Indiana Jones, Star Wars, Blade Runner, Witness, Le Fugitif… Quels sont les meilleurs films de Harrison Ford ?
Quand on pense à Harrison Ford, on pense à Indiana Jones, à Han Solo dans la Guerre des étoiles, à Rick Deckard et les Replicants de Blade Runner, au héros d’action du Fugitif et Air Force One. En 60 ans de carrière environ, l’acteur américain né le 13 juillet 1942 est devenu plus qu’incontournable pour plusieurs générations. Il n’a jamais reçu d’Oscar (il a été nommé une fois, en 1986, pour Witness), mais il est l’un des rois parmi les rois.
Ecran Large revient sur la carrière de cet acteur unique avec 10 grands rôles parmi ses meilleurs films. Une sélection 100% Ecran Large (c’est-à-dire : personne ne sera d’accord, mais c’est comme ça).
« Juste pour te prévenir, on n’a pas mis Air Force One »
AMERICAN GRAFFITI
Sortie : 1973 – Durée : 1h52
Pas de Fedora, pas de chocolat
Alors que sa carrière d’acteur peine à décoller à la fin des années 60, Harrison Ford se reconvertit dans la charpenterie, et en profite pour travailler sur des plateaux. C’est là qu’il fait la rencontre déterminante de George Lucas, qui met en place son petit film indépendant autour du cruising, ces flâneries en voiture auxquelles il s’est lui-même adonné dans sa jeunesse. Un pari risqué qui s’est transformé en ticket d’entrée pour de nombreuses personnalités de l’industrie (Ron Howard, Richard Dreyfuss…).
Au-delà de sa fascinante approche du cinéma-vérité, American Graffiti est un objet porté par sa liberté et son innocence, inconscient de l’impact qu’il va avoir sur plusieurs carrières. On le sent particulièrement face au personnage d’Harrison Ford, qui incarne l’exubérant et exaspérant Bob Falfa. Avec son chapeau de cow-boy et son accent, l’adversaire du héros amène l’acteur à être particulièrement expressif avec son corps, véritable extension du bolide qu’il pilote. L’occasion pour Ford de mettre en avant tout son sex-appeal, son charisme, mais aussi l’arrogance qui lui servira pour ses personnages suivants sous l’égide de Lucas.
Tout Indiana Jones
Sortie : 1981 à 2023
Le rôle de l’explorateur au fouet est évidemment aujourd’hui indissociable de l’acteur. Pourtant, il a bien failli ne jamais l’obtenir. C’est George Lucas en personne qui s’est opposé à son casting, pour ne pas en faire officiellement sa muse au lendemain du succès de Star Wars. L’histoire est célèbre : Tom Selleck s’est vu offrir le personnage, mais a été contraint de laisser tomber à cause de ses obligations sur la série Magnum P.I. Sous pression à quelques semaines du tournage, Lucas a cédé et c’est bien Ford qui a chaussé le chapeau iconique.
Et après cinq films et plus encore d’aventures trépidantes, il est difficile d’envisager n’importe qui d’autre à sa place. Non seulement il confirme son image d’aventurier brave et goujat, quoique sincère, mais il incarne à merveille l’esprit de la franchise, exigeante sans se prendre au sérieux. Revoir Les Aventuriers de l’arche perdue, c’est constater à quel point il s’abstient d’en rajouter des caisses pour rendre hommage à l’esprit du film d’aventure populaire plutôt que la parodier à coups de gags. Peu sont les comédiens à préserver un tel équilibre entre décontraction et sérieux et c’est à l’aune de cet exploit que sa performance fait jeu égal avec l’iconisation parfaite de son personnage. Potentiellement le héros hollywoodien ultime.
Tout Star Wars
Sortie : 1977 à 2015
La légende veut qu’Harrison Ford n’eût aucune intention d’incarner Han Solo. Alors qu’il utilisait ses talents de charpentier sur le plateau de Star Wars, George Lucas lui a proposé de faire des lectures pour les comédiens qui passaient les castings. Résultat, le cinéaste a jeté son dévolu sur son protégé, dont il allait changer la vie.
Ce qui fait le génie de cette performance tient à la manière dont George Lucas a pensé Han Solo. Inutile de revenir sur le fameux monomythe campbellien qui lui a servi de base narrative, et selon lequel le pilote du Faucon Millenium incarne l’allié du héros, qui doit apprendre à croire dans une cause (ou le surnaturel) au contact du personnage principal. Dès son apparition dans la Cantina de Mos Eisley, Harrison Ford représente à la perfection le bagout et la suffisance d’un homme qui ne croit en rien. La sensibilité du comédien pointe alors le bout de son nez pour mieux refléter son évolution (surtout dans L’Empire contre-attaque). Cette touchante transformation lui offre certains de ses plus beaux moments d’acting (le célèbre « I know », qui n’était pas dans le script), y compris pour son retour dans Le Réveil de la Force. Toujours le contrebandier le plus classe de la galaxie !
Blade Runner
Sortie : 1982 – Durée : 1h57
En dehors des deux licences qu’on ne présente plus, Rick Deckard est sans doute le rôle le plus iconique de Ford. Héros de Blade Runner, film de SF culte de Ridley Scott, il y incarne un flic qui traque des androïdes semblables à des humains. Dans cette vision noire et poisseuse du futur de l’époque (l’histoire se déroule en 2019) inspirée de Philip K. Dick, la menace n’est pas le Covid, mais la perte du sens de l’humanité. Le personnage de Deckard se paume dans la déprime ambiante : est-il plus un humain que les androïdes qu’il traque ? Est-il humain tout court, dans ce monde où la plupart des “réplicants” n’ont même pas conscience d’en être ?
Si le film est un échec aux États-Unis au moment de sa sortie, il est aujourd’hui considéré comme un chef-d’œuvre néo-noir et cyberpunk. Sa séquence la plus mémorable est sans doute le dernier face à face opposant Harrison Ford à Rutger Hauer : le personnage de ce dernier, au moment de mourir, choisit de sauver son ennemi avant de déclamer sa dernière réplique à la poésie mystérieuse sur la sublime musique de Vangelis. Le regard triste et interrogateur de Ford se superpose à celui du spectateur pour offrir l’une des séquences les plus émouvantes de la science-fiction. Fort de ce personnage ambigu et sombre, l’acteur complexifie sa palette pour donner vie à un grand rôle qu’il reprendra dans Blade Runner 2049.
Witness
Sortie : 1985 – Durée : 1h52
Harrison Ford et Kelly McGillis font amish-amish
En 1985, Harrison Ford est au sommet de sa gloire lorsqu’il accepte le rôle principal de Witness : Témoin sous surveillance, un film de Peter Weir dans lequel il incarne un flic parti s’isoler dans un village amish pour fuir les ripoux qui sont à ses trousses. Là-bas, il fera de son mieux pour vivre selon les règles de la communauté tout en protégeant Rachel et son fils Samuel, témoin d’un meurtre commis par l’un desdits ripoux. Rachel est interprétée par Kelly McGillis, tandis que Samuel est le deuxième rôle au cinéma d’un très jeune Lukas Haas.
À cette époque, le réalisateur australien qui se fera connaître plus tard pour Le Cercle des Poètes Disparus et The Truman Show était déjà l’auteur, entre autres, de Pique-nique à Hanging Rock et de Gallipoli. Avec Witness, il offre à Harrison Ford l’un de ses rôles les plus estimés, qui lui vaudra cette année-là une nomination à l’Oscar, au BAFTA et au Golden Globe du meilleur acteur, ainsi que des louanges de journalistes selon lesquels il s’agirait, à l’époque, de sa meilleure performance. Le film étant un succès public et critique, il fait évidemment date dans la carrière d’un acteur qui prouve une fois de plus, un an après la sortie du troisième Indiana Jones, qu’il sait faire autre chose que claquer du fouet.
Mosquito Coast
Sortie : 1986 – Durée : 1h58
À l’origine, c’est Jack Nicholson qui devait incarner Allie Fox, héros ou plutôt anti-héros de Mosquito Coast. Harrison Ford a récupéré le rôle, et c’était le destin : lorsque le projet a été repoussé, il a tourné une première fois avec le réalisateur Peter Weir, pour Witness. Pendant la cérémonie des Oscars où Harrison Ford était nommé pour la première fois (et unique fois à ce jour), il était à Bélize en train de tourner Mosquito Coast.
Adapté du livre de Paul Theroux par le grand scénariste Paul Schrader (Taxi Driver, Raging Bull), Mosquito Coast est une passionnante histoire d’hubris. En voulant redémarrer la civilisation en se mesurant à la nature (un frigo géant au milieu de l’Amazonie), Allie Fox se prend pour dieu, et raconte au fond l’histoire de l’Homme, qui veut conquérir, transformer, posséder et finalement détruire. Pour une fois, le flegme et le sourire narquois de Harrison Ford sont au service d’un ogre, prêt à tout pour achever son œuvre et son destin. À mesure que le rêve se transforme en cauchemar, et que l’utopie s’écroule, l’acteur devient méconnaissable. Comme si d’un coup, on redécouvrait Harrison Ford.
Contrairement à Witness, Mosquito Coast a été un échec à sa sortie. En 1992, Harrison Ford en parlait chez Entertainment Weekly : « C’est le seul film que j’ai fait qui n’a pas été rentable. Je suis toujours content de l’avoir fait ». Et il peut, parce que c’est indubitablement l’un de ses plus grands rôles.
Présumé innocent
Sortie : 1990 – Durée : 2h07
Présumé innocent ou désigné coupable ?
C’est probablement un des rôles les plus complexes d’Harrison Ford et pourtant l’un des moins estimés de sa prestigieuse carrière. Dans Présumé innocent, le dernier grand film du maître du thriller politique Alan Pakula, l’acteur incarne Rusty, un procureur chargé de l’enquête sur le meurtre de sa collègue, jusqu’au moment où il va devenir le suspect n°1. En effet, au fil des minutes, le spectateur découvre le passé trouble que Rusty entretenait avec sa collègue Carolyn.
D’un côté, les flashbacks prouvent qu’il avait une affection sincère pour elle (qui était son amante), mais de l’autre, on peut imaginer que ce brillant procureur a pu élaborer un meurtre dont personne ne se douterait, connaissant la justice comme sa poche. Harrison Ford montre ainsi l’étendue de son talent à travers un rôle terriblement ambigu, où le spectateur ne pourra déceler les vraies intentions de son personnage avant le grand final. Outre le film de procès, Présumé innocent nous plonge dans un thriller meurtrier à la fois sinueux et obscur et qui dissèque l’Amérique et le rêve américain avec un pessimisme alarmant.
K-19 : le piège des profondeurs
Sortie : 2002 – Durée : 2h18
K-19 : Le Piège des profondeurs a beau avoir été un autre échec commercial et une déception critique pour Kathryn Bigelow, le film sur l’histoire à peu près vraie du sous-marin nucléaire soviétique garde une place importante dans sa filmographie, mais aussi dans celle d’Harrison Ford. En plus de revenir dans un projet d’envergure (100 millions de dollars de budget) après le musclé Air Force One en 1997 et des films plus discrets par la suite (6 jours, 7 nuits, L’ombre d’un soupçon, Apparences), l’acteur a enfilé pour la première fois la casquette de producteur exécutif (avant de retenter plus péniblement l’exercice avec Mesures Exceptionnelles pour lequel il a aussi partagé l’affiche avec Brendan Fraser).
Il a ainsi prêté son visage et son accent russe approximatif au capitaine Alexei Vostrikov, le commandant du K-19, qui s’oppose à Mikhail Polenin, le commandant en second joué par Liam Neeson. Malgré une maitrise certaine du huis clos et une bonne montée de la tension dramatique, le film présente quelques failles scénaristiques évidentes, à commencer par la caractérisation très théâtrale du personnage d’Harrison Ford. Pour autant, l’acteur livre une performance des plus solides et convaincantes, se donnant une dureté et une froideur de façade pour mieux la laisser s’égratigner à mesure que le récit avance et que le sous-marin se détériore. Son duo avec Liam Neeson est ainsi le centre névralgique et émotionnel du scénario et prête toute sa forme à ce récit trop creux pour se suffire à lui-même.
Le Fugitif
Sortie : 1993 – Durée 2h09
Au début des années 90, Harrison Ford a dû remonter en selle après avoir laissé derrière lui les personnages iconiques de Han Solo et Indiana Jones, les deux trilogies s’étant « conclues » dans les années 80. L’acteur n’a pas renoncé à l’action et a poursuivi avec plus ou moins de réussite dans ce registre. Après s’être maintenu en forme pour Jeux de Guerre, dans lequel il a incarné le populaire Jack Ryan, l’acteur a continué à s’époumoner dans Le Fugitif, un thriller réalisé par Andrew Davis dans la plus pure tradition hitchcockienne. Il y incarne le docteur Richard Kimble, un homme sans histoire qui retrouve sa femme assassinée et est injustement accusé du meurtre.
Il réussit cependant à s’évader et se lance à la poursuite du véritable meurtrier de son épouse. En même temps qu’il enquête, le marshal joué par Tommy Lee Jones se met également à ses trousses pour une double chasse à l’homme des plus éreintantes.
Le Fugitif n’est pas à proprement parler un film d’action, même si le rôle a été particulièrement physique et épuisant pour Harrison Ford, dont le personnage court, rampe, clopine, saute, et cours sans relâche (l’affiche pour preuve). L’acteur lui prête toute son endurance, mais trahit aussi magnifiquement son désespoir lors de quelques ruptures émotionnelles qui mettent à nue toute sa vulnérabilité et son déchirement. Seul Tommy Lee Jones a été nominé aux Oscars, mais la performance d’Harrison Ford reste mémorable, tout comme le film qui est rapidement devenu culte après avoir cartonné au box-office mondial (presque 370 millions de dollars récoltés pour seulement 44 millions de budget).
APPARENCES
Sortie : 2000 – Durée : 2h09
Ce n’est probablement pas un grand film, mais c’est peut-être l’un des derniers rôles intéressants de Harrison Ford. C’est en tout cas l’une des (très) rares fois où il a incarné un vrai méchant puisque dans Apparences, il se révèle être un meurtrier et un psychopathe, qui a non seulement tué sa maîtresse, mais compte en plus assassiner sa femme pour se couvrir. Étant donné que le film insiste beaucoup sur le charme de Harrison Ford en créant l’illusion d’un couple (hollywoodien) idéal avec Michelle Pfeiffer, et que l’acteur a porté le flambeau du héros adoré pendant des décennies, c’est une idée diabolique.
Bien sûr, le scénario signé Clark Gregg (oui oui, Coulson dans Avengers) n’est pas très fin. Le twist sur le mari trop parfait pour être vrai est aussi discret qu’un train qui arrive en gare, et le rôle est d’ailleurs très simple. Apparences est le film de Michelle Pfeiffer, et le réalisateur Robert Zemeckis la place au centre de toutes les scènes. Mais c’est aussi pour ça que le film est si intéressant : Harrison Ford est ici au second plan, au service des autres (un peu comme dans Working Girl à l’époque). Et il s’en donne à cœur joie, notamment dans une savoureuse scène de baignoire. Car Apparences est aussi l’une de ses dernières collaborations avec un grand cinéaste, Robert Zemeckis (Retour vers le futur, Forrest Gump) utilisant ici tout l’arsenal du septième art pour créer un thriller irrésistible.
@Francken
Oui mais…non! On parle de rôle de premier plan et non d’apparitions (très) secondaires!
Ces deux films, aussi brillants soient-ils, relèvent plus de l’anecdote cinéphilique.
Sympa de nous rappeler cela, je me remémore très bien sa fugace apparition dans Apocalypse Now de Coppola, avec une ou deux lignes de dialogue, par contre, je sèche sur Conversations secrètes du même Coppola, aucun souvenir de Sieur Ford.
@morcar
………….. « d’après le titre de l’article, on parle de ses meilleurs films, pas de ses meilleurs rôles 😉 »
Ah bon, alors cet article est un scandale, une aberration, c’est une honte ignominieuse de ne pas reprendre Apocalypse Now ou Conversation Secrète !!!!!!
Non mais !
Un immense acteur. Une légende comme il en reste peu à Hollywood, ce qui rend le fait de le voir jouer dans des daubes comme Shrinking encore plus difficile.
@indy75 Bonjour, un chiffre s’est effectivement échappé de mon texte, c’est corrigé merci !
@Francken, d’après le titre de l’article, on parle de ses meilleurs films, pas de ses meilleurs rôles 😉 Il est certes peu présent dans Blade Runner 2049, mais il y a quand même un rôle central et il s’agit (selon moi) d’un excellent film.
Oui moi aussi je le trouve super en Jack Ryan. C’est l’acteur qui l’interprète le mieux
Une petite erreur concernant les chiffres du Fugitif. C’est 353M$ au BO mondial dont environ 183M$ au BO US. Le plus gros succès de sa filmo hors les Indy et les Star Wars.
Et « A propos d’Henry » ?
Et « Frantic » les gars???
@morcar
#metoo pour Blade Runner, le package sinon rien! 2 chef d’oeuvre… le 1er tronant pour moi sur le toit du Monde du genre Science Fiction.