Le MCU de Marvel ne floppe toujours pas totalement avec Ant-Man et la Guêpe : Quantumania. En revanche, c’est encore un faux succès au box-office, et un mauvais signe.
Rampe de lancement pour la Phase 5 de Marvel et son grand méchant Kang, incarné par Jonathan Majors, Ant-Man et la Guêpe : Quantumania de Peyton Reed avec Paul Rudd, Evangeline Lilly, Michael Douglas et Michelle Pfeiffer a reçu un bien tiède accueil.
On entendrait carrément dire que le film serait un flop qui mettrait en danger le MCU. Serait-ce le début de la fin ? La réalité du box-office est beaucoup plus nuancée, et même s’il y a bien quelques raisons de s’inquiéter pour la suite, Quantumania n’est pas encore le bide qui va terminer cette franchise qui n’est pas prête de mourir.
A-PHASIE
De l’aveu à mots couverts des agents de Marvel eux-mêmes, la Phase 4 était chiante dispersée, pour ne pas dire un moment de flottement, une réaction à un évènement plutôt qu’une action. Multiplication des spin-offs et séries sur Disney+, démultiplication de nouveaux personnages, surmultiplication des dollars ? Les choses ne sont pas aussi simples, et cette tactique semble ne pas avoir porté ses fruits.
2021 a été une année en sous-régime pour Marvel au cinéma (et ce n’était pas qu’à cause de la pandémie). 2022 a été assurément de bien meilleure tenue, mais il n’empêche que seul Spider-Man : No Way Home a passé le cap du milliard, et que Thor : Love and Thunder et Black Panther : Wakanda Forever ont sous performé. Et côté Disney+, les bruits de couloir sur le résultat économique de la plateforme depuis son lancement font frémir.
C’est pas faute d’avoir mis des chèvres hurlantes pourtant
C’est dans ce contexte qu’arrive Ant-Man et la Guêpe : Quantumania, premier film de la Phase 5, et ledit contexte pose d’emblée un problème d’analyse. En confiant sa bougie d’allumage à l’Avenger le moins potent au box-office, Disney nous met face à une contradiction : Quantumania est-il un Marvel « macro » ou un Marvel « micro » ? La question n’est pas ici de débattre de la portée artistique ou mythologique du film, mais bien d’essayer de discerner les attentes financières autour de lui. Un même chiffre n’a pas le même sens selon qu’on parle d’une petite fabrication ou d’une usine à gaz.
La réponse se trouve peut-être dans le budget de production de Quantumania, qui s’élève à 200 millions de dollars. C’est beaucoup en soi, c’est plus que Ant-Man et Ant-Man et la Guêpe... mais c’est le prix moyen d’un film du MCU. D’ailleurs, tous les films de la Phase 4 ont coûté cette somme, à l’exception de Shang-Chi et la légende des Dix Anneaux. Et qui dit mise moyenne, dit importance moyenne, quand bien même Quantumania a la lourde tâche d’ouvrir la Phase 5 et d’introduire le nouveau Thanos.
Et pour un film sorti dans un contexte légèrement tendu de la marque et qui n’a pas coûté plus cher qu’un autre, figurez-vous que son lancement n’a rien de honteux. Le démarrage de Quantumania est même assez réussi : 120 millions de dollars lors du premier week-end en Amérique. Un résultat aidé par un jour férié, mais au-dessus du lancement d’Ant-Man (57 millions) et Ant-Man et la Guêpe (76 millions) et dans le milieu du classement des démarrages du MCU à la 17e place sur 31. Quantumania arrive ainsi au-dessus de classiques comme Captain America : Le Soldat de l’hiver et Les Gardiens de la Galaxie, qui ont certes coûté légèrement moins cher.
Et puis, il y a eu la fameuse deuxième semaine tant commentée. On ne va pas se raconter d’histoires : avec une perte de 70% du public, ce n’est pas seulement un plongeon, c’est la pire deuxième semaine jamais enregistrée pour un film du MCU. Une contre-performance qui a fait les gorges chaudes de la plupart des relais médiatiques, et pourtant. Il faut d’abord souligner combien la culture du spoiler et l’attente autour des films du MCU provoquent des concentrations extrêmes sur la première semaine : le public a pour habitude de se ruer sur chaque nouvel épisode sans attendre. Les fortes chutes sont donc « normales ».
Par ailleurs, l’honnêteté commande de dire que si Quantumania est le pire cas, il est loin d’être isolé. L’ensemble des Marvel post-Thanos ne paye pas de mine en deuxième semaine, et on a tôt fait de relativiser en comparant avec les chutes de Black Widow (-67.8%), Thor : Love and Thunder (-67,6%), Spider-Man: No Way Home (-67,5%) ou encore Doctor Strange in the Multiverse of Madness (-67%), ces deux derniers étant pourtant les épisodes les plus forts de la période. Alors oui, Quantumania fait pire, peut-être parce qu’intrinsèquement ce Ant-Man 3 est un des pires trucs que le MCU n’ait jamais livré, mais aussi parce qu’extrinsèquement, Marvel peine à trouver son second souffle.
Cela étant, il faut aussi reconnaître qu’à l’heure où ces lignes sont écrites, Quantumania ne récolte que 447 millions de dollars dans le monde, dont 198 à domicile. C’est mieux que les films mineurs de la Phase 1, c’est même mieux que Shang-Chi et la légende des Dix Anneaux (432 millions) ou le cancre éternel que sont Les Éternels (402 millions), et surtout, c’est mieux que la concurrence d’un certain Black Adam (392 millions, ne riez pas). On peut également dire que c’est sans aucun doute suffisant pour garantir une opération financière rentable, même avec les coûts marketing.
À la poursuite du demain de Marvel
Cependant, c’est (beaucoup) moins que ce à quoi Marvel peut prétendre d’habitude, et pour s’en rendre compte, il suffit de comparer Ant-Man à Ant-Man, ou plutôt Quantumania à Ant-Man et la Guêpe. Sorti en plein pic de popularité du MCU et considéré à l’époque comme une déception, le deuxième volet des aventures de l’homme-fourmi avait tout de même rapporté 622 millions de dollars dans le monde, soit 175 millions de plus. Dur. Mais alors, que s’est-il passé ?
Ne fais pas cette tête, un jour tu seras number one
SIC TRANSIT GLORIA MCU ?
Il faut d’abord le redire : les temps ont changé. Quand Ant-Man et la Guêpe sort, le MCU enchaîne les milliards au box-office avec Black Panther, Avengers : Infinity War et Captain Marvel. Qantumania débarque après l’âge d’or. C’est tout bête, mais on ne peut que constater que l’émulsion semble retombée, et surtout, que la synergie entre les contenus de la marque a du mal à repartir.
Ant-Man a toujours été le talon d’Achille du MCU : c’est un héros moins fameux et son impact dramatique dans l’histoire du MCU n’est pas aussi mémorable que celui des autres Avengers. Ant-Man, la Guêpe et la famille Lang / Pym / Van Dyne en général ont besoin des autres pour exister, et rattacher le tout à Kang, trop méconnu, n’a pas été suffisant pour booster son aura.
Logiquement, en recueillant et en étudiant les diverses données autour de l’exploitation du film, Variety relève que l’échec de Quantumania réside dans son incapacité à aller chercher au-delà de la fanbase du MCU et des comics. Les spectateurs plus dilettantes du MCU ne se sont pas déplacés, et si seul le noyau dur de fans est allé en salles, c’est tout bonnement parce que la marque s’est quelque peu affaissée.
Petite fourmi, grandes aventures
Bien entendu, les critiques négatives et le mauvais bouche-à-oreille ont évidemment joué, de même que la sortie proche de Crazy Bear, qui aurait piqué une petite partie du public selon Variety. Mais tout cela a cependant sans doute eu moins d’impact que le simple soufflet qui retombe, et, peut-être, un éparpillement du MCU. La Phase 4 a en effet souvent été décriée pour son manque de liant entre ses différentes entrées, mais on pourrait aussi souligner que le nombre d’heures de visionnage nécessaire pour suivre l’histoire qui a juste explosé.
Si la Phase 4 ne comporte comme d’habitude que sept films, il faut y ajouter cette fois-ci sept séries télévisées obligatoires pour garder le fil (Loki et WandaVision en tête). Le MCU n’a jamais autant demandé d’investissement de la part du spectateur, qui doit désormais y consacrer plusieurs dizaines d’heures. Et encore, on vous a fait grâce des gadgets comme What If…? ou Je s’appelle Groot dans le compte. Pour le public lambda, c’est un rattrapage tout simplement ahurissant, surtout pour aller voir un film estampillé Ant-Man, il faut bien dire ce qui est.
Pour autant, ceux trop pressés d’enterrer le MCU auraient vite fait de se calmer. Si Quantumania n’a pas fait un bon score, on fera remarquer qu’en regardant les choses par l’autre bout de la lorgnette, on peut déceler en creux un signe de force. Avec son seul et unique socle de fidèles, et en mettant en avant son héros le moins porteur, Marvel est encore capable de soulever quasiment 450 millions de dollars au box-office.
En levant son petit doigt, la maison des idées fait 60 millions de dollars de plus que la Warner quand elle bande tous ses muscles et mise tout sur Dwayne « fucking » Johnson pour Black Adam. Ce n’est tout de même pas rien. Il paraît qu’on mesure la solidité d’une chaîne à la force de son maillon le plus faible ? Voilà donc pour vous : le maillon faible de Marvel est malgré tout une tête au-dessus du reste du business. On nous rétorquera, « oui mais les milliards d’Avatar ? ». Avatar n’a que deux opus à son actif et met (pour le moment) 10 ans à sortir chaque film, là où Marvel à l’avantage de la régularité métronomique.
Rendez-vous dans moins de dix ans ?
Les fondations sont donc toujours solides, l’hégémonie sur Hollywood toujours en place : Marvel gagne même quand Marvel perd, et son règne perdure, indéniablement. Et si des failles apparaissent dans la cuirasse, Quantumania n’aura certainement pas pour conséquence de sonner le glas du MCU à lui seul… bien qu’il est tout aussi certain qu’il n’a pas arrangé sa situation un brin vacillante.
REPRENDRE DU POIL DE L’INSECTE
Quantumania avait en effet pour fonction de siffler la fin de la récréation et d’amorcer une nouvelle convergence des luttes super-héroïques. Le moins qu’on puisse dire c’est qu’il manque de mobilisation à l’appel, et le fait que tant de monde ait raté cet épisode crucial pour la suite des évènements risque d’accentuer deux tendances complémentaires que Marvel ne peut que redouter.
Première crainte, insidieuse : la disparité de popularité entre les personnages. Bien sûr, les Avengers n’ont jamais été égaux, et on pourrait regarder la situation et se dire qu’Ant-Man s’est planté, mais qu’après tout, il suffira d’un Spider-Man pour que la planète entière se rue dans les salles. Mais raisonner comme cela, c’est s’assurer de se figer dans le temps, de flétrir avec son public à petit feu en se ringardisant.
C’est aussi se rendre extrêmement dépendant des acteurs, de leurs désirs et surtout de leur vieillissement. Tom Holland est peut-être encore jeune, mais il arrivera bien un moment où Mark Ruffalo aura envie de retourner jouer dans un David Fincher et où Chris Hemsworth ne pourra plus afficher son physique de statue grecque. Ce dernier a d’ailleurs déjà commencé à agiter le chiffon rouge en raison de soucis de santé, et pourrait ne pas faire de vieux os dans le MCU.
Tout cela, Marvel en a bien conscience, et à en croire diverses déclarations, il est clair pour la firme qu’une transition doit se faire. Toute la Phase 4 tendait vers l’instauration de nouveaux héros et méchants capable de s’inscrire dans la durée, et même Quantumania avait pour but d’introduire les nouveaux Kang et Cassie Lang (sans tuer aucun personnage, ce qui revient à essayer d’insérer les jeunes dans l’emploi tout en reculant l’âge de départ à la retraite, mais passons). Mission ratée, tout le monde avait piscine le jour du passage de témoin et la persistance des vieilles valeurs sûres va finir par poser problème.
Ce petit bonhomme c’est Butters ! Vous êtes où les amis ?
Deuxième crainte, qui guette tendanciellement tout univers qui s’étend à l’infini : sa transformation en niche. La mode passe, le style reste, et il est évident que Marvel a pour objectif de transcender les époques. Pour cela, elle se doit de rester accessible et surtout de renouveler son public. D’où la nécessité de relancer son casting (en draguant les jeunes au passage), mais aussi de ne pas devenir un labyrinthe narratif, sous peine de sombrer à nouveau dans la caverne à nerds qui a vu naître Marvel. Là encore, la faible attraction de Quantumania risque d’accentuer cette mécanique de désinvestissement du grand public, qui a raté un épisode clef et l’avènement du nouveau Thanos.
Et encore, il faudrait ajouter à cela qu’en se lançant dans le Multivers, avec ses dimensions parallèles et ses multiples versions d’un même personnage, le MCU s’est attaqué à un morceau beaucoup plus touffu que la Saga de l’Infini. S’étendre de manière exponentielle au lieu d’y aller plus simplement et plus tranquillement ne peut dans ce contexte que se retourner contre une marque qui vit pour le grand public.
Gageons cependant que les récentes corrections stratégiques de Bob Iger (qui a annoncé calmer réduire la quantité sur les productions Star Wars / Marvel) devraient remettre un peu d’ordre et d’équilibre. Les adieux des ultra-populaires Gardiens de la Galaxie Vol. 3 devraient également permettre à la phase 5 de décoller après le faux-départ de Quantumania. Quoi qu’il en soit, si le MCU semble effectivement aux prises avec une petite spirale de l’angoisse, il a encore bien des atouts à jouer pour s’en sortir.
La rentabilité est loin d’être assurée en réalité (du moins si on ne considère que les revenus d’exploitation en salle). En effet, Disney ne récupère évidemment pas la totalité des dollars dépensés pour le film, une partie va aux exploitants, distributeurs à l’étranger etc… Au final c’est environ 60% des revenus récupérés aux US et entre 30% et 40% à l’étranger : on est donc loin du seuil de rentabilité avec les coûts marketing. Bizarre de ne pas l’avoir mentionné dans l’article, c’est pourtant le b.a.-ba du business de l’exploitation cinématographique.
On assiste au suicide de ces franchises. La faute à des scénarios aux enjeux peu palpitants et à des effets spéciaux peu qualitatifs tel que l’on pourrait attendre pour des productions aussi chères. Bref.
Le MCU est bien mal barré si il continue ainsi.
Le DCU en restructuration n’est pas lui non plus à envier en se séparant d’une de ses têtes d’affiche. Henry Cavill. Les acteurs ne sont pas en cause. Mais bon… On sort un THE BATMAN, un JOKER qui rapporte le JACKPOT. Et du coup on se sépare des autres ?! Bref. MCU, DCU…
Certains films mieux aboutis cartonneront. D’autres vont se ramasser. Nos attentes de spectateurs sont plus exigeantes. Pour des films aussi chers on s’attend à de l’excellence pas à de l’a peu près…
Cela fait un moment maintenant que les films Marvel manquent de plus en plus de substance. Malheureusement,, tant qu’il y aura des geeks qui se précipiteront sur toute daube estampillée « Marvel », la souris sera gavée et nous floués.
« Réduire la quantité des films marvel / Star Wars » Bob Iger
C’est pas la réduction de la quantité c’est la réduction de la qualité de ces films qui sont gravissimes…Bob Iger ne pense jamais à la qualité artistique des films vu ses déclarations d’i y a 3 mois…Iger pense au dollar et billet vert uniquement . Disney rachète des licences et étirent les licences jusqu’au point de non retour il est inévitable que ça casse que ça s’effrite et que ça chute .
IGER n’a rien compris c’est pas la quantité…c’est la qualité qui font les bons films et aussi des bons scénaristes…en sérieux manque ces temps-ci chez Disney .
Très bon article !
« Ant-Man et la Guêpe: Quantumania » c’est d’une médiocrité totale, 2h de vide et l’un des pires films du MCU. Ce film représente à la perfection ce qui existe de pire selon moi en terme de Blockbuster américain : mise en scène extrêmement lisse voir médiocre, des personnages mal écrits, des effets spéciaux infâmes pour compenser un scénario inexistant.
Disney enfantine encore plus les films Marvel. Bref, ce n’est pas un film, c’est de la diarrhée cinématographique.