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Les Meilleurs Films de 2022 – Ecran Large

Par La Rédaction
24 décembre 2022
MAJ : 20 novembre 2024
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Avatar 2, Leila et ses frères, RRR, As Bestas… Ecran Large dévoile son classement des 25 meilleurs films de 2022.

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Le Top 25 des meilleurs films de 2022 selon Écran Large, avec de l’horreur, du drame, de l’amour, de l’animation, et du rire.

Loin des préoccupations du Covid, ayant plus ou moins arrêté de jouer les trouble-fêtes, l’année 2022 a pu relancer le cinéma grâce à des immenses succès au box-office (Top Gun : Maverick, The Batman, Avatar : La Voie de l’eau) et surtout une année follement belle d’expériences sur grand écran. Entre les retours de grands noms du 7e art (Cronenberg, PTA, Cameron, Miller), la confirmation de jeunes cinéastes (Roustaee, Peele, Sorogoyen) ou la découverte de jeunes talents (Le Bon, Le Port, Kusijanovic), 2022 a été enrichissante et fascinante, et forcément établir un classement n’a pas été simple.

Il a donc été constitué par un système de points et d’occurrences grâce aux tops individuels des rédacteurs les plus éminents de la rédaction : Geoffrey Crété, Antoine Desrues, Mathieu Jaborska, Alexandre Janowiak, Déborah Lechner et Arnold Petit. En résulte ce magnifique top 25, célébrant à la fois la richesse de l’année 2022, les coups de coeur de la rédaction d’Ecran Large et sa diversité d’opinion.

Notre classement des PIRES FILMS de 2022, c’est par ici.

 

Alerte rouge : photoQuand tu comprends un peu tard que tu n’es pas dans le top de l’année

  

25. bruno reidal – confession d’un meurtrier

Sortie : 23 mars 2022 – Durée : 1h41

 

Bruno Reidal : Photo Dimitri DoréOubliez Dahmer sur Netflix

 

De quoi ça parle : 1905. Un garçon de 17 ans se rend à la police pour le meurtre d’un enfant de 12 ans. Face aux médecins, il commence à essayer d’expliquer ses pulsions, et son appétit de violence.

Pourquoi c’est génial : Des films et des séries sur les tueurs, il y en a trop pour les compter. Mais rien ne ressemble à Bruno Reidal – Confession d’un meurtrier, premier film choc et sec de Vincent Le Port. Fasciné par l’histoire vraie de ce garçon qui a décapité un enfant de 12 ans dans le village de Raulhac, dans le Cantal, en 1905, le réalisateur et scénariste a surtout exploré le paradoxe. Comment ce jeune homme si timide et pieux a-t-il pu commettre un crime si violent, et se livrer immédiatement aux autorités ? Comment exprimer par les mots ce que le corps hurle avec le sang ? Peut-on réellement comprendre l’incompréhensible ?

La réponse passe en grande partie par le talent de l’acteur Dimitri Doré, qui interprète avec une simplicité désarmante et glaçante ce Bruno Reidal.  C’est par lui que toute l’étrangeté et l’horreur passent, sans que Vincent Le Port ne cherche à excuser ou expliquer, et encore moins à créer une bête empathie. La mise en scène, d’une intelligence et d’une précision remarquables, est là pour éviter les pièges d’un tel sujet.

Le public se retrouve ainsi témoin privilégié de cette horreur, et confronté pleinement à l’étrangeté de la nature humaine. Bruno Reidal a beau répondre aux questions, détailler son passé et laisser imaginer les liens, l’énigme demeure jusqu’au bout. 

Ça te plaira si t’aimes : Henry, portrait d’un serial killer, Mindhunter, The House That Jack Built

Notre critique de Bruno Reidal

 

24. Trois Mille ans à t’attendre

Sortie : 24 août 2022 – Durée : 1h49

 

 

De quoi ça parle : Lors d’un voyage à Istanbul, une narratologue récupère un bibelot qui contient un Djinn. Alors que celui-ci lui demande trois voeux à exaucer, la scientifique sait que ses choix ne pourraient que lui porter malheur.

Pourquoi c’est génial : Parce que n’importe quel film de George Miller (Mad Max : Fury Road) est un événement, qui confirme la rareté d’un cinéaste précieux. Si l’Australien est depuis ses débuts l’un des meilleurs interprètes du monomythe de Joseph Campbell, Trois mille ans à t’attendre pense plus que jamais le septième art comme un portail rêvé sur des mythes universels. Au travers de ses deux protagonistes (parfaitement incarnés par Tilda Swinton et Idris Elba), Miller en tire son oeuvre la plus ouvertement post-moderne et analytique, sans pour autant que l’émotion ne soit sacrifiée.

D’une tonalité volontairement kitsch et d’une candeur déconcertante, le cinéaste semble s’y livrer comme jamais, interrogeant son propre rôle de conteur dans ce conciliabule qui s’étend hors du présent.

Trois mille ans à t’attendre en devient un film essentiel sur notre rapport à l’imaginaire, et l’introspection d’un auteur dont la richesse stylistique cache de nombreuses subtilités. Par la seule métaphore filée du liquide, la mise en scène amène les dimensions à se connecter, à se déverser dans cette chambre d’hôtel aux murs gris impersonnels. C’est le cinéma qui se projette sur notre monde, qui en a bien besoin.

Ça te plaira si t’aimes : la saga Mad Max, Les Contes des Mille et une nuits, Le Labyrinthe de Pan

Notre critique de Trois mille ans à t’attendre

 

23. men

Sortie : 8 juin 2022 – Durée : 1h40

 

 

De quoi ça parle : Après avoir vécu un drame personnel avec son mari, Harper part à la campagne pour se détendre. Mais sur place, une étrange atmosphère va se dégager des lieux et elle va avoir la sensation que quelqu’un ou quelque chose la poursuit.

Pourquoi c’est génial : Qu’on parle d’Ex Machina ou d’Annihilation, le cinéma d’Alex Garland repose intégralement sur l’ambiguïté du point de vue qu’il dépeint. Et il n’y a donc rien de surprenant à ce qu’avec Men, le bonhomme pousse encore les potards avec un concept ravageur. Ainsi, son héroïne, incarnée par la géniale Jessie Buckley, ne semble pas prendre en compte le fait que tous les hommes qu’elle croise dans cette campagne anglaise ont le même visage. Est-elle indifférente face à l’information, ou considère-t-elle que tous les hommes sont les mêmes ?

De cette donnée fantastique parfaitement intégrée, le cinéaste déploie un cauchemar éveillé sinueux et viscéral, où sa protagoniste subit sur un laps de temps très court tout un panel de violences faites aux femmes. D’abord simple thriller jonglant entre le home invasion et l’horreur psychologique, le film va ainsi basculer vers le body horror, tandis que le réalisateur s’attarde sur le traumatisme de Harper comme une mutation inévitable de son identité. 

En résulte, une expérience déroutante, flippante et maîtrisée de bout en bout, Men sachant exploiter ses diverses références horrifiques pour un voyage exceptionnel, entre symboles religieux et paganisme, qui regorge de nombreux secrets.

Ça te plaira si t’aimes : le cinéma d’Alex Garland, la body-horror de David Cronenberg, Mother!

Notre critique de Men

22. licorice pizza

Sortie : 5 janvier 2022 – Durée : 2h14

 

Licorice Pizza : photo, Cooper Hoffman, Alana HaimCours Gary, cours 

 

De quoi ça parle : 1973. Los Angeles. Alana et Gary font connaissance le jour de la photo de classe de Gary. Alana n’est plus lycéenne, mais est intriguée par l’adolescent. Ils entament alors une bien étrange relation.

Pourquoi c’est génial : Depuis ses débuts, Paul Thomas Anderson apprécie les personnages controversés, souvent toxiques, purement fictifs ou ayant réellement existé. Ses protagonistes développent une dépendance mutuelle, nouant généralement une relation d’ordre affectif ou un simple lien unissant un temps, le maître et l’élève. Paul Thomas Anderson a exploré plusieurs périodes du 20e siècle, et profite de l’occasion pour porter un regard doux-amer sur l’Amérique.

À bien des égards, Licorice Pizza incarne la quintessence de la filmographie de Paul Thomas Anderson et ne se pose jamais en simple ajout à son œuvre conséquente. Le long-métrage reprend à son compte les expériences passées du réalisateur (cadre iconoclaste comme dans Punch-Drunk Love, protagonistes dans la lignée de ceux de Phantom Thread) sans verser dans une bête répétition. Car une fois le décor planté et les personnages présentés, la mise en scène ingénieuse et subtile du cinéaste se soumet à un nouveau récit singulier.

En effet, pour Paul Thomas Anderson, seul importe cette romance peu ordinaire entre un garçon trop mûr pour son âge et une jeune femme ravie de vivre une seconde adolescence. Enfermés dans un cocon temporel alors que l’Histoire est en marche, Gary et Alana vont se déchirer pour mieux s’aimer. Le spectateur accorde sa respiration à celle de Gary pendant quelques instants, emplis de désir et d’hésitation pendant que Paul Thomas Anderson affiche un peu plus la maîtrise de son art, avec des scènes d’une rare intensité.

Ça te plaira si t’aimes : Punch-Drunk Love – Ivre d’amour, Presque célèbre

Notre critique de Licorice Pizza

 

21. X

Sortie : 2 novembre 2022 – Durée : 1h45

 

X : photo, Jenna Ortega, Owen CampbellLa Chair et le Sang

 

De quoi ça parle : Une équipe loue une petite maison paumée au fond du Texas pour tourner un film X. Mais les vieux propriétaires n’apprécient pas trop, et très vite, le tournage vire au cauchemar.

Pourquoi c’est génial : Dans la famille des petits malins, Ti West est l’un des plus malins. Avec The House of the Devil et The Innkeepers, il avait déjà mis en scène son amour fétichiste d’un certain cinéma d’horreur, sans pour autant tomber dans la citation pure et bête. Avec X, il continue de plus belle et convoque Massacre à la tronçonneuse, mais ne s’en contente pas

Car X vaut bien plus que le petit programme de slasher, qui a d’ailleurs déçu pas mal d’amateurs de viande fraîche. Le tournage d’un film porno amène une réflexion malicieuse sur le rapport au sexe et aux corps, d’autant plus intéressante qu’elle se joue de l’hypocrisie et du puritanisme renfermé. Et la nature de la menace, qui prend la forme d’un vieux couple et surtout d’une mamie décrépie, mais toujours bien vivante, amène une touche de très belle mélancolie sinistre. Le film d’horreur gagne ainsi en force et en émotion, tandis que les litres de sang ouvrent de passionnantes portes autour des personnages abandonnés.

Avec en plus une mise en scène très soignée, où Ti West s’amuse avec les décors attendus (la grange, le lac au croco, ou les simples phares d’une voiture dans la nuit), et un casting excellent (notamment la fantastique Mia Goth, qui joue l’héroïne et l’ennemie), X est l’un des plus beaux plaisirs de 2022. Sans oublier qu’il est sacrément important puisqu’il a lancé sa saga, avec le prequel Pearl (toujours inédit en France, on vous attend Kinovista) et la suite MaXXXine (pas encore tourné). Petit malin, qu’on vous dit !

Ça te plaira si t’aimes : Massacre à la tronçonneuse (et les suites-remakes dignes de ce nom), Wolf Creek, Censor, Butchers

Notre critique de X

  

20. red rocket

Sortie : 2 février 2022  – Durée : 2h11

 

Red Rocket : Photo Simon RexQuand le male gaze sert un propos et non une norme

 

De quoi ça parle : D’une ancienne star du porno qui revient dans sa ville natale avec un oeil au beurre noir et pas un sou en poche. Sa réinsertion est d’autant plus difficile qu’il crèche chez une ex qui le déteste  et doit reprendre le trafic de drogues pour gagner de l’argent, jusqu’à ce qu’il rencontre une adolescente avec laquelle il noue une relation très, très malsaine.

Pourquoi c’est génial : Après la Floride, le réalisateur Sean Baker a posé ses caméras à Texas City pour une nouvelle visite de l’Amérique profonde, loin des grandes villes touristiques et décors de carte postale. Sous couvert de tranches de vie tragicomiques, Red Rocket ronge avec cynisme et amertume le rêve américain, ainsi que la notion de « self-made man » qu’il tourne au ridicule. Il brise ces idéaux chimériques à travers le personnage de Mikey Saber, une ancienne star du porno qui vit sur « sa gloire » passée.

Cet endroit isolé est donc parfait pour que le cinéaste déroule une nouvelle étude de personnage, particulièrement dérangeante et inconfortable. L’écriture s’appuie en effet sur les préjugés (conscients ou intériorisés) de son public pour caractériser ce personnage qui au départ a tout du gars paumé, mais attachant et pas bien méchant, avant qu’il se révèle sous son vrai jour : un dangereux prédateur qui parasite la vie des autres, en particulier des femmes. L’acteur Simon Rex prête ainsi tout son charisme et sa bonne gueule à son personnage pour fausser un peu plus les apparences et renforcer la tromperie.

Le film a plusieurs points de bascule, et comme l’a voulu le cinéaste, la prise de conscience dépend des sensibilités de chacun, le film distillant plusieurs indices et signes annonciateurs sur son manque d’empathie, sa lâcheté, son égocentrisme et sa tendance à exploiter son prochain. Le point de non-retour reste cependant sa rencontre avec une adolescente de 17 ans surnommée Strawberry, qu’il séduit et manipule pour se refaire une place dans l’industrie porno en s’en servant comme tremplin. 

Ça te plaira si t’aimes : The Florida Project, Larry FlintPleasure

 

19. enquête sur un scandale d’état

Sortie : 9 février 2022 – Durée : 2h03

 

Enquête sur un scandale d'État : photo, Roschdy ZemAh c’est pas une livraison Amazon 

 

De quoi ça parle : Hubert ancien flic infiltré de la brigade des stupéfiants contacte Stéphane, journaliste à Libération. Hubert prétend en effet pouvoir prouver l’existence d’un trafic d’État, dirigé par Jacques Billard, haut gradé de la police française. Une longue et haletante enquête démarre.

Pourquoi c’est génial : Pour son troisième long-métrage, Thierry de Peretti quitte sa Corse natale pour adapter le livre d’Emmanuel Fansten et Hubert Avoine, ouvrage qui dénonce le vaste trafic de drogue organisé par un membre éminent de la police française. Le cinéaste relève donc un sacré défi en portant à l’écran cette histoire inquiétante et on pouvait craindre que la marche fût trop haute pour lui. C’était mal connaître le monsieur.

Durant les premières minutes d’Enquête sur un scandale d’État, Hubert, flic infiltré, fait les cent pas et guette l’arrivée d’une livraison. Pendant ce bref instant, le cinéaste entre dans le vif du sujet et plonge le spectateur dans un univers sordide. L’immersion se poursuit via des récits rapportés, par Hubert notamment, au gré de l’investigation des journalistes de Libération. La narration efficace de Thierry de Peretti fait mouche aussi bien dans ces moments souvent surréalistes que lorsque l’enquête piétine.

Les rouages de la justice se grippent et Hubert doit de nouveau attendre. Une attente parfaitement gérée par le metteur en scène, surtout lorsqu’elle souligne la perte d’un temps précieux. Le moyen pour Roschdy Zem de livrer une nouvelle fois une prestation éblouissante, digne des grands acteurs des films noirs d’antan (on le verrait bien porter le trenchcoat d’Humphrey Bogart), dans le rôle de ce lanceur d’alerte loin d’être désintéressé.

Ça te plaira si t’aimes : Dark WatersRévélationsErin Brockovich, seule contre tous

Notre critique d’Enquête sur un scandale d’État

 

18. nightmare alley

Sortie : 19 janvier 2022 – Durée : 2h31

 

 

De quoi ça parle : Après avoir tout appris du mentalisme dans un cirque itinérant, le charismatique Stanton décide de voler de ses propres ailes pour arnaquer l’élite new-yorkaise des années 40.

Pourquoi c’est génial : L’immense majorité de la carrière de Del Toro repose sur des récits fantastiques suivants des créatures, pour mieux sublimer leur différence, voire en faire les héros de ses oeuvres (La Forme de l’eau sonne comme une évidence, sans compter Hellboy). Le voir s’attaquer à l’adaptation du roman Nightmare Alley de William Lindsey Gresham – récit réaliste sur un charlatan déjà adapté au cinéma en 1947 par Edmund Goulding – était donc un sacré challenge pour le Mexicain, s’éloignant a priori de ses genres de prédilection.

C’était sans compter son intelligence, Del Toro plongeant dans une nouvelle forme de cinéma (ici le film noir donc) tout en s’obligeant à en proposer sa propre variation. Dans Nightmare Alley,  le réalisateur n’oublie ainsi jamais d’où il vient et propose une oeuvre dans la parfaite continuité de sa filmographie (loin d’être mineure). Après avoir exploré la beauté de ses monstres, il ausculte alors la monstruosité humaine à travers une intrigue aux fabuleux mystères, fomentant un immense geste de cinéma. Car ce Nightmare Alley est à la fois une fable noire, un thriller psychologique, une réflexion sur le spectacle, et in fine, l’idée même de cinéma où le fantastique s’ancre inévitablement dans une forme de réalité : la nôtre.

C’est splendide, sombre, tragique, labyrinthique et tout bonnement fascinant et on peut en plus compter sur le gratin Bradley Cooper, Cate Blanchett et Rooney Mara.

Ça te plaira si t’aimes : Freaks, la monstrueuse parade, les films noir type Crime passionnel, Poursuites dans la nuit ou Niagara

Notre critique de Nightmare Alley

 

17. pinocchio

Sortie : 9 décembre 2022 (Netflix) – Durée : 1h57

 

Pinocchio : photoTu vas pleurer, beaucoup pleurer

 

De quoi ça parle : De l’histoire de Pinocchio, mais chez les fachos. 

Pourquoi c’est génial : Cette année, Netflix a mis la stop-motion à l’honneur avec La Maison, Wendell et Wild et plus récemment la réadaptation de Pinocchio qui a permis à Guillermo del Toro de terminer l’année aussi bien qu’il l’a entamée après Nightmare Alley. Pour son premier long-métrage d’animation, le cinéaste n’a pas choisi la facilité ou la rapidité, restant ainsi fidèle à la minutie et à l’artisanat de son cinéma. Mais si Pinocchio est une prouesse technique et une claque visuelle indéniable, le film est autant une réappropriation plastique épatante qu’une réinterprétation fascinante du conte de Collodi, dont il parasite et détourne malicieusement le message premier.

Si le conte a souvent servi de guide moral et joue volontiers les donneurs de leçons et les épouvantails pour enfants, Guillermo del Toro a fait de Pinocchio une ode à l’insolence et à la désobéissance. Le récit, plus mature et macabre, est replacé dans l’Italie fasciste de Mussolini pour que Pinocchio devienne une figure de résistance, un appel à la liberté et à la découverte. Ainsi, plutôt que d’être soumis à la propagande du Régime, le protagoniste place lui-même ses curseurs moraux à mesure qu’il s’ouvre au monde et apprend à le comprendre.

Le pantin, sans maître ni ficelles, prend ainsi une autre dimension métaphorique, tandis que les projecteurs se braquent davantage sur Geppetto pour donner un ton plus mélancolique à l’oeuvre. Pinocchio ne né plus d’un beau désir de paternité, mais du désespoir d’un père incapable de faire le deuil de son enfant. Loin du gentil vieil homme souvent dépeint, Geppetto s’enfonce dans l’alcoolisme et la folie, jusqu’à s’apparenter à savant fou, à un Docteur Frankenstein mutilant un cadavre pour donner vie à ses névroses. Il ne veut pas un petit garçon, il veut redonner vie à celui qu’il a perdu, et ces attentes cruelles offrent une nouvelle dynamique au duo, et complexifie leur relation qui est d’autant plus authentique et larmoyante.

Ça te plaira si t’aimes : le cinéma de Del Toro, Les noces funèbres, Coraline

Notre critique de Pinocchio

 

16. armageddon time

Sortie : 9 novembre 2022  – Durée : 1h55 

 

Armageddon Time : Photo Michael Banks Repeta, Anthony Hopkins « Quelques minutes de bonheur sur un banc avec toi »

 

De quoi ça parle : Le regard d’un adolescent du Queens sur la transmission du rêve américain, la force de la famille et sur l’évolution de la société durant les années 80.

Pourquoi c’est génial : Après l’épopée spatiale d’Ad Astra et surtout la grande aventure épique de The Lost City of ZJames Gray revient à un environnement beaucoup plus intimiste, avec cette histoire au caractère autobiographique très marqué. Un choix qui aurait pu limiter son propos et ses ambitions de cinéaste, James Gray retrouvant ses premiers amours avec le cadre new-yorkais. Mais cela aurait été mal connaître le monsieur puisqu’Armageddon Time est loin d’être un film mineur.

Au contraire, derrière ce retour aux sources se cache un puissant récit sur les blessures de l’enfance ainsi qu’un tableau glaçant sur la fin d’un monde. En plongeant ses protagonistes au cœur des années 80, juste avant l’arrivée au pouvoir de Ronald Reagan, le cinéaste dresse un constat amer. En effet, cette période portée aux nues par la nostalgie actuelle a posé les bases du délitement du rêve américain, de l’avènement de l’égocentrisme social et des tendances néolibérales.

C’est pourquoi l’âme d’artiste de Paul n’a plus sa place dans une ère où Woodstock n’est plus qu’un lointain souvenir. Et si l’adolescent tantôt agace, tantôt émeut, il ne laisse jamais indifférent. Les moments passés avec Aaron, son grand-père, sont sûrement les scènes les plus touchantes du métrage et peut-être même de toute l’œuvre de James Gray, filmant chacune de leur discussion avec une délicatesse déchirante. Le cinéaste signe ainsi une version très personnelle des 400 Coups de François Truffaut et ce n’est d’ailleurs probablement pas anodin si le jeune Michael Banks Repeta livre une performance dans la lignée de Jean-Pierre Léaud. 

Ça te plaira si t’aimes : Les 400 Coups, The Yards

Notre critique d’Armageddon Time

 

15. godland

Sortie : 21 décembre 2022 – Durée : 2h23

 

Godland : photoVoyage, voyage

 

De quoi ça parle : D’un prêtre danois mandaté pour la construction d’une église en Islande. Son excursion sera bien plus ardue que prévu et mettra même à l’épreuve sa foi.

Pourquoi c’est génial : D’emblée, Hlynur Pálmason lie l’exploration européenne de son pays à la photographie argentique. Car le voyage de ce pauvre hère malmené par le climat rude islandais est avant tout une quête de représentation. S’il vient pour évangéliser une population, il a principalement pour tâche de la figer sur pellicule. Godland est construit autour d’une série d’authentiques photographies retrouvées sur place et, d’un geste absolument passionnant, imagine l’itinéraire de celui qui les a prises, forcé d’évoluer en terres inconnues sans lui-même avoir eu l’occasion de se renseigner.

À partir de ce postulat, le cinéaste conçoit une aventure absolument sublime, dont chaque photogramme renvoie à la beauté suspendue des images reliques argentiques. En faisant souffrir le martyre à son jeune héros, en transformant à jamais son existence grâce à une construction en deux parties et à un traitement du temps qui n’est pas sans évoquer les films de Carl Theodor Dreyer, il étudie en sus les effets de l’ouverture au monde sur l’humain. Impossible de rendre compte de sa richesse en deux paragraphes : le mieux est toujours de découvrir cette fresque théologique, empathique et profondément humaine en salles, où il éblouit encore.

Ça te plaira si t’aimes : Le cinéma de Dreyer, The Lost City of Z

Notre critique de Godland

 

14. nope

Sortie : 10 août 2022 – Durée : 2h10

 

 

De quoi ça parle : Les habitants d’une vallée perdue du fin fond de la Californie sont témoins d’une découverte terrifiante à caractère surnaturel.

Pourquoi c’est génial : Après Get Out, la carrière de réalisateur de Jordan Peele a explosé. Et si son passionnant Us a reçu un accueil en demi-teinte, Nope a été attendu par la force des choses comme le long-métrage de la potentielle confirmation pour son auteur. Un challenge brillamment relevé pour le metteur en scène.

En se réappropriant la figure de l’OVNI pour proposer un monstre unique, l’étranger au visage de vaisseau, Jordan Peele libre une étude profonde du deuil, de l’industrie hollywoodienne, du racisme voire de l’exploitation animale tout en analysant les rapports de domination du monde. En résulte une œuvre d’une richesse et d’une densité folle qui convoque le meilleur de Shyamalan (Signes) et Spielberg (La guerre des mondes, Rencontres du troisième type, E.T. l’extra-terrestre, Les Dents de la mer).

Un héritage au service d’une mise en scène grandiloquente soutenue par une des plus grandes bandes originales de l’année signée Michael Abels (déjà présent sur les précédents travaux du cinéaste) et des personnages finement écrits aux solides interprétations. Car si le film est un peu trop bavard (et donc indigeste) pour certains, il achève de toucher le spectateur par le biais d’un geste urgent et sacrificiel, limite martyre, pour marquer l’Histoire et passer le flambeau à une prochaine génération de cinéastes.

Ça te plaira si t’aimesSignes, l’oeuvre de Spielberg, AkiraCheval au galop

Notre critique de Nope

 

13. the batman

Sortie : 2 mars 2022 – Durée : 2h57

 

 

De quoi ça parle : Lorsqu’un tueur s’en prend à l’élite de Gotham par une série de machinations sadiques, une piste d’indices envoie le justicier sur une enquête au sein de la pègre.

Pourquoi c’est génial : Avec les films de Nolan, Burton, Snyder ou Schumacher, on s’inquiétait que Matt Reeves ait du mal à se faire une place. Pourtant, dès les premières secondes du long-métrage, le monsieur nous a rassurés avec son The Batman, qui ne ressemble à aucune autre itération du Chevalier Noir.

The Batman s’attarde sur l’aspect trop longtemps sous-exploité du super-héros : son talent d’enquêteur. Et si le détective ne semble pas dégourdi – si bien que l’affaire se présente comme un Seven et un Zodiac du pauvre –, c’est raccord avec ce Bruce Wayne en pleine crise d’ado (un parfait dark sasuke) et son Batman débutant. Sa rage aveuglante et juvénile, cause de sa maladresse, se marie magnifiquement avec les architectures gothiques et la tonalité grunge de la bande originale.

Le vent de fraîcheur se poursuit et se ressent jusqu’à même son esthétique, sombre et humide, où chaque plan use d’artifices pour composer de véritables tableaux aux zones d’ombres et aberrations optiques signifiantes. La tenue esthétique ancre alors le spectateur dans une Gotham palpable, où la ville et son super-héros sont deux personnages en symbiose. Gotham se mue en extension de Batman, arme d’où peut surgir la vengeance à tout moment.

Ça te plaira si t’aimes : The Dark KnightSeven, les devinettes

Notre critique de The Batman

 

12. RRR

Sortie : 25 mars 2022 – Durée : 3h07

 

RRR : photoRien que ça, oui

 

De quoi ça parle : De la grande histoire d’amour d’amitié entre Bheem et Raju. L’un est missionné pour récupérer une gamine enlevée par les Anglais, l’autre est un soldat. Ensemble, ils vont unifier un pays entier.

Pourquoi c’est génial : Peut-être est-ce dû à notre régurgitation progressive des blockbusters américains contemporains, mais ce qu’on retient immédiatement de RRR, en plus de sa mise en scène virtuose et décomplexée, c’est la réaction purement physique qu’il provoque obligatoirement, surtout quand on le contemple en salles. Avec ses ralentis esthétisés et ses mille idées de scénographie badass, le spectacle ahurissant de S.S. Rajamouli se ressent comme un shot d’adrénaline grisant, qui donne envie de se lever et de casser des bouches en sortant du cinéma.

On en oublierait presque que les vrais divertissements nobles de cinéma devraient toujours avoir cette ambition : nous laisser sur les rotules, le sourire jusqu’aux oreilles et avec l’envie immédiate de se replonger dans son univers démentiel. Arrêter des tigres et des motos par la simple force de ses muscles, imposer une danse locale devant des dizaines de bourgeois britanniques snobs, offrir la bromance la plus touchante et sincère vue depuis des lustres, et faire de ses deux héros de véritables allégories mythologiques et politiques (l’eau et le feu) : voilà tout ce que propose RRR dans ses trois heures trop courtes pour contenir autant de générosité et d’envies de cinéma.

Le climax à lui seul enterre par son inventivité tout ce que le cinéma super-héroïque moribond a en réserve, et pousse à comparer Rajamouli au grand Tsui Hark. Est-ce à dire que l’industrie telugu est en train de s’imposer au monde comme le cinéma hongkongais l’avait fait dans les années 80 ? Si tel est le cas, on est bien heureux d’assister aux débuts du phénomène.

Ça te plaira si t’aimes : La Légende de Baahubali, première ou deuxième partie, la folie du cinéma populaire HK

Notre critique de RRR

 

11. decision to leave

Sortie : 29 juin 2022 – Durée : 2h18

  

 

 

De quoi ça parle : Un homme est tombé d’une montagne. L’attention du détective Hae-Joon se porte sur Sore, la femme de la victime. Mais très vite, ses soupçons virent à l’obsession.

Pourquoi c’est génial : Le prix de la mise en scène remporté à Cannes 2022 était une évidence. Mais il occulte un peu la puissance dévastatrice de ce chef-d’oeuvre, nouvel accomplissement artistique et émotionnel de Park Chan-wook. Le cinéaste, trop souvent cantonné à sa maîtrise technique et à son rôle dans la formation de la vague coréenne qui a pris d’assaut les cérémonies de récompense et les cinéphilies des amateurs de thriller, continue d’affiner sa vision artistique dans son coin. Et il ne se contente pas d’enchainer les plans improbables.

À jamais célèbre pour le twist traumatisant d’Old Boy, il a pourtant emmené ses thématiques plus loin encore, plus subtilement et donc avec plus de poésie. Après le sublime Mademoiselle, il se débarrasse définitivement de la structure narrative tripartite très marquée qui avait fait son succès avec ce faux thriller et vraie histoire d’amour, qui admet un point de rupture seulement quand il faut laisser les conclusions froides de la criminologie en arrière-plan pour embrasser une romance trouble.

Et c’est à partir de ce moment-là que Decision To Leave déploie toute sa richesse. Au gré d’un simple champ-contrechamp, il s’engouffre dans l’intimité de ses deux personnages pour nous partager le moindre de leur état d’âme, sans qu’ils s’en rendent compte eux-mêmes. Une précision qui atteint son apogée dans une scène déchirante et une contre-plongée sidérante, ultime uppercut sentimental de cet accomplissement à la fois d’une grande complexité et d’une grande pureté. Pour nous, c’est ce qui fait les grands films.

Ça te plaira si t’aimes : Le reste de la filmographie de Park Chan-Wook, Basic Instinct.

Notre critique de Decision to Leave

  

10. blonde

Sortie : 28 septembre 2022 (Netflix) – Durée : 2h46

 

Blonde : Photo Ana de ArmasUn jeu de double

 

De quoi ça parle : La vie tragique de Norma Jeane aka Marylin Monroe, de sa plus tendre enfance à sa mort (et avec beaucoup de fiction au milieu).

Pourquoi c’est génial : Blonde a largement divisé la planète cinéma et pourtant, selon nous, il s’agit bel et bien d’un des très grands films de cette année 2022. Andrew Dominik est un cinéaste rare et surprenant dans le paysage hollywoodien et il le prouve une nouvelle fois ici. En adaptant le faux-biopic écrit par Joyce Carol Oates, Andrew Dominik bouleverse les codes du genre biographique pour continuer à tracer son sillon d’auteur, soit déconstruire un mythe américain pour, dans ce cas précis, recontextualiser une invention hollywoodienne et proposer un regard nouveau sur une icône adulée et surtout terriblement isolée.

C’est évidemment ce qui a pu choquer et énerver : que Dominik défasse le mythe à travers une œuvre radicale, onirique et volontairement provocatrice, où la femme affronte en permanence l’actrice, où Norma Jeane subit progressivement son double Marilyn Monroe. Et pourtant, en balayant la vie de Marilyn Monroe entre déceptions amoureuses, tragédies maternelles, recherches éternelles de la figure paternelle, succès et échecs de sa vie de comédienne, Blonde bouleverse, déroute, secoue. Le film se transforme même carrément en une expérience hallucinatoire aussi épuisante que fascinante rappelant le cinéma de David Lynch. Un trip fantasmagorique dont il devient difficile de délier le vrai du faux, le rêve de la réalité, l’inconscient du conscient, l’intime du révélé, la fiction de la biographie.

Un jeu de double fascinant qui doit quasiment tout à la performance saisissante et exigeante d’Ana de Armas capable, sans jamais singer bêtement la figure de Monroe, d’évoluer spontanément entre les deux esprits, les deux corps de Norma.

Ça te plaira si t’aimes : Les biopics qui ne sont pas des biopics, le livre de Joyce Carol Oates, Marylin Monroe (si t’es pas un fétichiste)

Notre critique de Blonde

 

9. the green knight

Sortie : 3 janvier 2022 (Amazon) – Durée : 2h10

 

 

De quoi ça parle : De la quête de Sir Gauvain, provoqué par un mystérieux chevalier vert. Pour devenir un héros, il va devoir affronter plusieurs dangers… et sa propre couardise.

Pourquoi c’est génial : On a souvent reproché à The Green Knight de faire dans l’esbroufe et la démonstration de style pompeuse. C’est toutefois passer à côté de l’identité esthétique et narrative du film, qui trouve peu d’équivalents. La dernière réalisation de David Lowery, qui jongle encore entre cinéma d’auteur et productions Disney, adapte un poème du XIVe siècle, Sire Gauvain et le Chevalier vert et reprend de fait la narration sinueuse et chimérique propre aux mythes et légendes anciennes (en l’occurrence arthuriennes). 

Ce récit chapitré est ésotérique et elliptique, mais l’objectif est évident : Gauvain, qui n’a pas l’étoffe d’un chevalier, doit se lancer dans une quête pour écrire sa légende et inscrire son nom dans l’Histoire. Cette quête prend ainsi une tournure existentielle, le bout du chemin signifiant sa mort et chaque étape étant une occasion de ressortir grandi et de représenter l’écoulement angoissant du temps, une thématique chère au coeur du cinéaste.

Pour autant, la bravoure et l’action épique qu’on s’attendrait à retrouver sont systématiquement déjouées ou laissées hors champ. Gauvain a beau se balader avec une hache et manier l’épée, le récit ne laisse aucune place aux joutes et autres batailles pour se concentrer exclusivement sur les faiblesses de ce personnage plus ordinaire que légendaire. Le rythme est donc lent et contemplatif, presque envoûtant, au point où on en vient à surtout apprécier son inaccessibilité première.

Ça te plaira si t’aimes : A Ghost Story, The Northman, Excalibur

Notre critique de The Green Knight

 

8. everything everywhere all at once

Sortie : 31 août 2022 – Durée : 2h19

 

 

De quoi ça parle : La pauvre Evelyn Wang tente de survivre entre ses dettes et ses problèmes familiaux. Un jour, elle se retrouve aspirée dans un multivers de la folie. Mais avec de la vraie folie.

Pourquoi c’est génial : Accrochez-vous à quelque chose de stable et ouvrez grand les yeux. La tornade Everything Everywhere All at Once emporte tout sur son passage. Le bouche-à-oreille très flatteur du film n’a pas menti : s’il est l’un des paris les plus risqués et les plus rentables de l’année, c’est surtout parce qu’il fait preuve d’une générosité à toute épreuve, que certains ont trouvé assourdissante, et d’autres, absolument jouissive. Vous l’avez deviné : la rédaction d’Ecran Large est de ceux-ci.

Et comment bouder son plaisir devant un tel spectacle, qui en plus de rendre un hommage appuyé au cinéma populaire américain et hongkongais, ainsi qu’à la comédienne Michelle Yeoh, révèle peu à peu sa complexité via un réseau de fusils de Tchekov hilarants (le trophée !) et d’effets de montages impressionnants ? Véritable orgie cinématographique qui rejette, exploration d’univers alternatifs après exploration d’univers alternatifs, tout le cynisme des majors hollywoodiennes, le long-métrage explose pour mieux contenir.

Grâce aux multiples couches narratives et aux morceaux de bravoure qui s’enchainent inlassablement, les Daniels explorent l’intériorité de leurs personnages, leurs angoisses, leur vie, leur combativité, avec en ultime ligne de mire de cette décharge d’ambitions, le sentiment le plus humble qu’ils puissent éprouver : l’empathie. Un paradoxe finalement d’une simplicité absolue et pourtant si fondamentalement touchante…

Ça te plaira si t’aimes : La filmographie des Wachowski, Spider-Man : New Generation.

Notre critique de Everything Everywhere All at Once

 

7. avatar : la voie de l’eau

Sortie : 14 décembre 2022  – Durée : 3h12

 

 

De quoi ça parle : Les humains sont de retour sur Pandora et comptent bien coloniser la planète extraterrestre. Jake Sully, Neytiri et leurs enfants Na’vi se retrouvent contraints de fuir auprès des Netkayina, un peuple de l’eau.

Pourquoi c’est génial : Treize ans après la sortie du premier Avatar, James Cameron débarque comme une fleur pour rappeler qui est le patron. La prouesse technologique de cette suite est telle qu’elle propulse une nouvelle fois la saga dix ans dans le futur, comme l’avait déjà fait son prédécesseur en son temps. Performance capture parfaite, qualité hallucinante des textures numériques (cette eau, Mamma Mia !) et 3D exemplaire, Avatar 2 : La Voie de l’eau est d’une splendeur qui émeut à chaque instant passé sur cette terre tangible (surtout en HFR).

Mais Cameron n’en oublie jamais de mettre cette ambition technologique au service de ses personnages et de son récit mythologique, tous deux plus riches et complexes que dans le premier opus. Entre le parcours passionnant de Kiri, le développement des avatars et le rapport à la réincarnation, le cinéaste offre un nouveau film monde qui dépasse largement des frontières de l’écran. La quête difficile d’identité n’en devient que plus ambigüe, et nous projette dans les dilemmes de ces personnages, qui interrogent leur place dans cet Eden en perdition.

L’immersion prend le pas sur tout le reste, et Cameron se fait plaisir, en particulier lors d’un climax ultra-spectaculaire, entre ciel, mer et terre. C’est bien simple : on veut déjà y retourner.

Ça te plaira si t’aimes : Toute la filmographie de James Cameron, 20 000 lieues sous les mers, L’Odyssée de Pi

Notre critique d’Avatar 2 : La Voie de l’eau

 

6. la nuit du 12

Sortie : le 13 juillet 2022  – Durée : 1h54

 

La nuit du 12 : photo, Bastien BouillonUn cri dans la nuit

 

De quoi ça parle : Un soir, alors qu’elle rentrait chez elle après avoir fait la fête avec ses amis, Clara est immolée par un homme et retrouvée morte le lendemain. Une enquête est lancée, mais les suspects sont nombreux. 

Pourquoi c’est génial : Le parti-pris audacieux de La nuit du 12 est d’être film d’enquête et déjouer son enjeu premier en annonçant d’emblée que cette affaire, qui n’est pas fictive, n’a jamais été résolue. Le récit devait donc bâtir toute sa tension et sa puissance dramatique ailleurs que sur son dénouement, tout en faisant dévier la notion la vérité qui reste une finalité du polar. Sans apporter de réponse définitive, le film tire un constat clair : tous les hommes suspectés d’avoir tué Clara (Lula Cotton-Frapier) auraient pu le faire. Les profils de marginaux ou de monsieur Tout-le-Monde se succèdent à l’écran et incarnent des différentes facettes d’une misogynie qui ne prend jamais les traits d’un seul homme, mais se résume à un seul acte : le meurtre.

La nuit du 12 se penche sur un fait divers parmi des centaines d’autres pour refléter les dysfonctionnements d’un système plus large. Ce sont les rouages du féminicide qui sont mis en scène, de la même façon que Promising Young Woman pour la culture du viol. On pourrait donc trouver maladroit le fait de recentrer le scénario sur le quotidien et le ressenti des enquêteurs de la PJ de Grenoble, en particulier le capitaine Yohan Vivès. Mais c’est aussi une façon de faire de Clara, ou plutôt de son absence, une ombre qui plane au-dessus de tout ce petit monde. Elle devient une figure fantomatique qui hante le personnage de Bastien Bouillon autant que le récit, son meurtre particulièrement sordide venant ponctuer le scénario qui, bien heureusement, ne tombe pas dans le sensationnalisme racoleur.

Au contraire, la retenue de la réalisation et la pudeur de la mise en scène entretiennent le malaise après une première séquence très éprouvante. Celle-ci permet une compassion sans condition pour Clara, même si l’enquête exhume les détails les plus glauques sur sa vie privée et sexuelle. Les enquêteurs échappent quant à eux à une caractérisation très viriliste. Ce sont au contraire des figures masculines fragilisées, qui se retrouvent face à leur propre contradiction. Ainsi, La nuit du 12 un film froid et sec, mais aussi riche et subtil.

Ça te plaira si t’aimes : Seules les bêtes, Jusqu’à la garde, Promising Young Woman, Roubaix, une lumière

Notre critique de La nuit du 12

 

5. à plein temps

Sortie : 16 mars 2022 – Durée : 1h25

 

Photo Laure CalamyCourir partout pour arriver nulle part

 

De quoi ça parle : De la vie mouvementée de Julie, une mère de famille et femme de chambre qui cherche un nouvel emploi et des solutions face à la grève des transports qui paralyse le pays et son quotidien. 

Pourquoi c’est génial : S’il prend comme toile de fond la grève générale des transports, À plein temps, réalisé par Eric Gravel ne s’emploie pas à tirer à boulet rouge sur les grévistes, mais de présenter une femme et mère de famille séparée étouffée par un système sans issu. Julie court après le temps et se démène sans pouvoir atteindre son idéal de vie. C’est une femme à qui on demande de choisir, de sacrifier, son emploi à Paris ou sa maison en campagne, sa carrière ou ses enfants, avec la culpabilisation qui en découle. À chaque obstacle qu’elle dépasse, il y en a deux autres qui l’attendent derrière et chaque désillusion est pire que la précédente.

Julie jongle à une main entre ses enfants, son ex-mari démissionnaire, son job alimentaire contraignant, ses perspectives de carrière bouchées, sa chaudière qui fait des siennes, l’anniversaire de son petit garçon à organiser, les appels insistants de sa banque et les problèmes de nounou. La grève et les complications de transports ne font donc qu’avancer l’échéance, qu’accélérer une chute prévisible et conditionnée. Julie n’est d’ailleurs pas la seule à encaisser jusqu’au débordement. Le mal-être et le malaise social ressortent par touches discrètes, quand une standardiste répond sèchement à un appel téléphonique ou quand une figurante laisse éclater son désarroi au second plan.

Mais le plus fort est d’avoir fait de ce drame social un véritable thriller, dont on ressort aussi rincé que le personnage de Laure Calamy, qui mérite une pluie de récompenses (et pas forcément que pour ce film). Le scénario l’oppresse, la met à fleur de peau et à bout de nerfs jusqu’à la pousser dans ses retranchements et l’isoler.La musique d’Irène Drésel joue d’ailleurs un rôle important dans l’asphyxie du personnage et du spectateur. Les notes électro et les boucles participent à l’assourdissement, comme des oreilles qui bourdonnent ou un coeur qui s’emballe avant une baisse de tension ou une crise d’angoisse.

Ça te plaira si t’aimes : La fracture, Médecin de nuit, éteindre BFM TV

 

4. spencer

Sortie : 17 janvier 2022 (Amazon) – Durée : 1h57

 

Spencer : Photo Kristen Stewart Une histoire de fantôme

 

De quoi ça parle : Noël 1991. Le mariage du Prince et de la Princesse de Galles bat de l’aile depuis longtemps. Alors que les rumeurs d’infidélités et de divorces abondent, la trêve familiale prend d’habitude le dessus sur les tensions pour les fêtes, mais cette année, les choses vont se dérouler bien différemment.

Pourquoi c’est génial : Après son biopic Jackie et l’incandescent Ema, Pablo Larraín s’est lancé dans un nouveau portrait de femme avec Spencer, un titre symbolique dans la quête d’émancipation de Diana. Il ne s’agit pas ici d’une biographie formelle ou d’une rétrospective historique, mais « d’une fable inspirée d’une véritable tragédie ». En s’intéressant aux derniers jours de son mariage princier, le réalisateur livre un conte désenchanté et perverti, celui d’une princesse sans prince charmant, d’un somptueux château aux allures de prison et de belles robes qui se transforment en camisoles de force.

Pour incarner ce malaise et le laisser prendre corps, le réalisateur a choisi Kristen Stewart, plus formidable encore qu’à son habitude. Son jeu maniéré trouve ici une résonance toute particulière. L’actrice pousse le curseur sans tomber dans le grotesque pour retranscrire avec une sensibilité à fleur de peau la léthargie et l’inertie qui ont fait sombrer Diana. 

Tout se lit sur son visage et se dessine à travers sa gestuelle de forcenée. C’est une femme qui remet son existence, son rôle social et sa santé mentale en question à mesure qu’ils lui échappent. Avec sa photographie peu contrastée, voire fantomatique, le jeu suffocant de Stewart et la musique grave de Jonny Greenwood, le film prend également des airs cauchemardesques pour flirter avec le thriller psychologique dans un dernier acte aussi glaçant que poignant. 

Ça te plaira si t’aimes : The Crown, Kristen Stewart, Blonde

Notre critique de Spencer

 

3. as bestas

Sortie : 20 juillet 2022 – Durée : 2h17

 

As bestas : Photo Denis MénochetCe n’est que le début

 

De quoi ça parle : Installés dans un petit village de Galice, Antoine et Olga, un couple de Français, restaurent des maisons abandonnées et tiennent leur petite ferme. Mais leur présence dérange leurs voisins, deux frères qui ont passé toute leur vie ici et refusent que des étrangers s’y installent aussi bien.

Pourquoi c’est génial : As Bestas n’est pas la première claque signée Rodrigo Sorogoyen. Que Dios nos perdoneEl ReinoMadre et la série Antidisturbios avaient déjà prouvé l’immense talent du réalisateur et scénariste espagnol, notamment dès qu’il s’agissait de construire la tension. En 2022, As Bestas a remis une bonne droite avec deux magistrales heures en apnée.

À partir d’une banale histoire de conflits entre voisins (tirée d’un fait divers) qui aurait pu passer dans C à vous, Sorogoyen déroule un cauchemar halluciné. Souvent comparé au film culte de Sam Peckinpah, Les Chiens de paille, As Bestas doit presque plus à Massacre à la tronçonneuse, autre histoire d’horreur sur la rencontre entre deux « civilisations ». Pas de tronçonneuse, mais beaucoup de boue et de rage, et surtout une réflexion passionnante sur l’impuissance des hommes, et l’impossible communication entre deux mondes.

As Bestas est une grande leçon de mise en scène, avec une brillante utilisation de la grammaire la plus classique du cinéma (la puissance de simples échanges dans un bar ou sur une route, ou de regards silencieux au milieu des moutons). Rodrigo Sorogoyen aligne les scènes faussement simples et véritablement étourdissantes, avec un point de non-retour : une partie de chasse effroyable dans la forêt. La mécanique est parfaite, et elle est parfaitement portée par des acteurs et actrices formidables : Denis Ménochet, Marina Foïs et Luis Zahera. As Bestas était forcément l’un des meilleurs films de 2022.

Ça te plaira si t’aimes : Les Chiens de paille, History of Violence, Furie (le français, pas le De Palma)

Notre critique d’As Bestas

 

2. the innocents

Sortie : 9 février 2022 – Durée : 1h57

 

The innocents : photoLe village des damnés

 

De quoi ça parle : Quatre enfants se découvrent des pouvoirs extraordinaires, et jouent à tester leurs limites. Et bien sûr, ça tourne très vite mal pour eux et les gens autour…

Pourquoi c’est génial : The Innocents, c’est la rencontre entre Sa majesté des mouchesX-Men et Dômu, comme si le Club des 4 Fantastiques existait dans le village des HLM damnés. Grand film sur les petits cauchemars de l’enfance (et donc de la vie), il est sorti tellement tôt en 2022 qu’il a sûrement été un peu oublié (surtout qu’il avait été présenté à Cannes en 2021 à Un Certain Regard). Mais Ecran Large est là pour vous rappeler que The Innocents est au sommet du cinéma de 2022.

Partant d’une idée toute simple, le réalisateur et scénariste Eskil Vogt déroule une fable aussi belle que violente, qui sonde les ténèbres pour mieux en révéler la lumière. Connu comme co-scénariste de Joachim Trier, notamment sur Julie (en 12 chapitres) et Thelma, il démontre l’étendue de ses talents. Comme réalisateur, c’est une leçon d’économie et de précision, avec un impeccable sens du découpage et du montage. La photo de Sturla Brandth Grøvlen (DrunkWendy) y joue pour beaucoup, créant une bulle hors du temps dans ce décor étrange et inquiétant. Comme scénariste, c’est également un sans faute, avec une lente construction de la tension, qui n’oublie ni ses personnages ni la portée symbolique du fantastique.

Enfin, comme directeur d’acteur, c’est tout bonnement un génie, puisque les jeunes Rakel Lenora Fløttum, Alva Brynsmo Ramstad, Sam Ashraf et Mina Yasmin Bremseth Asheim sont renversants. Petits monstres, mais immense film.

Ça te plaira si t’aimes : Le Village des damnés, Freaks, Un monde (magnifique film de 2022, qui n’est pas dans le top de la rédaction, mais fonctionne parfaitement en miroir avec The Innocents)

Notre critique de The Innocents

 

1. leila et ses frères

Sortie : 24 août 2022  – Durée : 2h39

 

 

De quoi ça parle : La famille de Leila croule sous les dettes, mais cette dernière a un plan : acheter une boutique pour lancer une affaire avec ses frères. Problème, elle n’a pas le soutien financier de son père.

Pourquoi c’est génial : En 2021, Ecran Large avait déjà misé sur le prometteur Saeed Roustaee, dont le thriller La Loi de Téhéran avait mis tout le monde par terre. Avec Leila et ses frères, le cinéaste iranien a clairement passé un cap, et vient d’entrer dans la cour des grands. Pas de bol, le bonhomme a été snobé par le dernier palmarès du Festival de Cannes. Heureusement, Ecran Large est là pour réparer l’injustice et lui offrir la première place de son top.

S’il ausculte avant tout une famille dysfonctionnelle, le réalisateur déploie une mise en scène au cordeau, toujours au service d’une fresque à l’ampleur hallucinante. Cette démarche est d’ailleurs contenue dans la prouesse cinématographique de l’année, à savoir une séquence de mariage magistrale et oppressante.

Là est tout le miracle de Leila et ses frères, qui parvient, sans jamais perdre de vue l’intimité de son histoire, à capter quelque chose de plus grand. On sent bien que le film prend le pouls d’une société iranienne au bord de l’implosion, comme s’il filmait l’énergie d’une bombe à retardement. L’actualité a même rattrapé le long-métrage, et il est magnifique de voir que ce personnage féminin synthétise à sa manière une année marquée par les manifestations et l’émancipation des femmes.

Ça te plaira si t’aimes : La Loi de Téhéran, Le Parrain, Doistoïevski

Notre critique de Leila et ses frères

 

Max Pécas : photoLes tops personnels des rédacteurs et le top de notre serveur Discord

 

FAQ

QUELS SONT LES MEILLEURS FILMS NETFLIX DE 2022 ?

Parmi les films non-cités dans notre top, les meilleurs films de 2022 sur Netflix sont les films d’animation Apollo 10½ : Les Fusées de mon enfance, Le Monstre des mers, Wendell et Wild et La Maison. Du côté des bons films en prises de vues réelles, on peut notamment citer Bardo de Alejandro González Iñárritu, Glass Onion : une histoire à couteaux tirés de Rian Johnson, Meurtres sans ordonnance de Tobias Lindholm ou The Stranger de Thomas M. Wright.

QUELS SONT LES MEILLEURS FILMS AMAZON DE 2022 ?

Les meilleurs films sortis en 2022 sur Amazon sont Spencer et The Green Knight, tous deux présents dans notre top, ou encore Le Contracteur de Tarik Saleh, My Policeman de Michael Grandage et Hawa de Maïmouna Doucouré.

QUELS SONT LES PLUS GROS SUCCÈS DE 2022 ?

Les plus gros succès de 2022 au box-office mondial sont Top Gun : Maverick et Jurassic World : Le Monde d’après qui ont tous les deux atteint le milliard de dollars dans le monde, suivis de Doctor Strange in the Multiverse of Madness (955 millions) et Les Minions 2 : Il était une fois Gru (924 millions), puis des films de super-héros Black Panther : Wakanda Forever, The Batman et Thor : Love and Thunder qui ont dépassé les 750 millions de dollars. À peine sorti à l’heure de la publication de ce top, Avatar 2 : La Voie de l’eau cumule de son côté déjà plus de 500 millions de dollars dans le monde.

QUELS SONT LES PROCHAINS FILMS DE 2023 LES PLUS ATTENDUS ?

Parmi les retours très attendus dans les blockbusters, on comptera sur Indiana Jones et le Cadran de la Destinée, John Wick : Chapitre 4, Dune 2, Spider-Man: Seul contre tous, Les Gardiens de la galaxie Vol. 3, Aquaman et le Royaume perdu,  Fast X, Transformers: Rise of the Beasts, Scream VI et Mission : Impossible – Dead Reckoning (Partie 1).

Parmi les grand.es cinéastes, on surveillera également de près Oppenheimer de Christopher Nolan, Barbie de Greta Gerwig, Knock at the Cabin de M. Night Shyamalan, The Exorcist de David Gordon Green, The Whale de Darren Aronofsky ou Beau is Afraid de Ari Aster sur grand écran. Sur les plateformes de streaming, David Fincher et son The Killer ainsi que Martin Scorsese avec Killers of the Flower Moon sont plus qu’attendus également.

Enfin, dans les petites perles françaises, on attend avec impatience le diptyque Les Trois Mousquetaires : D’Artagnan ainsi que le retour des Gaulois grâce à Guillaume Canet avec Astérix et Obélix : L’Empire du Milieu.

 

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Flo

Déjà, c’était une année 2022 où quasi tous les blockbusters ont été faits sous protocoles Covid. Et ça se sent, ça a alourdi la logistique, et on a donc eu encore plus de déceptions systématiques sur tels ou tels détails.

« Top Gun – Maverick » (dont le tournage était déjà fini avant Pandémie) reste la sensation de l’année… Mais au goût de grosse arnaque, parce-que c’est un monstre de Nostalgie, vous refaisant à l’identique des scènes des années 80 (rassurantes), souvent dans le même ordre, avec la musique et tout, sans les détourner vraiment… Et dire que ça bavait sur « No Way Home ». Au moins Jon Watts ne s’amusait pas à refaire péniblement plein de scènes de Raimi, lui (quelques petites répliques, un face à face entre Osborn et son masque, c’est tout).
Bon c’était marrant, c’était moins catastrophique que « Jurassic World » et moins bancal que « Buzz l’Éclair », Cruise et les petits défoncent des russes sans les nommer… Mais pour la gêne avec Val Kilmer, et le manque d’immersion dans les cockpits d’avion (que aucun acteur ne pilote), c’est pas non plus énorme.
Heureusement « Avatar », même en ayant lui aussi un équilibre pas facile à tenir, fait plus que le job : il a une part de radicalité.
Sinon, les plus « petits » blockbusters sont comme les films d’auteurs à budget moindre… Très recommandables – personnellement, « Ambulance » et « Coupez ! » (autant faire des remakes de films pas bien connus) m’ont marqué durablement par leur virtuosité mêlée à des ruptures de ton innatendues – désolé pour « Everything Everywhere… », mais lui aussi a encore trop de lourdeurs et formatages.

Alors pour les super-héros, donc… il vaudrait mieux être cohérent sur le terme employé.
L’accueil populaire voudrait que ça soit « The Batman » le meilleur de l’année… Mais non, logiquement, c’est pas possible. Parce-que c’est pas un super-héros qu’on a vu là. Pas quand il manque à tous ces devoirs face au vilain, en étant incapable d’arrêter un seul de ses meurtres, ou de le mettre en difficulté un petit peu.
Ce qu’on avait là, c’était une émulation d’un polar à la « Se7en », où on peut accepter que le détective soit impuissant devant un mal mystérieux et inéluctable, évitant éventuellement qu’il y ait plus de casse à la fin, parce-que c’est un constat sur ce dont est capable la Nature Humaine etc etc.
Ce n’est pas compatible avec un Batman avéré, capable de se transcender pour devenir le meilleur, physiquement et intellectuellement – passe encore qu’il ne soit pas encore polyglotte, mais ne pas savoir l’espagnol aux Etats Unis, c’est un peu bêta pour lui.
Donc encore une histoire où le héros ne se construit qu’à la toute fin – ça prend moins de temps que « Moon Knight », « Ms Marvel » et « She-Hulk », mais c’est encore trop long.

Et pour le reste des films… Là aussi, quels super-héros ?
Qu’est-ce qu’un supposé antihéros comme Morbius apporte de plus qu’un Jekyll/Banner ?
« Dr Strange… » n’est pas le film MCU le mieux réalisé, c’est juste le plus maniéré. Mais tous les gros plans de Raimi sur des yeux crééent-ils un sens cinématographique ? Ces Illuminati ne sont-ils pas trop gratuits ?
Et y a-t-il beaucoup de gens à sauver dans ce film pas bien équilibré ? Pas trop.
« Black Adam » apparaît lui aussi comme une vilaine arnaque, promettant des guerriers vraiment impitoyables et des crossovers à foison… Déjoué par l’équipe de James Gunn (enfin, plutôt par l’avis critique du public). Dommage pour les bastons.
« Wakanda Forever » non plus ne respire pas le super-héroïsme. Déjà que plusieures scènes d’action ne sont pas très bien faites… mais en plus, dans une histoire opposant des nations, il est moins question de vertu que d’intérêt et de fierté. Dans une histoire parlant ouvertement de deuil, il est moins question des autres que de son propre chagrin.

Étonnamment, « Thor »… Alors oui, il sert de gros bouc (?) émissaire, parce-qu’il n’est pas très poli et qu’il a l’audace de ne pas être vraiment féministe – toutes les héroïnes s’en prennent plein la figure, bras arraché, rein en moins, morte, et en plus Jane ne remplace pas Thor.
Et puis on voit qu’ils ont lu les comics. Il y a une partie de Walt Simonson et Jason Aaron, certes. Mais la référence pour la personnalité actuelle de ce Thor, c’est Eric Masterson, qui a endossé le titre dans les comics des années 90. Tout y est, le costume de Thunderstrike, l’attitude de beauf américain, les décisions impulsives puis le pardon… et il est père de famille maintenant. « Sweet child o’mine ».
Tout ce côté mal-aimable est assumé jusqu’au bout, un parti pris qui tient compte que tout y est romancé de manière tordue, puisque tout est montré selon le point de vue Korg (sauf le début et les post-génériques).
Cela n’empêchera pourtant pas la mission principale d’être complètement super-héroïque : il faut sauver des enfants (et pas les 1%… enfin, les dieux quoi).
Donc ok cette année c’était soit lui, soit « Krypto… ». La vie des bêtes !

Doug McClure

As Bestas, quelle claque, bordel!!!
Mise en scène, scénario, dialogues: tout est parfait. Tendu comme un string du début jusqu’à la fin. Denis Ménochet est un formidable acteur; Marina Fois, elle m’a bluffé sur ce coup.
Je retiens une scène : la dispute entre la mère et la fille. « plan séquence » si l’on peut dire, sans coupe donc. Un face à face faisant la part belle au métier d’acteur. On est loin des 2/3 lignes de dialogue à apprendre jusqu’à ce que le réal hurle « coupez » (cf. films américains).
NUMBER ONE en 2022.

GR7

Simon a quitté l’équipe? Il n’y a pas son classement…

JohnnyH

Je n’ai vu que deux des films du classement, green knight et nope, franchement, deux purges !, des films pour intellos bobos, qui pensent détenir la vérité et que leurs valeurs est immense, je pense qu’il y a vraiment un gros décalage entre la presse spécialisée, les critiques de films et ce que le grand public aime vraiment !
ce qui est curieux, c’est que la plupart de film cités, n’ont pas vraiment été rentable, ils ont même perdant entre les coûts de réalisation et explotation !,
donc pour faire simple, j’éviterais d’aller voir un film chaudement recommandé par Ecran Large !
a chacun sa came !

Geoffrey Crété

@Francken

The Fabelmans sort en février 2023 en France, il n’a donc aucunement sa place dans un top 2022.
Mais on l’a vu oui, et notre avis est assez clair :
https://www.ecranlarge.com/films/critique/1453364-the-fabelmans-critique-dun-retour-aux-sources-pour-steven-spielberg

Francken

Je ne remets pas en cause ce beau top.
Mais le Spielberg n’a pas fait l’unanimité, alors ?

Karev

et le film Pakistanais JOYLAND ? Une bombe !

Geoffrey Crété

@C.Kalanka

Non. On l’a beaucoup aimé, il est d’ailleurs dans le top d’Alexandre (cf détail en fin d’article)…
https://www.ecranlarge.com/films/critique/1455420-pacifiction-tourment-sur-les-iles-critique-dun-delire-parano-nucleaire

… mais comme plein d’autres films qu’on a aimés, il n’est pas dans le classement collectif. Ca fait partie du jeu, et les tops restent un petit plaisir, jamais exhaustifs.

C.Kalanda

Et pas Pacifiction ?

Marc en RAGE

@Snow

Le film que j’attends avec impatience JOHN WICK 4 avec Donnie Yen et ……….?