Le blockbuster Barbie est sorti en salles, et il pourrait s’agir du plus gros succès commercial de Margot Robbie en tant que tête d’affiche, mais surtout en tant que productrice, un aspect plus méconnu de sa carrière.
Si elle était quasiment anonyme il y a à peine 10 ans, Margot Robbie est depuis devenue un nom incontournable et une personnalité souvent surnommée la « reine d’Hollywood » dans les portraits qui lui sont dédiés. Il faut dire que l’Australienne a tourné pour Martin Scorsese, Quentin Tarantino, James Gunn et Damian Chazelle, mais aussi donné la réplique à Leonardo DiCaprio, Will Smith, Christian Bale et Brad Pitt, pour la plupart avant même ses 30 ans.
En quelques années seulement, elle est devenue une nouvelle icône de la pop culture et un nouveau sex-symbol hollywoodien. Toutefois, il serait insensé de la réduire à sa plastique et ceux pour qui ou avec qui elle a joué. Si elle est effectivement une brillante actrice qui a déjà été nommée deux fois aux Oscars (pour Moi, Tonya et Scandale), Margot Robbie est aussi une productrice engagée et de plus en plus influente.
de l’autre côté du miroir
Margot Robbie a du talent, mais aussi beaucoup de culot, et c’est un savant mélange des deux qui l’a amenée où elle est aujourd’hui. Elle s’est lancée dans l’acting à 17 ans, sans aucune expérience après avoir quitté le Queensland et déménagé à Melbourne. Après des apparitions anecdotiques (City Homicide, l’enfer du crime et Review with Myles Barlow), elle a pris l’initiative de contacter Jan Russ, la directrice de casting du soap opera australien très populaire Neighbours, pour la rencontrer dans l’espoir de décrocher un rôle.
Elle a ainsi décroché celui de Donna Freedman, une adolescente présentée comme la groupie d’un des personnages masculins et censée n’apparaître que dans un seul épisode. Mais sa performance a tellement convaincu que son contrat a été allongé de trois ans (soit l’équivalent de 300 épisodes).
Une fois celui-ci arrivé à son terme, elle a décidé de viser plus haut, et donc de partir à Hollywood. Cette décision n’a cependant pas enchanté les producteurs de Neighbours qui souhaitaient évidemment la garder au casting. Malgré un CV peu fourni, sa détermination l’a rapidement menée sur la route de Martin Scorsese.
Le réalisateur des Affranchis et Taxi Driver cherchait alors une actrice peu connue pour jouer Naomi Lapaglia, l’épouse de Jordan Belfort incarné par Leonardo DiCaprio dans Le Loup de Wall Street. Même si elle a auditionné un peu au dernier moment sur un coup de tête, Margot Robbie a réussi à retenir l’attention du cinéaste en giflant son futur partenaire de jeu de façon totalement improvisée, comme elle l’a raconté au Harper Bazar après la sortie du film :
« Dans ma tête, je me disais : « Il te reste littéralement 30 secondes et si tu ne fais pas quelque chose d’impressionnant, il ne se passera rien. C’est une chance unique, saisis-la ».[…] Je m’approche donc très près de son visage [celui de Leonardo DiCaprio] et je me dis que je devrais peut-être l’embrasser. […] Mais une autre partie de mon cerveau s’est mise en marche et je l’ai giflé. Puis j’ai crié : « Va te faire foutre”. Ce n’était pas du tout dans le scénario. »
Au final, alors qu’elle pensait que personne ne la remarquerait à côté du grand Leonardo DiCaprio, sa performance a marqué les esprits, bien au-delà de ses scènes de sexe par ailleurs très commentées. Mais ce rôle, en plus de lui donner un début de notoriété aux États-Unis, lui a surtout offert une première expérience de l’autre côté de la caméra avec les équipes créatives.
Moi, MARGOT
Alors qu’elle n’avait que 22 ans, elle s’est installée dans une pièce avec Martin Scorsese et Leonardo DiCaprio pour réécrire cette scène chaotique où Naomi annonce à son mari qu’elle veut divorcer :
« On s’est enfermés dans une pièce jusqu’à trois heures du matin et on a imaginé tout ça et la scène de sexe qui précède. Notre brillant premier assistant Adam Somner s’est probablement arraché les cheveux parce qu’on s’est dit qu’on allait devoir défoncer la porte du garage de quelqu’un, briser la vitre d’une voiture et éventrer un canapé. »
Dans son récent portrait dans Le Monde, elle a affirmé qu’elle aimait s’impliquer dans la production, être présente « à chaque étape d’un projet de film, et ne pas se contenter de le tourner et d’en assurer la promotion« , ce qui s’est rapidement confirmé après Le Loup de Wall Street.
L’autre révélation de Margot Robbie
Presque comme une suite logique, en 2014, Margot Robbie a monté avec son futur mari Tom Ackerley et deux autres associés, Sophia Kerr et Josey McNamara, la société de production LuckyChap Entertainement. Le but de la compagnie est « de raconter l’histoire de femmes incroyables, racontée par des femmes, avec une équipe principalement féminine. Nous avons élargi notre champ d’action, en produisant autant des films indépendants que des grosses productions », comme Robbie l’a expliqué à plusieurs reprises, notamment en 2018 à Allociné.
De fait, Moi, Tonya a été son premier long-métrage en tant que productrice et actrice principale, elle qui s’était entre temps perdue dans quelques productions de studios plus malheureuses (Diversion, Tarzan, Suicide Squad). Dans ce film réalisé par Craig Gillespie, elle incarne la tristement célèbre Tonya Harding dans un biopic inconfortable qui prend progressivement la forme d’un polar incongru.
Le sourire de la victoire et de la défaite en même temps
Ce film inspiré d’une histoire vraie, bien qu’invraisemblable, revient sur la rivalité qui opposait la patineuse américaine à sa concurrente Nancy Kerrigan, mais s’attarde également sur la violence physique et psychologique dans laquelle Tonya Harding s’est construite, de sa mère alcoolique et abusive à son mari violent et tout aussi abusif.
Qu’elle en soit garante ou non, ce motif de personnage féminin corseté, maltraité et déchu s’est par la suite retrouvé dans plusieurs autres films de sa filmographie, en particulier Scandale qui revenait sur les accusations d’agressions sexuelles contre Roger Ailes, co-fondateur de Fox News Channel.
La revanche des blondes
PROMISING YOUNG WOMAN
Moi, Tonya a été un succès critique qui a un peu plus propulsé Margot Robbie sur le devant de la scène, ce drame indépendant à 11 millions de dollars lui ayant valu une première nomination aux Oscars (celui de la meilleure actrice perdue face à Frances McDormand), mais aussi un début de crédibilité en tant que productrice. Malheureusement, la suite n’a pas été aussi victorieuse.
Le film Terminal, un thriller noir écrit et réalisé par Vaughn Stein dans lequel elle tient le premier rôle, n’a pas convaincu ni marqué les mémoires. En plus d’une mauvaise réception (qui a principalement ciblé la réalisation et l’écriture), Terminal a bénéficié d’une sortie limitée en salles avant une exploitation en VOD aux États-Unis.
L’aventure de LuckyChap Entertainement a continué avec le film d’époque Dreamland réalisé par Miles Joris-Peyrafitte, avec Margot Robbie et Finn Cole au casting principal. Bien que ce nouveau drame indépendant n’a pas été particulièrement rentable, cette histoire se déroulant au Texas dans les années 30 adopte un point de vue intéressant en renversant les dynamiques de genre habituelles dans le western (dont il symbolise également la fin de l’Âge d’Or).
Après avoir été choisie pour jouer l’iconique Harley Quinn dans Suicide Squad (qui n’a pas vraiment rendu hommage à l’Arlequinne), Margot Robbie s’est impliquée dans le développement du spin-off consacré à son personnage, Birds of Prey et la fantabuleuse histoire de Harley Quinn. Elle a ainsi rejoint une équipe créative composée majoritairement de femmes avec Cathy Yan à la réalisation et Christina Hodson au scénario.
À l’origine, il devait s’agir d’une adaptation des Sirènes de Gotham comprenant Harley Quinn, Catwoman et Poison Ivy, trois des anti-héroïnes les plus populaires de DC. Attachée au film dès sa conception, c’est-à-dire environ cinq ans avant sa sortie, Margot Robbie a joué un rôle essentiel dans le développement du long-métrage. Dans une interview de The Nerdist en 2020, elle a expliqué que l’idée de mettre les Birds of Prey sous les projecteurs était son idée, afin de mettre en avant des personnages féminins intéressants, mais moins connus du grand public.
Mais là encore, en dépit d’une critique plutôt favorable (et d’un traitement digne de ce nom d’Harley Quinn), Birds of Prey a été un autre bide financier pour DC et Warner. Celui-ci est sorti au début de la pandémie, avec un classement R (interdit aux mineurs de moins de 17 ans non accompagnés d’un adulte), et des héroïnes quasi inconnues à l’affiche. De fait, si Harley Quinn est depuis réapparue dans The Suicide Squad, les Birds of Prey n’auront probablement jamais de suite.
Margot Robbie quand elle vient demander de l’argent aux financiers
La même année, LuckyChap Entertainement a également produit l’incroyable Promising Young Woman, revenant ainsi à une production à moindres frais (moins de 10 millions de dollars) après Birds of Prey et ses 80 millions de dollars de budget. Ce film qui expose sans concession les rouages et mécaniques bien huilées de la culture du viol dans un faux rape-and-revenge pervers est réalisé et écrit par Emerald Fennell avec Carey Mulligan dans le rôle principal. Le long-métrage a été nommé dans plusieurs catégories aux Oscars : meilleur film, meilleure réalisation, meilleur montage, meilleur scénario original (Emerald Fennel l’ayant remporté) et meilleure actrice dans un rôle principal.
Ce rôle principal devait cependant à l’origine être joué par Margot Robbie, qui a préféré laisser cette place sous les projecteurs à Carey Mulligan avant le début de la production. D’après la productrice, Carey Mulligan était plus à même de donner de la gravité à la protagoniste.
Carey Mulligan, parfaite dans Promising Young Woman
DE HARLEY QUINN à barbie
Jusqu’ici, Margot Robbie, par l’intermédiaire de sa société, n’a donc pas encore connu de succès à la fois critique et commercial, mais Barbie pourrait être la consécration tant attendue, et la preuve que l’Australienne a le nez fin. Le film réalisé par Greta Gerwig est un projet qui lui tenait à coeur, et qu’elle a sorti des tiroirs d’Hollywood en 2018 flairant le bon coup, après plusieurs tentatives infructueuses avec Sony ou Universal.
C’est elle qui a démarché le PDG de Mattel, puis la Warner. C’est elle qui a joué des coudes pour obtenir plus de financement, et qui a approché Greta Gerwig pour lui confier la réalisation, puis l’écriture du scénario (que la cinéaste a co-écrit avec Noah Baumbach, son mari par ailleurs). Comme Margot Robbie l’a expliqué l’année dernière à Variety, elle ne s’attendait pas à un tel engouement, même si elle savait que le projet avait énormément de potentiel :
En route pour conquérir Hollywood et le monde
« Je me souviens que lorsque nous avons essayé de mettre ça en place, je n’arrêtais pas de dire aux conseils d’administration que c’était le mot le plus connu après Coca-Cola. Tout le monde connaît Barbie. Ça va cartonner, alors donnez-nous plus d’argent pour notre budget. […] »
Elle n’aspirait pas au départ à jouer Barbie, mais elle a fini par accepter lorsque la réalisatrice le lui a proposé. Et le fait de se retrouver dans la peau d’une poupée blonde aux mensurations parfaites, pour mieux craqueler le vernis et défriser sa perruque blonde, semblait presque écrit d’avance.
Après Le Loup de Wall Street, elle a eu peur d’être cantonnée aux rôles de blonde sexy et a donc cherché à reprendre son image en main, notamment en refusant de poser pour Playboy à la demande de Hugh Hefner (qui a pris le soin de la désigner comme « la jolie fille qui a joué la femme de Jordan Belfort dans Le Loup de Wall Street« ).
Barbie, le chaînon manquant entre Florence Foresti et Toy Story
Cette poupée qui découvre son humanité en même temps que sa cellulite, et veut devenir celle qui imagine au lieu de celle avec qui on joue, est un beau parallèle avec cette productrice en quête d’affirmation.
Malgré le succès de Moi, Tonya, l’Australienne a mis un certain temps à être prise au sérieux, alors qu’elle participe aux réunions, vient sur les plateaux de tournage, gère les conflits et rend des comptes aux agents. Dans un portrait de Vanity Fair écrit par Rebecca Ford, elle a expliqué qu’elle avait quand même dû se battre pour être prise au sérieux, qu’elle n’était pas incluse automatiquement dans les boucles de mails et certains appels :
« On pose les questions d’argent à mes partenaires producteurs, mais jamais à moi. Et Tom et Josey doivent très souvent répondre : “Alors, en fait, c’est à Margot qu’il faut demander ça. » »
Un succès commercial serait donc une façon de se crédibiliser dans la production une bonne fois pour toutes, son talent d’actrice n’était déjà plus à démontrer. Et vu le battage médiatique autour de Barbie et l’engouement autour de la sortie, il y a fort à parier que le pari soit gagné d’avance.
Margot Robbie est bourrée de talent. Son succès est mérité.
C’est aussi le triomphe de la doubleuse Dorothée Pousseo qu’on voit (enfin qu’on entend) absolument partout (même dans la boîte à histoires de mon fils). Elle est directrice de doublage aussi.
D’ailleurs Écran Large, avez-vous prévu de faire un articles sur les différents doubleurs ? 🙂
Dslé moi je suis plus mesuré, elle a du talent c est certain et oui Babylon elle était incroyable demain mais je trouve qu elle est omniprésente et un peu comme the rock trop de the rock tue the rock et je ne compare pas le jeu d acteur, Margot est l’on devant… Mais je trouve qu elle s accapare un peu trop tout… Elle fait des bon choix c est peux être ce que je n ai pas compris j en sais rien en fait… Je l’aime bien mais je trouve qu’il y beaucoup de grande actrice un peu laissée derrière et c est dommage… C est un avis perso.
Les qualité de Margot Robbie sa beauté son talent de choisir des rôles là on l’attend pas. Dans Babylone ellle crève l’Ecran attachante borderline A STAR IS BORN
Elle m’a totalement bluffé dans Moi Tonya et depuis ce rôle je l’apprécie énormément. Très bien dans le Sucide Quad de Gunn, dans le Once upon a Time de Tarantino et dernièrement dans le Babylone complètement fou de Chazelle et même dans Amsterdam, Scandal ou Z for Zachariah. Elle est vraiment talentueuse et peut se montrer d’une énergie absolument incroyable et communicative. Et pourtant j’avoue que je n’irai pas voir Barbie mais suis néanmoins très content du succès du film et de son succès personnel en tant que premier rôle et productrice. Go Margot Robbie Go ! ^^
Une actrice formidable avec beaucoup de talents !
Harley Quinn forever ♥️