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Le Géant de fer : le chef-d’œuvre de Brad Bird qui devait rivaliser avec Disney

Par arnold-petit
19 février 2022
MAJ : 21 mai 2024
Le Géant de fer : photo

Le Géant de fer a permis à Brad Bird de faire ses preuves et de révolutionner l’animation avec un petit projet abandonné devenu une œuvre culte avec le temps.

Le Géant de fer est un chef-d’oeuvre qui fait pleurer petits et grands à chaque visionnage et il le doit essentiellement à son réalisateur, Brad Bird, qui a bousculé l’industrie avec ses équipes et son savoir-faire. Celui-ci a montré tout son talent dans ce premier long-métrage qu’il a longtemps attendu de réaliser. Sacrifié à sa sortie par Warner Bros. qui ne croyait plus en l’animation, le film a pu compter sur ses fans et la redécouverte du public, qui l’a apprécié à sa juste valeur et lui a donné son statut de film culte au fil des années.

 

Le Géant de fer : photoSalut les amis !

 

FULL METAL ALCHEMIST

En janvier 1995, espérant enfin réaliser son premier film d’animation, un polar cyberpunk entre Métal Hurlant et Blade Runner intitulé Ray Gunn, Brad Bird signait un contrat avec Turner Feature Animation, le studio qui venait d’acquérir Hanna-Barbera Productions, Castle Rock Entertainment et New Line Cinema.

Un an plus tard, Warner Bros. rachetait Turner, Ray Gunn était abandonné et le studio lui proposait un autre projet à la place, qui traînait depuis un petit moment, mais qui pouvait potentiellement rivaliser avec les films de Disney : l’adaptation d’une comédie musicale tirée d’un livre pour enfants de Ted Hughes publié en 1968, Le Géant de Fer.

 

Le Géant de fer : photoOn parle de moi ?

 

À la fin des années 80, Pete Townshend, le guitariste des Who, avait écrit un opéra rock inspiré de la nouvelle, The Iron Man : A Musical, d’abord enregistré sur un album en 1989, puis joué sur scène à Londres en 1993. Le metteur en scène Des McAnuff, convaincu que la comédie musicale pourrait donner lieu à un long-métrage comme un précédent opéra rock du groupe britannique, Tommy, avait alors approché la Warner, qui avait acquis le projet, mais sans savoir quoi en faire avant de le donner à Brad Bird.

À l’époque, Disney règne incontestablement sur l’animation et enchaîne les classiques avec La Petite Sirène en 1989, La Belle et la Bête en 1991, Aladdin en 1992, Le Roi Lion en 1994 et Hercule en 1997. Face à cette hégémonie et l’énorme succès du Roi Lion au box-office (plus de 850 millions récoltés pour 45 millions de budget, hors inflation et frais marketing), Warner Bros. et les autres studios décident donc eux aussi de développer des films d’animation, espérant récupérer une part du gâteau.

Richard Bazley, qui sera l’animateur en chef du film, avait lui aussi proposé à Don Bluth d’adapter le texte de Hughes quelques années plus tôt, en 1991, mais le réalisateur de Brisby et le secret de NIMH et du fabuleux Le petit dinosaure et la vallée des merveilles a refusé (et fera Poucelina, puis Anastasia avant que Le Géant de Fer ne voie le jour).

 

Le Géant de fer : photoQuand Warner découvre le pouvoir de l’animation

 

Quand Le Géant de Fer lui est confié, Brad Bird a déjà une longue carrière derrière lui et ne demande qu’à faire ses preuves. Fasciné depuis toujours par l’animation, il entreprend de réaliser ses propres films dès l’âge de neuf ans après avoir vu Le Livre de la Jungle.

Un peu plus tard, à onze ans, un ami de la famille lui obtient une visite des studios Walt Disney, où il rencontre les plus grands animateurs du studio, appelés les Neufs Sages, et leur dit qu’il les rejoindra un jour. En rentrant, il commence à concevoir son premier film d’animation, une adaptation du Lièvre et la Tortue, qu’il termine au bout de deux ans avant de l’envoyer à Disney.

Impressionné, le studio lui offre une sorte de stage d’apprentissage dans ses locaux et le jeune Brad Bird apprend aux côtés de Milton Erwin dit « Milt » Kahl, un des Neuf Sages derrière Blanche Neige et les Sept Nains, Pinocchio, Bambi, Peter Pan, Les Aristochats ou encore Robin des Bois. Après le lycée, il décroche une bourse de Disney pour intégrer le prestigieux California Institute of the Arts (CalArts), où il étudie en même temps que Tim Burton, Henry Selick et John Lasseter.

 

Le Géant de fer : photoEn bonne compagnie

 

Fraîchement diplômé, Brad Bird rejoint Disney en 1978, mais l’Âge d’Or du studio est déjà passé et la grande majorité des Neufs Sages qu’il attendait de rejoindre ne sont plus là. Avec un petit groupe d’animateurs reclus, il travaille sur différents films comme Rox et Rouky, Le Petit Âne de Bethléem, Le Noël de Mickey ou encore l’incroyable Taram et le Chaudron Magique et ne se cache pas pour critiquer les nouvelles oeuvres de Disney et le manque de prise de risque des exécutifs. Quand les pontes du studio l’apprennent et le convoquent, Brad Bird leur dit qu’il vaut mieux le virer s’il les empêche de faire leur travail, ce qu’ils font, deux ans après son arrivée.

Découragé par son passage chez Disney, Brad Bird imagine déjà son prochain projet : une adaptation animée du célèbre comic book de Will Eisner, Le Spirit. Il dessine certains story-boards et réalise une bande-annonce qu’il présente à différents studios, mais face à Disney et sa domination, aucun ne se risque à produire un film d’animation plus adulte alors il laisse tomber l’idée (qui sera malheureusement récupérée plus tard par Frank Miller).

 

 

Brad Bird s’intéresse à l’animation par ordinateur développée chez Lucasfilm (qu’il utilisera plus tard chez Pixar) et participe au magnifique The Plague Dogs avant de rejoindre Amblin en 1985 et de travailler sur la série Histoires Fantastiques en écrivant le deuxième épisode, La Météorite (The Main Attraction), avec le scénariste Mick Garris.

Steven Spielberg apprécie le résultat et l’encourage à soumettre d’autres idées, alors Bird propose des story-boards d’un épisode animé autour d’un chien et d’une famille américaine traditionnelle, qu’il écrit et réalise intégralement sous le titre de Chien de salon (Family Dog). Le succès est phénoménal, à tel point qu’Amblin veut en faire une série dérivée, mais Brad Bird n’est pas convaincu et refuse, préférant écrire le scénario de Miracle sur la 8e rue, un film adapté d’un autre épisode des Histoires Fantastiques.

Contre l’avis de Bird, Amblin décide quand même de faire la série dérivée sous le titre de Family Dog et la confie à son vieil ami Tim Burton, qui avait dessiné certains personnages de l’épisode original. S’il est quand même crédité en tant que créateur, Brad Bird n’est pas impliqué, alors il quitte Amblin, à nouveau déçu. En 1989, la disparition de sa soeur, tuée par son mari dans un meurtre-suicide, l’affecte énormément et le plonge encore un peu plus dans la dépression.

 

Le Géant de fer : photoLa vie en gris

 

Alors qu’il songe à abandonner l’animation, son épisode animé des Histoires Fantastiques attire l’attention des producteurs James L. Brooks et Sam Simon, qui développent une série animée avec Matt Groening pour la Fox, appelée Les Simpsons. Brad Bird est recruté en tant que consultant pour superviser la transition entre le scénario et l’animation sur les huit premières saisons, durant lesquelles il réalise également deux épisodes, Un clown à l’ombre (Krusty Gets Busted) et Tel père, tel clown (Like Father, Like Clown), et donne aussi son design au personnage de Tahiti Bob.

Après son passage sur Les Simpsons, qu’il considère comme la seule lueur dans sa vie après la mort de sa soeur, il signe un contrat avec New Line Cinema pour réaliser une comédie appelée Brothers in Crime, qui ne verra jamais le jour, puis écrit le scénario d’un film d’animation autour d’une famille de héros intitulé Les Indestructibles, qu’il présente en 1992, sans trouver preneur. Le Géant de Fer représente donc l’opportunité qu’il a toujours attendue et Brad Bird ne va pas laisser passer.

 

Le Géant de fer : photoL’ombre du Géant

 

Cette histoire d’amitié entre un petit garçon et un robot extra-terrestre que le poète avait imaginée pour réconforter ses enfants après le suicide de sa femme, l’écrivaine et poétesse Sylvia Plath, prend une valeur encore plus personnelle pour Brad Bird avec la mort de sa soeur et le réalisateur décide de totalement s’approprier l’oeuvre. Il jette l’idée de comédie musicale, revient aux thèmes développés dans le livre en supprimant l’aspect fantastique et installe le récit dans l’Amérique des années 50 en modifiant plusieurs éléments concernant les personnages.

Lors de sa présentation chez Warner, il résume son film en une question, « et si un pistolet avait une âme et ne voulait pas être un pistolet ?« , puis lâche toutes ses idées autour de la Guerre froide, la menace nucléaire, la conquête spatiale, la traque des communistes, la mère célibataire, le beatnik et l’agent du gouvernement à la poursuite du robot qui découvre la vie avec le petit garçon. La réunion se conclut sur une poignée de main enthousiaste entre le réalisateur et les exécutifs de la Warner et le premier long-métrage dont Brad Bird rêvait est officiellement lancé en décembre 1996.

 

Le Géant de fer : photoLe début d’une grande histoire

 

REAL STEEL

Brad Bird et Tim McCanlies ont trois mois pour écrire le scénario et les deux hommes procèdent à plusieurs changements, notamment la fin : le réalisateur veut terminer le film sur la mort du robot, mais le scénariste le persuade finalement de rajouter une dernière scène en déclarant « qu’on ne tue pas E.T. s’il ne revient pas à la vie« . Ils rendent leur copie avec un mois d’avance et Warner la valide sans faire de remarques.

La production s’annonce difficile pour Brad Bird : en plus de la pression mise sur le département d’animation, qui coûte plus d’argent qu’il n’en rapporte, le studio réduit le budget du film à un tiers de ce qui était prévu au départ et ne donne que deux ans et demi de délai alors que les équipes de Disney disposent d’environ cinq ans pour leurs films (en comparaison, Tarzan, sorti quelques semaines avant Le Géant de Fer, a entamé sa production un an plus tôt et l’a terminé trois semaines plus tard, avec 40 animateurs en plus).

 

Le Géant de fer : photoBranle-bas de combat

 

En revanche, le réalisateur sait aussi que son film sera différent de tout ce qui se fait à l’époque. Il explique à ses équipes qu’il compte exploiter chaque minute possible avec de longs plans contrairement aux montages préfabriqués de Disney avec de jolies chansons, des scènes d’action et des personnages aux voix hystériques. La firme de Mickey ayant déjà recruté les meilleurs dans l’animation, il recrute des marginaux, des artistes à la retraite et tout un tas de jeunes animateurs et animatrices emballés par la fougue et le langage grossier du réalisateur.

Les premières scènes commencent à être dessinées, mais Brad Bird n’est pas satisfait du design du robot alors il fait appel à Joe Johnston, concepteur graphique de la première trilogie Star Wars, d’Indiana Jones et le Temple Maudit et réalisateur des géniales Aventures de Rocketeer, Jumanji et des futurs Jurassic Park III et Captain America : The First Avenger. Son dessin est repris par le réalisateur et Mark Whiting, le directeur artistique, qui lui donnent sa mâchoire carrée et ses yeux ronds, pouvant s’ouvrir et se refermer, exprimant toutes ses émotions.

 

Le Géant de fer : photoOui, je suis ton ami

 

Grâce à son savoir-faire, Brad Bird révolutionne la manière de produire des films d’animation et fait tout pour économiser du temps et de l’argent. Il demande des story-boards de tout le film, afin de déterminer les angles de caméra et d’éviter de refaire les scènes en cas d’erreur ou de changement, ce que ne comprend pas Warner Bros. et la productrice Allison Abbate, présente sur le tournage (les films d’animation et blockbusters reprendront le procédé dès 1999 avec Matrix et les story-boards de Geof Darrow, qui convaincront ce même studio).

Il montre aux animateurs et animatrices un logiciel encore inconnu à l’époque, mais qui sera rapidement utilisé par une grande partie de l’industrie, After Effects, permettant de scanner et prévisualiser les scènes dessinées.

Avec ses équipes, il perfectionne une autre technique qui n’en est encore qu’à ses débuts : le mélange entre dessin animé et images de synthèse. Le robot est réalisé en 3D par ordinateur pour rester uniforme à chaque plan tandis que les décors et les autres personnages sont dessinés à la main. Pour éviter que le contraste ou la différence de texture ne se remarquent (problème que certains films d’animation d’aujourd’hui n’ont toujours pas résolu), ils développent un programme capable de créer des imperfections dans les traits du robot et de rendre son intégration aux dessins quasiment invisible.

 

Le Géant de fer : photoLe temps passe vite quand on s’amuse

 

À mesure que le projet avance, l’implication de Brad Bird reste totale, mais ses envies créatives et la pression de Warner Bros. engendrent de nombreux conflits avec Allison Abbate, qui doit trouver un équilibre entre les exigences du studio et les ambitions artistiques du réalisateur (tous les deux se confieront sur leur relation dans des interviews et la productrice admettra qu’elle a détesté travailler avec lui).

Bird contrôle chaque scène et n’hésite pas à réunir tous les animateurs et animatrices pour critiquer et retoucher leur travail devant les autres. Une nouvelle pratique qu’il considère lui-même comme humiliante, mais qui permet aussi de conserver une certaine cohérence et de s’améliorer collectivement, comme le reconnaissent certains membres de l’équipe.

Même s’il est débordé, le réalisateur tient à participer aux dessins du film et choisit une scène qu’il anime intégralement, le passage où Hogarth boit trop de café chez Dean et parle en gesticulant dans tous les sens, car elle représente de l’animation pure, comme il l’a toujours aimée.

 

Le Géant de fer : photoIl reste un peu de café ?

 

Warner souhaite de gros acteurs au casting et propose John Travolta ou Brad Pitt pour la voix de Dean, Arnold Schwarzenegger pour l’agent Kent Mansley ou encore Sean Connery et Peter Cullen pour le robot, mais Brad Bird a d’autres idées en tête.

Il retient Jennifer Aniston pour la voix d’Annie Hughes, la mère d’Howard, sur les conseils du studio et choisit des noms moins connus auprès du grand public pour les autres personnages : le jeune Eli Marienthal (uniquement apparu dans Jack Frost à l’époque) pour doubler Hogarth Hughes ; Harry Connick Jr. (Memphis Belle, Independance Day) pour Dean, le beatnik ; Christopher McDonald (Thelma et Louise, Flubber) pour Kent Mansley et pour le rôle le plus important, le robot, un jeune acteur et réalisateur encore en pleine ascension, Vin Diesel.

Au milieu de la production, Warner change d’avis et demande d’apporter de la légèreté au récit, de rajouter un petit chien rigolo qui accompagnerait Hogarth et de mettre une bande originale moderne avec des morceaux de hip-hop destinés à satisfaire l’image qu’ils se font du jeune public. Le réalisateur s’oppose catégoriquement à ces modifications et confie la musique à Michael Kamen, brillant compositeur de Brazil, Die Hard et Les 101 Dalmatiens, qui enregistre toute la bande-son en une semaine.

 

Le Géant de fer : photoJ’ai une mauvaise nouvelle à t’annoncer

 

Après les chiffres catastrophiques au box-office d’Excalibur, l’épée magique en mai 1998, l’autre long-métrage d’animation avec lequel Warner Bros. espérait bousculer Disney, le studio délaisse l’animation et des bruits de couloirs concernant des licenciements et la fermeture de la division se font entendre. Néanmoins, ce désintérêt permet à Brad Bird et ses équipes de profiter d’une liberté créative presque totale dans les derniers mois.

En novembre 1998, le film bientôt terminé, Warner n’a toujours pas déterminé de date de sortie ou de stratégie promotionnelle alors que Disney a déjà sorti une bande-annonce et des visuels de Tarzan. Afin d’attirer l’attention, un des membres de l’équipe fait fuiter une version brute du film à un journaliste du site Ain’t It Cool News, Drew McWeeny.

Le 1er février 1999, il écrit que Le Géant de Fer est « un bijou extraordinaire«  et « un des meilleurs films d’animation qu’il a jamais vu » qui « mérite d’être un des plus gros succès de l’année« . Brad Bird est furieux, mais les commentaires autour du film encouragent les équipes et les confortent dans l’idée que le film est une réussite.

 

Le Géant de fer : photoUn grand film pour un grand robot

 

En avril 1999, lorsque Warner organise une projection test et recueille des avis plus que positifs, les meilleurs depuis plus de 15 ans, le studio prend conscience trop tard que Le Géant de Fer peut potentiellement leur rapporter gros. Il propose alors de repousser la sortie d’un an pour le vendre correctement, mais les équipes redoutent que le film ne voie jamais le jour. Dégoûté que rien n’ait été prévu pendant plus de deux ans, Brad Bird accepte finalement de repousser la sortie d’un mois.

Faute de temps et de moyens, le marketing autour du Géant de fer débute quatre mois avant la sortie avec 30 millions de budget et une seule affiche de présentation alors qu’en face, Disney continue de promouvoir Tarzan avec une campagne massive et des partenariats avec McDonalds, Nestlé et Mattel en développant des jouets et d’autres produits dérivés.

Pour enfoncer le clou, les bandes-annonces diffusées par Warner Bros. sont ratées et présentent Le Géant de Fer comme une comédie pour ados avec un robot sur une musique de hard rock. À la place, le studio se concentre sur la promotion de son prochain gros film, dont la sortie est prévue une semaine plus tôt, Wild Wild West.

 

Le Géant de fer : photoBrad Bird qui découvre ce que Warner a fait de son film

 

SOULS DON’T DIE

Alors quand Le Géant de Fer sort début août 1999, quelques semaines après Tarzan, une semaine après Wild Wild West, le même jour que Le Sixième Sens et juste avant Le 13e Guerrier, il n’a aucune chance. Les critiques sont unanimement positives et Guillermo Del Toro va même jusqu’à appeler Brad Bird pour le féliciter d’avoir signé un aussi beau film, qu’il considère déjà comme un classique. Néanmoins, peu de monde se déplace pour aller le voir et les scores du box-office sont désastreux (23 millions de dollars, soit environ un tiers de son budget, estimé entre 50 et 70 millions de dollars, hors inflation et frais marketing).

 

Le Géant de fer : photoGrillé sur place

 

Ce n’est qu’au fil du temps, grâce à ceux l’ayant vu, redécouvert et conseillé que Le Géant de Fer s’est fait connaître et a conquis les spectateurs grâce à toutes ses qualités. Grâce à sa réalisation aussi brillante qu’inventive, ses nombreuses références et toutes les inspirations dans lesquelles il puise pour construire son imagerie et ses plans : les films des années 50 et les vieilles séries B de science-fiction comme Planète Interdite, l’animation japonaise des Studios Ghibli ou encore les comics avec Superman et la série animée de Max Fleischer.

Comme l’avait annoncé le journaliste d’Ain’t It Cool News, Le Géant de Fer est un trésor de bout en bout, aussi bien visuellement que narrativement. Les cadrages, le découpage, les couleurs, la gestion de la lumière dans les scènes nocturnes (avec l’apparition du Géant près du bateau au début)… Tout s’assemble pour former un film d’animation unique en son genre. Mais si le film réalisé par Brad Bird reste dans les mémoires, au-delà de sa mise en scène et de ses prouesses techniques et visuelles, c’est sans doute pour son scénario et son incroyable richesse. 

 

Le Géant de fer : photoLeçon de vie et de cinéma

 

Cette histoire pourtant éculée du garçon se liant d’amitié avec une créature venue d’ailleurs dégage une bouleversante humanité. Même si elle est teintée d’humour et conserve la simplicité d’une oeuvre qui s’adresse aux enfants, l’atmosphère douce-amère propre à l’enfance atteint des sommets d’émotion, encore plus lorsque le film traite frontalement de la solitude, du deuil ou de la vie et de la mort avec la magnifique scène avec le cerf abattu par les chasseurs, hommage direct à Bambi et sa maman : alors que Brad Bird condamne les armes à feu qui ont tué sa soeur, le robot prend conscience de son pouvoir destructeur qui se réveille et qu’il réprime après l’intervention d’Hogarth.

 

Le Géant de fer : photoTu es ce que tu choisis d’être

 

À travers ses références, ses inspirations et sa grammaire visuelle, Le Géant de fer parvient à capturer l’esprit des années 50 et retranscrire cette paranoïa de la menace communiste et nucléaire constante. En filigrane, la Guerre froide, le maccarthysme, la révolution culturelle américaine, la place des femmes dans la société enrichissent une histoire trop réaliste pour être fantastique, mais quand même merveilleuse. 

Avec cette relation pure et touchante entre Hogarth et le Géant, pourtant loin des princesses et des monstres rigolos de Disney, Brad Bird raconte malgré tout une fable, universelle et merveilleuse, et le fait avec un amour sincère pour le cinéma et l’animation.

 

Le Géant de fer : photoSUPERMAAAAAAAAN

 

Pendant que le monde redécouvrait Le Géant de fer, Warner Bros. a arrêté d’essayer de rivaliser avec Disney pour se focaliser sur ses licences, d’abord Scooby-Doo et les Looney Tunes, puis les super-héros de DC, partout, tout le temps (et encore aujourd’hui avec sa branche Warner Bros. Animation), tandis que Brad Bird est parti chez Pixar et, comme son film, a enfin obtenu la reconnaissance qu’il méritait en 2004 après avoir réalisé son vieux projet, Les Indestructibles. 

Film après film, il continuera de montrer sa créativité et son indéniable talent, en animation ou en prise de vue réelles en réalisant Ratatouille, un des meilleurs Mission Impossible avec Protocôle Fantome, À la poursuite de demain et Les Indestructibles 2, considéré par certains comme meilleur que le premier, qui est déjà un classique. Et pourtant, même s’ils sont tous réussis, aucun n’arrive à la cheville de métal du Géant de fer et de son Superman qui fait monter les larmes à chaque fois.

Rédacteurs :
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Stefun

Chef d’oeuvre total. Découvert à 35 ans, j’ai versé une larmichette à la fin

Emynoduesp

Merde…abonnez vous T_T
Desole…je suis trop habitue a la gratuite…

Sinon excellent film desservi par son character design.

Ah oui, j ai verse ma petite larme dans le final. Un film a voir absolument, tout comme Watchmen.

Simon

Article génial, qui donne envie de revoir le film et d’en faire des aussi inspirés. Merci beaucoup ! 🙂

Ozymandias

Super article et super dessin animé. Je l’ai fait découvrir à ma fille de 3 ans et demi il y a quelques semaines elle a bien accroché.

Francken

Une merveille.
Des volte-face assez impressionnantes entre légèreté et gravité, humour et sérieux.
Et j’ai découvert qu’un boulon pouvait me serrer la gorge, et c’est pas un mince exploit !

J’enrage toujours que le public soit passé à côté de son Tomorrowland…

burilloc

Très bon article! merci !Et je crois bien que pour les storyboards de matrix c’est geoff darrow et mais aussi Steve Skroce!

RedLeader

Ce film est juste magnifique! Comme cette critique par ailleurs.

Ded

D’une poésie et d’une humanité sans égales chez Disney ! Eloge de la tolérance et du respect pour toute vie, extraterrestre ou autre, doublé d’un plaidoyer contre la folie guerrière des hommes, ce chef d’œuvre sans pathos ni clichés déploie, de surcroît, un humour décapant ainsi qu’un burlesque irrésistible (la « bombe » dans le lac !!!!)…

Flash

Vu et revu, un chef d’œuvre en effet.

Numberz

Il n’a pas rivaliser, il a mis à l’amande la plupart des Disney.
Culte.
Le meilleur film de Vin Diesel ^^