Robert Pattinson est The Batman, dans la nouvelle version du super-héros DC. Que vaut ce nouveau Batman, notamment comparé à la trilogie The Dark Knight ?
À chaque génération, sa chauve-souris. Il y a eu Adam West dans les années 60, Michael Keaton dans les années 80, Val Kilmer et George Clooney dans les années 90, Christian Bale dans les années 2000, et Ben Affleck dans les années 2010. Et il y aura maintenant Robert Pattinson, pour ouvrir les années 2020.
Réalisé par Matt Reeves, The Batman marque le grand retour du personnage, après la trilogie The Dark Knight de Christopher Nolan, et l’aventure compliquée chez Zack Snyder (le fameux Snyder Cut et le film abandonné Batman de Ben Affleck). Attendu comme le messie par bien du monde, le blockbuster doit bien évidemment relancer une saga, pour faire marcher la planche à billets de Warner.
Mais est-ce suffisant ? Ce nouveau (énième) Batman a-t-il quelque chose de nouveau à raconter ? Peut-il se mesurer aux précédents films, et particulièrement au Chevalier noir version Christopher Nolan ? Décryptage du film, entre les raisons d’y croire, et les raisons de douter.
ATTENTION SPOILERS
LE MEILLEUR BATMAN ?
ROBERT PATTINSON
À chaque incarnation, interpréter le Chevalier Noir devient une tâche un peu plus ardue, chaque interprète du personnage imaginé par Bob Kane ayant eu l’opportunité de proposer une interprétation bien spécifique du justicier de Gotham, rendant pour chaque nouveau venu le défi de s’approprier le personnage plus ardu. Et pourtant, Robert Pattinson s’empare de Bruce comme de son alter ego avec une aisance déconcertante, et fait idéalement corps avec le projet thématique et esthétique de Reeves, consistant à réinventer le personnage en profondeur.
Parce qu’il est le plus jeune à porter le personnage à l’écran, il peut lui inoculer une qualité pas tant juvénile que profondément romantique, un romantisme noir qui colle depuis ses débuts parfaitement à l’interprète. Son Batman est un jeune justicier qui quadrille la ville depuis deux ans, à la fois passionné par sa quête de justice, qu’il perçoit encore comme une vengeance, mais sur le point de se laisser happer tant par la colère que les conséquences d’un rythme de vie intenable, qui le rapproche chaque nuit un peu plus des ténèbres qui dévorent Gotham. À l’évidence, celui qui a prêté son talent à des cinéastes tels que les frères Safdie ou James Gray portait en lui cette flamme glacée.
Mais quand on le découvre sous les traits d’un Bruce Wayne presque fantomatique qui, à force de regarder l’abîme, a laissé l’abîme le scruter, on songe à sa performance devant la caméra de David Cronenberg pour Cosmopolis. Il y incarnait un milliardaire revenu de tout, fatigué de tout, et d’abord de lui-même, embarqué dans une virée apocalyptique au coeur d’une mégalopole secouée par une insurrection populaire, vers une spirale mortifère. C’est bien cette dynamique que l’on retrouve dès qu’apparaît à l’image ce nouveau justicier nocturne.
Être un milliardaire, c’est pas si facile
Les commentateurs du dimanche auront abondamment glosé sur le choix de Pattinson de ne pas sculpter son corps à la manière d’un veau sous hormones, y voyant le premier symptôme de l’incapacité du comédien à jouer le personnage, quand le film vient confirmer que c’est sans doute la trouvaille la plus intéressante du métrage et sa plus belle preuve de cohérence avec son matériau original. Meilleur détective du monde, Batman est un maître de la mise en scène, dont tous les effets sont calculés, tandis que ses gadgets lui assurent un ascendant supplémentaire sur ses adversaires.
Athlétique, il l’est assurément, mais n’a pas pour autant grand-chose à voir avec un boulet de démolition humain. Cette nuance est perceptible jusque dans la conception de son costume, qui lui permet de composer une menace plus longiligne, pour ne pas dire féline. Et le comédien d’embrasser totalement la dimension spectrale de ce justicier toujours sur le fil du rasoir, s’apprêtant à plonger dans un gouffre moral et symbolique qui lui tend les bras.
BATMAN détective
C’était la grande promesse de Matt Reeves : avoir un Batman enquêteur. Une idée directement tirée des comics, où l’homme chauve-souris a régulièrement démontré ses talents de détective, grâce à sa rigueur, sa soif de justice, son attention aux détails et bien sûr des moyens quasi illimités. Les fantastiques jeux vidéo Arkham ont largement popularisé cette identité de super-détective, avec un mode qui permet de scanner l’environnement comme un corps malade, littéralement.
Le réalisateur a logiquement mis l’accent sur Gotham corrompue, avec une mafia rampante qui ronge la ville jusque dans ses entrailles. Avec en plus une ambition de film noir, il avait le décor idéal pour un Batman détective. Le scénario se concentre ainsi sur le jeu de pistes avec le Sphinx (The Riddler, ou L’homme-mystère pour les fans de Jim Carrey), avec un héros qui collecte les indices et les cadavres, visite les scènes de crime pour dénicher les détails, et recolle les pièces du puzzle.
La photographe qui suit le regard de Batman pour remarquer une trace de sang importante, la carte cachée dans l’appartement du Sphinx, l’ultime message sous les pattes d’une chauve-souris : Matt Reeves souligne constamment le regard de ce Batman détective, quasiment doté d’un sixième sens, surtout face à l’incompétence plus ou moins extrême de la police.
Batman : mode Detective activé
C’est d’autant plus malin que c’est à peu près la première fois que Batman est exploité ainsi au cinéma. Après Adam West, Tim Burton, Joel Schumacher, Christopher Nolan et Zack Snyder, montrer cette facette du personnage est certainement le meilleur argument pour justifier une énième adaptation. Avant d’être un musclor qui pète les tibias et décale les mâchoires, c’est un enquêteur exceptionnel. Avant d’être un corps robuste, c’est un esprit obsessionnel.
Avec ce tueur malin aux allures de fragile citoyen lambda, qui s’auto-proclame justicier avec des mises en scène macabres au nom d’une morale vertueuse désaxée, le scénario signé Matt Reeves et Peter Craig lorgne vers Seven. Le film rate parfois (souvent) la marche, côtoie Saw dans ses moments les plus étranges, mais c’est cette approche de thriller qui donne sa plus grande valeur à The Batman – au moins durant 2/3 de ces trois longues heures.
« O D I L : qu’est-ce que ça peut bien vouloir dire ? »
gotham, enfin de retour
La ville de Gotham est progressivement devenue la figure centrale des aventures du Chevalier Noir. Sous la plume d’innombrables dessinateurs, elle a pris vie, tantôt mégalopole tentaculaire, tantôt sinistre cimetière gothique, ses lieux les plus emblématiques se sont déployés sur papier, avant d’envahir les salles obscures. Depuis les visions démentes de Burton et les perspectives géométriques de la série animée de Bruce Timm, personne n’était parvenu à tout à fait donner vie à la cité à l’écran. Moins engageante qu’un parking de boîte clandestine chez Schumacher, plus banale qu’un cordon bleu chez Nolan, Gotham nous manquait.
Et cela tombe bien, tant la géographie et l’architecture des lieux ont été au coeur du projet de Matt Reeves. Devant sa caméra, la citadelle prend des teintes mordorées, où les couleurs des lampadaires se perdent dans d’étranges pulsars jaunissant, comme si Gotham tout entière pourrissait sur pied, toujours sur le point de basculer dans une nuit sans lune. On pense souvent à la photographie d’Alien 3 de David Fincher, mais plus généralement au travail de Darius Khondji, qu’émule intelligemment Greig Fraser dans de très nombreuses séquences.
Le XIXe siècle à travers les âges
Sans basculer dans une représentation purement mythologique ou fantasmatique, le film est traversé de pures visions gothiques, qui cohabitent étonnamment bien avec les quartiers les plus modernes de cette fourmilière hyperactive. Le meilleur exemple demeure à l’évidence la tour Wayne, gratte-ciel ultra-moderne qui abrite en son coeur le refuge de Bruce, inquiétant greffon de pierres et de gargouilles, comme si une tumeur baroque avait poussé au sein d’une ruche de cadres supérieurs cocaïnés.
Mais le penthouse de Bruce ainsi que la Batcave ne sont pas les seuls endroits à symboliser les pulsions vitales contradictoires de Gotham. Qu’il s’agisse d’une langue d’asphalte éventrant un sublime cimetière, ou des tours modernes auxquelles une bascule de point confère des airs de cathédrales torturées. Il en va de même pour le Bowery, plus visible qu’à l’accoutumée, ventre fécond et pluvieux de cette gigantesque bastide. Jamais Gotham n’avait été à la fois si cohérente, esthétiquement travaillée, toujours au premier plan, ce qui permettra au climax de revisiter certains cataclysmes américains pour achever la mue des lieux en une des plus cinégéniques cités vues sur grand écran.
c’est bien filmÉ (mieux que Nolan)
Le choix de Matt Reeves pour piloter ce nouveau Batman a enchanté bien du monde, notamment grâce au savoir-faire qu’il a appliqué à La Planète des singes : L’affrontement et Suprématie. Futur grand pour certains, simple bon faiseur pour d’autres, le réalisateur de Cloverfield et Laisse-moi entrer a en tout cas un sens de l’image certain. Et The Batman le confirme.
Rarement un blockbuster de cette trempe, inscrit dans un agenda de studio et encadré par une marque puissante, aura été si propre et solide d’un point de vue technique. À défaut d’être follement sensationnelles ou inventives, les scènes d’action sont toujours claires, découpées avec force et efficacité, avec un soin particulier apporté aux mouvements – notamment à la lourdeur des coups, du corps et des pas de Batman.
Matt Reeves évite ainsi le plus ordinaire et le pire des écueils modernes au rayon blockbuster : le surdécoupage des scènes d’action, qui détruit les chorégraphies, complique la spatialisation, et enlève tout sens de la réalité. Le réalisateur (et le studio) n’a pas peur d’utiliser les plans larges, les assumer et les rallonger, pour laisser le public se délecter d’une baston. En théorie, c’est la grammaire la plus banale du cinéma, mais l’industrie hollywoodienne l’a tellement piétinée que The Batman devient le premier de la classe.
Difficile alors de ne pas ressortir le dossier Christopher Nolan, qui n’est certainement pas un manchot, mais montre brillamment ses limites dans la pure mise en scène de l’action. Même le demi-dieu derrière The Dark Knight a emballé quelques scènes parfaitement moyennes, où la vélocité et la violence se perdent dans des choix de montage plus que douteux.
Nolan est l’un des rares cinéastes hollywoodiens à se passer de réalisateur de seconde équipe, d’ordinaire chargé de gérer une (grande) partie des cascades – d’où une uniformisation dans beaucoup de superproductions mal branlées sur le même modèle. Matt Reeves, lui, est dans les clous : il a à nouveau collaboré avec Bradley Parker, réalisateur de seconde équipe sur ses précédents films, notamment La Planète des singes : L’affrontement et Suprématie. À l’image, le film respire la cohérence et l’harmonie, avec une mise en scène stable du début à la fin, sans à-coups ni accroc.
Mais au-delà du simple savoir-faire, Matt Reeves et son équipe ont à cœur d’iconiser Batman avec une poignée de plans inspirés, et pas forcément aux endroits attendus. L’un des plus beaux a été cramé dans la promo (le reflet dans les flammes), mais son utilisation pour ponctuer une longue scène d’action montre bien où est l’envie première. Malgré la tempête, les flammes et l’action, ce Batman-bloc, qui encaisse les coups et les balles, et dont les pas résonnent comme ceux du jugement dernier, dicte le tempo. La caméra s’accroche à ce roc, ce qui lui donne un caractère remarquable.
batman politique
Comme tout art, et a fortiori comme tout art populaire, le cinéma est politique, par essence. Et du coup, quand on y cause d’un milliardaire désireux de faire justice lui-même après l’assassinat de ses parents, impossible de ne pas agiter quantité de concepts liés à la justice, mais aussi à l’administration de la cité, au bien et au mal, qui trouvent toujours un écho profond dans l’actualité et dans les problématiques politiques secouant le corps social. Ce constat se fait d’autant plus évident que Matt Reeves a décidé de pousser ces questionnements plus loin qu’aucun autre metteur en scène adaptant Batman avant lui.
Christopher Nolan avait bien, dans The Dark Knight Rises, tenté d’utiliser le surgissement de mouvements tels que Occupy Wall Street, après avoir fait un clin d’oeil aux notions de surveillance numérique dans The Dark Knight, mais ces ingrédients étaient demeurés de l’ordre du gros clin d’oeil et de la référence superficielle, plutôt qu’un propos très construit, innervant le récit en profondeur. Avec la figure du Riddler, The Batman questionne l’idée de justice sociale, mais aussi la notion de vengeance ou d’adresse de la colère en direction des « élites ».
Orphelin laissé pour compte, dont l’existence aura été synonyme de misère et d’humiliation de la part d’un système économique conçu pour assurer la domination d’une caste tout en broyant les plus fragiles, l’antagoniste souhaite à la fois radicaliser ses semblables et provoquer une éruption de colère aveugle. Une passion mauvaise, sorte d’adoration d’un Didier Raoult déguisé en sac poubelle, s’empare alors des plus vulnérables. On retrouve sur le papier une idée de la révolte et de la violence insurrectionnelle aperçue dans le récent Joker.
Mais Reeves va l’amener dans une autre direction. Non seulement celle de la radicalisation en ligne, pointée du doigt comme la conséquence de l’abandon par la communauté de ses membres les plus vulnérables, mais surtout, le réalisateur se garde bien de désigner le peuple comme responsable des ses propres malheurs. Un constat frappant dans les derniers instants, quand Batman observe Gotham sous les eaux, clairement désignée comme un reflet du cataclysme Katrina qui s’abattit sur la Louisiane, et dont les conséquences tragiques furent avant tout le fruit de l’impéritie d’une administration incompétente et désintéressée du sort de sa propre population.
Rarement le Chevalier Noir aura-t-il traversé un monde si éminemment politique, où ses actes ne peuvent plus être lus comme ceux d’un unique individu en pleine capacité, tout comme les forces agissant contre lui seront, devant la caméra de Matt Reeves, à traduire comme une série de déterminismes.
La chauve-souris menant le peuple
LE PIRE BATMAN ?
batmaniaco-dÉpressif
Ce n’est pas la première fois qu’un Batman sous anxiolytique hante les écrans de cinéma. Christopher Nolan et Zack Snyder avaient déjà exploité le Bruce Wayne taciturne, tourmenté et rongé par ses démons. C’était le moteur dramatique de la trilogie menée par Christian Bale, qui culminait dans The Dark Knight Rises, et c’était l’un des motifs de plaisanterie avec Ben-tristounet-Affleck.
Mais Robert Pattinson touche un nouveau sommet avec ce jeune Bruce Wayne colérique, radical et impulsif. L’acteur trimballe sa mine renfrognée, s’accroche à quelques pages de dialogues, et promène sa voix monotone en voix off et à l’écran, pour tirer le fil d’un Batman à fleur de peau. Avec le masque, il incarne un justicier sur les nerfs, aux pulsions autodestructrices.
Sans le masque, il a tout d’un post-ado (ou jeune adulte, au choix), perdu dans un costume trop grand, et nourri par son oncle Alfred qui lui prépare un petit déjeuner sain après ses grasses matinées. Même sa musculature, moins extrême qu’à l’accoutumée (à la fois parce qu’elle est moins filmée, et moins impressionnante), va dans ce sens. Il y a plus un humain en construction qu’un surhumain en action.
La caricature sera simple : Robert Pattinson est mono-expressif, ce Batman est monotone, et pousse tellement loin le curseur du sérieux qu’il frôle le ridicule. Mais c’est moins une question d’interprétation et de talent (merci de revoir Cosmopolis, Good Time, The Rover ou The Lighthouse pour ça) que de vision du personnage. Cette version de l’homme chauve-souris est cohérente dans The Batman, qui broie du noir du début à la fin.
Sauf que ça ne marche qu’à moitié, et que ça ressemble trop vite à une posture, notamment car il manque de l’émotion. Chez Nolan et Snyder, le Batman dépressif et misanthrope existait car il avait traversé des épreuves, et portait sur lui l’usure du temps, psychologique et physique. Chez Reeves, c’est « simplement » parce que Bruce a perdu ses parents, et essaie de trouver sa voie dans Gotham. Soit un point de départ classique, poussé ici à l’extrême.
Et quand Batman redevient Bruce Wayne, retire son masque et montre son maquillage (logique) autour des yeux, difficile de ne pas y voir un Bat-emo un peu artificiel, qui tourne en rond dans l’identité familière du héros.
le raté catwoman
Les défauts d’écriture sont encore plus flagrants du côté des seconds rôles, nombreux, et pour la plupart réduits à des accessoires de luxe pour l’intrigue. En première ligne : la Catwoman interprétée par Zoë Kravitz, qui a bien du mal à trouver une place digne de ce nom, entre anti-héroïne, femme fatale fétichisée, et potentielle amoureuse.
Selina a pourtant un arc bien à elle, particulièrement riche sur le papier. D’abord présentée comme une simple serveuse utile dans l’enquête, elle se révèle être une cambrioleuse de haut vol, qui abrite un témoin précieux pour la libérer du joug de Carmine Falcone. Elle s’allie à Batman, combat à ses côtés, le confronte à ses limites, et se transforme quasiment en antagoniste à la fin, car elle cache encore une carte majeure dans son jeu : elle est la fille cachée du gangster (comme dans Amère victoire, la suite d’Un long Halloween).
Pourtant, cette Catwoman semble toujours sous-écrite, et trop grossièrement caractérisée. Matt Reeves veut bien sûr souffler le chaud et le froid, en la filmant comme un bête objet de désir (sa première apparition : degré zéro de mise en scène d’un personnage féminin), avant de contrebalancer avec son indépendance sérieuse, et son caractère renfrogné. Mais à l’écran, cette dynamique devient très vite facile, transformant cette Selina en marionnette.
Concours de sourire avec Robert
D’autant que tout ça a là encore été (sur)fait avec ce personnage au cinéma, notamment toute la partie séduction,-mais-pas-trop avec Batman, qui fonctionne tellement peu que leur séparation finale est plate au possible. Zéro émotion autour de leur duo, qui passe pourtant par toutes les étapes classiques de leur relation.
Enfin, si le paternel Falcone donne de l’épaisseur au personnage, il rajoute un suspense complètement éventé au scénario. Avoir Selina en quasi-antagoniste, capable de franchir la ligne rouge de la vengeance, a du sens pour le film : Batman est confronté à un miroir qui lui permettra de trouver sa voie, et Catwoman a un objectif et des motivations personnels pour exister à part entière. Mais The Batman traite ça sans passion, jusqu’à une terne confrontation finale, où Selina ressemble plus à un cliché de mauvaise série B (petite tenue, talons hauts et flingue) qu’à Catwoman.
C’est donc un sacré tour de passe-passe : Catwoman n’a jamais eu autant de place au cinéma face à Batman, et n’a jamais été aussi peu intéressante et complexe.
(et les autres seconds rôles)
Inutile de dire que c’est encore pire pour toutes les autres. Andy Serkis répète le même refrain de presque-paternel d’Alfred sans y apporter quoi que ce soit, malgré l’illusion de son utilité à mi-parcours avec une fausse mort qui aurait gagné à être moins grotesque. Jeffrey Wright, lui, promène son badge de good cop éternel qui surnage dans les égouts de Gotham, sans fausse note, mais sans éclat. Jim Gordon a rarement été aussi central dans l’intrigue, mais comme Catwoman, cette omniprésence ne signifie rien de plus. Le flic n’a quasi rien à jouer, et sert avant tout à forcer les paroles du mutique Batman.
En face des anges, les démons de Gotham s’en sortent à peine mieux. Colin Farrell arrive à bouger ses dents derrière les prothèses du Pingouin pour composer un gangster classique légèrement ridicule, mais ni honteux ni marquant. Son rôle dans l’intrigue étant limité à une fausse piste, une scène d’action élégante, mais gentiment dispensable pour le récit, et une petite danse pour mériter son surnom, ce Pingouin ressemble surtout à un teasing – tiens, ça tombe bien, sa série arrive.
Carmine Falcone, lui, a beau occuper la plus grande place dans le film, il reste un autre stéréotype du genre, évidemment incarné par John Turturro, mais pas spécialement remarquable. Incarnation du mal qui ronge Gotham, le maire officieusement officiel de la ville semble là aussi être un pur accessoire du scénario.
Paul Dano est certainement celui qui s’en sortira avec le plus d’honneur dans le rôle de Sphinx. Dans un pur rôle de détraqué, l’acteur est sans surprise très bon, principalement parce que la partie Batman détective est la plus ludique et excitante. Et lorsqu’il enlève le masque, et révèle son allure de John Doe désaxé, il a droit à une scène marquante avec Batman, laquelle joue adroitement de la tension autour de l’identité réelle du héros.
Dommage que cette confrontation laisse place à une dernière partie plus convenue, où The Batman rappelle sa nature de superproduction qui ne pouvait décemment se terminer avec des mots, et devait remplir un cahier des charges (bastons à gogo, Gotham dans les eaux, et petit chaos civil).
que c’est long
La longueur n’est jamais en soi synonyme de réussite, ou d’échec. Et on vous épargnera l’énième ritournelle se désolant de la longueur des productions actuelles, tant elle est pour l’essentiel inexacte. En effet, la tendance ne date pas d’hier, et on n’a pas attendu les années 2020 pour produire de très longs métrages. En témoignent les 4h de Autant en emporte le vent, les 3h40 des Les Dix Commandements, les 2h43 de Il faut sauver le soldat Ryan et bien d’autres. Toutefois, cette tendance à l’embolie narrative à cela de spécifique qu’elle touche aujourd’hui assez spécifiquement les blockbusters, donnant parfois au public le sentiment que la durée des productions augmente en général.
À en juger par la durée d’un gros paquet de chefs d’oeuvres et autres classiques, on aurait tort de s’inquiéter par principe de la durée d’un récit. Encore faut-il que ce dernier ait quelque chose de consistant à nous mettre sous les yeux. Et c’est précisément là où le bât blesse dans The Batman, tant le film a du mal à dissimuler une réelle déroute narrative. L’ambition de revenir aux racines de détective qui caractérisent le Chevalier Noir était logique, et prometteuses. Mais dans quelle galère nous entraîne-t-il ici ?
Quand tu attends le scénariste à la sortie
Après une fantastique introduction portée par la voix off habitée du héros, nous avons donc fait les présentations avec la citadelle, désignée comme « un cloaque où les âmes s’entredévorent », avant qu’un autre personnage ne la décrive comme une fausse d’aisance. Tout est dit. La ville est corrompue jusqu’à la moelle. Et bien après l’avoir établi en moins de cinq minutes, Matt Reeves va passer plus de deux heures à l’illustrer platement. Et supporter une investigation consistant à passer en revue chaque édile de Gotham, à la faveur d’une construction terriblement répétitive, pour constater, ô surprise, que l’édile en question est corrompu… on a déjà vu mieux.
Trois heures à redécouvrir l’eau tiède, c’est long. Surtout quand le moindre plan nous hurle au visage combien il est sophistiqué, noir, dur, puissant. Un peu comme si Bambi essayait de se faire passer pour un punk à chien. Et c’est bien là le gros raté du film. Sa longueur en rend plus visibles les coutures, raccourcis et épaisseurs.
On notera ainsi, au-delà du simplisme grossier de son intrigue, que ce blockbuster qui voudrait nous faire croire à son nihilisme et aux ténèbres qui guettent n’y parvient jamais, puisque tout en lui tend à un positivisme béat. Difficile de laisser passer, après 150 minutes de borborygmes d’ado grunge en descente de carambars, ce virage de Batou, désormais désireux de devenir un symbole d’espoir. Les blagues les plus courtes sont les meilleures.
Durée ressentie : sept ans et demi
PARCE QU’ON LE VAUT (pas) bien
Depuis son premier superbe teaser, The Batman porte en étendard son ambition : ne pas rester à la surface du divertissement, ne pas être un énième blockbuster super-héroïque de plus, mais un authentique film de cinéma. Porté par des thématiques. Proposant un spectacle visuel pensé comme tel. Conçu pour stimuler son public et le transporter, plutôt qu’anesthésier son cerveau dans un bain de margarine numérique. D’où une armada de références à un cinéma résolument adulte, pour ne pas dire radical, notamment quand il est question de son antagoniste, présenté comme un psychopathe à mi-chemin entre le Joker et Jigsaw.
Un méchant qui découpe et massacre du bourgeois, en usant de pièges et tortures aussi sophistiqués que cruels, en voilà un positionnement adulte, osé, mature… sauf bien sûr quand le choix du studio de produire un film PG-13 (le classement habituel des blockbusters, plus proche de notre « tout public » que de notre interdiction aux moins de 12 ans) qui interdit totalement à la mise en scène d’assumer les choix narratifs.
Et on sent bien que Matt Reeves n’a aucune idée de mise en scène pour pallier son incapacité à représenter la violence. En témoignent les embarrassantes scènes évoquant la mort du chef de la police, où le moindre figurant semble horrifié… sans jamais qu’on puisse prendre la mesure de la situation.
Cette prétention au cinéma le plus pur et éloigné des canons du gros divertissement décérébré se retrouve dans le refus, annoncé, publicisé et chroniqué, de greffer à l’ensemble une batterie de scènes post-générique. Sauf qu’il s’agit là d’une autre hypocrisie… puisque la dernière scène du film est dans tous ses aspects une pure séquence post-générique… discrètement montée avant ledit générique. Le procédé est d’autant plus parlant qu’on retrouve tous les stigmates du procédé.
Réalisation en pilote automatique, éclairage infect voué à dissimuler les limites d’un micro-décor assemblé à la va-vite, comédiens trop pressés pour jouer à leur meilleur niveau, faiblesse narrative, voire totale absence d’enjeux, la séquence en question n’a pas d’autre but que de faire un clin d’oeil à un méchant historique de la mythologie Batman. Mais traité à ce point par-dessus la jambe et en dépit du bon sens, l’ensemble évoque plus un court-métrage fauché de fans hardcores qu’une nouvelle brique narrative. Le tout, en prenant le risque de cracher comme il faut au visage des fans du Joker de Todd Philipps.
pourquoi encore batman ?
C’est la question à mille points. Comment justifier un énième retour de Batman, à peine cinq ans après sa dernière apparition au cinéma (sans compter Zack Snyder’s Justice League en 2021) ? Comment passer après le triomphe de la trilogie The Dark Knight ? Pourquoi ramener le héros avec un nouvel acteur, à peine six ans après Ben Affleck, lequel reprenait le rôle quatre ans après Christian Bale ? L’argument économique est évident, et central. C’est sûrement même la seule réponse. Mais impossible de s’en contenter, à moins de baver de cynisme à chaque respiration.
Le grand défi de The Batman était ainsi de trouver une réponse artistique, avec une identité propre – réinventer sans trahir, redémarrer sans répéter, repartir sans revenir en arrière. Pari à moitié réussi puisque Matt Reeves et Warner ont de toute évidence choisi un chemin parallèle à celui de Christopher Nolan, avec un Batman réaliste, ancré dans le béton de Gotham. Impossible de ne pas comparer ces deux visions, tant elles s’efforcent de gommer l’aspect fantastique et surhumain du personnage.
Attention, derrière toi, le 15e Batman
Il y a bien ça et là des détails et partis-pris parfois nouveaux, qui renvoient par exemple au gothique de Tim Burton dans le manoir Wayne, ou jouent de l’aura fantastique de Batman, perçu comme un monstre tapi dans le noir. Mais The Batman ne peut ou ne veut pas aller beaucoup plus loin, et réaffirme un axe déjà exploité au cinéma. De quoi confirmer que le film obéit beaucoup (trop) à des prérogatives de studio.
Bien sûr, personne n’est dupe. L’industrie du super-héros est une machine de guerre, et l’espoir n’est presque plus permis. Y aller, c’est l’accepter. Il faudrait donc se réjouir par principe que le bien-aimé Batman revienne, encore, et avec un réalisateur digne de ce nom derrière la caméra. Mais après un cycle Spider-Man qui s’est répété comme une interminable blague (8 films et 3 acteurs en 20 ans), Batman ressemble à un autre parfait symptôme de ce bégaiement hollywoodien qui a bien du mal à se camoufler.
Exploiter le filon avec 45 films et suites et événements croisés, quitte à piocher dans les fonds de tiroirs comics, est une chose. Remettre en scène les mêmes personnages, avec un ravalement de façade au bout de quelques années, en est une autre.
Quand même ça te manque un peu
C’est là que le souvenir de Zack Snyder semble encore plus intense. Son Batman, aussi industriel soit-il, avait une allure différente des précédents, et vivait dans un autre monde. Idem pour Joel Schumacher et ses films pop et campy décomplexés, qui tranchaient avec l’approche de Tim Burton. Un peu comme les premiers épisodes des sagas Alien et Mission : Impossible, Batman était alors offert sur un plateau à des cinéastes, qui avaient l’opportunité de repeindre les murs, déboulonner quelques figures, et s’approprier l’univers.
Désormais, le cahier des charges semble nettement plus restreint. La marge de créativité, et donc de cinéma, est réduite. Matt Reeves est un artisan plus que capable, et il rend une copie probablement satisfaisante pour les fans. Mais difficile d’y trouver un grand souffle qui indique une nécessité artistique de raviver la flamme chauve-souris, déjà, et au-delà de l’obligation commerciale pour Warner, d’exploiter l’un des super-héros les plus populaires de tous les temps.
Belle direction artistique, mais chiant comme la pluie.
Pattinson pas convaincant en Batman dépressif.
Batman Returns le seul et unique !
Une magnifique direction artistique pour un résultat chiant comme la pluie. Et Pattinson en Batman, rien à faire, je n’y crois pas. Il fait un peu dépressif fan du Dark Knight déambulant dans un interminable soirée cosplay. Nolan peut dormir tranquille.
A quispose, je suis parti au moment ou Batman se prend une bonne dizaine coup de fusils à 3 mètres qui ne lui font aucun effet alors même qu’il n’a pas de gilet par balle. D’ailleurs je ne suis pas sur qu’un gilet soit efficace face à des coups de fusils à 3 mètres. Le « Ta gueule c’est magique » était à des années lumières au-dessus de mes capacités pour moi.
#Isac654, t’es parti avant la fin mais tu dis que la fin est une honte…y’a pas un truc qui cloche??
1 an après on voit dans les commentaires que tout le monde en vient au même avis. Un film inutilement long au scénario médiocre et risible, conformiste à souhait (les politiques tous des salauds , sauf la leader black elle c’est l’espoir). Dommage l’esthétique était la
De très loin le pire Batman ! Je suis parti avant la fin de la séance ! Le film est ennuyeux au possible et trop long ! Il n’y a aucun rythme ! La relation entre Batman et Catwoman est sans commentaire tellement elle est fade ! La fin est une honte totale ! Batman sans gilets pare-balles se prend des coups de fusils à pompes à 5 mètres et ne meurt pas ! J’ai eu l’impression d’être insulté !
Enfin il faudrait demander Matt Reeves de ne pas copier Seven. Les trombes d’eau pour copier l’ambiance Seven on connaît. Il faut être plus subtil !
Ce film est une catastrophe industrielle ! Je préfère les films des années 90 y compris Batman et Robin !
J’ai déjà écris ce que j’en pense : film trop looooong s’appuyant sur une histoire artificiellement et faussement alambiquée, le Riddler propose des devinettes digne du CM2… franchement on grille les réponses avant Batman qui du coup passe presque pour un teubé et on s’agace devant le film en désespérant de voir l’intrigue s’embourber au lieu de progresser.
L’arc narratif de Batman est à la ramasse, il a le vertige et hop 3 scènes plus tard il ne l’a plus ! Le batarang est un simple cutter de luxe…la batmobile sort du garage de Dominic Toretto.
Pattinson se sent dans l’obligation d’en rajouter dans le registre emo désespéré en espérant qu’on le prenne au sérieux mais c’est tout l’inverse qui se produit il finit par devenir caricatural, on dirait un fan de Nirvana et d’Indochine en phase de redescente…
3 heures pour raconter si peu au final…
E revoyant le film il n’y a pas si longtemps, je rejoins certains avis sur l’ennui que j’ai pu ressentir.
Très enthousiaste à sa sortie,j’avais aimé le film pourtant sans crier au chef d’oeuvre .Mais lorsque je l’ai revu,malgré la qualité esthetique et technique du film, je trouve que ce batman traine un peu en longueur.Robert pattinson n’est pas taillé pour porter le costume. C’est plus du sous fincher qu’autre chose. Le perso du Riddler est un sous Ledger/Joker.
Je rejoins @John Spartan. Au lieu de rebooter constamment le Dark Knight, pourquoi ne poas tester The man who laugh ou encore The white Knight( joker en héros et batman en folie)??? Il y’a tant de choses à faire , au lieu de nous présenter eternellemnt ce milliardaire qui casse la bouche à des désoeuvrés. Mais bon vu comment bosse la Warner, c’est pas demain la veille qu’on verra ce genre de Batman.
Super déçu de ce film !
Problème de rythme (longueur), certains personnages (catwoman, pingouin) ne sont vraiment pas bon, voir inutile et je parle pas de Pattinson !
les scènes d’action sont ridicules, surtout la course poursuite avec le pingouin
au final on s’est vraiment ennuyé et je ne pense pas que j’irai voir la suite