens habités, pris dans ce tourbillon dévastateur.

Ça te plaira si t’aimes : le West Side Story original, la filmographie de Steven Spielberg, ou le grand cinéma en général !

Notre critique de West Side Story

 

3. the suicide squad

Sortie : 28 juillet 2021 – Durée : 2h12

 

 

De quoi ça parle : Comme dans le long-métrage réalisé par David Ayer en 2016, Amanda Waller réunit une bande de dangereux super-vilains pour accomplir une mission encore plus dangereuse, sauf que cette fois, c’est un très très bon film.

Pourquoi c’est génial : Si la première adaptation de la Suicide Squad était un désastre que tout le monde voulait oublier à part son réalisateur et Jared Leto, celle réalisée par James Gunn tiendrait presque du miracle tant elle ne ressemble à aucun autre film du genre. Avec sincérité, ambition, générosité, mais aussi beaucoup de méchanceté, le cinéaste déjoue les attentes et explose le blockbuster hollywoodien avec ses effets gores, son humour agressif et sa narration fine et inventive.

Avec The Suicide Squad, le réalisateur renoue avec le mauvais goût des productions de Troma, mais réussit surtout à s’approprier les codes narratifs et visuels de différents genres pour élaborer un jeu de massacre délirant, qui n’oublie jamais les comics et les oeuvres dont il s’inspire, et encore moins ses personnages.

Car au-delà du plaisir malicieux suscité par ses visuels exaltants et son action décomplexée, la réussite du film tient d’abord dans cette bande de salauds qu’il parvient à rendre terriblement attachante en quelques scènes malgré leurs actions et qui est portée par un casting flamboyant. Idris Elba et Margot Robbie, bien sûr, mais surtout la déchirante Daniela Melchior et John Cena, aussi risible que terrifiant.

Ça te plaira si t’aimes : SuperKick-Ass et les bons films de super-héros comme Les Gardiens de la Galaxie ou The Dark Knight.

Notre critique de The Suicide Squad

 

2. Onoda – 10 000 nuits dans la jungle

Sortie : 21 juillet 2021 – Durée : 2h47

 

Onoda : 10 000 nuits dans la jungle : photo, Kanji TsudaLa déception d’arriver seulement deuxième

 

De quoi ça parle : Fin 1944. Le Japon est en train de perdre la guerre. Sur ordre du mystérieux Major Taniguchi, le jeune Hiroo Onoda est envoyé sur une île des Philippines juste avant le débarquement américain. La poignée de soldats qu’il entraîne dans la jungle découvre bientôt la doctrine inconnue qui va les lier à cet homme : la Guerre Secrète. Pour l’Empire, la guerre est sur le point de finir. Pour Onoda, elle s’achèvera 10 000 nuits plus tard.

Pourquoi c’est génial : Parce que si l’histoire devenue une quasi-légende urbaine au fil des décennies était connue internationalement, réussir à s’y immerger, pour en tirer un récit surpuissant et pourtant d’une simplicité évidente avait tout d’une mission suicide. Mais c’est pourtant ce qu’a accompli le français Arthur Harari. Pour son second long-métrage, il s’est immergé des mois durant dans la nature environnant son héros esseulé ainsi que dans la culture japonaise, pour en proposer une exploration fascinante.

Sans jamais chercher à dupliquer les grandes sagas guerrières ou contemplatives des années 70, il explore avec humanité la question du temps, de la foi, de l’engagement, arrimé à ce héros qui s’enfonce un peu plus chaque jour dans une fiction délirante. Porté par une image d’une rare splendeur, le film, malgré sa durée, ne se transforme pas en pensum passif, mais accomplit un remarquable travail sur l’empathie, mais aussi sur l’ellipse, faisant du temps, du lien avec la nature, et donc de la condition humaine, une véritable grammaire de cinéma.

Ça te plaira si t’aimes : Si tu aimes Duel dans le pacifiqueApocalypse Now ou Seul au monde.

Notre critique d’Onoda – 10 000 nuits dans la jungle

 

1. annette

Sortie : 7 juillet 2021 – Durée : 2h20

 

 

De quoi ça parle : Ann est une cantatrice célébrée dans le monde quand Henry est un stand-uppeur friand d’un humour borderline. Leur couple se porte à merveille jusqu’à ce qu’ils accueillent leur premier enfant, Annette, qui va bouleverser leur existence.

Pourquoi c’est génial : Parce qu’Annettedans une année aussi particulière que 2021, a été la plus belle invitation au cinéma (et a fait quasiment l’unanimité dans la rédaction). Dès ses premières minutes et le So May We Start des Sparks, Leos Carax, enfin de retour près de dix ans après Holy Motors, nous entraîne à travers l’écran, s’adressant frontalement aux spectateurs pour mieux le convier à sa grande fête. Car Annette est une oeuvre aussi démesurée que délicate, passionnée et lucide, grande réflexion meta et paradoxale sur l’idée même de création, d’art, et galvanisée par son amour sincère du cinéma.

Mené par le plus grand acteur actuel, Adam Driver, et la lumineuse Marion CotillardAnnette emporte alors tout sur son passage, comme les vagues encerclant les bateaux un jour de tempête. Impétueux, violent, dangereux, inattendu, hors de contrôle, chaotique, hypnotisant et percutant, le long-métrage est d’une radicalité infinie. Un tour de force livrant certains des moments les plus fabuleux et magiques vus sur grand écran en 2021 : une marionnette prenant son envol, une caméra virevoltant autour d’un chef d’orchestre, une scène d’opéra effaçant ses propres barrières, une simple balade nocturne à moto…

Alors quand, dans ses ultimes instants, le film nous rappelle à la réalité, nous ré-éclaire sur la fiction, nous invite à partager avec l’inconnu, il ne nous reste qu’une seule envie : celle de replonger très vite dans les méandres d’un tel cinéma, rare, poétique, furieux et vivant.

Ça te plaira si t’aimes : Adam Driver, Mulholland Drive, After Hours ou les comédies musicales radicales.

Notre critique d’Annette

 

 

FAQ

QUELS SONT LES MEILLEURS FILMS DE 2021 SUR NETFLIX ?

En plus des films cités dans notre classement comme Tick, Tick… Boom!, Les Mitchell contre les machines, Bo Burnham : Indise ou Don’t Look Up : Déni Cosmique, le catalogue Netflix s’est enrichi de plusieurs autres grands films. À commencer par le puissant The Power of the Dog réalisé par Jane Campion ou l’introspectif La Main de Dieu de Paolo Sorrentino, tous les deux primés lors de la Mostra de Venise 2021. Les premiers films de Jeymes Samuel, le pétaradant The Harder They Fall, et de Rebecca Hall, le délicat Clair-Obscur, font également partie des grands crus des créations originales Netflix. On pourrait aussi évoquer l’anxiogène Oxygène, le vampirique Blood Red Sky, le déchirant Pieces of Woman, le très discret The Dig ou le spatial Le Passager N°4.

QUELS SONT LES PIRES FILMS DE 2021 SUR NETFLIX ?

En 2021, Netflix a aussi diffusé plusieurs mauvais films (indépendamment de leur succès), comme l’ultra-référencé/algorithmé Red Notice, le grotesque Thunder Force, le vomitif 8 rue de l’humanité, le zombiesque Army of the Dead ou le nouveau délire en roue libre avec JCVD Le Dernier Mercenaire. Et évidemment, la liste pourrait être encore très longue avec des films complètement oubliables comme Toxique, Moxie, En passant pecho, Awake, Yes Day et Resident Evil : Infinite Darkness.

QUELS SONT LES PIRES FILMS DE 2021 ?

Pour tous les coups de coeur de 2021, il y a eu autant, voire plus de navets. Certains ont échappé à la salle en étant rachetés par Netflix comme l’immonde Aya et la sorcière ou en sortant sur Amazon Prime Video comme le gênant Haters ou le raté Seance. D’autres ont, en revanche, montré leur médiocrité sur grand écran, à l’instar du nanar Malignantde l’exaspérant Venom Let There Be Carnage, ou du grand spot publicitaire Space Jam : Nouvelle ère.

QUELS SONT LES PLUS GROS SUCCÈS DE 2021 ?

Dans le monde entier, Spider-Man : No Way Home a frappé fort en cumulant plus d’un milliard de dollars en moins de deux semaines d’exploitation, en faisant le grand gagnant de l’année et le sauveur des exploitants de cinémas, ravis de revoir leurs salles remplies après deux années de pandémie. Derrière lui, en dehors des succès des films chinois The Battle at Lake Changjin, Hi, Mom ou Detective Chinatown 3, Mourir peut attendre s’est démarqué tout comme Fast & Furious 9, tous les deux au-dessus des 700 millions de dollars récoltés dans le monde.

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castor

Mon top 2021:
1) Sound of metal
2) Illusions perdues
3) Bac Nord
4) Un homme en colère
5) Boite Noire / Le sommet des dieux

Cinemaskop

Annette number one, ça fait extrêmement plaisir. J’ai annulé ma séance de Titane, primé le soir même et prévue juste après, tant je ne voulais rien mettre derrière. Un bijou !

Marc

Je change d’avis sur mon top 2021 j’ai vu un chef-d’oeuvre !

DUNE

BELLE de Mamoru Hosada une adaptation de la belle et la Bête une claque également un chef-d’oeuvre .

Geoffrey Crété

@greg.

On l’a beaucoup aimé oui, mais comme tout top limité à un certain nombre, le nôtre laisse plein de films de côté, c’est le jeu

https://www.ecranlarge.com/films/critique/1396148-le-sommet-des-dieux-critique-renversante-a-couper-le-souffle

L'autre

Merci Geoffrey de ta réponse . Je comprends tout à fait tes arguments. C’est juste que j’ai eu un coup de cœur énorme pour le Peuple des Loups et que j’aurai aimé voir un de mes sites préférés aller dans le même sens. Voilà c’était un ressentit très subjectif et partial mais encore une fois merci d’avoir pris le temps de me répondre… Au plaisir de continuer à vous lire 😉

Greg.

Vraiment surpris de ne pas voir Le Sommet des Dieux dans votre classement !
C’est l’un des plus beaux films d’animations de l’année et qui rend merveilleusement hommage au manga d’origine.

Pour Suicide Squad, je m’y attendais vu comment vous nous l’avez vendu… mais je ne comprends toujours pas votre emballement autour de ce film à mes yeux, sympathique, mais anecdotique et qui rate encore son sujet avec ces anti-héros plus héros que anti…
A part ça, globalement d’accord avec le reste, même si j’aurais aussi mis Benedetta !! Mais son côté clivant le condamne probablement dans une rédaction aux multiples votants…

Geoffrey Crété

@L’autre

C’est toujours, toujours une question de temps et de ressources. Nous sommes une petite équipe, avec des moyens limités.
Vu le nombre de sorties cinéma, de sorties séries, et l’actu en parallèle (comics, mangas, jeux vidéo) ; vu le temps que ça demande de regarder tout ça ; vu le temps que ça exige de les traitement convenablement et pour leur sortie… Impossible de tout voir et traiter. On est les premiers à le regretter, mais l’équipe fait au mieux, travaille énormément pour y arriver, et c’est grâce à ces « bouses » (qui intéressent beaucoup le lectorat, et qui sont passionnantes à décortiquer, qu’on aime ou pas), que ce site à l’accès gratuit à 99% existe encore.

MystereK

SERGIO, un classement de films est TOUJOURS subjectif.

Kyle Reese

Tient j’aurai mis Bac Nord dans mon top.

Kyle Reese

Va y avoir du rattrapage dans l’air je n’ai vu que la moitié de votre top avec un excellent choix de films et des surprises.

Une évidence votre classement de The Suicide Quad me semble beaucoup trop haut..

Par contre je suis incapable de faire un classement perso des films 2021 cette année.
Avec l’age ça n’est plus vraiment important je pense.
Peut être Dune en 1 ère place au moins ça c’est presque sûr.